Stellantis : progresse malgré la suspension de ses objectifs annuels

Stellantis grimpe de 1,6% à 8,4 euros, recherché malgré la suspension de ses prévisions financières pour 2025 en raison des incertitudes liées aux tarifs douaniers. L'annonce, mardi soir, par Donald T...

Stellantis grimpe de 1,6% à 8,4 euros, recherché malgré la suspension de ses prévisions financières pour 2025 en raison des incertitudes liées aux tarifs douaniers. L'annonce, mardi soir, par Donald Trump d'un allègement des droits de douane américains sur le secteur automobile profite au titre comme à l'ensemble de l'industrie.

Le constructeur automobile né de la fusion entre PSA et FCA a dévoilé, au titre de son premier trimestre, un chiffre d'affaires net de 35,8 milliards d'euros, en baisse de 14% sur un an. Le consensus 'Bloomberg' était positionné à 35,98 MdsE. Ce repli est principalement dû à un volume plus faible, à une répartition régionale défavorable et à la normalisation des prix. Sur les trois mois, les livraisons consolidées se sont élevées à 1.217.000 unités, en recul de 9%. La réduction des livraisons est principalement due à une baisse de la production en Amérique du Nord, résultant de congés prolongés en janvier, ainsi qu'à l'impact de la transition vers les nouveaux produits et à la diminution du marché des véhicules utilitaires légers en Europe élargie.

Stellantis a connu en 2024 une année noire marquée par une dégradation de sa performance financière et de ses ventes, par le départ brutal de son directeur général Carlos Tavares et par une chute de son cours de Bourse. Le groupe, qui prévoit toujours d'achever au premier semestre le processus de nomination d'un nouveau directeur général permanent, tablait jusqu'ici sur un rebond de sa performance en 2025, avec un retour d'une croissance positive de son chiffre d'affaires, un free cash-flow industriel positif et une marge opérationnelle courante à un chiffre. Celle-ci a été divisée par deux l'an dernier à 5,5% alors qu'il affichait jusqu'ici une rentabilité à deux chiffres.

Le groupe a enregistré au premier trimestre une amélioration de sa part de marché en Europe par rapport au quatrième trimestre, porté par des nouveautés comme la Citroën C3, et est devenu leader européen de l'hybride en additionnant ses différentes marques. Il compte poursuivre sur cette lancée en 2025 avec les nouvelles C3 Aircross, Opel Frontera et Fiat Grande Panda. Aux Etats-Unis, l'amélioration séquentielle des ventes au détail est imputable aux SUV Jeep Grand Cherokee et Compass, ainsi qu'aux pick-ups Ram 1500 et 2500. Stellantis a enregistré sur le seul mois de mars son plus haut niveau de commandes depuis près de deux ans.

"Difficile de trouver des indicateurs positifs", commente néanmoins Philippe Houchois, analyste chez Jefferies. Bernstein ('performance de marché') souligne pour sa part la présence d'éléments positifs dans un contexte de fortes incertitudes, avec des prix supérieurs aux attentes " dans toutes les régions clés ". L'Amérique du Nord a enregistré des résultats meilleurs que prévu, la part du marché de détail s'étant stabilisée et les nouvelles commandes en mars atteignant leur plus haut niveau depuis juin 2023. L'Europe a également enregistré des résultats meilleurs que prévu, le prix de vente moyen ayant compensé un manque à gagner par rapport aux volumes déjà annoncés. JP Morgan ('surpondérer') évoque un début d'année difficile, mais globalement conforme aux attentes.

Pour Oddo BHF, ce début d'année est difficile pour l'équipementier et confirme que la reprise des volumes prendra du temps et nécessitera probablement davantage d'actions commerciales que celles déjà engagées ces derniers mois, en plus des lancements attendus. De toute évidence, la situation tarifaire américaine ne sera d'aucun secours sur ce front si l'industrie ne parvient pas à obtenir une négociation plus favorable avec l'administration (notamment sur les exemptions à l'AEUMC, l'accord de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada, qui constituent le sujet clé pour Stellantis). En l'état actuel des choses, il s'agit d'un obstacle supplémentaire important pour le groupe, compte tenu de la part importante des ventes de voitures américaines fabriquées hors du pays (dont environ un tiers au Mexique et au Canada, dont le Jeep Cherokee, modèle clé, dont le lancement est prévu au quatrième trimestre et qui sera assemblé au Mexique...), sans parler de l'utilisation importante de pièces étrangères dans les véhicules assemblés aux États-Unis (plus de 40%). À cet égard, et face à la pression de la demande, l'analyste s'attend à ce qu'une concurrence commerciale plus intense pèse davantage sur les bénéfices et la trésorerie, compromettant potentiellement la reprise de l'équipementier dans la région, voire à l'échelle mondiale. Sur la base de ces éléments et d'une valorisation peu attractive (compte tenu des nouvelles baisses d'estimations à venir et des risques pour les actionnaires), le broker maintient sa position 'neutre'.