Les patrons de Stellantis et Renault demandent à Bruxelles d'agir le plus rapidement pour sauver le marché européen

C'est assez rare pour être souligné. John Elkann et Luca de Meo, les patrons de Stellantis et Renault alertent dans un entretien accordé au 'Figaro' sur l'état du marché automobile européen et appelle...

C'est assez rare pour être souligné. John Elkann et Luca de Meo, les patrons de Stellantis et Renault alertent dans un entretien accordé au 'Figaro' sur l'état du marché automobile européen et appelle Bruxelles à agir le plus rapidement. "Le marché automobile européen est en chute depuis maintenant cinq ans, explique John Elkann, c'est le seul des grands marchés mondiaux qui n'a pas retrouvé son niveau d'avant-Covid". "Au rythme actuel, le marché pourrait être plus que divisé par deux en l'espace d'une décennie... Il faut repartir de la demande", ajoute Luca de Meo.

Les deux dirigeants pointent notamment du doigt la réglementation européenne et son impact sur les coûts des véhicules qui deviennent de moins en moins abordables. "Entre 2015 et 2030, le prix d'une Clio aura augmenté de 40%", explique le patron de Renault. "Les règles européennes signifient que nos voitures deviennent toujours plus complexes, plus lourdes et plus chères". Ils demandent notamment l'instauration de règles distinctes pour les citadines afin de garantir que leur production reste rentable en Europe. Lors des crash-tests, par exemple, un modèle compact comme la R5 doit se comporter "comme une berline haut de gamme avec un capot trois fois plus long", ce qui n'a aucun sens, souligne Luca de Meo. Ce dernier appelle ainsi à trois changements : "un, la réglementation ne doit désormais porter que sur les nouveaux modèles, pas les anciens ; deux, faites-nous des règles par “paquets”, plutôt qu'une tous les mois ; et trois, il nous faut un guichet unique à la Commission".

Si la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est engagée à soutenir l'industrie automobile européenne, "pour l'instant, ce ne sont que des mots et les résultats ne sont pas au rendez-vous", explique au quotidien J.Elkann, qui dirige Stellantis par intérim en attendant l'arrivée d'un nouveau DG. L'Europe devrait commencer à protéger son industrie nationale alors que la Chine, les États-Unis et les économies émergentes élaborent des " politiques industrielles fortes " pour soutenir leurs constructeurs automobiles, indique son homologue. J.Elkann avertit qu'il n'y a pas de temps à perdre si Bruxelles veut contribuer à enrayer le déclin de l'industrie automobile de la région. Son sort " se joue cette année ", selon lui.

La semaine dernière, Stellantis a suspendu ses prévisions financières pour l'année en raison de l'incertitude liée aux droits de douane du président Donald Trump, qui bouleversent les chaînes d'approvisionnement et rendent le commerce des véhicules plus coûteux. Les taxes ont également perturbé les projets naissants de Renault de vendre des voitures de sport aux États-Unis.