Les constructeurs automobiles européens veulent revoir le cadre adopté pour le secteur et notamment l'interdiction des moteurs à combustion prévue par l'Union européenne afin de réduire les émissions de Co2. Dans une lettre adressée à Ursula von der Leyen, les dirigeants des principaux groupes de pression de l'industrie exhortent la présidente de la Commission européenne à revoir son projet d'élimination progressive des véhicules à combustibles fossiles d'ici le milieu des années 2030, arguant que la domination de la Chine sur la chaîne d'approvisionnement des véhicules électriques et les nouvelles barrières commerciales américaines constituent de nouveaux obstacles.
"Depuis l'adoption du cadre actuel de réduction des émissions de CO2 pour le transport routier, les réalités industrielles, économiques et géopolitiques ont radicalement changé. Pour réaliser les ambitions climatiques de l'UE, tout en préservant la compétitivité, la cohésion sociale et la résilience de la chaîne d'approvisionnement de l'Europe, la stratégie du secteur automobile doit évoluer en conséquence", peut-on lire dans la lettre.
"En tant que constructeurs et équipementiers automobiles, nous nous engageons à aider l'UE à atteindre l'objectif de zéro émission nette d'ici 2050. Ensemble, nous avons lancé des centaines de nouveaux modèles de véhicules électriques et nous sommes engagés à investir plus de 250 milliards d'euros dans la transition écologique d'ici 2030. Nous souhaitons que cette transition soit une réussite, mais nous sommes frustrés par l'absence d'un plan politique global et pragmatique pour la transformation de l'industrie automobile", ajoutent Ola Källenius, président de l'Association des constructeurs européens d'automobiles, et Matthias Zink, président de l'Association européenne des fournisseurs de l'automobile. "Atteindre les objectifs de CO2 pour 2030 et 2035 n'est tout simplement plus réalisable dans le monde d'aujourd'hui ", indiquent sobrement les deux présidents.
Et de conclure : "c'est pourquoi le prochain dialogue stratégique sur l'avenir de l'industrie automobile, qui se tiendra le 12 septembre, est l'occasion de changer de cap. C'est la dernière chance pour l'UE d'adapter ses politiques aux réalités actuelles du marché, de la géopolitique et de l'économie, sous peine de mettre en péril l'une de ses industries les plus performantes et les plus compétitives à l'échelle mondiale. Nous partageons un objectif commun, mais ce chemin exige davantage de pragmatisme et de flexibilité pour maintenir le moteur du secteur automobile européen".
Cette intervention met en lumière les tensions croissantes entre les ambitions climatiques de l'Europe et les tensions économiques qui pèsent sur son principal secteur manufacturier. Les constructeurs automobiles ont lancé des dizaines de modèles électriques, mais les véhicules à batterie ne représentent encore qu'environ 15% des ventes, avec une adoption inégale au sein de l'Union. Les responsables politiques de l'UE ont eux jusqu'à présent défendu l'objectif de 2035, le jugeant essentiel à la réalisation des objectifs climatiques.