Début de séance rouge vif à Paris après la décision de Donald Trump d'imposer des droits de douanes massifs au Mexique, au Canada et à la Chine, soit les trois principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis. Les produits canadiens et mexicains importés aux Etats-Unis seront taxés à hauteur de 25%, tandis que 10% de droits de douane supplémentaires seront imposés aux importations en provenance de Chine. Les tarifs seront imposés à partir de mardi et les trois pays ciblés ont d'ores et déjà prévenu qu'ils prendraient des "contre-mesures". Le président républicain n'a pas encore taxé les produits européens mais cela va " certainement se produire ".
"Cette véritable déclaration de guerre commerciale, envers notamment des pays alliés et partie prenante d'un accord de libre-échange, marque une rupture dans les relations commerciales. Tous les pays concernés seront négativement impactés par cette brutale hausse de droits de douane", commente Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès. "Si ces droits de douane sont mis en place, ils représenteront selon nous le plus grand choc sur le commerce mondial depuis l'effondrement de Bretton Woods. Nous prévoyons des conséquences récessionnistes immédiates pour certaines des économies concernées et des répercussions négatives à grande échelle sur l'économie mondiale", abonde George Saravelos, responsable de la recherche sur les changes chez Deutsche Bank.
Sur le marché parisien, les secteurs de l'automobile, du luxe et de l'industrie sont particulièrement affectés par les annonces de D.Trump : Forvia, Stellantis et Valeo pointent dans les dernières positions du SRD.
Sur le marché des changes, l'euro plonge de 1,40% face au billet vert, à 1,022$ entre banques. La hausse des tarifs douaniers alimentera les pressions inflationnistes et maintiendra les taux d'intérêt américains élevés, tout en nuisant aux économies étrangères plus que les États-Unis et en ajoutant à l'attrait du billet vert comme valeur refuge.
"Il ressemble à un joueur de poker qui mise tout son argent sur la première main", indique sur 'Bloomberg TV' Steven Englander, responsable mondial de la recherche sur les devises du G-10 chez Standard Chartered. "Le marché n'était tout simplement pas préparé à cela". Selon Chetan Ahya, économiste en chef de Morgan Stanley pour l'Asie, les appels de Trump à l'imposition de droits de douane auront un "impact négatif sur la confiance des entreprises mondiales, les investissements mondiaux et, par conséquent, le commerce mondial".