Wall Street vers les sommets, avec l'accord sino-américain et l'inflation

Wall Street s'affiche en hausse désormais ce mercredi, avec les évolutions qui semblent plutôt favorables sur le plan commercial, et après des chiffres rassurants de l'inflation outre-Atlantique. Le S...

Wall Street s'affiche en hausse désormais ce mercredi, avec les évolutions qui semblent plutôt favorables sur le plan commercial, et après des chiffres rassurants de l'inflation outre-Atlantique. Le S&P 500 prend encore 0,26% à 6.054 pts, proche des pics historiques, alors que le Dow Jones gagne 0,30% à 42.995 pts et le Nasdaq 0,35% à 19.784 pts. Les hauts responsables US et chinois sont parvenus à un accord-cadre à Londres pour résoudre leur conflit commercial, en vue d'un "deal" potentiel salué sans plus attendre par le président Trump... Sur le Nymex, le baril de brut WTI gagne 2,3% à 66,5$. L'once d'or fin avance de 0,4% à 3.335$. L'indice dollar recule de 0,4% face à un panier de devises. Le bitcoin consolide à peine sur les 109.000$.

"Nous sommes parvenus à un accord pour mettre en oeuvre le consensus de Genève et l'appel entre les deux présidents", a résumé le secrétaire au Commerce Howard Lutnick. Il s'agirait désormais de s'assurer de l'approbation des présidents Trump et Xi Jinping, après quoi l'accord serait mis en oeuvre. La délégation américaine était conduite par le secrétaire au Trésor Scott Bessent, accompagné du secrétaire au Commerce Lutnick et du représentant américain au Commerce Jamieson Greer. La délégation chinoise était menée quant à elle par le vice-Premier ministre He Lifeng, accompagné du ministre du Commerce Wang Wentao et de son adjoint Li Chenggang, représentant commercial du pays. Li Chenggang a indiqué lui aussi qu'un accord avait été trouvé et serait présenté aux présidents. "Les deux parties sont sur le principe parvenues à un cadre pour mettre en oeuvre le consensus auquel les deux chefs d'État sont parvenus lors de l'appel téléphonique du 5 juin et le consensus de la réunion de Genève", a donc ajouté le représentant chinois. Lutnick a souligné que les restrictions sur les terres rares et les aimants seraient résolues dans cet accord-cadre.

Le scénario d'une désescalade dans la guerre commerciale entre les deux superpuissances prend donc forme, après les échanges assez virulents entre Washington et Pékin, qui s'accusaient réciproquement d'avoir enfreint la trêve conclue à Genève le mois dernier - marquée par un abaissement des droits de douane réciproques mis en place plus tôt par les deux pays. Les investisseurs semblent partagés ce jour, alors que les détails de l'accord-cadre sont rares et que tout deal pourrait encore être rejeté par les dirigeants. Selon Lutnick, les Chinois se sont engagés à accélérer les expéditions de métaux rares essentiels aux entreprises américaines de l'automobile et de la défense, tandis que Washington va assouplir certains de ses propres contrôles à l'exportation. Des progrès auraient donc été réalisés sur deux des questions les plus épineuses...

"Dans un deuxième temps, les deux parties devraient suivre le consensus et les exigences importants dégagés par les deux chefs d'État lors de leur entretien téléphonique et jouer un rôle actif dans le mécanisme de consultation économique et commerciale sino-américain", a déclaré le vice-Premier ministre chinois He Lifeng ce mercredi. Les deux parties devraient "faire preuve de bonne foi en respectant leurs engagements et préserver conjointement les résultats durement acquis du dialogue".

Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a appelé ce mercredi la Chine à respecter ses engagements. Bessent a déclaré devant la commission des voies et moyens de la Chambre des représentants que la Chine avait une occasion unique de stabiliser son économie en privilégiant une consommation intérieure accrue plutôt qu'une production manufacturière excédentaire destinée à l'exportation. "Mais le pays doit être un partenaire fiable dans les négociations commerciales", a insisté le responsable dans une allocution préparée.

Donald Trump a réagi sur Truth Social à l'accord commercial trouvé entre États-Unis et Chine à l'issue des réunions de Londres. "Notre accord avec la Chine est conclu, sous réserve de l'approbation finale du président Xi et de moi-même. Les aimants complets et les terres rares nécessaires seront fournis dès le départ par la Chine. De même, nous fournirons à la Chine ce qui a été convenu, y compris les étudiants chinois fréquentant nos universités et collèges (ce qui a toujours été une bonne chose pour moi !). Nous obtenons un total de 55% de droits de douane, la Chine 10%. Nos relations sont excellentes ! Merci de votre attention !", a lancé Trump. Ainsi, si l'on en croit ces commentaires de Trump, confirmés par un responsable de l'administration, les USA conserveraient 25% de tarifs douaniers initiaux sur les produits chinois auxquels s'ajouteraient 30% de "nouveaux tarifs".

"En complément de la conférence sur la Chine, le président Xi et moi-même allons collaborer étroitement pour ouvrir la Chine au commerce américain. Ce serait une grande victoire pour les deux pays !", a aussi déclaré le président américain sur son réseau social.

Par ailleurs, les États-Unis et le Mexique seraient selon Bloomberg sur le point de conclure un accord qui supprimerait les droits de douane de 50% imposés par Trump sur les importations d'acier jusqu'à un certain volume. Selon des sources proches du dossier citées par Bloomberg, il s'agirait d'une refonte d'un accord similaire conclu entre les deux partenaires commerciaux durant le premier mandat de Trump, qui n'aurait pas été directement impliqué dans les négociations et devra approuver tout accord. Les discussions étaient menées par le secrétaire au Commerce Lutnick, selon les sources, qui ont requis l'anonymat. L'accord n'a pas encore été finalisé. Il permettrait aux acheteurs américains d'importer de l'acier mexicain en franchise de droits, à condition de maintenir leurs expéditions totales en dessous d'un niveau basé sur les volumes d'échanges historiques. Le nouveau plafond serait plus élevé que celui autorisé par un accord similaire durant le premier mandat de Trump...

Pendant ce temps, alors que les droits de douane de Trump restent confrontés à une incertitude juridique, une cour d'appel fédérale a rendu une décision stipulant que ses droits de douane pouvaient être temporairement maintenus en vigueur. Le Tribunal du commerce international des États-Unis avait bloqué leur mise en oeuvre le mois dernier, jugeant illégale la méthode utilisée pour les promulguer.

Sur le front économique ce mercredi, l'indice américain des prix à la consommation du mois de mai a plutôt rassuré ce mercredi, en hausse de 0,1% d'un mois sur l'autre et de 2,4% sur un an, contre des consensus respectifs de +0,2% et +2,5%. Hors alimentaire et énergie, le CPI a augmenté de 0,1% par rapport au mois antérieur et de 2,8% sur un an, deux lectures également moins élevées que prévu. Le salaire horaire a grimpé de 0,4% d'un mois sur l'autre et 3,9% sur un an en lecture finale.

Le président américain Donald Trump en a immédiatement profité pour livrer sur Truth Social un nouvel appel à la Fed. "L'IPC vient d'être publié. Excellents chiffres ! La Fed devrait baisser ses taux d'un point. Cela permettrait de payer beaucoup moins d'intérêts sur la dette à venir. Tellement important !" Le vice-président J.D. Vance a ajouté que "le refus de la Fed de baisser les taux" était "une faute monétaire".

Les cours pétroliers restent en forte hausse après l'annonce d'une nette baisse des réserves de brut aux États-Unis la semaine passée. D'après le Département américain à l'Energie, les stocks domestiques de brut, hors réserve stratégique, ont diminué de 3,6 millions de barils lors de la semaine close le 6 juin à 432,4 millions de barils. Les stocks d'essence ont progressé de 1,5 mb et ceux de produits distillés ont crû de 1,2 mb.

Demain, les investisseurs suivront les inscriptions hebdomadaires au chômage ainsi que l'indice des prix à la production du mois de mai (consensus FactSet +0,2% et +2,6%, d'un mois sur l'autre et sur un an, ou +0,3% et +1,7% hors alimentaire et énergie). Enfin, vendredi, l'indice du sentiment des consommateurs américains de l'Université du Michigan retiendra l'attention.

Concernant le clash Musk / Trump récent, notons que le multimilliardaire semble rétropédaler. Alors que son père avait déjà tenté de désamorcer la polémique, l'homme le plus riche du monde a publié ce mercredi un message d'apaisement sur sa plateforme X, dans lequel il reconnaît avoir franchi les limites dans ses critiques contre Donald Trump. "Je regrette certaines de mes publications à propos de Donald Trump la semaine dernière. Elles sont allées trop loin", a écrit le patron de Tesla et SpaceX. La semaine précédente, Musk et le président américain s'étaient publiquement invectivés à propos du projet de loi de finances porté par l'administration américaine. L'entrepreneur avait qualifié ce texte d'"abomination répugnante", déclenchant une vive réaction de la part de Donald Trump. Ce dernier avait alors affirmé que sa relation avec Elon Musk était "terminée" et menacé de représailles politiques si le milliardaire finançait des candidats démocrates.

Dans l'actualité des entreprises cotées à Wall Street, GameStop et GitLab ont publié hier soir. Oracle, Chewy, SailPoint et Victoria's Secret communiquent aujourd'hui leurs derniers résultats financiers. Adobe, RH et Korn Ferry, dévoileront leurs résultats demain.

Les valeurs

SailPoint (+17,5%). Le leader de la sécurité des identités a annoncé pour son premier trimestre fiscal clos fin avril des revenus totaux de 230 millions de dollars en croissance de 23% en glissement annuel, avec des revenus d'abonnements de 215 millions de dollars en progression de 27%. Le bénéfice ajusté des opérations a représenté 24 millions de dollars soit 10% des revenus, contre 19 millions de dollars un an avant. Pour le deuxième trimestre, le groupe envisage des revenus allant de 242 à 244 millions, en croissance de 22-23%, tandis que sur l'exercice, les revenus sont attendus entre 1,034 et 1,044 milliard de dollars, soit une guidance révisée à la hausse, qui traduirait une progression de 20 à 21%. Le bénéfice ajusté par action est attendu entre 16 et 20 cents sur l'exercice.

Chewy (-11,7%). Le détaillant en ligne américain en produits animaliers a publié pour son premier trimestre fiscal clos début mai des revenus de 3,12 milliards de dollars, en augmentation de 8,3%, pour un bénéfice net de 62,4 millions de dollars. La marge d'Ebitda ajusté a augmenté à 6,2%. Le bénéfice net ajusté a représenté 149 millions de dollars et 35 cents par titre. Le consensus était de 34 cents de bénéfice ajusté par action et 3,08 milliards de dollars de revenus. "L'exercice 2025 démarre sur les chapeaux de roue, Chewy poursuivant sa dynamique", a déclaré Sumit Singh, DG de Chewy. "Nous avons enregistré une croissance du chiffre d'affaires supérieure à la limite supérieure de nos prévisions, une croissance annuelle du nombre de clients actifs, ainsi qu'une rentabilité et une génération de trésorerie disponibles convaincantes".

GameStop (-5,2%). Le détaillant américain en jeux vidéo a affiché un recul de ses revenus au premier trimestre, mais ses efforts de réduction des dépenses lui ont permis de dégager un bénéfice de 45 millions de dollars. Le chiffre d'affaires du groupe texan a chuté de 17% au premier trimestre à 732 millions de dollars environ contre 882 millions de dollars un an plus tôt. GameStop a vendu le mois dernier sa filiale canadienne Electronics Boutique Canada qui exploitait ses magasins et son activité de commerce électronique au Canada. GameStop prévoit que la vente de ses activités en France (Micromania) sera finalisée au cours de l'exercice 2025. Le groupe américain a enregistré une perte d'exploitation de 10,8 millions de dollars sur le trimestre clos, dont 35,5 millions de dollars de charges de dépréciation liées à des restructurations internationales. GameStop a aussi indiqué avoir acheté 4.710 bitcoins entre le 3 mai et le 10 juin.

GitLab (-7,3%), fournisseur américain d'outils de développement de logiciels basés sur le cloud, qui compte à son tour de table des investisseurs incluant Alphabet, société mère de Google, a annoncé pour son premier trimestre des bénéfices supérieurs aux attentes. Sur le premier trimestre clos fin avril, les revenus ont augmenté de 27% à 214,5 millions de dollars, pour une marge opérationnelle ajustée de 12%. Le bénéfice ajusté par action, de 17 cents, est deux fois plus élevé que prévu. Les revenus du prochain trimestre sont attendus voisins de 226,5 millions de dollars, assez proches du consensus. Les revenus annuels sont anticipés entre 936 et 942 millions, pour un bpa ajusté allant de 74 à 75 cents.

Victoria's Secret (-1,6%) a publié pour son premier trimestre des revenus totaux de 1,35 milliard de dollars, au-dessus d'une guidance antérieure qui allait de 1,30 à 1,33 milliard. Les ventes à comparable sur la période ont baissé de 1%. La perte nette consolidée est ressortie à 2 millions de dollars et 2 cents par titre. Le bénéfice net ajusté a représenté 7 millions de dollars et 9 cents par action.

Starbucks (+3,4%) a indiqué que ses activités chinoises avaient suscité l'intérêt. La chaîne américaine de cafés évoque donc, par la voix de son directeur général cité par le Financial Times, "beaucoup d'intérêt" pour la vente d'une participation dans ses activités en Chine. "La bonne nouvelle, c'est que nous suscitons beaucoup d'intérêt, beaucoup d'intérêt", a déclaré Brian Niccol. "Les gens voient la valeur de la marque Starbucks. Ils constatent que la catégorie du café est en pleine croissance. Je pense qu'ils seraient ravis de collaborer avec nous pour déterminer comment nous pourrions faire passer ce nombre de 8.000 à 20.000 (cafés)".

Tesla (+2,4%) pourrait bien proposer au public des trajets en robotaxis autonomes dès le 22 juin, a déclaré hier Elon Musk à propos du service attendu de longue date. "Nous sommes extrêmement paranoïaques concernant la sécurité, la date pourrait donc être décalée", a tout de même glissé Musk sur son réseau social X, en réponse à un utilisateur qui s'interrogeait sur les trajets publics en robotaxis que le constructeur entend offrir pour la première fois à Austin, au Texas. Musk déclare aussi qu'à partir du 28 juin, les véhicules Tesla se rendraient eux-mêmes au domicile de leurs clients depuis la fin de la chaîne de production... Musk a promis ce service de robotaxi payant à Austin, qui commencera avec 10 à 20 SUV Model Y dans une zone limitée et sous surveillance humaine à distance. Le titre remonte aussi avec l'apaisement des tensions Trump-Musk.

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