Wall Street a nettement progressé vendredi, les principaux indices se rapprochant désormais de leurs pics historiques, l'épisode de chute brutale consécutif au "Jour de la Libération" du 2 avril semblant en passe d'être digéré. Le Dow Jones a terminé en progression de 1,05% à 42.752 pts, tandis que le S&P 500 a gagné 1,03% à 6.000 pts. Le Nasdaq avance de 1,20% à 19.529 pts. Les opérateurs ont salué les derniers chiffres jugés rassurants de l'emploi américain. Les investisseurs espèrent également un apaisement des tensions sino-américaines, suite au récent échange téléphonique entre Trump et Xi Jinping. Donald Trump a ainsi déclaré que trois membres de son administration rencontreraient lundi à Londres une délégation chinoise pour discuter d'un accord commercial. Dans un message sur son réseau Truth Social, le président américain a annoncé que le secrétaire au Trésor Scott Bessent, le secrétaire au Commerce Howard Lutnick et le représentant au Commerce Jamieson Greer feraient partie de la délégation américaine présente à Londres. "Cette rencontre devrait très bien se passer", a prédit le président américain.
Enfin, les marchés ont continué d'observer la passe d'arme entre le président américain et Elon Musk, qui se sont écharpés par médias interposés depuis 24H.
Selon le Département américain au Travail ce vendredi, les créations de postes non-agricoles pour le mois de mai se sont donc établies au-dessus des attentes à 139.000, contre 130.000 de consensus FactSet et 147.000 pour la lecture révisée (en baisse par rapport à une évaluation initiale de 177.000) du mois antérieur. Les créations d'emplois dans le privé ont été au nombre de 140.000 contre 120.000 de consensus, alors qu'elles se situaient à 146.000 un mois plus tôt. Le taux de chômage ressort conforme aux attentes à 4,2%. Le salaire horaire moyen a augmenté plus que prévu, de 0,4% d'un mois sur l'autre et de 3,9% sur un an. Le taux de participation à la force de travail s'est enfin établi à 62,4%.
Du côté de la Fed, le débat prend forme au sujet de la probable future baisse des taux, qui réjouirait au plus haut point Donald Trump - alors que la BCE vient de réduire une fois encore son principal taux directeur à 2%, une huitième baisse depuis juin 2024. Selon l'outil FedWatch du CME Group, la probabilité d'un statu quo de la Fed le 18 juin à l'issue de la prochaine réunion monétaire est encore très élevée à près de 100%, mais une baisse d'un quart de point serait possible en septembre.
Donald Trump s'est attaqué de nouveau sur Truth Social à l'une de ses victimes favorites, à savoir le président de la Fed Jerome Powell... "'Too Late' à la Fed, c'est un désastre ! L'Europe a connu dix baisses de taux, nous n'en avons eu aucune. Malgré lui, notre pays se porte à merveille", lance ainsi Trump, qui demande à Powell (le fameux 'Too Late') de réduire carrément les taux d'un point entier de pourcentage : "Va pour une baisse d'un point, Rocket Fuel !" Le président américain ajoute que si le leader de la Fed baissait les taux comme il le conseille, "nous réduirions considérablement les taux d'intérêt, à long et à court terme, sur la dette arrivant à échéance. Biden a principalement opté pour le court terme. Il n'y a pratiquement plus d'inflation (ou presque), mais si elle devait revenir, AUGMENTER LES TAUX POUR LA CONTRER. C'est très simple !"
Sur le Nymex, le baril de brut WTI reprend 1,9% à 64,65$. L'once d'or fin cède 1,7% à 3.311$. L'indice dollar prend 0,3% face à un panier de devises de référence. Sur les marchés obligataires, le rendement du T-Bond à 10 ans se tend un peu à 4,47% contre 4,93% sur le '30 ans'.
Les valeurs
Tesla regagne 3,6,% après une chute de 14,3% hier soir... Après des échanges très agressifs entre Elon Musk et Donald Trump par médias interposés, il semblerait que le multimilliardaire, très critique depuis quelques jours vis-à-vis du président qu'il a contribué à faire élire, soit disposé à réfléchir à sa position... "C'est dommage ces échanges. Vous valez tous les deux mieux que ça. Calmez-vous et prenez du recul pendant quelques jours", a écrit un utilisateur de X, ce à quoi Musk a répondu qu'il s'agissait d'un "bon conseil", tout en ajoutant qu'il ne reviendrait pas sur sa décision concernant la mise hors service du vaisseau spatial Dragon. Bill Ackman, allié de Trump et Musk, a déclaré pour sa part sur X que les deux hommes devraient faire la paix pour le bien du pays. Musk a répondu à Ackman qu'il n'avait pas tort. Après des attaques très brutales entre l'homme d'affaires et le président américain, la réconciliation paraît néanmoins compliquée. Les conseillers de la Maison Blanche auraient programmé un appel ce jour entre Trump et Musk, indique notamment Politico. Le président américain a précédemment menacé de réduire les contrats gouvernementaux et les subventions essentielles aux divers intérêts commerciaux de Musk, alors que le DG de Tesla a répondu que SpaceX mettrait immédiatement hors service son vaisseau spatial Dragon. Trump s'est dit déçu du multimilliardaire, lequel a vivement attaqué son projet de loi budgétaire, qualifié d'"abomination". Le ton est rapidement monté entre les deux hommes, Musk évoquant même une possible présence de Trump sur la liste Epstein et insistant sur le sujet sur son réseau social X. "Est-il temps de créer un nouveau parti politique en Amérique qui représente réellement les 80% du centre ?", s'est interrogé hier l'homme d'affaires, qui répond "oui" à l'affirmation d'un utilisateur de X estimant que Trump devrait être destitué et remplacé par JD Vance.
"Je suis très déçu, car Elon connaissait les rouages de ce projet de loi mieux que quiconque ici, mieux que vous", a déclaré Trump aux journalistes dans le Bureau ovale hier. "Soudain, il a eu un problème, et il ne l'a développé que lorsqu'il a appris que nous allions devoir couper les subventions aux véhicules électriques"... "Elon et moi avions une excellente relation. Je ne sais pas si nous la conserverons. J'ai été surpris", a ajouté Trump.
Broadcom (-5%), géant américain des semi-conducteurs, a dépassé les attentes pour le trimestre clos, mais le titre reculait de 4% après bourse à Wall Street. Pour son deuxième trimestre fiscal, le groupe a réalisé un bénéfice ajusté par action de 1,58$ à comparer à un consensus de 1,56$. Les revenus ont été de 15 milliards de dollars, en croissance de 20% en glissement annuel. Le bénéfice net a atteint 4,96 milliards de dollars et le bénéfice net ajusté 7,79 milliards de dollars. L'Ebitda ajusté a dépassé les 10 milliards de dollars. Les perspectives en matière de revenus totaux et de revenus de puces IA ont également été solides. Les revenus du troisième trimestre sont attendus voisins de 15,8 milliards de dollars, en hausse de 21% environ, pour un Ebitda ajusté représentant au moins 66% des revenus anticipés. "Broadcom a enregistré un chiffre d'affaires record au deuxième trimestre grâce à la dynamique continue de ses solutions de semi-conducteurs IA et de VMware. Le chiffre d'affaires IA a progressé de 46% sur un an au deuxième trimestre pour atteindre plus de 4,4 milliards de dollars, porté par une forte demande pour les réseaux IA", a déclaré Hock Tan, directeur général du groupe. "Nous prévoyons une accélération de la croissance du chiffre d'affaires des semi-conducteurs IA pour atteindre 5,1 milliards de dollars au troisième trimestre, soit dix trimestres consécutifs de croissance, grâce aux investissements continus de nos partenaires hyperscale".
DocuSign (-18,9%), le géant californien de la signature électronique a annoncé pour son premier trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 90 cents, contre 81 cents de consensus et 82 cents un an plus tôt. Les revenus ont totalisé quant à eux 764 millions de dollars, supérieurs de 2% aux attentes, contre 710 millions de dollars un an auparavant. Sur le trimestre entamé, clos en juillet, le groupe envisage des revenus allant de 777 à 781 millions de dollars. Pour l'exercice, le chiffre d'affaires est anticipé entre 3,151 et 3,163 milliards de dollars, tout juste en ligne avec les attentes, pour une marge opérationnelle ajustée de 27,8 à 28,8%. Le conseil d'administration a autorisé des rachats d'actions supplémentaires pour 1 milliard de dollars.
Lululemon (-19,8%) plonge à Wall Street, le groupe ayant livré des prévisions inférieures aux attentes pour son deuxième trimestre. Le géant des vêtements techniques pour le yoga, la course à pied, l'entraînement, et les activités du quotidien, prévient donc d'un impact de l'environnement macroéconomique et table pour le deuxième trimestre sur un bénéfice ajusté par action allant de 2,85 à 2,90$, très inférieur au consensus qui était plutôt de 3,3$. Le groupe abaisse sa guidance annuelle de bénéfice par action entre 14,58 et 14,78$. Les revenus du deuxième trimestre sont attendus en croissance de 7 à 8%, entre 2,535 et 2,56 milliards, alors que les ventes annuelles sont toujours estimées entre 11,15 et 11,30 milliards. La rentabilité souffre des coûts accrus visant à compenser les tarifs douaniers et la demande mitigée. Le groupe évoque une baisse du trafic en magasins sur la zone Amériques, avec l'incertitude économique, les pressions inflationnistes, la baisse de confiance des consommateurs et les changements dans les dépenses discrétionnaires. Pour le premier trimestre fiscal juste clos, le groupe a affiché un bénéfice net de 315 millions de dollars et 2,60$ par titre, légèrement au-dessus des attentes, pour des revenus de 2,37 milliards de dollars également meilleurs que prévu.
Rubrik (-0,6%), le spécialiste californien de la gestion et sécurité des données cloud, a annoncé hier soir pour son premier trimestre clos en avril des revenus de 278 millions de dollars, en croissance de 49% en glissement annuel, pour une perte ajustée par action réduite à 15 cents, contre -1,58$ un an avant. Les revenus et profits sont donc très largement au-dessus des attentes. Pour son deuxième trimestre, le groupe vise un chiffre d'affaires allant de 281 à 283 millions de dollars, en augmentation de 37 à 38%, alors que pour l'ensemble de l'exercice, les revenus sont attendus entre 1,179 et 1,189 milliard de dollars, en progression de 33 à 34%.
Manchester United (+18,8%). Le club de football anglais a relevé ses prévisions de bénéfice ajusté annuel. Les ventes de billets ont bondi de plus de 50% pour atteindre 44,5 millions de livres sterling sur le trimestre clos en mars grâce à un bon parcours du club en Ligue Europa. Le bénéfice annuel de base du club, hors frais financiers et de transaction des joueurs, devrait progresser de 21 à 28%, pour atteindre une fourchette de 180 à 190 millions de livres sterling pour l'exercice clos en juin, prévoit Manchester United. "Nous avons connu une saison difficile en Premier League, qui, nous le savons tous, a été en deçà de nos attentes, et nous anticipons clairement une amélioration la saison prochaine", a ajouté le DG Omar Berrada. Le club, majoritairement détenu par la famille Glazer et qui compte également Jim Ratcliffe parmi ses grands actionnaires, a réduit sa perte nette trimestrielle à 2,7 millions de livres.
Apple (+1,6%). La WWDC 2025 du groupe à la pomme débute lundi à Cupertino, en Californie, offrant aux développeurs et utilisateurs un aperçu des changements apportés aux logiciels de l'entreprise au cours de l'année prochaine. Lors de sa WWDC de l'année dernière, Apple avait dévoilé sa plateforme d'IA, Apple Intelligence, qui n'a toutefois pas depuis tenu vraiment ses promesses. Il est possible que le groupe de Tim Cook livre encore des annonces IA, mais sans doute moins importantes que l'an passé. Le groupe devrait quoi qu'il en soit lancer une multitude de nouvelles fonctionnalités et nouveautés intéressantes.