Wall Street timidement dans le vert, proche des sommets

Wall Street s'affiche légèrement dans le vert avant bourse ce mercredi, au lendemain d'une séance de correction suite aux commentaires prudents de Jerome Powell. Micron a quelque peu rassuré hier soir...

Wall Street s'affiche légèrement dans le vert avant bourse ce mercredi, au lendemain d'une séance de correction suite aux commentaires prudents de Jerome Powell. Micron a quelque peu rassuré hier soir par ses perspectives soutenues par l'IA. Le S&P 500 avance de 0,2% en pré-séance, le Nasdaq de 0,2% également et le DJIA de 0,1%.

Jerome Powell, patron de la Fed, intervenait donc hier à l'occasion d'un déjeuner de la Chambre de Commerce de Greater Providence à Warwick dans l'État de Rhode Island. Il a affiché sa prudence, dans un contexte difficile mêlant ralentissement économique, faiblesse du marché de l'emploi et inflation persistante. Powell a également souligné hier que les prix des actifs financiers, comprenant les actions, se situaient à des niveaux "assez élevés". "Nous examinons les conditions financières globales et nous nous demandons si nos politiques affectent les conditions financières de manière à atteindre notre objectif", a précisé Powell.

"A bien des égards, les cours des actions sont assez élevés", a précisé Powell. "Les marchés nous écoutent et nous suivent, et ils font une estimation de l'évolution des taux. Ils intègrent donc les facteurs dans leurs cours", a analysé le patron de la Fed lors d'une discussion portant cette fois sur les taux hypothécaires... Malgré les niveaux jugés élevés des actions, Powell a tout de même déclaré qu'il ne s'agissait pas d'une période de risques élevés pour la stabilité financière.

Le leader de la Fed a par ailleurs expliqué hier soir que la banque centrale américaine devait trouver un équilibre entre les risques concernant l'emploi et ceux relatifs à l'inflation. Il a donc évoqué une situation difficile, avec une inflation plus forte que prévu et une croissance faible de l'emploi. Il existe donc selon lui un risque d'abaisser trop rapidement les taux et de relancer l'inflation, tout comme un risque d'agir trop lentement et de voir le chômage grimper. Face à ce dilemme, la Fed a tout de même réduit ses taux d'un quart de point la semaine dernière, les ramenant entre 4 et 4,25%. Les marchés et les responsables de l'institution monétaire (du moins leur prévision médiane) tablent encore sur deux baisses d'un quart de point cette année.

Powell juge que la posture monétaire actuelle laisse la Fed en bonne position pour répondre aux développements à venir. "Notre politique n'est pas figée", a ajouté le dirigeant de la Fed, tandis que Donald Trump maintient quant à lui la pression pour obtenir des baisses de taux bien plus agressives. Il vient de nommer le gouverneur Stephen Miran au sein de la Fed, et ce dernier s'est sans attendre exprimé en faveur d'une réduction des taux bien plus profonde afin de protéger le marché de l'emploi. Michelle Bowman, vice-présidente de la Fed en charge de la supervision, plaide aussi pour une plus grande réactivité, tout comme le gouverneur Christopher Waller - l'un des potentiels successeurs de Powell à la tête de la banque centrale américaine.

Le Secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a réagi il y a quelques instants à l'intervention de Powell, s'étonnant que le patron de la Fed n'ait pas signalé de destination pour les taux. Bessent qui juge tout comme Trump que la Fed a maintenu ses taux à des niveaux trop élevés, trop longtemps. Il prône un cycle d'assouplissement et juge que Powell aurait dû signaler une baisse des taux de 100 à 150 points de base afin d'en revenir au moins à un taux neutre. Bessent se dit par ailleurs moins préoccupé par le risque de récession... A propos de la succession de Jerome Powell, Bessent dit avoir vu des candidats surprenant et ajoute qu'il aura encore de nombreuses entrevues la semaine prochaine.

Ce mercredi, les investisseurs surveilleront notamment les ventes de logements neufs du mois d'août (16h, consensus FactSet 660.000) et le rapport hebdomadaire du Département à l'Énergie sur les stocks pétroliers domestiques pour la semaine close le 19 septembre (16h30). Mary Daly de la Fed interviendra dans la soirée.

Demain, suite des festivités avec les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 20 septembre (14h30, consensus 238.000), les commandes de biens durables du mois d'août (14h30, consensus -0,2%), les chiffres finaux du PIB du deuxième trimestre (14h30, consensus +3,3% comme pour la précédente estimation), ainsi que la balance du commerce international de biens pour le mois d'août (14h30, consensus -94 milliards de dollars) ou que les reventes de logements du même mois (16h, consensus FactSet 3,98 millions). Austan Goolsbee et John Williams de la Fed prennent la parole dans la journée, tandis que Mary Daly intervient dans la soirée.

Enfin, vendredi, les opérateurs suivront les revenus et dépenses des ménages du mois d'août (consensus +0,3% pour les revenus personnels d'un mois sur l'autre et +0,4% pour les dépenses de consommation, +0,2% pour l'indice de prix core 'PCE' par rapport à juillet ou +3% sur un an selon FactSet). L'indice final du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan pour septembre sera publié à 16 heures (consensus 55,4 avec une lecture des anticipations d'inflation à un an de 4,8%). Thomas Barkin de la Fed sera aussi de la partie vendredi...

Dans l'actualité des entreprises cotées à Wall Street, Micron a donc publié hier soir ses comptes. Cintas et Thor Industries annoncent ce mercredi. Costco Wholesale (après la clôture de Wall Street), Accenture, Jabil, CarMax, BlackBerry ou Concentrix, dévoilent leurs chiffres demain.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI avance de 1,4% à 64,3$. L'once d'or fin n'en finit plus de grimper, en hausse ce jour de 0,1% à 3.769$. L'indice dollar gagne 0,5% face à un panier de devises de référence. Le bitcoin évolue autour des 113.000$.

Les valeurs

OpenAI, Oracle et SoftBank annoncent cinq nouveaux sites de centres de données IA aux États-Unis, dans le cadre du projet Stargate, la plateforme d'infrastructure IA globale d'OpenAI. La capacité combinée de ces cinq nouveaux sites, avec le site phare d'Abilene, au Texas, et des projets en cours avec CoreWeave, porte la capacité prévue de Stargate à près de 7 gigawatts et à plus de 400 milliards de dollars d'investissement sur les trois prochaines années, indiquent les partenaires dans un communiqué. "Cela nous met en bonne voie pour garantir l'intégralité de l'engagement de 500 milliards de dollars et de 10 gigawatts que nous avons annoncé en janvier, d'ici fin 2025, soit plus tôt que prévu", selon OpenAI.

En juillet, OpenAI et Oracle ont conclu un accord pour développer jusqu'à 4,5 gigawatts de capacité Stargate supplémentaire. Il s'agit d'un partenariat de plus de 300 milliards de dollars entre les deux entreprises sur les cinq prochaines années, ajoutent les partenaires. Les trois nouveaux sites - situés dans le comté de Shackelford, au Texas ; dans le comté de Dona Ana, au Nouveau-Mexique ; et un site dans le Midwest, dont les partenaires prévoient l'annonce prochaine ; combinés à une extension potentielle supplémentaire de 600 mégawatts près du site phare de Stargate à Abilene, au Texas - pourraient fournir plus de 5,5 gigawatts de capacité. Ensemble, ces sites devraient créer plus de 25.000 emplois sur site et des dizaines de milliers d'emplois supplémentaires aux États-Unis. "Nous sommes en cours d'évaluation de sites supplémentaires", indiquent encore les partenaires du projet le plus pharaonique de l'IA.

Nvidia est retombé de 2,8% hier soir à Wall Street, consolidant sur ses sommets au lendemain de l'annonce d'un deal incroyable avec OpenAI, partenariat stratégique majeur pour déployer 10 gigawatts de systèmes Nvidia. Ainsi, les deux partenaires ont annoncé une lettre d'intention pour un partenariat stratégique historique visant à déployer au moins 10 gigawatts de systèmes Nvidia pour l'infrastructure d'IA nouvelle génération d'OpenAI, afin d'entraîner et d'exécuter ses modèles de nouvelle génération, en vue du déploiement de la superintelligence. Pour soutenir ce déploiement, notamment en termes de capacité de centre de données et d'alimentation électrique, Nvidia prévoit d'investir jusqu'à 100 milliards de dollars dans OpenAI au fur et à mesure du déploiement des nouveaux systèmes.

Bloomberg revient pour sa part sur la question des investissements record dans l'IA impliquant en particulier le plus grand groupe au monde par la capitalisation boursière, Nvidia. Il faut dire qu'avec un deal à 100 milliards entre Nvidia et OpenAI, un autre de 300 milliards entre Oracle et ce même OpenAI, et un projet Stargate de 500 milliards de dollars - pour ne citer qu'eux -, la valse des deals pharaoniques entre acteurs de l'IA a de quoi interpeler. "Trois ans après qu'OpenAI et Nvidia Corp. ont contribué à lancer la frénésie mondiale de l'intelligence artificielle, les deux entreprises unissent leurs forces pour ouvrir la voie à une phase de développement plus coûteuse avec un accord qui a rapidement ravivé les craintes d'une bulle de l'IA", résume Bloomberg.

Alibaba a fait état de son intention d'augmenter ses investissements dans l'IA au-delà de l'objectif initial de plus de 50 milliards de dollars. Le DG Eddie Wu prévoit que les investissements globaux dans l'intelligence artificielle atteindraient 4.000 milliards de dollars à l'échelle mondiale au cours des cinq prochaines années, et Alibaba entend donc suivre ce rythme effréné. Le groupe va réviser sous peu son plan présenté en février qui visait alors des investissements de plus de 380 milliards de yuans (53 milliards de dollars) dans le développement de modèles et d'infrastructures d'IA sur trois ans. La division cloud du groupe, active notamment aux USA, entend lancer ses premiers centres de données au Brésil, en France et aux Pays-Bas durant l'année à venir.

Micron, le géant américain des puces mémoires, a publié hier soir des résultats et prévisions solides. Sur le quatrième trimestre fiscal, le bénéfice ajusté par action est ressorti à 3,03$ pour des revenus de 11,32 milliards de dollars, deux mesures dépassant le consensus des analystes de la place (2,84$ de bpa pour 11,1 milliards de revenus). Les revenus ressortaient à 9,3 milliards sur le trimestre antérieur et 7,75 milliards pour la période correspondante de l'an dernier. Le bénéfice net GAAP a représenté 3,2 milliards de dollars, alors que le bénéfice net non-GAAP s'est établi à 3,47 milliards de dollars. Le cash flow opérationnel a atteint 5,73 milliards de dollars. Les revenus annuels atteignent également un record à 37,38 milliards de dollars, contre 25,11 milliards un an avant. Le bénéfice net annuel ressort à 8,54 milliards en GAAP et 9,47 milliards de dollars sur une base ajustée, pour un cash flow opérationnel de 17,53 milliards de dollars. La croissance du groupe est tirée par la progression des centres de données d'IA.

"Micron a clôturé un exercice record avec des performances exceptionnelles au quatrième trimestre, confirmant notre leadership en matière de technologie, de produits et d'exécution opérationnelle", a déclaré Sanjay Mehrotra, président-directeur général. "Au cours de l'exercice 2025, nous avons atteint des records historiques dans nos activités de centres de données, et nous abordons l'exercice 2026 avec une forte dynamique et notre portefeuille le plus compétitif à ce jour". Pour son premier trimestre fiscal 2026, le groupe prévoit des revenus de 12,50 milliards de dollars, plus ou moins 300 millions de dollars, une marge brute ajustée de 51,5% plus ou moins 1%, et un bpa ajusté de 3,75$ plus ou moins 15 cents.

Walt Disney augmente encore les prix de ses plateformes de streaming, un an après la dernière hausse de prix et dans un contexte relativement tendu pour le groupe, suite à sa décision de suspendre puis réintégrer le présentateur Jimmy Kimmel sur ABC. Disney a quoi qu'il en soit indiqué qu'à partir du 21 octobre, l'abonnement Disney+ avec publicité augmenterait de 2$ par mois pour atteindre 11,99$, tandis que l'abonnement sans publicité augmenterait de 3$ pour atteindre 18,99$. Le forfait Disney+ et Hulu avec publicité passera de 10,99 à 12,99$, tandis que le forfait Disney+, Hulu et ESPN Select avec publicité passera de 16,99 à 19,99$. L'offre Premium, qui comprend Disney+ et Hulu sans publicité, ainsi qu'ESPN Select avec publicités, passera de 26,99 à 29,99$. C'est la quatrième année consécutive que Disney augmente les prix de ses plateformes. La décision fait également suite au lancement en août d'ESPN Unlimited et de son offre sportive tout-en-un proposée à 29,99$ par mois.

Cintas, spécialiste américain de la production d'uniformes, de matériel de sécurité et d'hygiène, a annoncé pour son premier trimestre fiscal un bénéfice par action de 1,20$ en ligne avec les attentes, ainsi que des revenus de 2,72 milliards de dollars quant à eux supérieurs au consensus. Le consensus de place était en effet de 1,2$ de bénéfice ajusté par action pour 2,7 milliards de dollars de revenus. Le bénéfice ajusté par action grimpe donc de 9% en glissement annuel et les revenus de 11%. C'est le quatrième trimestre consécutif de résultats en ligne ou supérieurs aux attentes pour le groupe.

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