Wall Street : Tesla et Nike sous tension, mais les indices résistent !

Wall Street a bien résisté à la pression mercredi, alors que Nike a décroché au lendemain de ses résultats et que Tesla a corrigé également suite à sa publication trimestrielle de production et livrai...

Wall Street a bien résisté à la pression mercredi, alors que Nike a décroché au lendemain de ses résultats et que Tesla a corrigé également suite à sa publication trimestrielle de production et livraisons... Compte tenu par ailleurs du contexte géopolitique extrêmement tendu, le fait que les principaux indices boursiers américains s'affichent légèrement dans le vert relève de la performance : Le S&P 500 avance de 0,01% à 5.709 pts, tandis que le Dow Jones prend 0,09% à 42.196 pts. Le Nasdaq grappille 0,08% à 17.925 pts. Parmi les éléments positifs ce jour, notons un rapport d'ADP sur l'emploi privé meilleur qu'attendu...

Mardi, la cote US avait plié sur fond de crise au Moyen-Orient et de rebond des cours du brut, alors que suite aux tirs de plus de 180 missiles balistiques iraniens vers Israël, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a menacé les dirigeants iraniens de représailles - qui pourraient notamment viser les installations pétrolières et nucléaires - suite à ce qu'il qualifie de "grande erreur" qui pourrait avoir de "sévères conséquences". Le risque d'embrasement supplémentaire au Moyen-Orient est donc bien réel...

Sur le Nymex, le baril de brut WTI reprend encore 2% à 71$ pour le contrat de novembre. L'once d'or cède 0,1% à 2.659$. L'indice dollar gagne 0,3% face à un panier de devises.

Rappelons que la semaine avait débuté par une intervention sans grande surprise du président de la Fed Jerome Powell. Après une première baisse de taux d'un demi-point le 18 septembre, la Fed devrait poursuivre le 7 novembre prochain avec un assouplissement d'un quart ou d'un demi-point. Selon l'outil CME FedWatch, il y a 65,3% de probabilité que la banque centrale américaine opte pour un geste de 25 points de base, et 34,7% de 'proba' qu'elle effectue un autre geste fort de 50 pb. L'outil CME FedWatch donne une probabilité dominante, de 48,4%, à la fourchette 4-4,25% sur les taux en fin d'année, contre 4,75 à 5% actuellement.

Lundi soir, le président de la Fed, Jerome Powell, intervenant à l'occasion à l'occasion de la réunion annuelle de la National Association for Business Economics (NABE) à Nashville, n'a pas surpris en livrant un discours très équilibré. Selon lui, le marché du travail américain reste résilient, mais il n'a pas besoin de ralentir plus, ce qui justifie le cycle actuel d'assouplissement, d'autant que les mesures d'inflation semblent plus apaisées. Powell a estimé que si l'économie évoluait comme attendu, la politique monétaire pourrait être progressivement ajustée vers une position plus neutre. Évidemment, Powell rappelle que la Fed ne suit pas de trajectoire prédéterminée et que les risques demeurent bilatéraux. La suite des événements dépendra donc des nouveaux développements, autrement dit des données futures. Powell a tout de même jugé que le ralentissement continu de l'inflation pourrait permettre à la banque centrale de réduire ses taux pour atteindre avec le temps un niveau ne freinant plus l'activité. En attendant, la désinflation et les données récentes montrent des progrès supplémentaires vers l'objectif des 2%.

Mardi, l'indice PMI manufacturier américain final du mois de septembre 2024 est ressorti à 47,3, contre un consensus de marché de 47 et une lecture flash de 47 également. L'ISM manufacturier américain du mois de septembre est ressorti à 47,2, contre un consensus FactSet de 47,6 et une lecture de 47,2 un mois avant. En outre, l'indice des prix rattaché à l'ISM a fortement corrigé à 48,3, contre 54 un mois avant.

Les ouvertures de postes aux États-Unis pour le mois d'août 2024 se sont établies à 8,04 millions selon le Département au Travail, bien au-dessus du consensus des économistes qui se situait à 7,68 millions selon FactSet. Un mois plus tôt, ces ouvertures de postes étaient au nombre de 7,71 millions - selon la lecture révisée ce jour.

Selon le rapport d'ADP mercredi, les créations d'emplois dans le privé aux États-Unis pour le mois de septembre 2024 se sont établies au nombre de 143.000, contre un consensus de place de 125.000. Les créations d'emplois ont connu un rebond généralisé après un ralentissement de cinq mois, note ADP. Un seul secteur, l'information, a perdu des emplois. Le secteur manufacturier a créé des emplois pour la première fois depuis avril. "Des embauches plus fortes n'ont pas nécessité une plus forte croissance des salaires le mois dernier. En règle générale, les travailleurs qui changent d'emploi voient leur salaire augmenter plus rapidement. Mais cet avantage par rapport aux personnes conservant leur emploi est tombé à 1,9 pour cent, ce qui correspond au plus bas observé pour la dernière fois en janvier", détaille Nela Richardson, cheffe économiste d'ADP.

Dans le détail du mois de septembre, seules les entreprises de moins de 19 employés ont détruit des postes, tandis que celles de 500 employés et plus ont généré 86.000 emplois. Les entreprises de 50 à 249 personnes ont généré 49.000 postes, alors que celles de 250 à 499 employés ont créé 15.000 emplois. Le secteur des ressources naturelles et des mines a généré 14.000 emplois en septembre, contre 26.000 pour la construction, 14.000 pour le commerce, le transport et le segment utilities, 20.000 pour les services professionnels et d'entreprise, 24.000 dans l'éducation et les services de santé, 34.000 dans les loisirs et l'hospitalité, et 17.000 dans les autres services.

Les cours pétroliers s'affichent toujours en progression malgré l'annonce d'une forte hausse des réserves de brut aux Etats-Unis la semaine passée... D'après le Département américain à l'Energie, les stocks domestiques de brut, hors réserve stratégique, ont bondi de 3,9 millions de barils pour la semaine close le 27 septembre, à 416,9 millions de barils. Le consensus tablait sur une baisse de 1,5 mb. Les stocks d'essence ont augmenté de 1,1 mb et ceux de produits distillés ont diminué de 1,3 mb.

La journée de jeudi sera marquée par l'étude Challenger, Gray & Christmas sur les annonces de licenciements, les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 28 septembre (consensus 221.000), l'indice PMI composite final américain de septembre (consensus 54,4 avec un indice des services de 55,4), les commandes industrielles américaines d'août (consensus +0,1%) et l'ISM des services de septembre (consensus 51,9). Raphael Bostic et Neel Kashkari de la Fed seront aussi de la partie.

Vendredi, enfin, le rapport gouvernemental mensuel sur la situation de l'emploi aux États-Unis pour le mois de septembre sera communiqué à 14h30 (consensus FactSet 142.500 créations de postes non-agricoles dont 125.000 dans le privé, 4,2% de taux de chômage).

Les valeurs

Nike abandonne 6,7%, au lendemain de résultats mitigés. Pour son premier trimestre fiscal, le groupe a affiché un bénéfice ajusté par action de 70 cents, nettement au-dessus du consensus, mais un chiffre d'affaires quant à lui un peu court à 11,6 milliards de dollars. Le groupe reporte sa journée investisseurs, qui était programmée le 19 novembre. Il retire aussi sa guidance financière. La visibilité demeure donc réduite concernant les perspectives du groupe. Sur le trimestre comparable, l'an dernier, Nike avait dégagé un bénéfice ajusté par action de 94 cents et des revenus de 12,9 milliards de dollars environ. Les ventes ont donc chuté de près de 10% en glissement annuel, mais le bénéfice par action dépasse de 18 cents le consensus de marché sur la période close. Le groupe retravaille son assortiment de produits et son approche de l'innovation. Rappelons que lors de la précédente publication trimestrielle, le groupe avait réduit ses estimations pour l'exercice 2025.
Sur le trimestre clos fin août 2024, Nike a affiché un bénéfice net de 1,05 milliard de dollars, contre 1,45 milliard un an plus tôt. La marge brute a augmenté de 1,2 point de pourcentage à 45,4%, supérieure au consensus des analystes.
Il s'agissait par ailleurs de la dernière publication de Nike sous la direction de John Donahoe. Elliott Hill va en effet reprendre la direction générale du fabricant de chaussures de sport le 14 octobre, remplaçant Donahoe. Hill reviendra donc en tant que CEO, après avoir quitté le groupe en 2020. Il a précédemment occupé chez Nike des fonctions de direction en Europe et en Amérique du Nord. Il était notamment, avant son départ, responsable de la marque emblématique Jordan. Les performances récentes du Nike de John Donahoe ont amplement déçu. Nike mène actuellement des initiatives sur trois ans visant à réduire ses coûts de 2 milliards de dollars.

Elliott Hill - contrairement à Donahoe qui avait dirigé eBay, Bain Capital ou ServiceNow - est quasiment un "pur produit Nike". Il avait rejoint le groupe juste après ses études dès 1988 - la période du fameux slogan "Just do it". Après de nombreux rôles au sein du groupe à la virgule, Hill a pris notamment la tête de la division des sports d'équipe de Nike et la vice-présidence de la vente au détail mondiale. Il était, avant de quitter Nike en 2020, président du segment Consumer & Marketplace pour Nike et la marque Jordan.
Matthew Friend, le directeur financier du groupe, a indiqué hier soir que depuis le début de l'exercice fiscal, les anticipations en termes de revenus s'étaient modérées, compte tenu notamment des tendances de trafic de Nike Digital, des tendances de ventes de détail et des commandes. Le management voit néanmoins toujours des indications d'une légère amélioration des tendances de revenus au deuxième semestre, en comparaison du premier. Les marges brutes devraient toutefois décliner en comparaison de l'année antérieure, compte tenu de l'introduction et de l'extension des nouveautés et de l'innovation sur le marché. Nike s'attend à ce que son chiffre d'affaires pour le trimestre en cours ressorte en baisse de 8 à 10% et à ce que sa marge brute baisse d'environ 1,5 point de pourcentage.

ConAgra (-8%), le géant alimentaire américain, a publié pour son premier trimestre fiscal des revenus en déclin de 3,8%, avec un repli organique de 3,5%. La marge opérationnelle ajustée a été de 14,2%, en recul de 244 points de base. Le bénéfice ajusté par action a baissé de 20% en glissement annuel à 53 cents. Les revenus ont totalisé quant à eux 2,79 milliards de dollars. Le consensus était de 59 cents de bénéfice ajusté par action pour 2,84 milliards de dollars de revenus. Il est donc manqué. ConAgra maintient ses estimations de l'exercice 2025, reflétant une évolution organique allant de la stabilité à une baisse de 1,5%, pour une marge opérationnelle ajustée allant de 15,6 à 15,8%. Le bpa ajusté de l'exercice est attendu entre 2,60 et 2,65$.

Accenture (+1,2%) et Nvidia (+1,5%) ont annoncé un partenariat élargi comprenant la création par Accenture d'un Nvidia Business Group, afin d'aider les entreprises du monde entier à accélérer l'adoption de l'IA. Le nouveau groupe Accenture Nvidia Business Group est ainsi lancé avec 30.000 professionnels formés dans le monde entier pour aider les clients à réinventer les processus et à étendre l'adoption de l'IA en entreprise avec des agents IA. La plateforme Accenture AI Refinery aide les entreprises à "accélérer leurs parcours d'IA agentique personnalisée en utilisant la pile complète d'IA Nvidia", ajoute Accenture, géant du consulting, dans un communiqué. Le groupe fait état par ailleurs de l'ouverture d'un réseau de centres d'ingénierie "AI Refinery" Accenture au service de 57.000 praticiens Accenture AI en Europe, en Asie et en Amérique du Nord, prenant en charge les opérations à grande échelle, l'architecture agentique et le développement de modèles de base avec Nvidia AI...

Microsoft (-0,8%) a annoncé son intention d'investir 4,3 milliards d'euros - soit environ 4,8 milliards de dollars - en Italie sur les deux prochaines années, afin d'y renforcer l'infrastructure d'intelligence artificielle et la capacité cloud. Il s'agira du plus important investissement jamais réalisé par le géant software en Italie.

Tesla perd 3,5%, alors que le groupe a affiché au troisième trimestre des livraisons très proches des attentes de marché, à 462.890 unités, ce qui marque une croissance séquentielle. Ainsi, les livraisons du constructeur automobile dirigé par Elon Musk se sont améliorées séquentiellement sur le troisième trimestre, en comparaison du deuxième où le groupe avait livré environ 444.000 unités. Au troisième trimestre clos, le groupe a livré 439.975 Model 3 et Y, et 22.915 autres modèles. La production trimestrielle atteint 469.796 unités, comprenant 443.668 Model 3 et Y... Tesla publiera ses comptes détaillés du troisième trimestre après la clôture des marchés le 23 octobre. "Au troisième trimestre, nous avons produit environ 470.000 véhicules, livré environ 463.000 véhicules et déployé 6,9 GWh de produits de stockage d'énergie", indique sobrement le groupe d'Austin dans son communiqué du jour.
Les chiffres de livraisons sont donc comparables aux attentes du consensus, mais inférieurs aux "chiffres chuchotés" les plus récents, ce qui occasionne une correction du titre à Wall Street. Pourtant, par rapport au précédent trimestre, ils marquent une croissance de plus de 4%.
Notons que l'action Tesla venait de reprendre plus de 22% sur un mois, dans l'anticipation de l'événement du 10 octobre de présentation du Robotaxi. Cet événement devrait aussi être l'occasion pour Musk d'en dire plus sur le robot humanoïde Optimus. Enfin, notons que Tesla a aussi bénéficié ces derniers jours en bourse de meilleures nouvelles concernant sa croissance en Chine.

Humana (-11,8%) plonge encore, alors que l'assureur à révélé une baisse de notes de qualité cruciales de Medicare, ce qui menacerait selon Bloomberg de réduire drastiquement ses revenus. Environ un quart des membres des régimes gérés par Humana pour le programme américain Medicare pour les personnes âgées appartenaient à des régimes classés quatre étoiles, a déclaré Humana mercredi. Le groupe juge qu'il pourrait y avoir des erreurs potentielles dans les calculs effectués par les Centers for Medicare & Medicaid Services et a fait appel de certains résultats. Le résultat serait catastrophique pour l'assureur axé sur Medicare, indique Bloomberg. Humana a déjà vu ses bénéfices réduits à cause des frais médicaux et remboursements plus stricts de la part du gouvernement. Les assureurs recevront plus d'argent dans les années à venir pour les régimes les mieux notés, de sorte que la réduction des notations, appelées étoiles, pourrait faire baisser significativement les revenus et les profits...

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