Wall Street est demeuré très volatil, oscillant entre vert et rouge, pour terminer finalement en baisse de 0,22% sur le S&P 500 à 5.662 pts, le Dow Jones reculant de 0,03% à 41.953 pts. Le Nasdaq abandonne de son côté 0,33% à 17.691 pts. Les indices avaient rebondi la veille dans la foulée du verdict de la Fed et de l'intervention de Jerome Powell qui avait tenté de rassurer les intervenants face au risque de résurgence de l'inflation et de ralentissement de l'activité en réponse aux initiatives commerciales désordonnées de Donald Trump... La Fed a comme attendu laissé ses taux inchangés entre 4,25 et 4,5% hier soir et a notamment laissé entendre qu'elle pourraient réduire ses taux d'un demi-point de pourcentage d'ici la fin de l'année.
Le président américain Donald Trump a appelé quant à lui haut et fort sur Truth Social une baisse des taux de la Fed : "La Fed aurait bien intérêt à baisser ses taux alors que les droits de douane américains commencent à se transmettre (assouplir !) à l'économie... Faites ce qu'il faut !", a asséné le président des États-Unis sur son réseau social.
La banque centrale US a ajusté au passage ses prévisions d'inflation pour cette année (2,7% au lieu de 2,5%) et abaissé les perspectives de croissance économique pour 2025 (1,7% au lieu de 2,1%), avec les guerres commerciales de Trump et d'autres facteurs... Le patron de la banque centrale, Jerome Powell, a insisté sur le degré d'incertitude "exceptionnellement élevé" qui caractérise la période actuelle, et a jugé prématuré d'évaluer l'impact sur l'inflation des droits de douane imposés par l'administration Trump. De toute évidence, néanmoins, la politique commerciale du président américain devrait ralentir les "progrès" de la Fed en matière de réduction de l'inflation. J. Powell a déclaré que l'inflation s'était auparavant rapprochée de l'objectif clé de la Fed, mais qu'il pensait maintenant qu'avec l'arrivée de l'inflation tarifaire, de nouveaux progrès pourraient être retardés...
Dans un tel contexte, les membres de la Fed envisagent plutôt deux baisses de taux d'un quart de point cette année, soit un assouplissement modéré, alors que selon l'outil CME FedWatch, une baisse de 75 points de base cette année n'est pas exclue (probabilité de 33% environ). Ce même outil montre une forte probabilité de statu quo le 7 mai, à l'issue de la prochaine réunion FOMC (85% de 'proba'). Il va donc être compliqué pour Trump d'obtenir gain de cause, à moins que l'économie américaine ne bascule plus significativement...
Pendant ce temps, l'offensive commerciale de Donald Trump se poursuit et le président américain promet des tarifs douaniers réciproques, ainsi que des tarifs spécifiques additionnels dès le 2 avril... "Ils nous font payer et nous leur faisons payer, et en plus de cela, sur les voitures, sur l'acier et sur l'aluminium, nous allons avoir des tarifs supplémentaires", a lancé Trump dimanche. "Le 2 avril est un jour de libération pour notre pays", a ajouté le leader américain. "Nous récupérons une partie de la richesse que des présidents, très, très stupides, ont cédée, ignorant totalement ce qu'ils faisaient".
Le locataire de la Maison blanche a déjà imposé des droits de douane de 20% aux importations chinoises, ainsi qu'une taxe de 25% sur l'acier et l'aluminium. Il a aussi annoncé des droits de douane de 25 % sur les produits canadiens et mexicains, mais a ensuite proposé une prolongation d'un mois pour les produits conformes à l'accord commercial nord-américain négocié lors de son premier mandat. Trump a également déclaré que l'énergie et la potasse canadiennes ne seraient frappées "que" d'une taxe de 10%. Enfin, le front est aussi ouvert du côté de l'Europe. Évidemment, ces mesures ont été suivies de représailles de la majeure partie des régions concernées.
Le 2 avril, l'administration Trump proposera aux pays partenaires commerciaux un taux de droits de douane américain basé sur leurs propres taux, les barrières commerciales non tarifaires et d'autres facteurs, avec la possibilité de négocier pour éviter un mur tarifaire, d'après le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent. "Le 2 avril, chaque pays recevra un chiffre qui, selon nous, représente ses droits de douane", a résumé Bessent cette semaine sur Fox Business. "Pour certains pays, ce montant pourrait être très bas, pour d'autres, très élevé".
Sur le front économique ce jeudi, l'indice manufacturier régional de la Fed de Philadelphie pour le mois de mars 2025 s'est affiché positif à +12,5 contre +10 de consensus FactSet. Positif, l'indice signale une expansion de l'activité manufacturière dans la région considérée, même s'il régresse en comparaison du mois antérieur.
Les inscriptions au chômage ont légèrement progressé la semaine passée aux États-Unis. Le Département américain au Travail vient en effet d'annoncer, pour la semaine close au 15 mars, des inscriptions au chômage au nombre de 223.000, en hausse de 2.000 par rapport au niveau révisé de la semaine antérieure. Le consensus était positionné à 224.000.
La balance des comptes courants du quatrième trimestre aux États-Unis a été annoncée déficitaire de 303,9 milliards de dollars, contre -330 milliards de dollars de consensus.
L'indice des indicateurs avancés américains du mois de février 2025 s'est établi en repli de 0,3% d'un mois sur l'autre, contre -0,2% de consensus de place et -0,2% pour la lecture révisée du mois antérieur.
Selon la National Association of Realtors américaine ce jeudi, les reventes de logements existants aux USA pour le mois de février 2025 se sont établies au rythme de 4,26 millions d'unités, contre 3,92 millions de consensus de place et 4,09 millions pour la lecture révisée du mois antérieur.
La semaine se terminera vendredi par la journée des 'Quatre Sorcières', qui marque l'expiration simultanée des options sur indices, options sur actions, et contrats à terme sur indices ou actions. Le président de la Fed de New York, John Williams, prendra par ailleurs la parole vendredi.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI reprend 1,6% à 68,40$. L'once d'or fin cède 0,5% à 3.031$. L'indice dollar gagne 0,6% face à un panier de devises de référence. Le rendement du T-Bond à 10 ans recule à 4,21% sur les marchés obligataires.
Les valeurs
Nvidia (+0,8%) pourrait investir des montants colossaux dans les puces et composants électroniques produits aux États-Unis au cours des quatre prochaines années, a rapporté hier le Financial Times, citant le DG du groupe. Jensen Huang afficherait ainsi ses plans, et le géant des puces d'IA entendrait investir... environ 500 milliards de dollars dans l'électronique au cours de cette période de quatre ans. "Je pense que nous pouvons facilement nous imaginer en produire plusieurs centaines de milliards ici, aux États-Unis", a indiqué Huang au FT, ajoutant que l'administration Trump 2.0 pourrait permettre d'accélérer l'expansion du secteur de l'IA aux USA. Le CEO a précisé que Nvidia pouvait désormais fabriquer ses derniers systèmes aux États-Unis par l'intermédiaire notamment des géants taïwanais TSMC et Foxconn. Huang a aussi souligné la menace concurrentielle constituée par le groupe chinois Huawei. "L'investissement de TSMC aux États-Unis renforce considérablement la résilience de notre chaîne d'approvisionnement", a aussi affirmé le patron de Nvidia...
Microchip Technology corrige de 6,5%, alors que le concepteur américain de puces vient d'annoncer des plans de levée de fonds de 1,35 milliard de dollars par une offre en titres convertibles. Une dilution qui passe mal... Le groupe capitalise actuellement environ 29 milliards de dollars sur la place américaine avec 538 millions d'actions en circulation. Le groupe entend utiliser les produits nets de l'opération pour payer les dépenses de transactions 'call' plafonnées, produits dérivés utilisés pour limiter la dilution, et pour rembourser la dette existante.
Accenture, le géant du consulting, retombe de 7,2%. Le groupe a publié pour son deuxième trimestre un bénéfice net de 1,79 milliard de dollars et un bénéfice par action de 2,82$. Les revenus ont totalisé 16,7 milliards de dollars sur la période close contre 16,6 milliards de consensus. Le niveau de new bookings s'affiche solide à 20,9 milliards de dollars. La marge opérationnelle s'établit à 13,5%. Accenture table désormais sur un bénéfice annuel par action allant de 12,55 à 12,79$. Le groupe a relevé la limite inférieure de ses prévisions de chiffre d'affaires annuel, misant sur la demande croissante pour ses services d'aide à l'intégration d'outils d'IA. Le groupe prévoit désormais une croissance annuelle de son chiffre d'affaires comprise entre 5 et 7%... La chute boursière du jour s'explique par les avertissements d'Accenture au sujet des efforts de l'administration Trump pour réduire les dépenses fédérales, ce qui causerait des reports et annulations de contrats.
Darden Restaurants, (+5,7%), le groupe américain de restauration connu notamment pour sa chaîne Olive Garden a publié pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice net de 323 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 2,80$, à comparer à un consensus de 2,81$. Les revenus trimestriels ont également manqué le consensus, à 3,16 milliards de dollars. Le groupe prévoit pour l'exercice un bénéfice allant de 9,45 à 9,52$ par titre, pour des revenus de 12,1 milliards de dollars.
FactSet (-1,7%), la plateforme numérique financière globale et fournisseur de solutions d'entreprise a annoncé pour son deuxième trimestre fiscal 2025 des revenus de 571 millions de dollars en augmentation de 4,5% en glissement annuel, pour un bénéfice ajusté par action de 4,28$ en croissance de 1,4%. Le consensus était de 4,22$. Les prévisions sont ajustées pour l'exercice 2025, avec une croissance organique attendue de l'ASV (valeur annuelle des abonnements) de 100 à 130 millions de dollars (environ 4,4 % à 5,8%), un chiffre d'affaire compris entre 2,305 et 2,325 milliards de dollars, une marge opérationnelle ajustée attendue entre 36 et 37%, et un bénéfice ajusté par action espéré entre 16,80 et 17,40$. Le groupe innove par ailleurs dans l'IA, avec le lancement durant le deuxième trimestre de Pitch Creator, un créateur de présentations alimenté par l'IA.
Jabil (+3,1%), le sous-traitant américain de production électronique, basé en Floride a annoncé pour son deuxième trimestre fiscal un bénéfice net de 117 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 1,94$, à comparer à un consensus de 1,81$. Les revenus ont été de 6,73 milliards de dollars sur la période close contre 6,4 milliards de consensus. Ils sont attendus entre 6,7 et 7,3 milliards de dollars pour le troisième trimestre fiscal. Sur l'exercice, Jabil envisage désormais un bénéfice par action de 8,95$ et des revenus de 27,9 milliards de dollars. Le groupe tablait auparavant sur des revenus de 27,3 milliards. La marge opérationnelle ajustée est toujours anticipée à 5,4% environ.
PDD Holdings (+3,9%). La maison-mère de Temu ou Pinduoduo a raté le consensus de revenus sur le trimestre clos, sur fond de faibles dépenses en ligne et malgré le soutien gouvernemental en Chine. PDD a affiché des revenus de 110,6 milliards de yuans (+24%) ou 15,3 milliards de dollars sur le trimestre clos fin décembre, contre 115 milliards de yuans de consensus. Le bénéfice net a progressé à 27,4 milliards de yuans sur la période contre 23,3 milliards de yuans un an auparavant. Le bénéfice opérationnel ajusté a été de 28 milliards de yuans, en augmentation de 14% en glissement annuel. Le bénéfice net ajusté a atteint 29,8 milliards de yuans (+17%). "En 2024, nous avons maintenu notre engagement à stimuler une croissance durable pour notre écosystème de plateformes et l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement", a indiqué Lei Chen, président et co-DG de PDD Holdings.