Wall Street s'est affiché dans le rouge vif mercredi, alors que la perspective de baisses moins agressives des taux d'intérêt de la Réserve fédérale continue de peser sur les marchés, tout comme l'incertitude liée à l'élection présidentielle... La plupart des responsables de la Fed qui ont pris la parole en début de semaine ont indiqué qu'ils étaient favorables à un rythme plus lent de réduction des taux compte tenu des signes indiquant que l'économie américaine reste robuste. Le Dow Jones recule de 0,96% à 42.514 points, tandis que le S&P 500 se replie de 0,92% à 5.797 pts. Le Nasdaq relâche de son côté 1,6% à 18.276 pts.
Sur le front politique, après sa récente remontée dans les sondages, une victoire de Donald Trump aurait des impacts importants sur les actifs mondiaux car le candidat républicain propose notamment de relever les droits de douanes, baisser les impôts ou encore limiter l'indépendance de la Fed. "Les marchés ont commencé à intégrer dans les cours la perspective d'une victoire de Donald Trump qui se traduirait par une politique économique plus inflationniste et une politique commerciale plus agressive", constatent ainsi les analystes de Natixis. "Aussi, on assiste à un "depricing" des baisses de taux de la Fed, à une hausse des taux longs US, à un rebond du dollar et des cours de l'or, et à des devises émergentes en nette baisse par craintes de fortes tensions commerciales".
Le Fonds monétaire international, quant à lui, a abaissé ses prévisions de croissance mondiale pour l'année prochaine et a mis en garde contre l'accélération des risques allant des guerres au protectionnisme commercial, tout en reconnaissant aux Banques centrales le fait d'avoir maîtrisé l'inflation sans envoyer l'économie en récession...
Sur le front macro, les investisseurs ont pris connaissance de reventes de logements existants légèrement inférieures aux attentes en septembre) et d'un nouveau bond des stocks hebdomadaires de brut aux US. Le Livre Beige économique de la Fed n'a pas changé la donne, la Fed ayant amorcé son mouvement de décrue monétaire sans pour le moment confirmer un rythme de baisse particulièrement soutenu de ses taux.
Côté entreprises, la journée a été marquée par une nouvelle avalanche de résultats trimestriels : Coca-Cola, Texas Instruments, Boeing, AT&T ou encore Hilton Worldwide ont dévoilé leurs comptes en attendant Tesla en soirée. Plus exposé que les autres aux variations du marché obligataire, les valeurs technologiques ont une nouvelle fois souffert, à l'image de Nvidia (-2,8%). A la peine également, McDonald's a plongé de plus de 5% après des informations rapportant que dix personnes ont été hospitalisées et une personne est décédée à la suite d'infections à la bactérie E. coli liées à la consommation de hamburgers du groupe.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI revient à 71,60$. L'once d'or consolide de 0,8% à 2.727$. L'indice dollar prend 0,4% face à un panier de devises de référence et l'euro cède encore du terrain face au billet vert (-0,2%) à 1,0778$. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans se tend encore de 5 points de base à 4,25%. Enfin, le Bitcoin recule de 0,9% autour des 67.300$ sur Coindesk.
Les valeurs
* Frontier Airlines et Spirit Airlines (+46%) refont parler ! Selon les informations du 'Wall Street Journal', citant des personnes familières avec le sujet, les deux transporteurs à bas prix ont eu des discussions récentes sur une éventuel rapprochement, bien que les pourparlers n'en soient qu'à leur début et qu'un accord puisse ne pas aboutir. Si un deal est conclu, il se produira probablement dans le cadre de la restructuration de la dette de Spirit et d'autres obligations en cas de faillite, précise le quotidien. Spirit Airlines a été proche de fusionner avec Frontier Group Holdings en 2022, la société mère de Frontier Airlines, avant que JetBlue Airways ne remporte les enchères. La transaction de 3,8 milliards de dollars a néanmoins été bloquée par le ministère américain de la justice en mars.
Spirit a perdu de l'argent en dépit d'une forte demande de voyages et n'a pas déclaré de bénéfices au cours de cinq des six derniers trimestres, ce qui a ravivé les inquiétudes quant à sa capacité à faire face à ses échéances imminentes. La semaine dernière, le transporteur basé en Floride a déclaré avoir conclu un accord avec son gestionnaire de cartes de crédit, U.S. Bank National Association, afin de repousser de deux mois la date limite de refinancement de sa dette, jusqu'au 23 décembre.
* Texas Instruments (+4%).D'abord en repli après la publication de prévisions sans relief, Texas Instruments a ensuite rebondi post-séance à Wall Street après le ton assez optimiste de son directeur général. Lors de la conférence de présentation des résultats, Haviv Ilan a en effet déclaré que les clients écoulent leurs stocks excédentaires et que le moment est propice à une reprise des commandes après huit trimestres consécutifs de baisse des revenus. Cité par 'Bloomberg', le dirigeant a précisé que trois des principaux marchés de la société ont déjà commencé à rebondir, mais que ses plus grandes sources de ventes - les puces industrielles et automobiles - souffrent toujours d'un excédent de stocks. "Nous avons vraiment besoin que le marché industriel au sens large et le marché automobile rejoignent ce mouvement", a-t-il déclaré. Lorsqu'on lui a demandé de prédire un rebond, il a répondu : "Il est proche, mais nous ne l'avons pas encore vu".
Au niveau des résultats, l'entreprise basée à Dallas a dégagé au troisième trimestre un bpa de 1,47$ contre 1,37$ de consensus, pour des revenus en repli de 8,4% à 4,15 Mds$, soit le huitième trimestre consécutif de contraction. Le plus grand fabricant de puces électroniques qui remplissent des fonctions simples mais essentielles dans une large gamme d'appareils électroniques anticipe au quatrième trimestre un bpa compris entre 1,07 et 1,29$, contre une projection moyenne de 1,35$, pour des ventes allant de 3,7 à 4 milliards de dollars (4,08 Mds$ de consensus).
* AT&T gagne 4,6%, recherché après l'annonce de résultats supérieurs aux attentes du marché. Sur le trimestre clos fin septembre, l'opérateur télécoms a dégagé un bpa ajusté de 60 cents, contre 57 cents de consensus, pour des revenus en repli de 0,7% à 30,2 Mds$ (30,45 Mds$ de consensus). Le Free cash-flow atteint 5,1 Mds$, contre 4,69 Mds$ de consensus. AT&T a recruté plus d'abonnés mobiles que prévu (403.000 abonnés mensuels nets) sur la période grâce à l'adoption régulière de ses forfaits illimités haut de gamme. La demande a également été dopée par la possibilité offerte aux clients d'AT&T de combiner leurs données à haut débit par fibre optique avec leur service de téléphonie sans fil à un prix réduit. L'entreprise a ainsi déclaré que 40% des clients qui utilisent la fibre optique optent également pour ses forfaits mobiles. En plus de l'arrivée de nouveaux abonnés, AT&T conserve également ses clients existants, avec un taux de désabonnement inférieur à 1%. L'opérateur anticipe toujours un bpa ajusté 2024 allant de 2,15 à 2,25$ et un Ebitda ajusté en hausse de 3%.
* Boeing (-1,7%) a essuyé de nouvelles lourdes pertes au troisième trimestre, portant son déficit net sur neuf mois à près de 8 milliards de dollars. Sur les trois mois clos fin septembre, la firme de Seattle affiche une perte nette totale de 6,17 milliards de dollars contre 1,64 Md$ un an plus tôt pour des revenus en repli de 1% à 17,84 Mds$. L'entreprise a brûlé 2 Mds$ de cash sur la période après 8,2 Mds$ au cours des deux trimestres précédents. La division 'aviation commerciale' a enregistré une perte d'exploitation d'environ 4 milliards de dollars contre 678 M$ un an plus tôt, Boeing ayant annoncé un nouveau retard pour la livraison du premier B777X et établi des plans pour mettre fin à la production de son avion cargo 767. La division 'Défense et Espace' a de son côté perdu 2,38 Mds$ sur le trimestre, plombée par des coûts supplémentaires sur les contrats à prix fixe pour son ravitailleur KC-46, son vaisseau spatial Starliner et d'autres programmes...
Kelly Ortberg, le nouveau patron du géant américain, a donné une vision plutôt pessimiste de son entreprise, à la croisée des chemins, absorbée par des défis allant d'une dette énorme à de graves défaillances de performance qui nécessiteront du temps pour être résolues. Dans sa première déclaration publique, le dirigeant affirme que "la confiance dans notre entreprise s'est érodée", que la société est accablée de dettes et qu'elle a connu de graves défaillances dans ses activités, ce qui a déçu bon nombre de clients... "Ma mission ici est assez simple : faire tourner ce grand navire dans la bonne direction et redonner à Boeing la position de leader que nous connaissons et souhaitons tous", a souligné Kelly Ortberg, précisant que Boeing a "de très gros obstacles que nous devons surmonter pour faire avancer l'entreprise ". Parmi les tâches les plus immédiates, a-t-il déclaré, figure la fin d'une grève qui paralyse Boeing depuis des semaines. Les travailleurs voteront plus tard dans la journée sur un nouveau projet d'accord social. "Il faudra du temps pour ramener Boeing à son héritage d'antan, mais avec la bonne concentration et la bonne culture, nous pouvons redevenir une entreprise emblématique et un leader de l'aéronautique", a également indiqué le patron de l'avionneur. "Boeing est une société d'avions et au bon moment dans le futur, nous devrons développer un nouvel avion", a affirmé le dirigeant, sans négliger ainsi l'avenir du groupe. "Mais nous avons beaucoup de travail à faire d'ici là".
* Starbucks (+0,8%) après l'annonce d'une troisième baisse consécutive de ses ventes trimestrielles et la suspension de ses objectifs 2025. Le nouveau directeur général Brian, Niccol, qui cherche à redresser le géant du café confronté à une baisse de la demande pour ses boissons onéreuses, a indiqué que le groupe allait se concentrer sur la simplification du menu et la fixation des prix : "Il est clair que nous devons changer fondamentalement notre stratégie afin de renouer avec la croissance, et c'est exactement ce que nous faisons avec notre plan 'Back to Starbucks'". La chaîne de cafés souffre également d'une concurrence accrue et d'une faible demande sur deux de ses principaux marchés, les États-Unis et la Chine. "Malgré nos investissements accrus, nous n'avons pas été en mesure de modifier la trajectoire du déclin de notre trafic", a déclaré Rachel Ruggeri, directrice financière. "Nous élaborons un plan pour redresser notre entreprise, mais cela prendra du temps".
La société a fait état d'une baisse de 7% de ses ventes à magasins comparables sur son quatrième trimestre fiscal avec un repli de 6% aux États-Unis et de 14% en Chine. La baisse des ventes sur le trimestre est deux fois plus forte que prévu par les analystes et constitue le plus fort repli trimestriel en quatre ans. Néanmoins, Starbucks a augmenté son dividende trimestriel de 57 à 61 cents par action, afin de renforcer la confiance des investisseurs dans le plan de redressement, a souligné R.Ruggeri. Starbucks publiera ses résultats complets le 30 octobre.
* McDonald 's (-5,1%) dans la tourmente... Une épidémie d'Escherichia coli, imputée aux célèbres hamburgers Quarter Pounder (appelés "Royal Cheese" en France) de la chaîne de restauration rapide, a causé un décès et rendu malades 49 personnes dans 10 États américains, selon un rapport publié mardi par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Le Colorado est l'Etat le plus touché, avec 26 cas recensés, a précisé l'agence. Le coupable de cette épidémie est la souche E. coli O157, un agent pathogène qui peut provoquer de graves infections. Cette même souche avait causé une épidémie meurtrière en 1993, entraînant la mort de quatre enfants ayant consommé des hamburgers insuffisamment cuits dans des restaurants Jack in the Box. Actuellement, 10 personnes ont dû être hospitalisées à cause de cette nouvelle épidémie. Les autorités sanitaires américaines ont confirmé que toutes les personnes interrogées dans le cadre d'une enquête avaient mangé chez McDonald's avant de tomber malades, et la plupart ont mentionné avoir consommé un hamburger Quarter Pounder. Les enquêteurs n'ont pas encore identifié l'ingrédient précis à l'origine de la contamination, mais se concentrent sur les oignons émincés frais et les galettes de boeuf utilisées dans ces hamburgers.
* Qualcomm (-3,8%). La bataille se poursuit... et pourrait être dramatique pour l'industrie. Arm Holdings a annulé un accord de licence architecturale qui permet à son partenaire Qualcomm d'utiliser la propriété intellectuelle du groupe britannique pour concevoir des puces, rapporte 'Bloomberg'. Arm a donné à Qualcomm un préavis obligatoire de 60 jours pour l'annulation de cet accord, selon un document vu par l'agence. Le contrat permet à Qualcomm de créer ses propres puces basées sur des technologies détenues par Arm. Cette annonce menace de bouleverser les marchés des smartphones et des ordinateurs personnels, ainsi que de perturber les finances et les opérations de deux des entreprises les plus influentes de l'industrie des semi-conducteurs.
Qualcomm vend en effet des centaines de millions de processeurs chaque année - une technologie utilisée dans la majorité des smartphones Android. Si l'annulation prend effet, l'entreprise pourrait devoir cesser de vendre des produits qui représentent une grande partie de ses quelque 39 milliards de dollars de revenus, ou faire face à des demandes de dommages et intérêts massifs, souligne l'agence.
* Coca-Cola (-2%) a dépassé les attentes du marché au troisième trimestre et relève sa guidance ce croissance organique, pariant sur une demande croissante aux États-Unis, en Inde et en Corée du Sud, même si les inquiétudes concernant la croissance en Chine et au Moyen-Orient persistent. Sur les trois mois clos fin septembre, le fabricant de sodas a enregistré un bénéfice par action ajusté de 77 cents pour des revenus en repli de 1% à 11,9 Mds$, mais en croissance organique de 9%. Le consensus tablait sur un bpa de 74 cents pour une croissance interne de 6,3%. Le mix de prix de l'entreprise, ou les prix qu'elle facture sur une gamme de produits, a augmenté de 10% au cours du trimestre mais les volumes ont reculé de 1%. L'entreprise basée à Atlanta s'attend désormais à une croissance organique 2024 d'environ 10%, par rapport à une fourchette précédente de 9% à 10%. La hausse du bpa est toujours anticipée entre 5 et 6%.
* Thermo Fisher Scientific (-1,6%) a relevé la limite inférieure de sa fourchette de prévision de bénéfice 2024, la modifiant pour la troisième fois cette année, en pariant sur une amélioration de la demande pour ses outils et services utilisés dans le développement de médicaments.
* Baker Hughes (+2,8%). La société de technologie pétrolière a battu les attentes des analystes au troisième trimestre, aidée par une demande soutenue pour son équipement et sa technologie de forage sur les marchés internationaux. Elle a en revanche réduit ses prévisions de revenus pour l'ensemble de l'année, tablant désormais sur un CA compris entre 27,35 et 27,85 milliards de dollars, contre une fourchette précédente entre 27,60 et 28,40 Mds$ et un consensus de 27,99 Mds$.