Wall Street a poursuivi sa remontée mercredi, rassurée par les derniers revirements de Donald Trump sur les droits de douane contre la Chine et son changement de ton concernant Jerome Powell... Le S&P 500 a progressé en clôture de 1,67% à 5.375 pts, tandis que le DJ prend 1,07% à 39.606 pts. Le Nasdaq bondit de 2,50% à 16.708 pts. "145% est très élevé, et ce ne sera pas si élevé que ça", a déclaré le président américain aux journalistes en référence aux tarifs douaniers visant les importations chinoises... "Il va baisser substantiellement... Il ne sera pas nul. Il était nul auparavant (ndlr : le taux)", a ajouté le président. "Nous allons être très gentils et ils seront très gentils, et nous verrons bien ce qui se passera. Au bout du compte, il faudra qu'ils arrivent à un accord, parce que sans ça, ils ne pourront plus commercer avec les États-Unis", a également affirmé le locataire de la Maison Blanche.
Dans le même sens, le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a déclaré qu'il pensait que les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine allaient s'apaiser... Cependant, les négociations avec Pékin n'ont pas encore commencé et seront laborieuses, a indiqué le dirigeant lors d'une présentation à huis clos. S. Bessent a décrit la situation actuelle des échanges bilatéraux comme un embargo réciproque, et aucune des deux parties ne considère le statu quo comme tenable. Le dirigeant a ajouté que l'objectif de l'administration Trump n'était pas de découpler les deux plus grandes économies mondiales.
"Trump panique en raison de la chute des marchés et des rendements toujours très élevés des bons du Trésor américain", a expliqué à 'Bloomberg' Alicia Garcia Herrero, économiste en chef de la zone Asie-Pacifique chez Natixis. "Il a besoin d'un accord, et vite... La Chine n'a pas besoin de faire de grandes offres dans de telles circonstances".
Donald Trump a par ailleurs indiqué qu'il n'avait pas l'intention de limoger le président de la Fed malgré ses récentes attaques : "la presse s'emballe. Non, je n'ai pas l'intention de le licencier. J'aimerais le voir se montrer un peu plus actif dans sa démarche visant à réduire les taux d'intérêt".
Sur le Nymex, le baril de brut WTI pointe en baisse à 62,35$. L'once d'or retombe de 2% à 3.333$, après ses sommets à près de 3.500$. L'indice dollar avance de 0,25 pb face à un panier de devises à 98,9 points, tandis que l'euro consolide à 1,1335$. Le bitcoin revient sous les 93.000$.
Les valeurs
* Intel (+5,5%) ne fait pas dans la demi-mesure... Le géant américain des puces, qui a raté la transition vers l'intelligence artificielle, devrait dévoiler cette semaine des plans visant à réduire de plus de 20% ses effectifs, croit savoir 'Bloomberg News', citant une personne au fait du dossier. Cette initiative s'inscrirait dans le cadre d'une tentative plus large visant à optimiser la gestion de l'entreprise et à se recentrer sur une culture axée sur l'ingénierie, selon la source de l'agence. Il s'agirait de la première restructuration majeure sous la direction du nouveau DG Lip-Bu Tan, qui a pris les rênes de la société le mois dernier. Ces réductions de postes feraient suite à une initiative prise l'année dernière pour supprimer environ 15.000 emplois, une série de licenciements annoncée en août. Intel comptait 108.900 employés fin 2024, contre 124.800 l'année précédente, précise l'agence. L'entreprise basée à Santa Clara a perdu son avance technologique et a du mal à rattraper Nvidia dans le domaine de l'intelligence artificielle. Le nouveau patron s'est engagé à se séparer des actifs d'Intel qui ne sont pas essentiels à sa mission et à créer des produits plus convaincants. La semaine dernière, l'entreprise a accepté de vendre 51% de sa division de puces programmables Altera à Silver Lake Management. L'entreprise doit publier ses résultats du premier trimestre jeudi, ce qui donnera à Tan l'occasion de présenter plus en détail sa stratégie.
* Tesla (+5,3%) a été recherché malgré un plongeon des résultats au premier trimestre... Elon Musk s'est engagé à se retirer "considérablement" de son travail avec le gouvernement américain pour se concentrer sur Tesla, apaisant ainsi les inquiétudes des investisseurs qui déploraient son passage à Washington, perçu comme une distraction. Le 'bigg boss' consacrera "beaucoup plus de temps à Tesla" à partir du mois prochain, alors que son mandat à la tête du Département de l'efficacité gouvernementale sera en grande partie terminé... Investisseurs et analystes appellent de plus en plus Musk à se recentrer sur le constructeur de voitures électriques, qui peine à supporter la chute des ventes et la hausse des coûts induite par la guerre commerciale du président Donald Trump. Le marché s'attend à une deuxième baisse annuelle consécutive des livraisons de Tesla en 2025, malgré les efforts visant à stimuler les ventes grâce aux incitations telles que la recharge gratuite et les fonctionnalités de conduite entièrement autonome. Le groupe a abandonné l'an dernier son projet de lancement d'un nouveau modèle à bas prix, préférant produire des variantes moins chères en utilisant les plateformes et les chaînes de montage existantes. Il prévoit également toujours une production en volume de son Robotaxi à partir de 2026. Concernant les droits de douane, Elon Musk a affirmé aux analystes que Tesla travaillait sur des chaînes d'approvisionnement localisées afin de faciliter la logistique et de minimiser les risques de hausse des coûts. "Nous sommes le constructeur automobile le moins touché par les droits de douane", a-t-il déclaré, soulignant toutefois qu'ils restent difficiles à gérer. "Cela nous place dans une position plus avantageuse que n'importe lequel de nos concurrents". Sur les trois premiers mois de l'année, Tesla a vu son bénéfice net fondre de 71% avec un bpa ajusté de 27 cents contre 45 cents il y a un an et 43 cents de consensus. Les revenus ont reculé de 9,2% à 19,34 Mds$ (vs 21,37 Mds$ de consensus). La marge brute est ressortie à 16,3%, légèrement meilleure que prévu tandis que le free cash-flow a atteint 664 M$ contre 1,08 Md$ de consensus. La firme a fait savoir qu'elle modifierait ses prévisions annuelles quand elle communiquerait ses résultats du trimestre en cours. "Il est difficile de mesurer l'impact de politiques commerciales mondiales mouvantes sur les chaînes d'approvisionnement, notre structure de coûts et la demande... ", a souligné la firme qui n'envisage plus un retour à la croissance cette année.
* Apple (+2,4%) La Commission européenne a annoncé mercredi des amendes de 500 millions d'euros à l'attention d'Apple et de 200 millions d'euros pour Meta (+4%). Elles ont été prononcées par la CE en vertu de son règlement sur les marchés numériques (DMA), visant à limiter le pouvoir des grandes entreprises technologiques et à garantir des conditions de concurrence équitables aux acteurs de marché plus petits. Apple a indiqué qu'elle ferait appel de la décision. "Les annonces d'aujourd'hui sont un nouvel exemple de la façon dont la Commission européenne cible injustement Apple dans une série de décisions qui sont mauvaises pour la confidentialité et la sécurité de nos utilisateurs, mauvaises pour les produits, et qui nous obligent à donner notre technologie gratuitement", a déclaré Apple dans un communiqué. Meta a également critiqué la décision. "La Commission européenne tente d'handicaper les entreprises américaines prospères tout en permettant aux entreprises chinoises et européennes d'opérer selon des normes différentes", a commenté le groupe. "Il ne s'agit pas seulement d'une amende. La Commission nous oblige à modifier notre modèle économique, imposant de fait une amende de plusieurs milliards de dollars à Meta tout en nous obligeant à offrir un service de qualité inférieure." Le régulateur a exigé qu'Apple supprime les restrictions techniques et commerciales empêchant les développeurs d'applications de rediriger les utilisateurs vers des offres moins chères en dehors de l'App Store. Il a aussi déclaré que le modèle binaire de paiement ou de consentement de Meta, introduit en novembre 2023, enfreignait la DMA. Ce modèle offre aux utilisateurs de Facebook et d'Instagram un service gratuit avec suivi publicitaire, ou payant sans publicité. Apple a cependant échappé à une amende dans le cadre d'une autre enquête sur les options de choix de son navigateur sur les iPhones, après avoir apporté des modifications permettant aux utilisateurs de passer plus facilement à un navigateur ou à un moteur de recherche concurrent. Les régulateurs ont jugé ces modifications conformes au DMA et ont clôturé l'enquête.
* OpenAI pourrait se porter acquéreur de Chrome si les autorités antitrust américaines parvenaient à contraindre Google (+2,5%) à vendre son navigateur pour rétablir la concurrence dans le secteur de la recherche en ligne. C'est ce qu'a indiqué Nick Turley, responsable produit de ChatGPT, lors de son témoignage au procès antitrust contre Google, actuellement en cours à Washington. Ce procès, intenté par le département américain de la Justice, vise à imposer à Google des mesures structurelles destinées à restaurer une concurrence équitable dans la recherche en ligne. Le juge fédéral en charge de l'affaire, Amit Mehta, a déjà conclu l'an dernier que Google détenait un monopole sur la recherche sur internet et la publicité qui y est liée. Alphabet, la maison mère de Google, prévoit de faire appel de cette décision. A ce jour, Chrome n'a pas été officiellement proposé à la vente. Le début de ce procès très médiatisé a permis de lever le voile sur les enjeux croissants autour de l'intelligence artificielle (IA) générative. Face à la montée en puissance de nouveaux acteurs, les géants de la tech, tels que Meta ou Microsoft, cherchent à renforcer leurs produits en IA et à accroître leur base d'utilisateurs. Les procureurs ont averti que le monopole de Google dans la recherche pouvait aussi lui donner un avantage stratégique dans la course à l'IA...
* Boeing (+6%) a publié une perte trimestrielle moins lourde que prévu, grâce à une production et des livraisons accrues d'avions. Le constructeur aéronautique a enregistré une perte ajustée de 49 cents par action au premier trimestre, contre 1,29 dollar prévu par les analystes. Le chiffre d'affaires a augmenté de 18%, à 19,5 milliards de dollars, ici aussi, au-dessus des attentes qui se situaient autour de 19,45 milliards de dollars. L'avionneur américain prévoit d'augmenter la production de ses jets 737 MAX à 38 par mois en 2025, après une chute de la production l'année dernière en raison d'une série de crises et d'une grève impliquant environ 30.000 travailleurs de son usine de la côte ouest des États-Unis... Le constructeur fait face à des pressions dues à des problèmes de chaîne d'approvisionnement qui ont retardé la production et affecté sa capacité à répondre aux besoins d'un marché aérospatial. Le groupe a publié au final une perte de 11,8 milliards de dollars pour 2024 en raison des difficultés rencontrées par ses principales unités. L'avionneur s'efforce de se redresser sous l'impulsion de son nouveau patron, Kelly Ortberg, qui prend des mesures pour rationaliser les opérations et renforcer le bilan financier. Ce dernier a qualifié 2025 d'"année de redressement" pour l'entreprise. Boeing a par ailleurs accepté de vendre une partie de son activité de solutions numériques pour l'aviation , notamment ses actifs Jeppesen, ForeFlight, AerData et OzRunways, à Thoma Bravo pour 10,55 milliards de dollars en numéraire. Boeing précise qu'il conservera ses principales capacités numériques. Boeing prévoit une conclusion de l'accord d'ici fin 2025. "Cette transaction est un élément important de notre stratégie visant à nous concentrer sur nos activités principales, à renforcer notre bilan et à privilégier une notation crédit de qualité", a déclaré Kelly Ortberg, DG de Boeing.
* Chubb (-2%) l'assureur américain a annoncé une baisse de 38% de son bénéfice au premier trimestre, les pertes entraînées par les incendies de forêt en Californie ayant lourdement pesé sur sa performance en matière de souscription et sur le rendement de ses investissements. Une série d'incendies en Californie au début de l'année a coûté la vie à plusieurs personnes et causé d'énormes dommages estimés à quelque 250 milliards de dollars. "Nous avons vécu un bon premier trimestre mais qui a été assombri par les pertes importantes liées aux incendies de forêt en Californie", a déclaré Evan Greenberg, directeur général de Chubb. Les primes nettes émises par Chubb au titre de l'assurance multirisque mondiale, qui exclut l'agriculture, ont augmenté de 3% pour atteindre 10,65 milliards de dollars au cours du trimestre qui s'est achevé le 31 mars. Les revenus nets d'investissement de l'assureur ont grimpé de 12,2% à 1,56 milliard de dollars au cours du trimestre clos le 31 mars. La société a également fait état de 302millions de dollars de gains de change. Chubb a publié un ratio combiné de 95,7%, contre 86% un an plus tôt. Un ratio inférieur à 100% indique qu'un assureur a gagné plus de primes qu'il n'a payé de sinistres. En mars, la société avait annoncé un accord pour l'acquisition des activités d'assurance de Liberty Mutual en Thaïlande et au Vietnam, représentant environ 275 millions de dollars de primes nettes émises combinées en 2024...
* Steel Dynamics (+4,3%) le groupe américain de sidérurgie a dépassé les estimations de Wall Street concernant son chiffre d'affaires et son bénéfice du premier trimestre, grâce à l'augmentation des livraisons d'acier au cours du trimestre écoulé. La société a expliqué que ses résultats du premier trimestre avaient été soutenus par des expéditions d'acier record de 3,5 millions de tonnes, qui ont également été aidés par des bénéfices plus élevés dans ses opérations de recyclage des métaux et de fabrication d'acier. La société basée à Fort Wayne, dans l'Indiana, a publié un bénéfice net de 217,2 millions de dollars, soit 1,44$ par action, pour le trimestre clos le 31 mars, en baisse par rapport aux 584 M$, soit 3,67$ par action, enregistrés un an plus tôt. Toutefois, le résultat net ressort supérieur aux estimations des analystes, qui tablaient sur 1,38$ par action. Le chiffre d'affaires est revenu à 4,37 milliards de dollars par rapport à l'année précédente, dépassant aussi les estimations des analystes situées à 4,20 milliards de dollars. Le groupe a précisé que les prix de l'acier se sont améliorés tout au long du trimestre rapporté aux bas niveaux observés au second semestre 2024, les tarifs douaniers de Trump ayant provoqué une baisse des importations par rapport aux récents sommets.
* Baker Hughes, (-6,4%) le groupe parapétrolier de Houston a annoncé que les droits de douane pourraient avoir un impact "de 100 à 200 millions de dollars" sur son bénéfice annuel. La politique commerciale de Donald Trump a accru l'incertitude dans le secteur de l'énergie dans la mesure où la guerre commerciale devrait peser sur la croissance économique mondiale et, par conséquent, sur la demande d'énergie. La société a publié un bénéfice ajusté de 51 cents par action pour le trimestre clos le 31 mars, alors que les analystes tablaient en moyenne sur 48 cents par action. Baker Hughes a donc dépassé les estimations de Wall Street pour les bénéfices du premier trimestre, grâce à la forte demande en technologies liées au gaz naturel. Les grandes entreprises investissent en effet des milliards de dollars dans l'intelligence artificielle, ce qui pousse à la hausse la demande en électricité pour alimenter les centres de données et donc la demande en gaz naturel liquéfié. Les commandes dans le domaine des technologies gazières de Baker Hughes ont ainsi grimpé de 17% sur la période, portant le chiffre d'affaires de son segment IET à 2,93 Mds$.
* Boston Scientific grimpe de 4%, alors que le fabricant d'appareils médicaux a publié un bénéfice ajusté de 75 cents par action au 1er trimestre 2025, dépassant ainsi les estimations des analystes qui étaient de 67/68 cents par action. Le chiffre d'affaires du 1er trimestre s'est élevé dans le même temps à 4,66 milliards de dollars, contre une estimation de 4,55 milliards de dollars. Le groupe annonce au passage relever ses prévisions de BPA ajusté pour 2025 de 2,80 à 2,87 dollars, tandis que le consensus de place est logé à 2,86$ par action sur l'année