Wall Street perd du terrain avant bourse ce mardi après les nouveaux pics historiques de la veille, le S&P 500 cédant 0,2%, le Dow Jones 0,1% et le Nasdaq 0,3%. Hier, d'apparents progrès commerciaux avec le Canada et l'Union européenne avaient soutenu les indices. Ce mardi, la tendance est un peu plus fébrile à l'approche de l'échéance du 9 juillet pour la reprise des tarifs douaniers réciproques de Trump. Le Financial Times croit par ailleurs savoir ce jour que l'équipe du président américain ne viserait plus d'accords commerciaux majeurs avec de nombreux pays, mais tenterait plutôt de sceller de plus petits deals et des accords rapides avant la date limite. De "mini-accords" qui permettraient d'éviter ces taxes importantes, mais les pays concernés seraient toujours confrontés aux droits de douane existants pendant la durée des négociations.
En bref, la situation n'est donc pas encore idyllique sur le front commercial. Dans le même temps, Trump maintient la pression sur Jerome Powell pour obtenir son départ ou plus simplement des assouplissements monétaires...
Vendredi, la cote américaine avait connu une certaine volatilité du fait des inquiétudes sur les négociations commerciales entre États-Unis et Canada. Cependant, Ottawa vient d'annuler sa taxe sur les services numériques qui avait provoqué la colère de Trump, quelques heures seulement avant son entrée en vigueur. Le Premier ministre canadien Mark Carney et Trump pourront ainsi reprendre les négociations commerciales en vue de parvenir à un accord d'ici le 21 juillet, selon le ministère canadien des Finances. Trump avait déclaré vendredi, du fait en particulier de la taxe numérique, qu'il mettait fin aux négociations commerciales avec le Canada et avait menacé d'instaurer un nouveau taux de droits de douane sur les marchandises canadiennes d'ici la semaine prochaine...
Scott Bessent, le secrétaire américain au Trésor, avait commenté quant à lui en fin de semaine dernière l'accord conclu par les États-Unis et la Chine, évoquant une désescalade. Il précisait que les tarifs infligés par Washington à Pékin étaient désormais de 30%, contre 10% pour ceux appliqués par la Chine aux importations provenant des USA. Selon lui, l'accord avec la Chine permettra aux aimants de circuler vers ceux qui les recevaient auparavant. Dans une interview accordée à Fox Business, Bessent a affirmé sa confiance suite à la conclusion de ce deal entre les deux superpuissances. "Nous ne voulons pas nous découpler de la Chine", a déclaré le secrétaire au Trésor américain. "Nous verrons si la Chine veut être un partenaire responsable", a ajouté le dirigeant.
Trump a aussi déclaré qu'un accord commercial très important pourrait être signé prochainement, qui ouvrirait le marché indien aux entreprises américaines. "Nous avons d'excellents accords. Nous en avons peut-être un à venir avec l'Inde, un accord très important, qui nous permettra d'ouvrir l'Inde", a lancé Trump lors d'un événement en fin de semaine dernière à la Maison Blanche. Cela laisse donc entrevoir un optimisme quant à un éventuel accord commercial intérimaire, même si des divergences importantes persistent... L'Inde a prolongé sa visite à Washington afin de finaliser un accord.
Trump a affirmé ce week-end dans une interview accordée à Fox News qu'il ne prévoyait pas de prolonger la date limite du 9 juillet pour l'augmentation des droits de douane, fixée aux pays souhaitant négocier des accords avec les États-Unis. "Je ne pense pas que j'en aurai besoin", a affirmé Trump, ajoutant toutefois : "Je pourrais, ce n'est pas grave". Lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche vendredi, Trump avait laissé entendre que la date limite du 9 juillet pour l'augmentation des droits de douane réciproques n'était pas fixée. "Nous pouvons faire ce que nous voulons", avait affirmé le président américain.
Parmi les points un peu plus négatifs sur le front commercial, Trump a laissé entendre sur Fox News qu'il allait conserver des droits de douane de 25% sur les automobiles provenant du Japon. "Nous ne donnons donc aucune voiture au Japon. Ils refusent nos voitures, n'est-ce pas ? Et pourtant, nous introduisons des millions et des millions de leurs voitures aux États-Unis. Ce n'est pas juste", a déclaré Trump. "Maintenant, nous avons du pétrole. Ils pourraient en prendre beaucoup. Ils pourraient prendre beaucoup d'autres choses", a-t-il ajouté, à propos des moyens par lesquels le Japon pourrait réduire le déficit commercial américain. L'interview a été publiée après des discussions entre Ryosei Akazawa, négociateur commercial en chef de Tokyo, et le secrétaire US au Commerce Howard Lutnick. Après la diffusion de l'interview de Trump, Akazawa s'est exprimé sur X pour réitérer la poursuite des discussions bilatérales. "Les négociations nippo-américaines sont à un stade critique, et nous poursuivrons des discussions sincères et sérieuses", a donc assuré le dirigeant.
Pendant ce temps, les observateurs suivent aussi de près les négociations au Sénat sur le projet de loi de réduction d'impôts de 4.500 milliards de dollars proposé par Trump. Le Congressional Budget Office estime que ce projet creuserait le déficit de 3.300 milliards de dollars sur dix ans. Le leader de la majorité au Sénat, John Thune, doit faire vite pour respecter la date limite du 4 juillet fixée par le président Donald Trump pour faire adopter son projet de loi massif sur les impôts et les dépenses, mais il doit d'abord examiner une liste d'environ huit sénateurs républicains qui ont exprimé leur opposition à certaines parties de ce projet, note Bloomberg.
"Le dernier projet de loi du Sénat détruira des millions d'emplois en Amérique et causera un immense préjudice stratégique à notre pays !", a alerté le DG de Tesla et SpaceX, Elon Musk, dans un message publié sur son réseau social X, accusant le texte de favoriser des secteurs "du passé" au détriment de ceux "du futur". La version la plus récente du projet, soutenue par le président américain, prévoirait notamment des aides importantes aux industries traditionnelles comme les énergies fossiles ou l'automobile thermique. Pour Musk, il s'agit d'un retour en arrière, alors même que les Etats-Unis doivent rester compétitifs dans des domaines comme les véhicules électriques, l'IA ou encore l'aérospatial.
Ce mardi, la journée sera assez animée avec l'indice PMI manufacturier américain final du mois de juin (15h45, consensus 49,3), l'ISM manufacturier (16 heures, consensus 49,1), les dépenses de construction du mois de mai (16 heures, consensus +0,2%) et le rapport JOLTS du Département au Travail sur les ouvertures de postes du mois de mai (16h, consensus 7,3 millions). Jerome Powell, patron de la Fed, intervient par ailleurs demain lors du forum de la BCE à Sintra, au Portugal, alors que le président Trump maintient la pression et a affirmé encore qu'il ne serait pas contre une démission du leader de la banque centrale, qu'il prévoit de remplacer le plus rapidement possible. "J'adorerais qu'il démissionne, il a fait un travail minable", a indiqué Trump, qui a qualifié Jerome Powell de "stupide". Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a suggéré que Powell renonce à ses fonctions de président tout en continuant de siéger au board de la Fed. Il a aussi indiqué que l'administration Trump travaillait à sélectionner le successeur du leader de la Fed et laissé entendre qu'une annonce pourrait intervenir dans les prochaines semaines.
Demain, les opérateurs suivront l'étude Challenger, Gray & Christmas sur les annonces de licenciements aux USA, le rapport d'ADP sur l'emploi privé américain du mois de juin (consensus 102.500), ainsi que le rapport hebdomadaire du Département à l'Energie sur les stocks pétroliers domestiques.
Jeudi, pour finir, l'actualité sera chargée juste avant "l'Independence Day", avec surtout le rapport mensuel gouvernemental sur la situation de l'emploi (consensus 4,3% de chômage et 115.000 créations de postes non-agricoles), mais aussi la balance du commerce international des biens et services, les inscriptions hebdomadaires au chômage, l'indice PMI composite final (et donc celui des services), les commandes industrielles et l'ISM des services. Wall Street fermera à 19 heures, heure française jeudi, et sera fermé vendredi pour le Jour de l'Indépendance.
Dans l'actualité des entreprises, Constellation Brands publie ce mardi, mais l'agenda est sinon assez clairsemé.