Wall Street se reprend avec Nvidia, en attendant l'inflation et les résultats

Wall Street rebondit ce mardi, stimulé notamment par le sursaut de Nvidia. Le S&P 500 reprend 0,75% à 5.738 pts, le Dow Jones 0,03% à 41.965 pts et le Nasdaq 1,21% à 18.140 pts. Les opérateurs attende...

Wall Street rebondit ce mardi, stimulé notamment par le sursaut de Nvidia. Le S&P 500 reprend 0,75% à 5.738 pts, le Dow Jones 0,03% à 41.965 pts et le Nasdaq 1,21% à 18.140 pts. Les opérateurs attendent désormais les chiffres de l'inflation, qui seront dévoilés en fin de semaine. La saison des trimestriels débutera également vendredi avec plusieurs grandes banques. En attendant, l'incertitude géopolitique demeure très importante et les anticipations de baisse de taux retombent depuis l'annonce des derniers chiffres très "résilients" de l'emploi américain. De plus, Pékin a déçu ce jour en ne dévoilant pas de mesures supplémentaires de relance budgétaire.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI rechute de 4,5% à 73,7$. L'once d'or fin perd 0,7% à 2.624$, toujours très proche des sommets. L'indice dollar fléchit de 0,1% face à un panier de devises.

Les principaux rendements du Trésor américain sont quant à eux de retour à 4%, pour la première fois depuis août, alors que le dernier rapport sur l'emploi américain, particulièrement solide, a balayé l'hypothèse d'une nouvelle réduction importante des taux d'intérêt - de 50 points de base - de la part de la Fed. Les obligations ont corrigé depuis la fin de la semaine dernière suite aux données étonnamment robustes de l'emploi américain de septembre. Le rendement du '10 ans' progresse à 4,04% désormais, tandis que le rendement à deux ans atteint lui aussi les 4%. Cela reflète évidemment les doutes sur l'ampleur de la réduction des taux à venir de la banque centrale américaine.

Selon l'outil CME FedWatch, il y a plus de 88% de probabilité désormais que la Fed baisse ses taux d'un quart de point le 7 novembre, à l'issue de la prochaine réunion monétaire, ce qui ramènerait le taux des 'fed funds' entre 4,5 et 4,75%, contre 4,75 à 5% actuellement.

Les responsables de la Fed sont nombreux à s'exprimer cette semaine, alors que les prévisions de marché plaident désormais pour une baisse de taux d'un quart de point lors de la prochaine réunion monétaire, plutôt qu'un nouveau geste fort d'un demi-point. Ce mardi, la gouverneure Adriana Kugler a indiqué qu'elle avait fortement soutenu la décision du mois dernier de la Fed d'abaisser ses taux de 50 points de base pour débuter son cycle d'assouplissement. Elle est en faveur de nouvelles réductions des taux si l'inflation continue de s'apaiser. "Si les progrès sur l'inflation se poursuivent comme je m'y attends, je soutiendrai des baisses additionnelles de taux pour se diriger vers une posture politique plus neutre", a précisé Kugler lors d'un discours en Allemagne.

Elle a ajouté que toute décision sur les taux dépendrait de sources multiples et diverses du point de vue économique. Ainsi, si les risques baissiers sur l'emploi s'intensifient, il pourrait être approprié d'ajuster plus rapidement la politique vers une posture neutre...

John Williams, patron de la Fed de New York, a jugé qu'il serait encore approprié de réduire les taux au fil du temps, après la forte baisse de septembre. Dans une interview publiée ce mardi par le Financial Times, Williams a fait écho aux récents commentaires de Jerome Powell, jugeant que la décision du mois dernier ne devait pas être considérée comme une règle indicative des décisions futures. Pour l'heure, Williams estime que la politique monétaire est bien positionnée, le résumé récent des prévisions économiques (SEP) de la Fed étant une bonne base dans l'hypothèse d'une économie qui continue de progresser et d'une inflation qui revient vers les 2%. La semaine dernière, Powell a indiqué que la banque centrale s'en tiendrait probablement à des réductions de taux d'intérêt d'un quart de point et qu'elle n'était pas pressée suite aux récentes données...

Le président de la Fed de Minneapolis, Neel Kashkari, qui s'exprimait hier soir, a jugé l'économie américaine résiliente et indiqué que l'équilibre des risques glissait de l'inflation vers l'emploi. Néanmoins, Kashkari juge le marché du travail pour l'heure toujours solide, malgré ce risque d'une augmentation potentielle du chômage. Il a aussi précisé que les taux neutres de la Fed pourraient être désormais proches des 3%. L'inflation immobilière pourrait quant à elle s'apaiser avec les réductions de loyers.

Alberto Musalem, président de la Fed de St. Louis, a averti contre l'empressement à ajuster la politique monétaire. Il préfère donc la patience en matière de baisse des taux, jugeant qu'il ne faudrait pas "assouplir trop rapidement". Il a soutenu la décision de la Fed d'abaisser ses taux d'un demi-point en septembre, mais semble donc désormais temporiser, préférant des réductions graduelles et mesurées.

Raphael Bostic, Philip Jefferson et Susan Collins de la Fed prendront la parole ce jour.

Le déficit commercial américain des biens et services pour le mois d'août s'est affiché à 70,4 milliards de dollars, contre un consensus de 71 milliards de dollars et une lecture révisée à 78,9 milliards de dollars pour le mois antérieur.

Demain, les investisseurs suivront notamment les stocks et ventes de grossistes (16h), le rapport hebdomadaire du Département à l'Energie sur les stocks pétroliers domestiques pour la semaine close le 4 octobre (16h30), ainsi que les Minutes du FOMC (20h), compte rendu de la dernière réunion monétaire de la Fed qui avait été marquée par un premier assouplissement de 50 points de base. La journée de mercredi sera par ailleurs particulièrement chargée en "fedspeak", avec Raphael Bostic, Lorie Logan, Austan Goolsbee, Thomas Barkin, Susan Collins et Mary Daly.

Jeudi, l'indice des prix à la consommation du mois de septembre retiendra l'attention (14h30, consensus +0,1% d'un mois sur l'autre et +2,3% sur un an, ou +0,2% et +3,2% hors alimentaire et énergie). Les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 5 octobre seront également publiées à 14h30, tandis que le déficit budgétaire américain de septembre sera révélé dans la soirée (20 heures). Thomas Barkin et John Williams de la Fed interviendront durant la séance.

Enfin, les marchés suivront vendredi l'indice américain des prix à la production du mois de septembre (14h30, consensus FactSet +0,1% par rapport à août et +1,6% sur un an, ou +0,2% et +2,7% hors éléments volatils). L'indice préliminaire du sentiment des consommateurs américains de l'Université du Michigan sera communiqué à 16 heures (consensus 71). Austan Goolsbee, Lorie Logan et Michelle Bowman auront leur mot à dire durant la journée.

Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, PepsiCo a donc lancé ce jour un avertissement sur ses ventes. Delta Air Lines, Domino's Pizza et Tilray Brands annonceront jeudi. Vendredi, la "saison" des résultats trimestriels sera lancée comme d'ordinaire à Wall Street par les grandes banques, avec les publications financières de JP Morgan Chase, Wells Fargo et Bank of New York Mellon. BlackRock et Fastenal annonceront aussi le même jour, avant bourse.

Les valeurs

Nvidia (+4% !), de retour au rang de deuxième capitalisation boursière mondiale, prend encore de la hauteur ce mardi à Wall Street. Son partenaire Hon Hai Precision Industry prévoit en effet de renforcer sa capacité afin de faire face à la demande plus forte que prévu en puces Nvidia utilisées pour le développement de l'IA. Young Liu, le président de Hon Hai, a indiqué sur Bloomberg TV que la demande pour la famille de puces de nouvelle génération baptisée Blackwell de Nvidia était bien "folle", faisant écho aux remarques de Jensen Huang, patron de Nvidia, plus tôt ce mois, et aux annonces de Super Micro Computer concernant la forte hausse de son activité.

Hon Hai, groupe de Taïwan, construit au Mexique la plus grande usine d'assemblage de serveurs hébergeant les puces Grace Blackwell les plus avancées de Nvidia, ajoute Bloomberg. Hon Hai aura une capacité prévue de 20.000 serveurs GB200 NVL 72 en 2025, d'après Liu. "On a beaucoup parlé du fait que les besoins informatiques pourraient bientôt être saturés. Mais il semble que la demande continue de croître. C'est donc au-delà de nos attentes", a résumé le dirigeant du géant taïwanais.

Super Micro Computer corrige de 5% après avoir pris 15,8% à Wall Street hier soir, alors que le groupe a fait état d'une forte progression de ses livraisons à plus de 100.000 GPU par trimestre. "Supermicro a récemment déployé plus de 100.000 GPU avec une solution de refroidissement liquide pour certaines des plus grandes usines d'IA jamais construites, ainsi que pour d'autres CSP (fournisseurs de services cloud)", a indiqué la société. "Chaque serveur approchant la puissance de 12 kW nécessaire aux charges de travail IA et HPC, le refroidissement liquide est un choix plus efficace pour maintenir la température de fonctionnement souhaitée pour chaque GPU et CPU", a détaillé le groupe, qui entend ainsi répondre à la demande croissante des "usines d'IA" et des fournisseurs de services cloud. Il a dévoilé ainsi une solution de refroidissement liquide conçue pour réduire la consommation d'énergie et les coûts d'infrastructure de refroidissement.

La solution comprend des unités de distribution de liquide de refroidissement, des plaques froides et des tours de refroidissement modulaires de pointe, toutes optimisées pour les performances GPU et CPU haute densité. SMCI a déployé cette technologie pour certaines des plus grandes usines d'IA jamais construites. "Supermicro continue d'innover en proposant des solutions de refroidissement liquide plug-and-play à l'échelle d'un rack pour centres de données complets", a déclaré Charles Liang, DG du groupe, soulignant que ses solutions réduisent considérablement les coûts et améliorent les performances...

Selon les données de Bloomberg, Super Micro est le troisième plus important client de Nvidia et représente environ 9% de ses revenus totaux. Environ 70% du coût des biens vendus de SMCI proviendrait des produits Nvidia... Plus tôt ce mois, Jensen Huang, le patron du géant des puces d'IA, a évoqué dans une interview accordée à CNBC une "demande folle" pour ses produits, en particulier la famille Blackwell...

Honeywell (+1%), le géant industriel diversifié américain, étudierait une scission potentielle de son activité de matériaux avancés, indique le Wall Street Journal ce mardi, citant des sources familières de la question. Selon le WSJ, cette activité pourrait valoir seule plus de 10 milliards de dollars, en tant qu'entité cotée. Cette division adresse les segments retail, manufacturiers, pharmaceutiques et de construction. Les ventes de l'activité l'année dernière ressortaient voisines de 3,65 milliards de dollars. La rumeur aurait du sens, dans la mesure où le management, sous la direction de Vimal Kapur, rationalise le portefeuille d'activités pour se concentrer sur l'aviation, l'automatisation et l'énergie.

PepsiCo (+1%) a réduit ses prévisions de ventes annuelles sur fond de dépenses en berne des consommateurs en Amérique du Nord. Ainsi, la croissance organique sur l'exercice 2024, hors effets de changes, acquisitions et désinvestissements, est attendue à un chiffre bas, alors que le groupe tablait auparavant sur une progression de 4%. Ramon Laguarta, le directeur général de l'affaire, indique que les impacts cumulés des pressions inflationnistes et des coûts accrus d'emprunt ces dernières années ont affecté encore les budgets et modes de consommation. Le groupe maintient toutefois ses prévisions antérieures de bénéfice annuel ajusté par action.

PepsiCo a évoqué des performances mitigées en Amérique du Nord, avec notamment un rappel important de barres Granola et céréales Quaker Oats, ainsi qu'une faible demande pour ses collations et boissons Frito-Lay. Les volumes de ventes de Frito-Lay Amérique du Nord ont régressé de 1,5% - malgré la faible augmentation des prix. Les volumes de boissons en Amérique du Nord ont décliné de 3% en glissement annuel.

Pour le trimestre clos, PepsiCo a dégagé un bénéfice ajusté par action de 2,31$, légèrement au-dessus du consensus de marché, pour des revenus en repli de 0,6% à 23,32 milliards de dollars. Sur ce trimestre clos début septembre, les revenus étaient plutôt attendus autour de 23,8 milliards de dollars. Le bénéfice net trimestriel a été de 2,9 milliards de dollars, en retrait de 5% en glissement annuel.

Alphabet (+1%). Le Département américain de Justice doit faire savoir ce mardi de quelle manière il entendrait restreindre la domination de Google et d'Alphabet sur le marché de la recherche en ligne. Ainsi, le DoJ doit soumettre un document à ce sujet ce jour à la cour fédérale en détaillant les solutions potentielles. La balle sera ensuite dans le camp du juge Amit Mehta du tribunal de district du district de Columbia, qui s'est rangé du côté du DoJ américain et devra décider ce qui devrait se passer ensuite dans la phase de remédiation du procès qui débutera probablement en 2025, selon Yahoo! Finance. Les solutions possibles pourraient alors jusqu'à une scission pure et simple, mais d'autres options plus raisonnables pourraient être avancées comme la mise à disposition des données du moteur de recherche à ses concurrents, en passant par la fin des accords qui sécurisent son moteur de recherche par défaut sur les appareils mobiles et les navigateurs Internet.

Berkshire Hathaway, la firme d'investissement de l'oracle d'Omaha, Warren Buffett, a réduit encore sa participation au capital de Bank of America (stable), les cessions s'affichant désormais à plus de 10 milliards de dollars depuis la mi-juillet. Ainsi, Berkshire a cédé encore pour 383 millions de dollars de titres BofA en trois jours. Berkshire s'affiche encore à un peu plus de 10% du capital de Bank of America, ce qui en fait le principal actionnaire. La participation vaut environ 31 milliards de dollars. La firme de Buffett avait débuté ses investissements dans BofA en 2011.

Roblox (-3%) corrige à Wall Street suite aux attaques du vendeur à découvert Hindenburg Research, qui a pris une position vendeuse pour miser sur une chute du titre et vient de publier une étude dans laquelle il affirme que le concepteur de jeux vidéo a trompé les investisseurs et régulateurs au sujet du nombre d'utilisateurs de sa plateforme et laissé place à une dérive des contenus. "Roblox : des chiffres clés gonflés pour Wall Street et un enfer pédophile pour les enfants", lance même Hindenburg sur le réseau social X. "Globalement, nous pensons que Roblox a adopté l'approche de la Silicon Valley de 'croissance à tout prix', que ce soit en trompant ou en mentant carrément aux investisseurs sur ses indicateurs clés ou en ouvrant sa plateforme à des prédateurs dangereux et à des contenus illicites inadaptés aux enfants", ajoute Hindenburg.

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