Wall Street s'affiche en repli désormais ce lundi, consolidant sur ses sommets après le long week-end du 4 juillet. Le S&P 500 abandonne 0,48% à 6.249 pts, le Dow Jones 0,47% à 44.616 pts et le Nasdaq 0,60% à 20.477 pts. Le Secrétaire au Trésor Scott Bessent a suggéré durant le week-end que des tarifs douaniers spécifiques aux pays ne prendraient effet qu'au 1er août, ce qui pourrait ressembler à un nouveau délai alors que l'échéance du 9 juillet semblait fixée. C'est donc la confusion qui règne sur le front commercial, avec un "atterrissage" des droits de douane toujours difficile à évaluer et même si l'administration Trump agite toujours l'espoir d'accords importants dans les prochains jours. Tesla dévisse par ailleurs en bourse, Elon Musk envisageant de lancer un nouveau parti politique aux États-Unis, provoquant l'ire de Trump.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI gagne 1,9% à 67,8$. L'once d'or fin recule de 0,5% à 3.318$. L'indice dollar progresse de 0,1% face à un panier de devises de référence. Le bitcoin se maintient autour des 108.000$... Sur les marchés obligataires, le rendement du T-Bond à 10 ans se redresse un peu plus à 4,38%.
Parmi les dernières annonces de Trump sur Truth Social à propos du commerce, le président américain a indiqué : "J'ai le plaisir d'annoncer que les lettres et/ou accords tarifaires des États-Unis avec divers pays du monde seront distribués à partir de midi le lundi 7 juillet". "Tout pays s'alignant sur les politiques antiaméricaines des BRICS se verra imposer un droit de douane supplémentaire de 10%. Aucune exception à cette règle ne sera tolérée", a aussi lancé Trump il y a quelques heures. Le leader américain avait précédemment déclaré, vendredi, que des pays n'offrant pas de concessions pourraient voir leurs tarifs douaniers monter jusqu'à 70%, sans détailler sa pensée...
Scott Bessent a pour sa part indiqué sur CNN, dans l'émission State of the Nation, que les USA étaient bien sur le point de conclure plusieurs accords commerciaux avant le 9 juillet, et que Washington allait aussi envoyer des lettres à une centaine de petits pays avec lesquels les États-Unis n'ont pas beaucoup d'interactions commerciales. "Le président Trump va envoyer des lettres à certains partenaires commerciaux indiquant que si les choses n'avancent pas, le 1er août, ils reviendront au niveau de droits de douane du 2 avril", a expliqué Bessent, qui juge que cela devrait accélérer la conclusion d'un grand nombre d'accords. Le Secrétaire US au Trésor a démenti toutefois que le 1er août soit une nouvelle date limite pour les négociations commerciales. "Nous disons que c'est à ce moment-là que les choses se passent. S'ils veulent accélérer les choses, qu'ils le fassent. S'ils veulent revenir à l'ancien taux, c'est leur choix", a indiqué le responsable.
Kevin Hassett, le dirigeant du Conseil économique national de la Maison Blanche, a lui aussi pris la parole sur CBS. Il a précisé que les USA étaient toujours prêts à discuter avec tout le monde. "Peut-être que des choses seront repoussées au-delà de l'échéance", a ajouté Hassett, faisant sans doute allusion à la politique commerciale. Le responsable a précisé que les accords scellés avec le Royaume-Uni ou le Vietnam pourraient offrir des lignes directrices pour d'autres pays cherchant à finaliser un accord. Il a aussi jugé que la probabilité d'une récession était nulle aux États-Unis...
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen aurait eu un "bon échange" téléphonique avec le président américain hier, selon un porte-parole de la Commission, l'objectif étant toujours de parvenir à un accord sur le front commercial avant le 9 juillet. "Nous voulons parvenir à un accord avec les États-Unis. Nous voulons éviter des droits de douane. Nous pensons qu'ils sont nocifs. Nous voulons parvenir à des résultats gagnant-gagnant", a indiqué le porte-parole lors d'un point presse.
Dans le même temps, Trump maintient la pression sur le patron de la Fed Jerome Powell, qu'il entend remplacer par "quelqu'un qui voudra baisser les taux". "Il me reste un peu plus de 10 mois dans le cadre de mon mandat de président et tout ce que je veux, et tout ce que veut quiconque au sein de la Fed, c'est créer une économie avec une stabilité des prix, un emploi maximum et une stabilité financière", avait déclaré Powell en début de mois... L'outil CME FedWatch fait ressortir une probabilité de plus de 95% d'un nouveau statu quo monétaire le 30 juillet, à l'issue de la prochaine réunion FOMC. Le taux des fonds fédéraux resterait alors entre 4,25 et 4,50%. Un premier assouplissement pourrait intervenir le 17 septembre selon le même outil, la probabilité étant de plus de 60%.
Dans l'actualité économique américaine cette semaine, les opérateurs suivront mercredi les Minutes de la Fed, puis jeudi les inscriptions au chômage, pour terminer vendredi par la balance budgétaire américaine.
Par ailleurs, la saison des trimestriels va débuter sous peu à Wall Street. Delta Air Lines, ConAgra, Levi Strauss et PriceSmart publient leurs résultats jeudi, mais la déferlante déboule à partir de la semaine prochaine.
Les valeurs
Tesla rechute de 7% en bourse, alors que le directeur général du constructeur, Elon Musk, a annoncé son intention de créer un nouveau parti politique aux États-Unis, l'America Party. Le clash antérieur entre Musk et Donald Trump sur la question du 'One Big Beautiful Bill' avait déjà lourdement pesé sur l'action Tesla, mais cette escalade déconcerte les investisseurs, qui jugent que le multimilliardaire devrait se concentrer sur ses activités à la tête de ses entreprises s'il entend créer de la valeur. Donald Trump a publié un message sur Truth Social, expliquant : "Je suis attristé de voir Elon Musk complètement 'dérailler' (...) au cours des cinq dernières semaines". Les analystes sont également perplexes, y compris Dan Ives de Wedbush, pourtant grand défenseur de la 'tech' américaine. Ives explique que Musk est le plus grand actif de Tesla et que sa décision de s'engager davantage dans la politique risquerait de mettre le cours de l'action sous pression.
Apple (-0,7%) a fait appel d'une amende de 500 millions d'euros infligée par l'Union européenne. Il s'agit d'un recours devant la deuxième plus haute juridiction de l'UE pour contester cette sanction remontant au début de l'année et relative à une infraction supposée aux règles visant à limiter l'influence des géants de la 'tech'. En avril, la Commission européenne avait ainsi estimé que les restrictions techniques et commerciales imposées par le groupe à la pomme et empêchant les concepteurs d'applications de diriger leurs clients vers des offres moins chères hors de l'App Store, enfreignaient le Digital Markets Act européen. Le fabricant de l'iPhone avait déjà annoncé son intention de faire appel.
WNS Global Services bondit de 14% à Wall Street sur une OPA de Capgemini pour 3,3 milliards de dollars. Pour conclure cette opération qui vise à créer un leader en "Opérations Intelligentes", afin de capter les investissements des entreprises dans l'IA agentique destinés à transformer leurs processus métiers de bout en bout, le géant français offre 76,50$ par titre WNS en numéraire, soit une prime de 17% par rapport au dernier cours de clôture de sa cible à Wall Street. L'offre a été approuvée à l'unanimité par les conseils d'administration des deux sociétés et devrait être finalisée d'ici la fin de l'année.
Amazon (stable). Selon les prévisions d'Adobe Analytics relayées par Reuters, les dépenses en ligne chez les détaillants américains devraient bondir à 23,8 milliards de dollars lors de l'événement Amazon Prime Day de 96 heures cette semaine. Les consommateurs recherchent des réductions importantes sur les articles de rentrée, allant des vêtements aux appareils électroniques, d'après Adobe. Les ventes du 8 au 11 juillet devraient augmenter de 28,4% par rapport à la même période l'an dernier. Les détaillants avaient enregistré des ventes en ligne de 14,2 milliards de dollars lors de l'événement Amazon de deux jours en juillet dernier. "Cela équivaut à deux Black Fridays", a souligné Adobe, indiquant également que des consommateurs soucieux de leur budget adapteraient leurs habitudes d'achat en utilisant l'IA générative pour trouver des offres...
Dow Inc. (-2%), le groupe américain de chimie, fermera trois usines européennes dans l'amont en réponse aux défis structurels de la région. Le groupe évoque l'adaptation de la capacité régionale en amont, la réduction de l'exposition aux ventes marchandes et la suppression d'actifs plus coûteux et énergivores. Des mesures seront prises dans les trois secteurs d'activité du groupe afin de soutenir la rentabilité européenne. Les fermetures d'actifs entraîneront une hausse de l'Ebitda opérationnel à partir de 2026. Parmi les trois sites concernés en Europe, deux sont situés en Allemagne, à Böhlen et Schkopau, et un troisième au Royaume-Uni à Barry. Ils seront fermés dans les deux prochaines années.
CoreWeave (-4%), géant des centres de données d'IA introduit en mars à Wall Street, a annoncé ce lundi le rachat du mineur de cryptomonnaies Core Scientific (-19%), dans le cadre d'une transaction entièrement en actions évaluée à environ 9 milliards de dollars. L'offre est libellée à 20,40$ par action Core Scientific et reflète une prime de près de 66% par rapport aux cours de clôture précédant l'annonce des premières discussions. La transaction devrait être finalisée au quatrième trimestre.
Strategy (-0,9%) a annoncé comme attendu une augmentation totale de 'fair value' bitcoin de 14 milliards de dollars pour son deuxième trimestre 2025. Ce gain latent est donc notable, pour le groupe qui a accumulé désormais environ 600.000 bitcoins. Selon les analystes interrogés par Bloomberg News, Strategy ne devrait néanmoins générer qu'environ 112,8 millions de dollars de chiffre d'affaires au deuxième trimestre pour son activité de logiciels.
Ingram Micro (-5,5%), géant américain de la distribution de technologies et fournisseur de services gérés, a déclaré qu'une attaque par rançongiciel était à l'origine d'une panne persistante au sein de l'entreprise. Le piratage aurait débuté jeudi, provoquant la panne du site web et d'une grande partie du réseau de l'entreprise. Samedi soir, l'entreprise a indiqué dans un bref communiqué qu'elle travaillait à la restauration des systèmes afin de pouvoir à nouveau traiter les commandes.