Wall Street s'enflamme avec les anticipations de baisse des taux

La place américaine accélère à la hausse ce vendredi suite à l'intervention de Jerome Powell, patron de la Fed, qui a laissé la voie ouverte à une baisse des taux, affichant un discours sensiblement p...

La place américaine accélère à la hausse ce vendredi suite à l'intervention de Jerome Powell, patron de la Fed, qui a laissé la voie ouverte à une baisse des taux, affichant un discours sensiblement plus souple qu'auparavant ou jugé comme tel. Le S&P 500 grimpe maintenant de 1,60% à 6.472 pts, alors que le Dow Jones bondit de 1,90% à 45.637 pts et que le Nasdaq prend 1,91% à 21.503 pts... La place américaine revient donc sur ses sommets après plusieurs jours de consolidation. Sur le Nymex, le baril de brut WTI avance de 0,6% à 63,9$. L'once d'or fin avance de 1% à 3.372$. L'indice dollar perd 0,8% face à un panier de devises. Le bitcoin se redresse en direction des 116.000$.

Jerome Powell a donc laissé entendre lors du symposium de Jackson Hole, dans le Wyoming, qu'il était ouvert à l'idée d'un assouplissement monétaire. "Avec une politique restrictive, les perspectives de base et l'évolution de la répartition des risques pourraient justifier un ajustement de notre politique", a donc précisé Powell, évoquant par ailleurs une augmentation des risques concernant l'emploi, alors que l'offre de main-d'oeuvre se serait affaiblie parallèlement à la demande. Les anticipations de baisse des taux mesurées par l'outil CME FedWatch viennent de remonter suite à ces derniers commentaires (plus de 91% désormais pour septembre contre 71% auparavant). Il faut dire que Powell, sans s'engager fermement à une réduction des taux en septembre, semble clairement considérer cette option. Il indique que le cas de base concernant les tarifs douaniers de Trump serait un impact de courte durée sur l'inflation - bien que les pressions inflationnistes des droits de douane soient désormais "clairement perceptibles".

"Nous nous attendons à ce que ces effets s'accumulent au cours des prochains mois", a déclaré Powell à propos de l'impact des tarifs douaniers, soulignant la "grande incertitude quant au calendrier et à l'ampleur". "La question qui importe pour la politique monétaire est de savoir si ces hausses de prix sont susceptibles d'accroître significativement le risque d'un problème d'inflation persistant", a résumé Powell, ajoutant que la Fed "ne permettra pas qu'une hausse ponctuelle des prix devienne un problème d'inflation persistant". Un discours plus souple donc, mais tout de même très nuancé du patron de la Fed.

"Le rapport sur l'emploi de juillet publié plus tôt ce mois-ci a montré que la croissance des emplois salariés a ralenti à un rythme moyen de seulement 35.000 par mois au cours des trois derniers mois, en baisse par rapport aux 168.000 par mois en 2024. Ce ralentissement est beaucoup plus important que celui évalué il y a à peine un mois, car les chiffres précédents pour mai et juin ont été considérablement révisés à la baisse", note Powell. "L'offre de travail a diminué parallèlement à la demande, abaissant fortement le taux d'équilibre de création d'emplois nécessaire pour maintenir le taux de chômage constant. En effet, la croissance de la population active a considérablement ralenti cette année avec la forte baisse de l'immigration, et le taux de participation au marché du travail a légèrement diminué ces derniers mois".

"Concernant l'inflation, la hausse des droits de douane a commencé à faire grimper les prix de certaines catégories de biens. Les estimations, fondées sur les dernières données disponibles, indiquent que les prix totaux PCE ont augmenté de 2,6% sur la période de 12 mois se terminant en juillet. Hors les catégories volatiles de l'alimentation et de l'énergie, les prix de base des PCE ont augmenté de 2,9%, soit un niveau supérieur à celui d'il y a un an. Au sein de la zone de base, les prix des biens ont augmenté de 1,1% sur les 12 derniers mois, ce qui constitue une évolution notable par rapport à la légère baisse observée en 2024", analyse le patron de la Fed. Il voit un cas de base raisonnable dans lequel les effets des droits de douane seraient de courte durée, mais n'exclut pas que la pression à la hausse exercée sur les prix par les droits de douane puisse engendrer une dynamique inflationniste plus durable, "un risque à évaluer et à gérer".

"Il est possible que les travailleurs, dont les revenus réels diminuent en raison de la hausse des prix, exigent et obtiennent des salaires plus élevés de la part des employeurs, déclenchant ainsi une dynamique défavorable entre salaires et prix. Étant donné que le marché du travail n'est pas particulièrement tendu et qu'il est confronté à des risques de baisse croissants, ce scénario semble peu probable", ajoute Powell...

Les avis sont quant à eux contradictoires, parmi les derniers membres de la Fed à s'exprimer, certains plaidant désormais pour plusieurs assouplissements d'ici la fin de l'année (Christopher Waller ou Michelle Bowman), alors que d'autres (Raphael Bostic, Austan Goolsbee, Jeffrey Schmid ou Beth Hammack) prônent toujours la patience compte tenu de l'inflation collante et de la résilience de l'économie...

Le président américain réclame par ailleurs la démission de la gouverneure de la Fed Lisa Cook. Cette dernière a déclaré qu'elle n'avait aucune intention de céder à la pression pour quitter ses fonctions. Trump a exigé son départ après la publication d'accusations concernant des prêts immobiliers qu'elle détient dans le Michigan et en Georgie. "Je n'ai aucune intention de me laisser intimider pour quitter mes fonctions à cause de questions soulevées dans un tweet", a-t-elle assuré dans un communiqué. "J'ai l'intention de prendre toute question concernant mon historique financier au sérieux en tant que membre de la Fed et je rassemble les informations nécessaires pour fournir des faits", a-t-elle précisé.

Ces allégations ont été relayées par William Pulte, directeur de l'Agence fédérale du logement (FHFA), qui affirme que Lisa Cook aurait déclaré comme résidence principale deux biens distincts, un appartement à Atlanta et une maison dans le Michigan. Il a également évoqué un bien détenu par la gouverneure dans le Massachusetts. Les prêts pour résidence principale étant généralement accordés à des conditions plus favorables que pour un investissement locatif, ces déclarations suscitent l'attention.

Dans l'actualité commerciale, Peter Navarro, conseiller commercial de la Maison Blanche, a critiqué l'Inde pour ses achats continus de pétrole russe et a déclaré qu'il prévoyait que les droits de douane punitifs de 50% sur les importations indiennes entreraient en vigueur la semaine prochaine. Des droits de douane imposés à l'Inde qui pourraient donc doubler le 27 août... Un responsable chinois a exprimé pour sa part son soutien à l'Inde concernant les droits de douane américains sur ses exportations, soulignant la coopération croissante entre les deux voisins asiatiques. "Les États-Unis ont imposé des droits de douane allant jusqu'à 50% à l'Inde, et ont même menacé d'en imposer davantage. La Chine s'y oppose fermement", a déclaré l'ambassadeur de Chine en Inde.

Jeudi, les États-Unis et l'UE ont établi un cadre écrit pour l'accord commercial conclu le 27 juillet. Les termes incluent un droit de douane américain de 15% sur la plupart des importations de l'UE : celles-ci incluent les automobiles, les produits pharmaceutiques, les semi-conducteurs et le bois d'oeuvre, mais pas le vin et les spiritueux. Les deux parties ont également souligné la promesse de l'UE de supprimer les droits de douane sur les produits industriels américains et d'améliorer l'accès aux produits de la mer et aux produits agricoles américains. L'UE a réaffirmé son intention d'acheter pour 750 milliards de dollars de produits énergétiques américains sur trois ans, ainsi que 40 milliards de dollars de puces informatiques pour l'IA. Elle souhaite par ailleurs que les entreprises européennes investissent 600 milliards de dollars supplémentaires dans les secteurs stratégiques américains d'ici 2028, relève Reuters, qui ajoute que les deux parties s'engagent aussi à s'attaquer aux barrières commerciales numériques injustifiées et à envisager de coopérer pour protéger leurs marchés respectifs de l'acier et de l'aluminium contre la surcapacité, tout en garantissant des chaînes d'approvisionnement sûres entre eux.

Mercredi, le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a déclaré que les États-Unis étaient satisfaits de leur système tarifaire actuel avec la Chine, indiquant ainsi que l'administration américaine souhaitait la stabilité avant l'échéance de la trêve commerciale de novembre.

Sur le front économique hier aux États-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 16 août se sont établies à 235.000, en hausse de 11.000 par rapport à la semaine antérieure et bien plus élevées que le consensus Bloomberg qui était de 226.000... L'indice PMI composite préliminaire américain du mois d'août 2025 s'est établi à 55,4, bien au-dessus du consensus FactSet qui se situait à 54,5 et assez proche de la lecture révisée de juillet. L'indice manufacturier est ressorti à 53,3 en données préliminaires contre 50,6 de consensus, tandis que l'indicateur des services est ressorti à 55,4 contre 54 de consensus. Des indices signalant globalement une forte expansion de l'activité en août aux États-Unis... Les reventes de logements existants aux États-Unis pour le mois passé, publiées ce jeudi par la National Association of Realtors, se sont établies au nombre de 4,01 millions, en progression de 2% en comparaison du mois antérieur... L'indice des indicateurs avancés américains du Conference Board pour le mois de juillet 2025 s'est affiché en retrait léger de 0,1% d'un mois sur l'autre, en ligne avec le consensus des économistes de la place, après un recul de 0,3% un mois auparavant.

Du côté des économistes, notons qu'UBS Global Wealth Management vient de relever son objectif de fin d'année sur le S&P 500 de 6.200 à 6.600 points, évoquant selon Reuters la solidité des résultats des entreprises, l'apaisement des tensions commerciales ou encore l'anticipation de la baisse des taux.

Les valeurs

Nvidia (+1,2%), le géant des puces graphiques et d'IA, aurait demandé à certains fournisseurs de composants de suspendre la production de sa puce d'IA H20 conçue spécifiquement pour le marché chinois, selon 'The Information', qui cite deux personnes ayant connaissance de la situation. Cela ferait suite la directive de Pékin contre les achats de telles puces. Nvidia aurait ainsi ordonné cette semaine à Amkor Technology, groupe basé en Arizona, d'arrêter la production des puces H20, et aurait aussi informé le sud-coréen Samsung Electronics. Amkor gère le packaging avancé de la puce, tandis que Samsung Electronics fournit les puces mémoire à haut débit pour ce modèle, détaille pour sa part Reuters, qui cite un porte-parole de Nvidia déclarant : "Nous gérons constamment notre chaîne d'approvisionnement pour répondre aux conditions du marché". La décision intervient alors que les autorités chinoises ont convoqué la semaine dernière des entreprises nationales, dont Tencent ou ByteDance, au sujet de leurs achats de puces H20, exprimant des inquiétudes à ce sujet.

Nvidia préparerait toutefois une nouvelle puce IA pour la Chine basée sur sa dernière architecture Blackwell, selon des sources de Reuters. La puce en question serait plus puissante que le modèle H20.

TSMC (+2,7%), le colosse taïwanais des puces sous contrat coté à Wall Street, évolue peu avant bourse ce vendredi. Selon le Wall Street Journal, les dirigeants de Taiwan Semiconductor Manufacturing auraient eu des discussions préliminaires concernant la restitution de leurs subventions gouvernementales américaines si l'administration Trump demandait à devenir actionnaire. Le WSJ cite des sources proches du dossier. TSMC a reçu jusqu'à 6,6 milliards de dollars de subventions pour un site en Arizona qui a commencé à produire des puces avancées fin 2024. L'entreprise a accepté de construire des usines en Arizona sous la pression de l'administration Biden, mais des personnes informées de la position de TSMC ont indiqué que l'entreprise n'avait jamais beaucoup dépendu du soutien financier américain, ajoute le WSJ, citant par ailleurs un responsable gouvernemental déclarant que l'administration Trump ne cherchait pas à prendre des participations dans des entreprises comme TSMC qui augmentent leurs investissements.

Google (Alphabet +2%) a conclu un accord de cloud computing de six ans avec Meta Platforms (+1,7%) d'une valeur de plus de 10 milliards de dollars, rapportent 'The Information' ainsi qu'une source de Reuters. Il s'agirait du deuxième accord majeur du géant de la recherche après celui conclu avec OpenAI, note Reuters. Dans le cadre de l'accord, Meta utiliserait les serveurs, le stockage, le réseau et d'autres services de Google Cloud. Reuters rappelle que Mark Zuckerberg, DG de Meta, avait indiqué en juillet que l'entreprise dépenserait des centaines de milliards de dollars pour construire plusieurs immenses centres de données d'IA.

BJ's Wholesale (-8,2%), la chaîne américaine de clubs-entrepôts réservés aux membres, a annoncé pour son deuxième trimestre fiscal des ventes à comparable en repli de 0,3% avec le déclin des prix au détail de l'essence, tandis que les ventes comparables hors essence ont progressé de 2,3% avec la croissance du trafic. Les revenus des cotisations des membres ont augmenté de 9% sur un an pour atteindre 123,3 millions de dollars. Le nombre d'adhérents a atteint un record de 8 millions. La croissance des ventes comparables grâce au numérique a été de 34%, reflétant une croissance de 56% des revenus cumulés sur deux ans. Le bénéfice par action dilué et le bénéfice par action dilué ajusté ressortent à 1,14$, au-dessus des attentes, pour des revenus de 5,38 milliards de dollars en revanche légèrement inférieurs au consensus. Le groupe relève sa guidance 2025 de bénéfice ajusté par action entre 4,20 et 4,35$. Les ventes comparables hors essence sont attendues en croissance de 2 à 3,5%.

Zoom Communications (+9,1%), l'ex-star boursière de la période des confinements, semble se refaire une santé. Le titre est orienté en vive hausse au lendemain d'une publication trimestrielle meilleure que prévu. Le bénéfice ajusté par action du deuxième trimestre est ressorti à 1,53$, largement au-dessus du consensus qui était de 1,37$, et à comparer à un niveau de 1,39$ un an avant. Les revenus ont totalisé quant à eux 1,22 milliard de dollars, également au-dessus des attentes, contre 1,16 milliard pour la période comparable de l'an dernier. Zoom envisage désormais pour l'exercice 2026 des revenus allant de 4,83 à 4,84 milliards de dollars, une guidance relevée. Le bénéfice ajusté par action est maintenant anticipé entre 5,81 et 5,84$, contre une fourchette antérieure allant de 5,56 à 5,59$.

Ross Stores (+1%), la chaîne américaine de distribution discount, a dépassé les attentes de profits sur son deuxième trimestre fiscal, réalisant un bénéfice ajusté par action de 1,56$, pour des revenus de 5,53 milliards de dollars quant à eux un peu courts. Le groupe a rétabli par ailleurs ses prévisions annuelles de bénéfices allant de 6,08 à 6,21$ par action, au-dessus du consensus en milieu de fourchette, malgré l'impact des tarifs douaniers estimé entre 22 et 25 cents. Le groupe avait retiré ses prévisions en mai sur fond d'incertitude sur l'atterrissage des tarifs douaniers. Il précisait à l'époque que plus de la moitié de ses produits provenaient de Chine. Pour le troisième trimestre, le bénéfice par action est toutefois attendu entre 1,31 et 1,37$, inférieur au consensus, mais la tendance serait bien meilleure pour la saison des fêtes avec un bpa attendu entre 1,74 et 1,81$.

Workday (-3,5%), le groupe américain spécialiste des applications cloud dans le domaine des ressources humaines, perd du terrain à Wall Street malgré des comptes en nette progression. La déception provenait essentiellement d'une guidance prudente de revenus d'abonnements. Pour son deuxième trimestre fiscal, le groupe a réalisé un bénéfice ajusté par action de 2,21$ à comparer à un consensus de 2,09$, alors que ses revenus ont atteint 2,35 milliards de dollars, légèrement meilleurs que prévu avec des revenus d'abonnements en augmentation de 14% à 2,17 milliards. Workday relève marginalement ses estimations de revenus annuels d'abonnements à 8,82 milliards de dollars, mais la guidance pour le trimestre en cours ressort quant à elle juste en ligne à 2,24 milliards de dollars.

Intuit (-5,7%), la firme américaine qui développe des solutions de gestion et de comptabilité à destination des petites entreprises, experts-comptables ou particuliers, corrige avant bourse à Wall Street. Le groupe californien a annoncé pour son quatrième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 2,75$, contre 2,65$ de consensus, et des revenus de 3,83 milliards de dollars (+20%) également supérieurs aux attentes. Le groupe aux produits TurboTax et QuickBooks a ainsi affiché sur l'exercice un bénéfice net de près de 3,9 milliards de dollars pour des revenus de 18,8 milliards. Sur le trimestre entamé, clos en octobre, il anticipe un bpa allant de 3,05 à 3,12$, ainsi que des revenus allant de 3,74 à 3,78 milliards de dollars. Pour l'exercice, enfin, le bpa ajusté est attendu entre 22,98 et 23,18$, alors que les revenus sont anticipés entre 21 et 21,19 milliards. Une guidance jugée prudente...

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