Wall Street tente de reprendre le chemin de la hausse avant bourse ce mercredi, aidé par Alphabet et Apple suite à un jugement plutôt clément concernant Google. Le S&P 500 avance de 0,4% en pré-séance et le Nasdaq de 0,6%, tandis que le Dow Jones affiche peu d'évolution. Les opérateurs demeurent relativement prudents sur fond d'incertitude géopolitique et commerciale, et de tensions sur les marchés obligataires. Notons que les tarifs douaniers de Trump ont été jugés en partie illégaux par une cour d'appel fédérale, mais ces surtaxes restent en vigueur et la Maison Blanche a décidé de saisir la Cour suprême...
Le rendement du T-Bond à 10 ans se redresse vers les 4,3% et celui du '30 ans' à près de 5%, alors que l'incertitude pèse concernant les tarifs douaniers mais aussi l'indépendance de la Fed. Les avocats de la gouverneure de la Réserve fédérale Lisa Cook ont fustigé la décision du président Trump de la destituer, la qualifiant de simple "copier-coller" d'allégations liées à une fraude hypothécaire. Les avocats de Cook ont insisté sur l'absence de motifs valables pour la licencier. Ils ont affirmé que les publications sur les réseaux sociaux de Bill Pulte, directeur de l'Agence fédérale de financement du logement, et une saisine du ministère de la Justice pour des faits criminels, ne lui avaient pas donné la possibilité de réagir avant son licenciement...
Sur le front économique hier aux USA, l'indice S&P Global PMI manufacturier américain final du mois d'août 2025 s'est affiché à 53, contre un consensus de 53,3 et une lecture de 49,8 un mois auparavant, ce qui signale un retour en territoire d'expansion de l'activité manufacturière nationale. La lecture flash de l'indice se situait à 53,3. Contrairement à l'indice S&P Global PMI manufacturier final d'août 2025, l'ISM manufacturier est ressorti en zone de contraction sous la barre des 50, à 48,7 contre un consensus de 49,2. Il était situé à 48 un mois auparavant.
Ce mercredi, les investisseurs suivront les commandes industrielles américaines de juillet et le rapport JOLTS sur les ouvertures de postes du même mois (16 heures), puis dans la soirée le Livre Beige économique de la Fed (20 heures), résumé des conditions régionales. Alberto Musalem et Neel Kashkari de la Fed interviendront ce mercredi, tandis que John Williams et Austan Goolsbee prendront la parole jeudi.
Jeudi, les marchés surveilleront par ailleurs le rapport Challenger, Gray & Christmas sur les annonces de licenciements du mois d'août, ainsi que le rapport d'ADP sur l'emploi privé du même mois (consensus FactSet 85.000 créations de postes). La balance du commerce international des biens et services de juillet, ainsi que les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 30 août et que les chiffres révisés de la productivité non-agricole du deuxième trimestre, seront aussi connus jeudi, tout comme l'indice PMI composite final d'août et l'ISM des services.
Le rendez-vous économique majeur de la semaine sera pour vendredi avec le rapport gouvernemental mensuel sur la situation de l'emploi pour le mois d'août, qui sera annoncé à 14h30. Selon le consensus FactSet actuel, les économistes de la place tablent sur 80.000 créations de postes non-agricoles et 4,2% de taux de chômage, avec 90.000 créations dans le privé. Le salaire horaire moyen est attendu en hausse de 0,3% d'un mois sur l'autre et 3,7% sur un an... Des chiffres de l'emploi d'autant plus suivis que le précédent rapport a donné lieu à polémique suite à de fortes révisions en baisse sur les mois de mai et juin, qui ont conduit Donald Trump à limoger la cheffe des statistiques de l'emploi du BLS, jugeant qu'elle avait sciemment truqué les chiffres...
Sur le front commercial, le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a déclaré avant-hier être confiant que la Cour suprême soutiendrait le recours par le président Trump à une loi d'urgence de 1977 pour imposer des droits de douane étendus, mais a indiqué que l'administration disposait d'un plan B. Une cour d'appel fédérale a statué vendredi que la plupart des droits de douane mondiaux imposés par Trump étaient illégaux, réaffirmant une décision antérieure du Tribunal du commerce international et affirmant qu'il avait outrepassé ses pouvoirs en utilisant les pouvoirs d'urgence pour les imposer. Les juges ont toutefois autorisé le maintien des droits de douane pendant la procédure d'appel.
Trump a d'ailleurs réagi sur Truth Social en affirmant que tous les droits de douane restaient en vigueur. Il a également qualifié la cour de "très partisane" et a affirmé qu'avec l'aide de la Cour suprême des États-Unis, son administration allait utiliser les droits de douane au profit de la nation... Hier, Trump a critiqué les tarifs douaniers et les relations commerciales entre les États-Unis et l'Inde, affirmant qu'elles étaient largement unilatérales depuis des décennies. "En d'autres termes, ils nous vendent des quantités massives de marchandises, mais nous leur en vendons très peu. Jusqu'à présent, notre relation était totalement à sens unique, et ce depuis des décennies", a déclaré Trump. "C'est un désastre à sens unique !", a-t-il ajouté. Les commentaires de Trump interviennent alors que le Premier ministre indien Narendra Modi s'est lancé dans des tentatives de renforcement des liens avec la Chine et la Russie. Par ailleurs, le président brésilien Lula a autorisé des représailles contre les droits de douane américains de 50% imposés par Trump, mais affirme vouloir toujours négocier.
Trump s'en est pris aussi à Xi Jinping, alors que le président chinois a profité des célébrations autour du 80ème anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale pour affirmer la présence de son pays sur la scène internationale. "Veuillez transmettre mes plus chaleureuses salutations à Vladimir Poutine et à Kim Jong Un, alors que vous conspirez contre les États-Unis d'Amérique", a écrit Trump sur Truth Social, alors que Pékin organisait un défilé militaire d'une ampleur sans précédent auquel assistaient le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, ses invités d'honneur. Cette parade militaire a été utilisée par la Chine pour mettre en exergue sa puissance accrue et son poids géopolitique.Trump s'est également demandé si Xi Jinping reconnaîtrait le "soutien massif" apporté à la Chine pendant la Seconde Guerre mondiale...
"L'humanité se retrouve aujourd'hui face à un choix entre la paix ou la guerre, le dialogue ou la confrontation, le gagnant-gagnant ou le perdant-perdant", a déclaré Xi Jinping dans son discours. Le peuple chinois "se tient fermement du bon côté de l'histoire", a-t-il ajouté devant plus de 50.000 spectateurs réunis en tribunes.
Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, Zscaler a publié ses comptes hier soir, alors que Salesforce (après la clôture), Figma, Hewlett Packard Enterprise Company, Dollar Tree, Macy's, GitLab et The Campbell's Company, dévoilent leurs chiffres ce mercredi. Broadcom (post-séance), Copart, Lululemon, Samsara, UiPath, Toro Company, Ciena, DocuSign et Guidewire, annonceront jeudi.
Les valeurs
Alphabet s'enflamme de 6% avant bourse à Wall Street, sur un jugement dispensant Google de céder Chrome ou de se séparer d'Android. Un juge fédéral a jugé ainsi que la cession était inadaptée dans cette affaire antitrust historique. Le Département américain de Justice avait réclamé une vente forcée et demandé au juge d'ordonner la fin de contrats de plusieurs milliards de dollars qui assuraient la domination de Google sur le marché, démarches que le juge a refusé d'appliquer. "Les plaignants n'ont pas démontré que leurs recours comportementaux seraient inefficaces sans la cession immédiate de Chrome", a déclaré le juge Mehta.
Google devra néanmoins partager les données qui lui ont permis de conserver son monopole sur la recherche. La décision du juge Amit Mehta du district de Columbia devrait donc profiter ce jour à Alphabet en bourse, mais aussi à Apple puisque la décision préserve la relation du groupe à la pomme avec Google. Mehta a en effet statué que Google pouvait continuer à verser des paiements à ses partenaires de distribution pour le préchargement ou le placement de produits Google Search, Chrome ou GenAI, ce qui permettrait à Google de continuer à verser 20 milliards de dollars par an à Apple en échange de l'utilisation par le groupe de Tim Cook de Google Search comme moteur de recherche par défaut.
En revanche, Google devra donc partager ses données avec ses concurrents pour favoriser la compétition dans la recherche en ligne. Mehta a aussi interdit à Google de conclure des partenariats exclusifs qui interdiraient aux fabricants de préinstaller des produits rivaux sur leurs appareils. Le géant californien de la recherche en ligne ne pourra donc conclure de contrats exclusifs pour la distribution de Google Search, Chrome, Google Assistant ou Gemini. Google ne pourra pas non plus conditionner l'octroi de licences pour son Play Store ou toute autre application Google à la distribution ou au préchargement d'autres services Google, ni conditionner le partage des revenus d'une application Google au placement d'une autre.
"Après deux procès complets, ce tribunal ne peut conclure que la domination de Google sur le marché est suffisamment imputable à son comportement illégal pour justifier la cession de Chrome", a quoi qu'il en soit tranché le juge, ajoutant qu'une telle mesure structurelle radicale nécessiterait un lien de causalité plus étroit. Mehta a également refusé d'accéder à la demande du ministère de Justice concernant une cession conditionnelle du système d'exploitation Android de Google, estimant que le gouvernement n'avait présenté aucune preuve justifiant d'une telle mesure.
Apple prend 3% avant bourse à Wall Street. Mehta a certes jugé que Google ne pouvait pas conclure de contrats exclusifs pour la recherche sur Internet, mais les accords faisant de ce moteur de recherche une option par défaut dans les navigateurs Internet restent autorisés. "Google est autorisé à rémunérer les développeurs de navigateurs, comme Apple", a ainsi déclaré le juge. Cependant, le groupe partenaire doit promouvoir d'autres moteurs de recherche, proposer une option différente selon les systèmes d'exploitation ou en mode privé, et est autorisé à modifier les paramètres de recherche par défaut chaque année. Apple privilégie actuellement le moteur de recherche Google en lui attribuant le meilleur emplacement dans la barre de recherche Safari sur desktop et mobile.
Zscaler, le spécialiste américain de la sécurité du cloud, a annoncé au titre de son quatrième trimestre fiscal une perte nette de près de 18 millions de dollars, mais un bénéfice ajusté par action positif de 89 cents et nettement supérieur au consensus de place. Le bénéfice ajusté ressort à 147 millions de dollars contre 116 millions un an plus tôt. Les revenus ont totalisé quant à eux 719 millions de dollars (+21%), également au-dessus des attentes. Sur l'exercice, le chiffre d'affaires atteint 2,67 milliards de dollars. Pour le trimestre entamé, clos en octobre, Zscaler envisage un bénéfice ajusté par action de 85 à 86 cents, pour des revenus allant de 772 à 774 millions de dollars. Enfin, sur l'exercice entamé, le bpa ajusté est anticipé entre 3,64 et 3,68$, pour des revenus allant de 3,265 à 3,284 milliards de dollars.
Nvidia, première capitalisation mondiale, reste sous surveillance après deux séances de correction sur les sommets. Rappelons que le groupe de Jensen Huang avait dévoilé la semaine dernière des résultats historiques, ainsi qu'une guidance plutôt solide hors revenus provenant de Chine. Les revenus de centres de données sur le trimestre clos ressortaient néanmoins légèrement inférieurs aux attentes. Vendredi, le titre avait souffert par ailleurs de l'annonce du développement par le géant chinois Alibaba de ses propres puces d'IA. Parmi les récents avis, Dan Ives de Wedbush a jugé sur CNBC que la capitalisation boursière du groupe allait atteindre les 5.000 milliards de dollars. Il note que la demande en puces d'IA du groupe reste massive et ne ralentit pas, et que même sans la Chine, les prévisions de résultats vont probablement grimper.