Wall Street : retour au sommet ?

Wall Street pointe encore en légère hausse avant bourse ce mardi, S&P 500, DJIA et Nasdaq s'adjugeant de l'ordre de 0,1%. La place américaine s'était offert hier soir un franc rebond, le S&P s'accorda...

Wall Street pointe encore en légère hausse avant bourse ce mardi, S&P 500, DJIA et Nasdaq s'adjugeant de l'ordre de 0,1%. La place américaine s'était offert hier soir un franc rebond, le S&P s'accordant 1,47% en clôture à 6.330 pts, le Dow Jones 1,34% à 44.174 pts et le Nasdaq 1,95% à 21.054 pts, alors que les principaux indices américains avaient corrigé vendredi sur un mauvais rapport de l'emploi américain. Trump a même salué cette "bonne journée en Bourse", ajoutant sur Truth Social qu'il y aurait "encore de nombreuses journées comme celle-ci". Les marchés évaluent toujours les conséquences de la mise en place des nouveaux droits de douane par Trump, alors que la situation demeure très évolutive. Des droits de douane actualisés qui doivent entrer pleinement en vigueur cette semaine et s'échelonnent entre 10 et 41% sur un large éventail de partenaires commerciaux... Enfin et surtout, la perspective d'un assouplissement monétaire de la Fed semble ne jamais avoir été si proche.

Les créations de postes aux États-Unis pour le mois de juillet 2025 sont ressorties vendredi à seulement 73.000, beaucoup moins que le consensus FactSet qui tablait sur 115.000. Le taux de chômage s'est établi à 4,2%, en ligne avec le consensus. Les créations d'emplois totales de juin ont été révisées en forte baisse à 14.000 seulement, contre 147.000 auparavant estimé. L'évolution de l'emploi salarié non agricole total pour le mois de mai a été révisée également très fortement à la baisse, passant de +144.000 à +19.000. Depuis ces mauvais chiffres, la probabilité d'un assouplissement monétaire d'un quart de point en septembre est remontée très significativement, à 88% désormais selon l'outil CME FedWatch.

Pourtant, Trump n'a pas du tout apprécié les révisions du rapport sur l'emploi, jugeant ce rapport truqué. "La directrice du Bureau des statistiques du travail a fait la même chose juste avant l'élection présidentielle, en annonçant une hausse record des chiffres de l'emploi. J'ai quand même remporté l'élection, et elle a réajusté les chiffres à la baisse, qualifiant cela d'erreur, avec près d'un million d'emplois. Une arnaque ! Elle a récidivé, avec une autre 'correction' massive, et s'est fait LICENCIER ! Elle a commis les plus grosses erreurs de calcul depuis plus de 50 ans", a donc expliqué Trump sur Truth Social. "Le rapport sur l'emploi de la semaine dernière était truqué, tout comme les chiffres précédant l'élection présidentielle. C'est pourquoi, dans les deux cas, des révisions massives, record, ont été apportées en faveur des Démocrates de gauche radicale. Ces ajustements importants visaient à masquer et à niveler les faux chiffres politiques, inventés pour faire passer un grand succès républicain pour moins brillant ! Je vais choisir un remplaçant exceptionnel".

"Je viens d'apprendre que les chiffres de l'emploi de notre pays sont établis par une personne nommée par Biden, le Dr Erika McEntarfer, commissaire aux statistiques du travail, qui a falsifié les chiffres de l'emploi avant l'élection pour tenter d'augmenter les chances de victoire de Kamala Harris. Il s'agit du même Bureau des statistiques du travail qui a surestimé la croissance de l'emploi en mars 2024 d'environ 818.000, puis de 112.000 juste avant l'élection présidentielle de 2024, en août et septembre. Ce sont des records ; personne ne peut se tromper à ce point ? Nous avons besoin de chiffres précis sur l'emploi. J'ai demandé à mon équipe de licencier IMMÉDIATEMENT cette personne nommée par Biden. Elle sera remplacée par une personne beaucoup plus compétente et qualifiée. Des chiffres aussi importants doivent être justes et exacts ; ils ne peuvent être manipulés à des fins politiques. McEntarfer a déclaré que seulement 73 000 emplois avaient été créés (un choc !), mais surtout, qu'ils avaient commis une grave erreur : une perte de 258 000 emplois au cours des deux mois précédents. Des phénomènes similaires se sont produits au début de l'année, toujours en négatif. L'économie est en plein essor sous 'TRUMP', malgré une Fed qui joue également avec les petits jeux, cette fois avec les taux d'intérêt, qu'elle a abaissés à deux reprises, et de manière substantielle, juste avant l'élection présidentielle, je suppose dans l'espoir de faire élire 'Kamala'. Comment cela a-t-il fonctionné ? Jerome Powell, 'Too Late', devrait également être mis au rancart", avait aussi asséné Trump vendredi.

Le président américain a été critiqué pour ses attaques contre la Fed et pour avoir limogé Erika McEntarfer, des mesures qui pourraient être perçues comme fragilisant des institutions supposées indépendantes. En ce qui concerne la Fed, Trump, qui ne cesse de tacler Jerome Powell, a déclaré avoir quelques personnes en tête pour le poste laissé vacant après l'annonce vendredi par Adriana Kugler de son départ du conseil des gouverneurs - alors que son mandat n'expirait qu'en janvier. Son départ offre à Trump l'occasion de nommer un gouverneur plus proche de sa préférence pour des taux d'intérêt plus bas, alors que deux autres gouverneurs, Christopher Waller et Michelle Bowman, viennent déjà de basculer en faveur d'un assouplissement monétaire. Le directeur du Conseil économique national, Kevin Hassett, l'ancien gouverneur de la Fed, Kevin Warsh, l'actuel gouverneur de la Fed, Christopher Waller, et le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, auraient quant à eux tous été pressentis pour diriger la banque centrale, indique Bloomberg, qui juge que le candidat de Trump au poste de gouverneur pourrait accéder à la présidence à l'expiration du mandat de Jerome Powell en mai.

Notons aussi que la présidente de la Fed de San Francisco, Mary Daly, qui s'exprimait hier soir, a souligné le ralentissement du marché de l'emploi tout en notant une absence supposée d'inflation persistante, ce qui militerait aussi pour la baisse des taux. Daly semble donc désormais bien plus favorable à un assouplissement en septembre. Elle juge que les deux baisses de taux envisagées par les responsables de la Fed d'ici la fin de l'année constituent un ajustement approprié.

Dans l'actualité commerciale, Trump fait pression sur l'Inde et la Chine pour qu'elles cessent d'acheter du pétrole russe et iranien, mais Pékin a qualifié la requête d'obstacle majeur aux négociations commerciales et entend garantir son approvisionnement énergétique de manière à servir ses intérêts nationaux. Par ailleurs, le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, a déclaré avant-hier que les terres rares étaient au coeur des discussions de Stockholm de la semaine dernière, qui ont conduit à une prolongation de la trêve tarifaire sino-américaine. Il a déclaré à CBS que les États-Unis avaient obtenu des engagements d'approvisionnement de la part de la Chine, mais a souligné que les deux parties n'en étaient qu'à la moitié du chemin.

Trump a aussi annoncé hier une augmentation substantielle des droits de douane sur l'Inde, accusant le pays de subventionner la guerre russe en Ukraine. "L'Inde achète non seulement des quantités massives de pétrole russe, mais revend ensuite une grande partie de ce pétrole sur le marché libre et réalise d'importants profits", a affirmé Trump sur Truth Social. "Ils se moquent du nombre de personnes tuées en Ukraine par la machine de guerre russe"... L'Inde est confrontée à des droits de douane de 25% sur ses exportations vers les États-Unis, conformément aux plans mis en oeuvre par Trump la semaine dernière. Trump a également signé un décret portant augmentation des droits de douane sur le Canada à 35%, tout en faisant passer les taux de 10% à 41% sur des dizaines de partenaires. Ces droits devraient entrer pleinement en vigueur cette semaine.

Le Kremlin a estimé que chacun devrait faire preuve de prudence en matière de rhétorique nucléaire, alors que Trump a indiqué en fin de semaine dernière avoir ordonné un repositionnement de deux sous-marins nucléaires américains dans des régions appropriées, en réponse aux déclarations jugées hautement provocatrices de l'ancien président russe Dmitri Medvedev. Le président américain menace aussi la Russie et les pays lui achetant du pétrole de nouvelles sanctions, à moins que Vladimir Poutine n'accepte de mettre un terme dès cette semaine à la guerre en Ukraine. Poutine a évoqué la semaine dernière des progrès lors des négociations...

L'Union européenne suspendra quant à elle ses deux trains de contre-mesures aux tarifs douaniers de Trump pendant six mois suite à un accord avec le président américain, a indiqué un porte-parole de la Commission cité par Reuters. L'UE continue de collaborer avec les États-Unis pour finaliser une déclaration commune. Les droits de douane de 15% appliqués aux marchandises de l'UE à leur entrée aux États-Unis seraient forfaitaires, contrairement aux accords conclus par d'autres pays avec Washington, a déclaré mardi un haut responsable de l'UE cité par Reuters. Ce cadre tarifaire s'appliquerait globalement aux exportations de l'UE, à l'exception de l'acier et de l'aluminium. Les droits de douane sur les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs ne dépasseraient donc pas le plafond de 15%.

Sur le front économique ce mardi aux USA, les opérateurs observeront la balance commerciale de juin (14h30, consensus FactSet à 68,2 milliards de déficit), ainsi que l'indice PMI composite final de juillet et donc aussi celui des services (15h45), ou encore l'ISM des services de juillet (16h, consensus 52,2).

Dans l'actualité des entreprises cotées à Wall Street, Palantir, Vertex Pharmaceuticals et Williams Companies, publiaient après bourse hier. AMD (après bourse), Caterpillar, Amgen (après bourse), Arista Networks (post-séance), Eaton, Pfizer, Duke, Transdigm, Apollo Global Management, Marriott, Zoetis, Marathon Petroleum ou encore Cummins, annoncent ce mardi. McDonald's, Walt Disney, Uber Technologies, Shopify, Applovin, DoorDash, Thomson Reuters, McKesson, Airbnb, Emerson Electric, Metlife, AIG ou Occidental Petroleum, seront de la partie demain. Eli Lilly, Gilead Sciences, ConocoPhillips, Constellation Energy, Motorola Solutions ou Parker-Hannifin, annonceront jeudi.