Wall Street décroche ce vendredi avec les grandes valeurs technologiques de la cote. Ce qui avait débuté par une consolidation au terme d'une belle année 2024 se transforme en correction, sur fond de tensions sur les rendements obligataires. Le S&P 500 abandonne 1,17% désormais à 5.967 pts, le Dow Jones 0,75% à 43.002 pts et le Nasdaq 1,85% à 19.650 pts. Hier, alors que les places européennes étaient fermées, les indices américains avaient clôturé quant à eux proches de l'équilibre, le Dow Jones arrachant une hausse marginale, contre un très léger repli du Nasdaq. Le narratif n'a pas vraiment évolué ces derniers jours, les opérateurs anticipant désormais une ou deux baisses de taux supplémentaires de la Fed l'année prochaine, dans un contexte d'inflation persistante et d'économie résiliente. La prudence prévaut néanmoins, alors que les multiples de valorisation des 'big techs' US sont historiquement élevés.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI prend 0,7% à 70,1$. L'once d'or cède 0,6% à 2.616$. L'indice dollar s'affiche en retrait de 0,1% face à un panier de devises. Le bitcoin se calme autour des 94.000$, en baisse de près de 2% sur 24 heures et de 3% sur une semaine.
Pour l'heure, le Nasdaq Composite gagne encore plus de 30% sur l'année 2024 et le Dow Jones près de 14%. L'indice large S&P 500 grimpe d'environ 25%. La concentration autour des 'Mag 7' s'est amplifiée. Nvidia s'est envolé de plus de 170% depuis le 1er janvier et Tesla de 74%. Meta a flambé de 67%, Amazon de 46% et Alphabet de 37%. Microsoft a pris 14% "seulement" et Apple près de 33%. On comprend ainsi mieux les baisses prononcées du jour sur ces 'Mag 7', qui ont dominé la place boursière américaine cette année.
Selon l'outil FedWatch du CME Group, la probabilité d'une pause monétaire le 29 janvier 2025, à l'issue de la prochaine réunion FOMC, se situe à 89,3%, ce qui laisserait les taux entre 4,25 et 4,50%. Le cycle d'assouplissement pourrait reprendre ensuite le 19 mars ou le 7 mai. Quoi qu'il en soit, les anticipations de baisse des taux sont retombées d'un cran pour 2025, l'outil CME FedWatch misant sur une fourchette de 4-4,25% (probabilité de 35% environ) ou bien de 3,75 à 4% ('proba' de près de 31%) en fin d'année, soit une réduction des taux de 25 ou 50 points de base seulement en comparaison des niveaux actuels... Sur les marchés obligataires, le rendement du T-Bond à 10 ans se tend à 4,58%.
Mastercard a indiqué que les ventes au détail aux États-Unis avaient progressé de 3,8% sur la période allant du 1er novembre au 24 décembre, avec d'intensives promotions. Les achats de dernière minute ont soutenu les ventes des détaillants. La hausse se compare avantageusement à une augmentation de 3,1% affichée un an plus tôt, à la même époque. Mastercard envisageait pour sa part en septembre une progression de 3,2%. "La période des achats des Fêtes a révélé un consommateur disposé et capable de dépenser, mais motivé par une recherche de valeur, comme en témoignent les dépenses concentrées en matière de commerce électronique pendant les périodes promotionnelles les plus importantes", a déclaré Michelle Meyer, économiste en chef au Mastercard Economics Institute, citée par Reuters.
Les ventes en ligne se sont distinguées en hausse de 6,7%, contre 6,3% l'année dernière, les catégories vêtements connaissant une forte demande d'après Mastercard SendingPulse, qui mesure les ventes au détail en magasin et en ligne pour toutes les formes de paiement et hors automobile.
Les inscriptions hebdomadaires au chômage aux États-Unis pour la semaine se terminant le 21 décembre, annoncées hier, se sont établies au nombre de 219.000, à comparer à un consensus de 223.000 et à un niveau de 220.000 une semaine auparavant. Il s'agit donc d'un signal plutôt positif concernant le marché américain de l'emploi.
Ce vendredi, la balance du commerce international de biens pour novembre s'est affichée déficitaire de 102,9 milliards de dollars, contre un consensus Bloomberg de -101 milliards de dollars et un déficit révisé à 98,3 milliards de dollars pour le mois d'octobre. Les stocks de grossistes de novembre se sont établis en baisse de 0,2% d'un mois sur l'autre, contre un consensus de +0,1% et une lecture révisée de +0,1% un mois avant...
Les valeurs
Uber Technologies (-2%) corrige, alors que Taïwan a bloqué le rachat programmé de l'activité locale Foodpanda de Delivery Hero, évoquant des questions antitrust. L'opération de 950 millions de dollars entrait dans le cadre des plans d'expansion d'Uber en Asie. La Fair Trade Commission taïwanaise a jugé que l'opération pourrait être anti-concurrentielle. Delivery Hero indique qu'Uber pourrait soit faire appel de la décision de la commission, soit abandonner. La commission a déclaré que l'impact négatif de la fusion dépasserait ses avantages économiques globaux et que les mesures correctives ne seraient pas en mesure de répondre aux problèmes soulevés, la principale pression concurrentielle locale d'Uber Eats provenant de Foodpanda. Un tel deal serait donc susceptible de nuire au consommateur et aux restaurateurs, avec une part de marché combinée évaluée à 90% à Taïwan.
Uber et Delivery Hero avaient annoncé cet accord en mai, ainsi qu'un deal distinct permettant à Uber d'acheter pour 300 millions de dollars d'actions nouvellement émises de la société allemande. Le groupe américain s'attendait à ce que l'acquisition contribue au moins 150 millions de dollars par an au bénéfice de base ajusté de son activité de livraison dans l'année suivant la finalisation de la transaction, qui était envisagée au premier semestre de l'an prochain.
UnitedHealth (stable) et Amedisys ont prolongé à l'an prochain le délai de finalisation de leur accord de fusion de 3,3 milliards de dollars, selon un dossier réglementaire publié vendredi, qui n'a pas échappé à la vigilance de l'agence Reuters. Cette prolongation intervient plus d'un mois après que le ministère américain de la Justice et trois États américains ont intenté une action pour bloquer l'acquisition, invoquant des craintes que l'accord réduise la concurrence sur le marché des services de santé à domicile. Les deux groupes ont conclu un nouvel accord de renonciation, qui prolonge le délai de fusion à 10 jours après le prononcé d'une décision judiciaire finale dans le cadre du procès ou au 31 décembre 2025, selon la date la plus rapprochée, explique Reuters, citant le dossier. UnitedHealth et Amedisys prévoyaient auparavant de finaliser la fusion d'ici ce 27 décembre. Le nouvel accord comprend des frais de rupture réglementaire de 275 millions de dollars, qui pourraient augmenter jusqu'à 325 millions de dollars si les sociétés ne parviennent pas à céder certains actifs.
BioNTech (stable), le groupe biotechnologique allemand partenaire de Pfizer (+1%) dans les vaccins Covid-19, a conclu deux accords de règlement distincts avec les National Institutes of Health (NIH) américain et l'Université de Pennsylvanie concernant le paiement de redevances liées à son vaccin Covid-19, précise Reuters, évoquant des documents déposés ce jour. Le groupe allemand versera 791,5 millions de dollars à l'agence américaine dans le cadre de l'accord. BioNTech a obtenu la licence pour certains brevets NIH, grâce à laquelle le gouvernement américain doit payer certaines redevances. Par ailleurs, la société versera 467 millions de dollars à l'Université de Pennsylvanie, qui rejettera le procès intenté contre le fabricant de vaccins, l'accusant de sous-paiement des redevances.
Boeing (stable) / RTX (stable). Pékin sanctionne sept groupes américains de défense et leurs cadres du fait de la vente d'armes à Taïwan, a indiqué le ministère chinois des Affaires étrangères. Les sanctions concernent notamment Insitu, filiale de Boeing, Raytheon Canada et Raytheon Australia, appartenant à RTX, mais aussi Hudson Technologies. Washington a approuvé il y a peu une aide à la défense de 571 millions de dollars environ destinée à Taïwan, et a validé des ventes d'équipements militaires d'un montant estimé de 385 millions de dollars. Les sanctions vont geler les avoirs des groupes et dirigeants visés en Chine et interdire aux organisations et individus en Chine de faire des affaires ou de collaborer avec eux. Pékin demande aux États-Unis de respecter "le principe d'une seule Chine" et donc d'arrêter d'armer Taïwan.
Microsoft (-2%). OpenAI, la startup d'IA à l'origine de ChatGPT et soutenue financièrement par Microsoft, a présenté ce jour ses plans pour réorganiser sa structure d'entreprise l'année prochaine. La jeune pousse entend créer une société d'utilité publique pour gérer ses activités en croissance et alléger les restrictions imposées par sa société mère actuelle à but non lucratif. La société d'utilité publique gèrerait les opérations d'OpenAI, alors que l'organisation à but non lucratif recruterait une équipe de direction et du personnel pour des initiatives caritatives. Le groupe entend opérer des changements structurels pour lever plus de capitaux. Son dernier round de financement de 6,6 milliards de dollars faisait ressortir une valorisation de 157 milliards de dollars. OpenAI prévoit de transformer sa branche à but lucratif en une société d'utilité publique constituée dans le Delaware. La branche à but non lucratif prendrait des actions dans la PBC à une juste évaluation déterminée par des conseillers indépendants, indique Reuters.
Apple (-1%). La première capitalisation mondiale reprend son souffle. Le groupe à la pomme se rapproche des 4.000 milliards de dollars de valorisation, alors que les investisseurs misent sur un nouveau cycle de croissance avec l'intégration de l'IA. Dan Ives, spécialiste de Wedbush, vient de rehausser son objectif de cours sur Apple à 325$. Il prévoit un âge d'or de croissance pour le géant de Cupertino en 2025. "Nous pensons qu'Apple se dirige vers un cycle de mise à niveau pluriannuel de l'iPhone basé sur l'IA qui est encore sous-estimé par le marché", a asséné Ives. L'analyste estime que la stratégie d'Apple en matière d'IA va prendre progressivement forme, Apple Intelligence en constituant les germes. "Nous pensons qu'Apple réalisera un record de 240 millions d'iPhones livrés en 2025, car Apple Intelligence catalyse les mises à niveau avec la révolution de l'IA grand public qui passe par Cupertino", a expliqué Ives sur CNBC.