Wall Street reste stable avant le verdict de la Fed

Wall Street était finalement stable mardi soir, le S&P 500 s'accordant 0,03% à 5.634 pts, tandis que le Dow Jones a perdu 0,04% à 41.606 pts. Le Nasdaq gagne 0,20% à 17.628 pts. DJIA et S&P s'affichen...

Wall Street était finalement stable mardi soir, le S&P 500 s'accordant 0,03% à 5.634 pts, tandis que le Dow Jones a perdu 0,04% à 41.606 pts. Le Nasdaq gagne 0,20% à 17.628 pts. DJIA et S&P s'affichent toujours autour de leurs sommets, alors que certains investisseurs anticipent une baisse de taux d'un demi-point de la Fed mercredi soir. L'optimisme suscité par les baisses très attendues des taux de la Fed aurait stimulé la confiance des investisseurs pour la première fois depuis juin, selon une enquête mondiale de Bank of America. D'autres spécialistes jugent toujours en revanche que la Fed sera réticente à aller trop vite et choisira par conséquent une baisse plus "classique" d'un quart de point...

Rappelons que le cycle antérieur de durcissement monétaire a duré du 17 mars 2022 au 26 juillet 2023, avec un relèvement des taux de 0-0,25% jusqu'à 5,25-5,5%, la fourchette actuelle. Au premier trimestre 2022, la Fed affichait donc encore des taux proches de zéro, et depuis juillet 2023, le niveau des taux n'a plus bougé, alors que les opérateurs ont spéculé considérablement sur l'assouplissement monétaire ultérieur, maintes fois reporté du fait du niveau élevé de l'inflation et d'une économie résiliente.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI se redresse au-dessus des 70$. L'once d'or fin consolide de 0,4% à 2.568$, toujours proche de ses records. L'indice dollar avance de 0,1% face à un panier de devises de référence.

Dans les chiffres, les marchés anticipent donc majoritairement une baisse de taux de la Fed de 50 points de base selon l'outil CME FedWatch (probabilité de 63% désormais), même si une baisse d'un quart de point ('proba' de 37%) n'est toujours pas totalement exclue... La fourchette actuelle se situe entre 5,25% et 5,50% sur le taux des 'fed funds', au plus haut de 23 ans. Il va s'agir de la première baisse de taux de la Fed depuis mars 2020 et la période Covid-19. La banque centrale américaine avait réduit ses taux de 50 points de base le 3 mars 2020, entre 1 et 1,25%, puis de 100 points de base de plus le 16 mars, entre 0 et 0,25%.

La pression monte par ailleurs, des sénateurs démocrates en appelant même à ce que la banque centrale américaine réduise immédiatement ses taux de... 75 points de base ! Une hypothèse toutefois hautement improbable...

Les opérateurs seront en tous les cas attentifs mercredi soir aux commentaires de Jerome Powell, président de la Fed, ainsi qu'au 'Summary of Economic Projections (SEP)' et au fameux 'dot plot', qui présente sous forme de diagramme à points les prévisions des banquiers centraux américains concernant la direction des taux. Selon l'outil FedWatch, la probabilité dominante pour le 18 décembre et la dernière réunion monétaire de l'année est celle d'une fourchette allant de 4 à 4,25% sur les taux (probabilité de 43,6%), ce qui correspondrait donc à une baisse des taux de 125 points de base d'ici la fin de l'année. La fourchette 4,25-4,5% affiche une probabilité de 31,1% au 18 décembre.

Selon le rapport du jour, les ventes de détail aux États-Unis pour le mois d'août 2024 sont ressorties en augmentation de 0,1% en comparaison du mois antérieur, contre un consensus FactSet de -0,2% et après une hausse révisée à +1,1% pour le mois antérieur. Hors automobile cette fois, les ventes de détail ont progressé de 0,1% d'un mois sur l'autre en août, contre +0,2% de consensus et +0,4% un mois avant. Enfin, hors automobile et essence, les ventes ont augmenté de 0,2% par rapport au mois de juillet, contre +0,3% de consensus et +0,4% en juillet.

La production industrielle américaine du mois d'août 2024 a progressé de 0,8% en comparaison du mois antérieur, contre +0,2% de consensus FactSet et -0,9% un mois avant. La production manufacturière a également dépassé les attentes, en augmentation de 0,9% d'un mois sur l'autre, alors qu'elle était attendue stable et qu'elle avait décliné de 0,7% en juillet. Enfin, le taux d'utilisation des capacités est ressorti à 78%, en ligne avec les anticipations des spécialistes de la place.

L'indice du marché immobilier américain de la National Association of Home Builders pour le mois de septembre 2024 s'est affiché à 41, en ligne avec le consensus de marché mesuré par FactSet, contre 39 un mois auparavant.

Les stocks des entreprises américaines pour le mois de juillet 2024 ont comme attendu augmenté de 0,4% en comparaison du mois antérieur, alors que les stocks de grossistes ont progressé de 0,2%.

Mercredi, les investisseurs suivront les mises en chantier de logements et permis de construire d'août (consensus 1,325 million pour les mises en chantier, 1,41 million pour les permis), l'indice des anticipations d'inflation de la Fed d'Atlanta pour septembre, le rapport hebdomadaire sur les stocks pétroliers domestiques pour la semaine close le 13 septembre, et bien entendu le communiqué FOMC de la Fed et la conférence de presse de Powell (respectivement 20 heures et 20h30).

Jeudi, les marchés suivront les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 14 septembre, l'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie pour septembre, la balance des comptes courants du deuxième trimestre, les reventes de logements existants du mois d'août, ainsi que l'indice des indicateurs avancés du Conference Board pour août. La journée de vendredi pourrait être quant à elle volatile, puisqu'il s'agit de la journée des Quatre Sorcières, avec l'expiration simultanée des options sur indices, options sur actions, et contrats à terme sur indices ou actions.

En ce qui concerne les entreprises cotées à Wall Street, General Mills publiera ses comptes mercredi avant bourse, tandis que FactSet et Darden Restaurants annonceront les leurs jeudi en pré-séance. Lennar et FedEx dévoileront leurs résultats après bourse jeudi. En attendant, Microsoft a annoncé ses plans d'allocation de capital avec notamment une nouvelle autorisation de rachat d'actions de 60 milliards de dollars. Le groupe a aussi dévoilé une intégration supplémentaire des outils d'IA dans ses produits de productivité.

Les valeurs

Microsoft (+0,9%) a relevé son dividende de 10% et annonce par ailleurs un nouveau programme de rachat d'actions de 60 milliards de dollars, comparable à sa plus haute autorisation historique. Le géant software américain a indiqué ainsi que les actionnaires enregistrés le 21 novembre allaient recevoir un dividende trimestriel de 83 cents par action, contre 75 cents précédemment. L'accord de rachat d'actions sans date d'expiration remplace pour sa part une précédente autorisation de 60 milliards de dollars annoncée en 2021. Grand bénéficiaire de l'engouement autour de l'intelligence artificielle avec son investissement majeur dans OpenAI (ChatGPT), Microsoft affichait 75,5 milliards de dollars de trésorerie et équivalents à fin juin. Le groupe de Redmond a dégagé un cash flow libre de 23,3 milliards de dollars sur son seul quatrième trimestre fiscal.
Microsoft va par ailleurs intégrer davantage sa technologie Copilot basée sur l'IA dans ses produits de productivité Microsoft 365, à savoir Excel, PowerPoint, Outlook et Teams. Les mises à jour incluent la possibilité d'utiliser Copilot pour rédiger des présentations PowerPoint et une fonctionnalité qui priorise les courriels Outlook. Microsoft évoque à ce sujet une "vague 2" de déploiement Copilot. Le géant software a aussi annoncé un nouvel outil collaboratif appelé Copilot Pages, permettant aux équipes d'accéder, de modifier et de manipuler des données sur une seule page à l'aide des informations provenant de Copilot.

Amazon (+1%). Andy Jassy, CEO du groupe, envisagerait selon Bloomberg de rationaliser le géant du cloud computing et de la vente en ligne, en supprimant des niveaux de management et en ordonnant aux employés de retourner au bureau cinq jours par semaine à partir de janvier... La rationalisation, annoncée dans une note aux employés, fait écho à ce que certains vétérans d'Amazon chuchotent depuis des années à propos de la difficulté à faire avancer les choses au sein du groupe, selon Bloomberg. Jassy a dénoncé certains phénomènes contreproductifs dans sa note, citant "des pré-réunions pour les pré-réunions pour les réunions de décision, une file plus longue de managers ayant le sentiment de devoir revoir un sujet avant qu'il avance, des initiateurs d'idées se sentant moins à l'aise pour faire des recommandations car la décision serait prise ailleurs" (...).
Chaque grande organisation d'Amazon devra augmenter le ratio contributeurs individuels/managers de 15% d'ici fin mars 2025, a déclaré Jassy. Il a également annoncé une "ligne téléphonique d'information bureaucratique" permettant aux employés de faire part de leurs préoccupations concernant des processus inutiles, indique Bloomberg.

Intel regagne encore 2,6%. La fonderie d'Intel, qui fabrique des puces sous contrat, a signé avec l'unité de services cloud d'Amazon pour la fabrication de puces d'intelligence artificielle personnalisées, ont annoncé les deux groupes hier. La division cloud AWS conçoit déjà plusieurs puces à utiliser dans ses centres de données et a engagé Intel pour en réaliser au moins une version. Intel produira une puce d'intelligence artificielle pour AWS et utilisera le processus 18A, la version la plus avancée disponible pour les clients extérieurs, ont indiqué les partenaires. Intel a déclaré qu'il prévoyait de réaliser des conceptions supplémentaires d'Amazon sur les prochains processus de fabrication 18AP et 14A.
L'administration Biden a par ailleurs confirmé hier qu'elle allait accorder à Intel jusqu'à 3 milliards de dollars au titre du CHIPS and Science Act pour développer une "enclave sécurisée" (Secure Enclave) pour la microélectronique. Cette subvention renforce l'engagement de l'administration Biden à relocaliser la fabrication de semi-conducteurs et à faire progresser la R&D de pointe.
Le rebond boursier d'Intel est aussi alimenté par les annonces de Pat Gelsinger, directeur général de l'affaire, qui a publié une note aux employés annonçant qu'Intel avait sécurisé l'unité d'Amazon en tant que client multimilliardaire, payant le groupe de Santa Clara pour des services de conception et de fabrication. Le mémo souligne également les réductions de coûts et les mesures prévues par Intel. Le groupe entend ainsi céder une participation dans son activité de puces programmables Altera. Il a également annoncé la suspension pendant deux ans de la construction de son usine de puces en Allemagne et prévoit selon Reuters de suspendre son projet en Pologne. En revanche, il n'y a pas de changement dans les projets d'expansion de la production aux États-Unis.
Intel prévoit de conserver son activité de fonderie au sein de l'entreprise, mais cette activité bénéficierait d'une plus grande indépendance, avec la possibilité de recourir à des fonds extérieurs. Intel prévoit d'en faire une filiale indépendante dotée d'un conseil d'administration.

Boeing (+0,5%). Les représentants du constructeur aéronautique américain et le syndicat IAM (International Association of Machinists and Aerospace) reprennent ce jour les négociations afin de mettre un terme à une grève déclenchée vendredi, particulièrement coûteuse pour l'avionneur...

Steel Dynamics (+3,1%). Le groupe américain de sidérurgie table sur un bénéfice dilué par action allant de 1,94 à 1,98$ sur le troisième trimestre fiscal, contre 2,72$ un trimestre auparavant et 3,47$ un an avant. La rentabilité des activités sidérurgiques de la société au troisième trimestre 2024 devrait être nettement inférieure aux résultats du deuxième trimestre, sur la base de prix moyens réalisés plus faibles dans les opérations de laminage plat. Les prix des aciers laminés plats se sont stabilisés au troisième trimestre 2024 et se sont améliorés. La demande sous-jacente d'acier reste stable, indique le groupe.

MicroStrategy (-2,4%) annonce une nouvelle offre de dette convertible qui pourrait atteindre 700 millions de dollars afin d'acheter encore plus de Bitcoin. Le groupe a récemment renforcé sa position en BTC en achetant pour environ 1,1 milliard de dollars de la reine des cryptomonnaies. Le groupe de Michael Saylor possède désormais plus de 244.000 BTC.

Tupperware Brands prépare son inscription sous protection de la loi américaine sur les faillites, qui devrait intervenir cette semaine, d'après des personnes ayant connaissance des plans citées par Bloomberg. Après des années d'efforts pour redresser la barre, le groupe, connu pour ses boîtes en plastique et ustensiles de cuisine, se placerait donc sous protection de la loi sur les faillites, ayant enfreint les termes de sa dette et engagé des conseillers légaux et financiers, précisent les sources de Bloomberg, qui ont choisi l'anonymat. Le titre a perdu encore plus de 57% lundi soir à Wall Street et 75% depuis le début de l'année...

Société(s) citée(s) :
Société(s) citée(s) :