Wall Street, déjà miné par la guerre commerciale suite aux tarifs douaniers automobiles de Trump et en attendant l'échéance fatidique du 2 avril, prend connaissance ce vendredi de chiffres plus élevés que prévu de l'inflation PCE américaine pour le mois de février. Les indices corrigent en début de séance, le S&P 500 cédant 1,48% à 5.609 pts, le Dow Jones 1,29% à 41.752 pts et le Nasdaq 1,96% à 17.454 pts.
Les revenus personnels des ménages américains pour le mois de février ont augmenté de 0,8% en comparaison du mois antérieur selon le rapport du jour, contre +0,4% de consensus FactSet, tandis que les dépenses personnelles ont progressé de 0,4% contre 0,3% de consensus et -0,3% un mois plus tôt. L'indice des prix 'core PCE' si cher à la Fed a augmenté de 0,4% par rapport à janvier contre 0,3% de consensus et 0,3% en janvier. Il progresse de 2,8% sur un an contre 2,7% attendu.
L'indice final du sentiment des consommateurs américains de l'Université du Michigan pour le mois de mars 2025 s'est établi à 57, contre 57,9 de consensus et 57,9 en lecture flash. Il s'agit donc d'un niveau outrageusement déprimé - au plus bas depuis novembre 2022 -, alors que dans le même temps, l'estimation des anticipations d'inflation à un an a été révisée en hausse à 5% contre 4,9% auparavant. Les anticipations d'inflation à 5-10 ans passent par ailleurs de 3,9% à 4,1%.
Du côté de la Fed, Michael Barr et Raphael Bostic prendront la parole ce vendredi pour terminer la semaine en beauté. Selon l'outil CME FedWatch, la banque centrale américaine, qui n'a pourtant plus vraiment de marge de manoeuvre compte tenu d'une inflation persistante sans doute aggravée bientôt par les droits de douane, pourrait baisser ses taux de 50 ou 75 points de base d'ici la fin de l'année (probabilités respectives de 30,9% et 31,2%).
L'UE serait pendant ce temps est en train d'identifier les concessions qu'elle serait prête à faire à l'administration Trump pour obtenir la suppression partielle des droits de douane américains qui frappent déjà les exportations du bloc et qui devraient augmenter après le 2 avril. Selon les sources de 'Bloomberg', la Commission européenne travaille sur une feuille de route pour un éventuel accord, qui définirait les axes de négociation sur les mesures commerciales punitives, notamment la réduction des droits de douane, les investissements mutuels et l'assouplissement des réglementations et des normes. Lors de plusieurs réunions cette semaine à Washington, des responsables de l'UE ont été informés qu'il était néanmoins impossible d'éviter les nouveaux droits de douane sur l'automobile et les droits dits réciproques que Trump instaurera la semaine prochaine, selon des sources de l'agence.
La feuille de route servirait de base aux négociations entre la Commission et Washington après l'entrée en vigueur des droits de douane réciproques, soulignent les sources. Ces droits de douane toucheront probablement la totalité, voire la plupart, des marchandises de l'UE exportées vers les États-Unis. Les États-Unis n'ont pas indiqué le niveau des droits de douane qu'ils appliqueront à l'UE, mais les responsables de l'Union s'attendent à ce que le taux varie entre 10% et 25%. Les sources de l'agence expliquent que tout accord futur sera difficile à obtenir et ne rétablira pas le statu quo.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI perd 0,5% à 69,5$. L'once d'or fin avance de 0,6% à 3.074$. L'indice dollar cède 0,3% face à un panier de devises. Sur les marchés obligataires, le rendement du T-Bond à 10 ans ressort à 4,28%. Enfin, le Bitcoin perd 3% sur 24 heures vers les 84.000$.
Les valeurs
Lululemon, le groupe canadien coté à Wall Street qui propose des vêtements techniques pour le yoga, la course à pied, l'entraînement, et toutes les autres activités du quotidien, décroche de 14,8% à Wall Street. Le groupe a publié des perspectives inférieures aux attentes avec la baisse de confiance des consommateurs. Le management évoque les incertitudes économiques, et la croissance devrait donc ralentir cette année entre 5 et 7%, contre 10% en 2024. Pour son quatrième trimestre fiscal, le groupe a dégagé un bénéfice net de 748 millions de dollars et 6,14$ par titre, contre 5,85$ de consensus. Les revenus ont représenté 3,61 milliards de dollars, contre 3,58 milliards de consensus de place. Sur le trimestre clos en avril, les revenus sont attendus entre 2,34 et 2,36 milliards. Les revenus de l'exercice 2025 sont anticipés entre 11,15 et 11,3 milliards, pour un bpa de 14,95 à 15,15$. Le consensus était de 11,3 milliards de revenus et 15,3$ de bpa.
U.S. Steel rebondit de 5% avant bourse à Wall Street, alors que selon Bloomberg, Nippon Steel pourrait investir jusqu'à 7 milliards de dollars pour moderniser les installations du géant américain de la sidérurgie en cas d'approbation de son projet de rachat de 14,1 milliards de dollars. L'engagement potentiel a été initialement rapporté par le site d'information Semafor. Il serait bien plus élevé que les 2,7 milliards de dollars auxquels s'était précédemment engagé le groupe japonais pour la modernisation des actifs vieillissants du groupe américain. Ainsi, selon Semafor, les deux compagnies mèneraient des discussions actives pour sauver la transaction annoncée fin 2023. Des dirigeants de Nippon Steel, dont son vice-président Takahiro Mori, sont actuellement à Washington pour rencontrer des responsables de la Maison Blanche afin d'obtenir l'approbation de l'accord, indique Bloomberg. Donald Trump avait déclaré en février qu'il était opposé à une prise de contrôle, mais qu'il serait favorable à une prise de participation minoritaire...
PayPal perd 4,2% à Wall Street, alors que le géant américain des paiements et transferts d'argent pourrait être impacté par la guerre commerciale actuelle. L'Union européenne pourrait ainsi imposer des frais à PayPal dans le cadre d'un différend tarifaire avec les États-Unis, a déclaré ce vendredi un haut responsable européen cité par Reuters. Bernd Lange, président de la commission du Commerce international du Parlement européen (INTA), s'adressait à la presse à Berlin, alertant au sujet des conséquences potentielles de la guerre tarifaire avec les États-Unis.
CoreWeave, startup de l'IA et du cloud computing soutenue par Nvidia (-1,4%), a comme prévu annoncé hier une révision de son prix d'introduction en bourse à Wall Street à 40$ par action, loin de la fourchette indicative qui allait de 47 à 55$. La taille de l'opération est restreinte quant à elle à 37,5 millions de titres environ. La levée de fonds ne serait donc plus que de 1,5 milliard de dollars environ. Le groupe et certains de ses investisseurs entendaient auparavant céder 49 millions de pièces à un prix allant de 47 à 55$. La startup prévoyait ainsi de lever jusqu'à 2,7 milliards de dollars. En haut de la fourchette indicative initiale, le groupe était valorisé 26 milliards de dollars. Sur la base des derniers chiffres avancés, la valorisation ne serait plus que de 19 milliards de dollars.
L'agence Bloomberg précisait il y a quelques jours qu'aucun des fondateurs de CoreWeave ne prévoyait de vendre des actions lors de l'IPO. La fourchette indicative précédemment avancée était déjà très prudente du fait de la récente correction des marchés technologiques à Wall Street... CoreWeave affichait en 2024 des revenus de 1,9 milliard de dollars pour une perte nette de 863 millions de dollars, contre 229 millions de revenus et 594 millions de pertes un an plus tôt. Trois quarts des revenus 2024 de la société proviennent de ses deux principaux clients, l'un d'eux étant Microsoft (-1,8%) - qui compte pour deux tiers des ventes.
CoreWeave est dirigé par son cofondateur Michael Intrator. La société créée en 2017 oeuvrait initialement dans... le minage de cryptomonnaies. Le virage stratégique aura donc été brutal. Nvidia compte donc parmi les grands actionnaires, aux côtés de Magnetar Capital, JP Morgan AM, Coatue Management, Jane Street, Fidelity et Lykos Global Management. Cisco a aussi investi sur le dossier dans le cadre d'un tour de table antérieur sur la base d'une valorisation de 23 Mds$, indique Bloomberg. Le groupe de Jensen Huang est étroitement lié à CoreWeave, qui a adopté les puces Nvidia pour centres de données. CoreWeave bâtit des centres de données basés sur les puces Nvidia pour offrir des solutions informatiques liées à l'IA... La cotation est attendue sur le Nasdaq sous le symbole 'CRWV'.