Wall Street recule, Nvidia tient bon !

La place américaine a consolidé mercredi, en reprenant son souffle après les récents records du Nasdaq et du S&P 500 alimentés essentiellement par la flambée de Nvidia malgré des marchés obligataires ...

La place américaine a consolidé mercredi, en reprenant son souffle après les récents records du Nasdaq et du S&P 500 alimentés essentiellement par la flambée de Nvidia malgré des marchés obligataires qui se tendent. Le S&P 500 abandonne 0,74% à 5.266 pts, le Dow Jones perd 1,06% à 38.441 pts et le Nasdaq cède 0,58% à 16.920 pts.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI cède 0,4% à 79,20$. L'once d'or rend 0,7% à 2.337$. L'indice dollar avance de 0,3%. Sur les marchés obligataires, le rendement du T-Bond à 10 ans s'affiche à 4,60% et le 30 ans à 4,73%. Le rendement des bons du Trésor à 5 ans atteint 4,61%, au plus haut de quatre semaines...
Neel Kashkari, le président de la Fed de Minneapolis, s'est montré intraitable mardi au sujet de la politique monétaire, n'excluant pas une augmentation supplémentaire des taux, qui sont pourtant déjà au plus haut de 23 ans : "Je n'exclus des hausses potentielles de taux d'intérêt à partir d'ici", a lancé le responsable, qui juge tout de même "plus probable" que la banque centrale maintienne ses taux aux niveaux élevés actuels durant une période étendue, le temps de ramener l'inflation vers l'objectif. "Nous pourrions rester ici aussi longtemps que nécessaire jusqu'à ce que nous soyons convaincus que l'inflation redescende durablement vers notre objectif de 2%".
Kashkari a précisé une fois de plus que la banque centrale américaine devait "prendre son temps" pour évaluer la situation et la réalité du ralentissement de l'inflation avant de baisser ses taux. Le responsable constate la remarquable résilience de l'économie américaine et la solidité du marché du travail, en particulier dans les services. Dans une interview accordée à CNBC, il ajoute que rien ne doit être exclu, mais que la Fed serait bien inspirée de patienter. "Je ne pense pas que nous devrions exclure quoi que ce soit à ce stade. nous sommes tous déterminés à ramener l'inflation à notre objectif des 2%", a résumé Kashkari. "La plupart des gens pensaient que nous serions en récession vers la fin de l'année dernière, mais cela ne s'est pas produit. Au lieu de cela, nous avons enregistré une très forte croissance. Les consommateurs américains sont restés remarquablement résilients, tout comme le marché immobilier. Je ne vois donc pas la nécessité de se précipiter et de réduire les taux", ajoute le dirigeant, qui veut "bien faire les choses".
"Au début de cette année, l'inflation a évolué latéralement, ce qui a soulevé des questions dans mon esprit... Le processus désinflationniste se poursuit-il ou allons-nous atteindre un niveau d'inflation supérieur à 3% ? Je pense qu'il est encore trop tôt pour le savoir et nous devons attendre et voir pour avoir plus de confiance", a insisté Kashkari.

Côté indicateurs, l'indice d'activité manufacturière régionale de la Fed de Richmond pour le mois de mai 2024 s'est établi à 0, contre un consensus de -6 et une lecture de -7 un mois avant. Il s'agit donc malgré tout d'une relative bonne surprise, puisqu'un indice nul signifie une activité stable, alors que les économistes de la place anticipaient une contraction.

La journée de jeudi sera marquée par la publication du PIB américain du premier trimestre et celle de la balance du commerce international des biens. Les inscriptions au chômage, les stocks de grossistes, l'indice des promesses de ventes de logements et le rapport hebdomadaire sur les stocks pétroliers domestiques américains, seront également dévoilés ce jeudi. Lorie Logan et John Williams de la Fed prendront la parole le même jour.

La semaine se terminera par les publications des revenus et dépenses des ménages (avec le fameux indice des prix 'core PCE' essentiel pour la Fed) ainsi que de l'indice PMI de Chicago. Raphael Bostic interviendra vendredi.

Les valeurs

Nvidia (+0,8%) reste au plus haut historique dans la foulée des comptes trimestriels ébouriffants du groupe de Jensen Huang et de l'annonce d'un split par dix de l'action. En trois séances, Nvidia a pris environ... 460 milliards de dollars de capitalisation boursière ! Le groupe pèse désormais plus de 2.800 milliards de dollars, presque autant qu'Apple (+0,1% / 2.910 milliards de dollars) et que Microsoft (-0,2% / 3.200 milliards de dollars). Porté par l'incroyable demande en puces d'IA, Nvidia poursuit donc sa folle chevauchée et accumule les records. Le titre a triplé de valeur en un an.
Il n'y avait pas de catalyseur notable pourtant hier, hormis peut-être la levée de fonds de 6 milliards de dollars de la startup d'IA d'Elon Musk, xAI, sur une valorisation de 24 milliards de dollars. Selon The Information, Musk entend utiliser des puces Nvidia pour un nouveau superordinateur d'une puissance phénoménale qui servira à alimenter le chatbot Grok.

Mercredi soir, Nvidia avait publié rappelons-le des comptes exceptionnels. Pour le premier trimestre de son exercice fiscal 2025, le groupe a affiché des revenus historiques de 26 milliards de dollars, en croissance de 18% en comparaison du précédent trimestre et de... 262% (!) en comparaison de l'année antérieure. Le consensus était d'environ 24,6 milliards de dollars. Les revenus de centres de données ont atteint également un record à 22,6 milliards de dollars, en augmentation de 23% d'un trimestre sur l'autre et de... 427% en glissement annuel ! Le bénéfice ajusté par action a été de 6,12$, soit une hausse de 19% par rapport au trimestre antérieur et une progression de 461% sur un an ! Le bpa ajusté dépasse de près de 10% le consensus. Le bénéfice GAAP par action a même flambé de 629% en comparaison de l'année antérieure. Les revenus du deuxième trimestre sont attendus à environ 28 milliards de dollars, plus ou moins 2%, à comparer à un consensus de 26,8 milliards de dollars.

Le groupe a donc aussi fait état d'un split de l'action par dix qui sera effectif le 7 juin, ce qui signifie qu'il y aura dix fois plus d'actions en circulation, permettant une meilleure liquidité. Notons au passage que la fortune de Jensen Huang, fondateur et directeur général du groupe qui détient 3,6% de Nvidia (ou 86,8 millions de titres), vient d'atteindre les 100 milliards de dollars suite au récent rallye boursier.

ConocoPhillips (-3,1%) a confirmé un accord en vue de l'acquisition de Marathon Oil (+8,4%) dans le cadre d'une transaction entièrement en actions... Ainsi, les deux groupes ont annoncé avoir conclu un accord définitif aux termes duquel ConocoPhillips acquerra Marathon Oil dans le cadre d'une transaction entièrement en actions d'une valeur d'entreprise de 22,5 milliards de dollars, dont 5,4 milliards de dette nette. Selon les termes de l'accord, les actionnaires de Marathon Oil recevront 0,2550 action ordinaire de ConocoPhillips pour chaque action ordinaire de Marathon Oil, ce qui représente une prime de 14,7% par rapport au cours de clôture de l'action de Marathon Oil hier et une prime de 16% par rapport au prix moyen pondéré en fonction du volume des 10 jours précédents.

L'acquisition de Marathon Oil devrait avoir un effet immédiatement relutif sur les bénéfices, les flux de trésorerie et le retour de capital par action, indique ConocoPhillips, qui s'attend à réaliser au moins 500 millions de dollars d'économies de coûts et de capital au cours de la première année complète suivant la clôture de la transaction. Indépendamment de la transaction, ConocoPhillips prévoit d'augmenter son dividende de base ordinaire de 34% à 78 cents par action à partir du quatrième trimestre 2024. En outre, ConocoPhillips s'attend à ce que les rachats d'actions dépassent 20 milliards de dollars au cours des trois premières années consécutives à l'opération, dont plus de 7 milliards de dollars au cours de la première année complète, aux prix récents des matières premières.
La transaction est soumise à l'approbation des actionnaires de Marathon Oil, aux autorisations réglementaires et à d'autres conditions de clôture habituelles. L'opération devrait être finalisée au quatrième trimestre 2024. Notons que les deux groupes sont basés à Houston, au Texas.

Merck (-0,1%), le laboratoire américain, a annoncé l'acquisition d'EyeBio, développeur de médicaments contre les maladies oculaires, pour un montant pouvant aller jusqu'à 3 milliards de dollars. Merck déboursera 1,3 milliard de dollars de paiement upfront et jusqu'à 1,7 milliard de dollars en paiements d'étapes futurs. Le groupe pharmaceutique américain avait déclaré en février qu'il était à la recherche d'accords pouvant atteindre environ 15 milliards de dollars. EyeBio, basé à Londres, opère sous le nom d'Eyebiotech Ltd et exerce des activités aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Chewy (+27% !). Le distributeur américain de produits pour animaux domestiques a annoncé, pour son premier trimestre fiscal, un bénéfice ajusté par action de 31 cents contre 7 cents de consensus. Le bénéfice net a été de 67 millions, soit une marge nette de 2,3% en expansion de 150 points de base. La marge d'Ebitda ajusté a progressé de 170 points de base pour ressortir à 5,7%. Les revenus ont totalisé quant à eux 2,88 milliards de dollars (+3,1%), contre un consensus de 2,85 milliards. "L'année fiscale 2024 démarre solidement. Nous avons réalisé de robustes ventes nettes ainsi qu'un Ebitda ajusté record au premier trimestre", a déclaré Sumit Singh, CEO. Chewy a également annoncé que son conseil d'administration avait autorisé un programme de rachat d'actions pouvant atteindre 500 millions de dollars de ses actions ordinaires.

Dick's Sporting Goods (+15,9%) le groupe américain de distribution d'articles de sport grimpe à la suite de sa publication trimestrielle. Pour le premier trimestre fiscal, la croissance à comparable a été de 5,3% avec la croissance des transactions et du panier moyen, alors que les ventes totales se sont appréciées de 6,2% à 3,02 milliards de dollars. Le bénéfice net consolidé a décliné de 10% à 275 millions de dollars, alors que le bénéfice avant imposition a progressé de 4% à 342 millions. Le groupe relève ses prévisions de croissance des ventes comparables pour l'ensemble de l'année 2024 dans une fourchette de 2 à 3%, contre 1 à 2% auparavant. Il augmente par ailleurs ses estimations de bénéfice par action entre 13,35 et 13,75$, contre 12,85 à 13,25$ précédemment.

Abercrombie & Fitch (+24,3%) a relevé ses prévisions annuelles de ventes avec la demande résiliente. Le chiffre d'affaires de l'exercice 2024 est ainsi attendu désormais en augmentation de 10%, contre une guidance antérieure allant de 4 à 6%. Pour le trimestre clos début mai, le groupe a affiché des revenus de 1,02 milliard de dollars (+22,1%), à comparer à un consensus de place de 963 millions de dollars. Le bénéfice ajusté par action s'est envolé à 2,14$, contre 39 cents un an avant et 1,72$ de consensus de marché. Le free cash flow est devenu positif à 56 millions de dollars.

Box (+8,6%), la plateforme de gestion de contenus stockés en ligne a battu le consensus au titre du premier trimestre. Le bénéfice ajusté par action a représenté 39 cents sur le trimestre clos contre 36 cents de consensus, tandis que les revenus ont atteint 265 millions de dollars, 1% de mieux que prévu. Le groupe, qui affiche une collaboration étendue avec Microsoft via une nouvelle intégration avec le service Azure OpenAI, se montre assez prudent néanmoins en termes de perspectives. La guidance de revenus du deuxième trimestre ressort à 269 millions de dollars en milieu de fourchette, contre 272 millions de consensus. En outre, Box abaisse légèrement ses prévisions de revenus annuels, avec un milieu de fourchette désormais situé à 1,08 milliard. Parmi les points positifs, le free cash flow a grimpé de 51% à 123 millions de dollars pour le trimestre clos.

American Airlines (-13,5%) a abaissé ses prévisions financières du deuxième trimestre, du fait d'une plus faible capacité de fixation des prix. Le groupe texan a aussi fait état du départ programmé de son directeur commercial Vasu Raja, qui quittera le transporteur le mois prochain. American Airlines anticipe désormais, pour le deuxième trimestre, un bénéfice ajusté par action allant de 1 à 1,15$, à comparer à une précédente fourchette logée entre 1,15 et 1,45$. Le groupe prévoit que le revenu total par siège-mile disponible (RASM) sera en baisse d'environ 5 à 6%, contre un repli de 1 à 3% auparavant attendu. American ajuste donc la mire alors que la demande de voyages estivaux devrait pourtant atteindre des records. Dans le secteur, United Airlines (+2,3%) vient d'ailleurs pour sa part de confirmer ses prévisions de profits du deuxième trimestre (3,75-4,25$).

Microsoft (-0,2%). PwC, le géant de l'audit et du conseil, va devenir le plus important client entreprise d'OpenAI, indique le Wall Street Journal, évoquant l'accord du groupe avec la startup d'intelligence artificielle soutenue par Microsoft. PwC fournira ChatGPT Enterprise à ses 75.000 employés américains et 26.000 employés britanniques, selon le WSJ, le premier à faire état de l'accord. "Nous sommes activement engagés dans la genAI avec plus de 95% des comptes de clients de conseil au Royaume-Uni et aux États-Unis, tout en discutant de l'utilisation et des implications de l'IA avec bon nombre de nos clients d'audit", a ajouté PwC, sans toutefois dévoiler les détails financiers du deal ou des projets de revente du produit d'IA...

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