Wall Street progresse, Trump temporise

Après le répit d'un mois accordé au Mexique et au Canada, qui risquaient des droits de douane de 25% à l'initiative de Washington, les marchés se sont mis à espérer désormais un accord similaire avec ...

Après le répit d'un mois accordé au Mexique et au Canada, qui risquaient des droits de douane de 25% à l'initiative de Washington, les marchés se sont mis à espérer désormais un accord similaire avec la Chine, qui dissiperait les craintes relatives au déclenchement d'une guerre commerciale internationale. Le S&P 500 a gagné 0,72% à 6.037 pts, le Dow Jones a pris 0,30% à 44.556 pts et le Nasdaq a même rebondi de 1,35% à 19.654 pts ! Après des discussions fructueuses entre Trump et ses homologues de Mexico et d'Ottawa, permettant ce report de l'échéance des tarifs douaniers, le président américain devrait désormais s'entretenir avec le président chinois Xi Jinping - alors que les tarifs douaniers de 10% sur les produits chinois importés aux USA ont pris effet ce mardi. Certains observateurs, parmi les plus optimistes, évoquaient même un entretien qui pourrait avoir lieu dès aujourd'hui, mais qui n'a finalement pas eu lieu...

Sur le Nymex, le baril de brut WTI se stabilise en attendant sous les 73$. L'once d'or fin gagne encore 0,9% à 2.841$. L'indice dollar recule de 0,7% face à un panier de devises de référence. Le bitcoin se rétracte sur les 96.000$...

Pékin a donc annoncé un éventail de mesures en réponse aux sanctions américaines, dont certaines visent Google, les fabricants de matériel agricole, ou encore PVH, propriétaire de Calvin Klein et Tommy Hilfiger... La Chine a aussi imposé des droits de douane sur certains produits américains tels que le charbon, le gaz naturel et le pétrole. Le ministère chinois du Commerce a ainsi inscrit PVH et le groupe américain de biotechnologie Illumina sur sa liste des "entités peu fiables", estimant que les deux groupes auraient pris des mesures discriminatoires à l'encontre des entreprises chinoises... En outre, l'Administration d'État chinoise de régulation du marché a indiqué que Google (Alphabet) était soupçonné d'avoir violé la loi anti-monopole du pays et qu'elle avait ouvert une enquête sur le géant californien. Enfin, le ministère chinois des Finances a annoncé la mise en place de droits de douane de 10% sur le matériel agricole et certains véhicules automobiles qui pourraient affecter par exemple les groupes américains Caterpillar et Deere. Ces droits de douane entreraient en vigueur le 10 février - à moins évidemment que Trump ne trouve un accord avec Pékin d'ici là...

Lundi, le président américain a accordé un répit d'un mois au Canada et au Mexique, suspendant les droits de douane, alors que le premier ministre canadien Justin Trudeau, ainsi que la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, ont accepté d'envoyer des renforts aux frontières - actions saluées par Trump qui entend notamment lutter contre le trafic de fentanyl ou l'immigration irrégulière. Le président américain s'est dit très satisfait des discussions avec le Canada et a évoqué un échange cordial avec la présidente mexicaine, qui va déployer sans plus attendre 10.000 membres de la garde nationale à la frontière... Trudeau a évoqué de son côté "un bon entretien" avec Trump. Le Canada met en oeuvre son plan frontalier de 1,3 milliard de dollars, qui renforce la frontière avec de nouveaux hélicoptères, de nouvelles technologies et du personnel, une meilleure coordination avec les partenaires américains et des ressources accrues pour arrêter le flux de fentanyl. Près de 10.000 personnes de première ligne travaillent et travailleront à la protection de la frontière. De plus, le Canada s'engage à nommer un responsable du fentanyl, à inscrire les cartels sur la liste des terroristes, à surveiller la frontière 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et à lancer une force de frappe conjointe Canada-États-Unis pour lutter contre le crime organisé, le fentanyl et le blanchiment d'argent...

Sur le front économique aux États-Unis, de nombreuses statistiques sont encore attendues cette semaine. Les commandes industrielles américaines de décembre ont décliné plus que prévu, en retrait de 0,9% d'un mois sur l'autre, contre -0,6% de consensus Bloomberg et -0,8% pour la lecture révisée du mois antérieur... Par ailleurs, le rapport JOLTS du Département américain au Travail pour le mois de décembre a fait ressortir 7,6 millions d'ouvertures de postes, contre 7,925 millions de consensus FactSet et 8,156 millions pour la lecture révisée de novembre... Raphael Bostic, Mary Daly et Philip Jefferson de la Fed, prennent la parole ce jour. Bostic, patron de la Fed d'Atlanta, avait précisé hier qu'il préférait attendre un moment avant de réduire encore les taux.

Demain, la journée sera chargée, avec le rapport d'ADP sur l'emploi privé américain, la balance du commerce international des biens et services, l'indice PMI composite final, l'ISM des services, ainsi que le rapport hebdomadaire sur les stocks pétroliers domestiques américains. Thomas Barkin, Austan Goolsbee, Michelle Bowman et Philip Jefferson de la Fed, seront de la partie. Jeudi, les marchés suivront la dernière étude Challenger, Gray & Christmas sur les annonces de destructions de postes, les inscriptions hebdomadaires au chômage, les chiffres de la productivité trimestrielle non-agricole, mais aussi une intervention de Christopher Waller de la Fed.

Le grand rendez-vous économique de la semaine est pour vendredi, avec le rapport gouvernemental mensuel sur la situation de l'emploi aux États-Unis pour le mois de janvier (consensus FactSet 160.000 créations de postes non-agricoles, 150.000 dans le privé et 4,1% de taux de chômage). L'indice préliminaire du sentiment des consommateurs américains du mois de février sera aussi communiqué vendredi. Michelle Bowman et Adriana Kugler seront les deux 'speakers' à suivre de la Fed.

Les publications trimestrielles se poursuivent à Wall Street. Ce mardi, Alphabet sera en vedette après bourse. Alibaba, Walt Disney, Qualcomm, Arm Holdings, Boston Scientific, Uber, Fiserv, Metlife, MicroStrategy, Equinor, Emerson Electric, McKesson et Illinois Tool Works, annonceront leurs comptes mercredi. Amazon publiera ses résultats jeudi soir, plus tard que d'ordinaire dans cette saison des résultats... Eli Lilly, Philip Morris, Honeywell, Bristol-Myers, ConocoPhillips, Intercontinental Exchange, Thomson Reuters, Air Products & Chemicals, Becton, Dickinson, Hilton Worldwide et Roblox, communiqueront leurs chiffres jeudi...

Les valeurs

Palantir (+24%), le groupe d'Alex Karp actif dans les logiciels et services, spécialiste de l'analyse et de la science des données, s'envole à Wall Street sur les 100$, pour une capitalisation de près de 240 milliards de dollars... Sa capitalisation boursière devrait dépasser aujourd'hui les 200 milliards de dollars, dix fois plus qu'il y a deux ans à peine, avec l'engouement autour de l'Intelligence Artificielle. Pour le trimestre écoulé, le groupe a dégagé un bénéfice ajusté par action de 14 cents, contre 11 cents de consensus. Les revenus sur ce quatrième trimestre fiscal ont grimpé de 36% à 828 millions de dollars, contre 776 millions de consensus de place. Les ventes auprès du gouvernement américain ont augmenté de 45% à 343 millions de dollars. Karp a indiqué que Palantir se situait dans une nouvelle phase. Le groupe envisage des revenus de 3,75 milliards de dollars en 2025, pour un bénéfice opérationnel ajusté de 1,56 milliard de dollars. Ces estimations sont nettement supérieures aux anticipations de marché. Sur le trimestre en cours, les revenus sont attendus entre 858 et 862 millions, contre moins de 800 millions de consensus.

#Regeneron| (+4,5%), le laboratoire américain a annoncé au titre de son quatrième trimestre un bénéfice de 918 millions de dollars et un bpa ajusté de 12,07$, contre environ 11,6$ de consensus. Le groupe a affiché des revenus trimestriels de 3,8 milliards de dollars environ (+10%), en ligne avec les anticipations de brokers. Sur l'exercice, le bénéfice net a représenté 4,4 milliards de dollars, tandis que les revenus ont été de 14,2 milliards de dollars (+8%). Au quatrième trimestre, les revenus de Dupixent (Sanofi) ont augmenté de 15% à 3,70 milliards de dollars. Les ventes nettes aux États-Unis du quatrième trimestre 2024 pour Eylea HD et Eylea ont augmenté de 2% par rapport au quatrième trimestre 2023 pour atteindre 1,5 milliard de dollars.

Spotify (+13,2%), le géant du streaming musical, coté à Wall Street, bondit en bourse ! Pour son quatrième trimestre fiscal, le groupe a publié un bénéfice de 367 millions d'euros, légèrement inférieur au consensus, mais les investisseurs accordent plus d'importance au chiffre d'affaires, qui atteint 4,2 milliards d'euros (+16%) et dépasse les attentes. Le bénéfice opérationnel atteint 477 millions d'euros. Il s'agit de la première année pleine de rentabilité pour le groupe originaire de Stockholm. Les gains d'abonnés demeurent copieux, avec un nombre d'utilisateurs actifs mensuels en croissance de 35 millions, désormais logé à 675 millions - niveau supérieur aux attentes des spécialistes. Il s'agit même de la plus forte progression des abonnements de Spotify pour un quatrième trimestre. Le groupe table prudemment sur un total de 678 millions pour son premier trimestre juste entamé.

NXP Semiconductors (-1,1%), le concepteur néerlandais de 'semis' a dépassé les attentes pour le quatrième trimestre. Le groupe a dégagé sur la période un bénéfice ajusté par action de 3,18$, à comparer à un consensus de 3,14$ et à un niveau de 3,71$ un an avant. Les revenus ont totalisé quant à eux 3,11 milliards de dollars, légèrement au-dessus des anticipations de marché, contre 3,42 milliards un an auparavant. Le groupe d'Eindhoven a dégagé un bénéfice net trimestriel de 495 millions de dollars. Sur l'exercice, le bénéfice net a atteint environ 2,5 milliards de dollars, pour des revenus de 12,6 milliards. Sur le premier trimestre fiscal juste entamé, les revenus sont anticipés entre 2,725 et 2,925 milliards de dollars, soit une guidance de revenus inférieure au consensus en milieu de fourchette. Les estimations de bénéfice par action sont également inférieures aux prévisions d'analystes.

Clorox (-7,2%), acteur américain des produits d'entretien a corrigé à Wall Street. Pour son deuxième trimestre fiscal, le groupe a pourtant dépassé les attentes de marché, affichant un bénéfice ajusté par action de 1,55$ contre 2,16$ un an plus tôt, et des revenus de 1,7 milliard de dollars à comparer aux 2 milliards de dollars de l'an dernier. Le bénéfice net trimestriel s'est établi à 193 millions de dollars. Le groupe envisage désormais, pour l'exercice 2025, un bénéfice ajusté par action allant de 6,95 à 7,35$. Il s'agit d'une révision en hausse, alors que la fourchette antérieure allait de 6,65 à 6,90$. C'est même la deuxième fois que le groupe dope ses prévisions de profits, avec les mesures d'économies et les désinvestissements d'activités sous-performantes. L'évolution des ventes annuelles irait de -1% à +2%.

PepsiCo (-4,5%) a annoncé pour son quatrième trimestre des profits supérieurs aux attentes, mais les prévisions sont un peu courtes. Pour le trimestre clos d'abord, les revenus ont décliné légèrement avec l'Amérique du Nord, le groupe de Purchase ayant fait état de revenus totaux de 27,8 milliards de dollars (-0,2%), contre 27,9 milliards de consensus, et malgré un effet prix positif de 3%. Le bénéfice net trimestriel a néanmoins progressé de 17% à 1,5 milliard de dollars, tandis que le bpa ajusté s'est établi à 1,96$, au-dessus des attentes (consensus 1,94$). Les volumes organiques totaux ont régressé de 1% sur le trimestre clos. Le management anticipe une amélioration progressive de la performance en Amérique du Nord. Le groupe prévoit désormais, pour l'exercice 2025, une croissance organique des revenus à un chiffre bas, après une progression de 2% en 2024. Le groupe va poursuivre les efforts d'amélioration de productivité et d'automatisation. Le bénéfice ajusté par action 2025 est lui aussi attendu en augmentation à un chiffre bas en 2025, contre +5% de consensus.

PayPal (-13,1%) chute à Wall Street, alors que le groupe a publié pour son quatrième trimestre fiscal un bénéfice de 1,1 milliard de dollars et un bpa ajusté de 1,19$, à comparer à un consensus de 1,13$. Le géant des paiements digitaux a affiché sur la période des revenus de 8,4 milliards de dollars, également au-dessus des attentes. Sur l'exercice, le bénéfice net atteint 4,15 milliards de dollars, alors que les revenus s'élèvent à 31,8 milliards. Les prévisions sont jugées toutefois un peu courtes, le groupe envisageant un bpa ajusté du premier trimestre allant de 1,15 à 1,17$ et un bpa annuel de 4,95 à 5,10$.

Pfizer (-1,2%) a publié pour le quatrième trimestre un bénéfice net de 410 millions de dollars, pour un bénéfice ajusté par action de 63 cents à comparer à un consensus de 48 cents. Les revenus du groupe ont totalisé 17,8 milliards de dollars (+21% de croissance opérationnelle et +11% hors produits Covid), contre 17,5 milliards de consensus. Sur l'exercice clos, les revenus atteignent 63,6 milliards de dollars, en augmentation de 7% sur une base opérationnelle. Hors contributions de Paxlovid et Comirnaty, ses produits Covid, le chiffre d'affaires a augmenté de 12% sur le plan opérationnel. Le bpa ajusté de l'exercice clos s'établit à 3,11$. Le géant pharmaceutique table désormais sur un bpa ajusté annuel allant de 2,80 à 3$, alors que les revenus sont anticipés entre 61 et 64 milliards de dollars.

Merck (-9%) dévisse à Wall Street, alors que le laboratoire américain a raté le consensus de profit sur le trimestre clos et livré par ailleurs une faible guidance. Le bénéfice ajusté trimestriel par action a été de 1,72$ contre 1,81$ de consensus, alors que les revenus ont totalisé 15,6 milliards de dollars, légèrement au-dessus des attentes. En glissement annuel, les revenus ont augmenté de 7% (+9% hors effets de change). Pour l'exercice 2025, Merck envisage un bpa ajusté allant de 8,88 à 9,03$, contre 9,2$ de consensus. Les revenus sont anticipés entre 64,1 et 65,6 milliards de dollars, contre 67,4 milliards de consensus. Sur l'exercice clos, les revenus étaient de 64,2 milliards, en hausse de 7%.

Estée Lauder (-16%), le groupe new-yorkais de luxe et cosmétiques a annoncé pour son deuxième trimestre fiscal un bénéfice par action de 62 cents, nettement supérieur aux attentes, pour des revenus de 4 milliards de dollars en ligne (-6%) avec les prévisions de brokers. Les prévisions sont néanmoins décevantes, le groupe envisageant pour son troisième trimestre fiscal 2025 un bénéfice par action allant de 24 à 34 cents, deux fois moins élevé que le consensus. "Même si nous ne sommes pas satisfaits de nos perspectives pour le troisième trimestre, elles reflètent principalement la faiblesse des ventes au détail dans notre activité travel retail en Asie, qui s'est détériorée au deuxième trimestre avec la Corée", indique Stéphane de La Faverie, PDG. Le groupe va étendre son plan de restructurations pour inclure jusqu'à 7.000 suppressions de postes - pour des charges allant de 1,2 à 1,6 milliard de dollars.

Archer Daniels Midland (-5%), le négociant de céréales et matières premières a annoncé son intention de réduire ses effectifs de 600 à 700 postes cette année, dans le cadre d'un plan d'économies allant jusqu'à 750 millions de dollars sur trois à cinq ans. ADM table sur un bénéfice par action ajusté pour 2025 compris entre 4 et 4,75$. Le bénéfice ajusté s'est élevé à 1,14$ par action pour le trimestre clos en décembre, en baisse de 16%.

Ferrari (+7%), alors que le constructeur automobile de Maranello a annoncé pour son quatrième trimestre des profits et des revenus dépassant les attentes. Le bénéfice par action a représenté ainsi 2,14 euros, contre environ 2 euros de consensus. Les revenus trimestriels ont atteint 1,74 milliard d'euros contre 1,66 milliard de consensus. Le chiffre d'affaires des voitures et pièces détachées a atteint 1,47 milliard d'euros, alors que les revenus de sponsoring, commerciaux et de marque se sont élevés à 183 millions. Le management souligne la qualité des revenus plutôt que les volumes, avec un mix produits solide et une demande croissante de personnalisations. Benedetto Vigna, DG de Ferrari, ajoute : "Nous prévoyons une nouvelle croissance robuste en 2025, qui nous permettra d'atteindre avec un an d'avance le haut de fourchette de la plupart de nos objectifs de rentabilité pour 2026".

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