Wall Street : poursuit sa remontée mais la guerre commerciale hante les esprits

Wall Street se montre hésitant en début de séance mais progresse pour le moment pour une troisième journée consécutive. Dans les premiers échanges, le Dow Jones gagne 0,37% à 40.673 points et le S&P 5...

Wall Street se montre hésitant en début de séance mais progresse pour le moment pour une troisième journée consécutive. Dans les premiers échanges, le Dow Jones gagne 0,37% à 40.673 points et le S&P 500 avance de 0,47% à 5.432 points. Le Nasdaq Composite prend de son côté 0,39%, à 16.898 points. La forte incertitude entourant la politique commerciale américaine continue néanmoins à peser sur le moral des opérateurs même si des signes encourageants sont à noter pour certains secteurs.

Donald Trump a notamment déclaré lundi envisager de modifier les droits de douane de 25% imposés aux voitures étrangères et aux composants automobiles importés aux Etats-Unis. "Le ton est positif car le marché digère l'exemption temporaire des droits de douane sur l'automobile dont il est question et réagit encore à l'allègement dont a bénéficié le secteur de l'électronique, même s'il est temporaire", affirme Georgios Leontaris, directeur des investissements pour la Suisse et la région EMEA chez HSBC Global Private Banking and Wealth.

"Le marché est globalement en faveur d'une désescalade", indique de son côté à 'Bloomberg' David Kruk, responsable du trading chez La Financière de L'Échiquier. "Nous avons été pris au dépourvu la semaine dernière par le retournement de situation de Trump, et ce week-end également, nous attendons donc avant de réagir".

Malgré tout, la guerre commerciale menée par le républicain continue. Les États-Unis poursuivent ainsi notamment leur projet d'imposer des droits de douane sur les importations de semi-conducteurs et de produits pharmaceutiques. Le ministère du Commerce a déclaré lundi soir avoir commencé à enquêter sur l'impact sur la sécurité nationale américaine des "importations de semi-conducteurs et d'équipements de fabrication de semi-conducteurs" ainsi que des "produits et ingrédients pharmaceutiques, y compris les produits pharmaceutiques finis", dans deux avis publiés au 'Federal Register' (ndlr : le journal officiel du gouvernement fédéral des États-Unis).

En outre, les négociations commerciales entre l'Union européenne et les États-Unis ont fait " peu de progrès " au cours des derniers jours, et les négociateurs s'attendent à ce que la majeure partie des droits de douane demeure une fois que la pause tarifaire " réciproque " du président Trump sera terminée, selon les informations de 'Bloomberg'.

Sur le marché obligataire, les bons du Trésor à dix ans se détendent légèrement, continuant de se stabiliser après la violente chute observée la semaine dernière. "Trump montre des signes de flexibilité concernant sa politique tarifaire, ce qui a ramené un certain calme sur le marché", indique à 'Bloomberg' Yusuke Sakai, trader senior chez T&D Asset Management. Néanmoins, de nombreux signes témoignent de la nervosité des investisseurs face à la guerre commerciale. Une enquête de Bank of America a montré que le sentiment des opérateurs envers l'économie est le plus négatif depuis trois décennies. Les gestionnaires de fonds sont " extrêmement pessimistes sur les perspectives macroéconomiques, mais pas tout à fait particulièrement pessimistes sur les marchés ", affirment les stratèges dirigés par Michael Hartnett. " Le pic de peur " ne se reflète pas encore dans les allocations de liquidités, qui s'élèvent actuellement à 4,8% des portefeuilles et devraient normalement atteindre 6%, selon le spécialiste.

Dans l'agenda macro du jour, l'indice manufacturier Empire State de la Fed de New York pour le mois d'avril est ressorti à -8,1, contre -13,5 de consensus de place et -20 un mois avant. Il traduit donc une poursuite de la contraction de l'activité manufacturière dans la région.

L'indice américain des prix à l'import du mois de mars a lui affiché un repli surprise de 0,1% en comparaison du mois antérieur, contre un consensus de +0,1% et une hausse de 0,2% au mois précédent. Il progresse de 0,9% sur un an. L'indice des prix à l'export est lui ressorti stable par rapport à février, alors que les économistes prévoyaient une hausse de 0,1%. Sur un an, il grimpe de 2,4%.

Dans l'actualité des entreprises, après la belle performance de Goldman Sachs hier, Bank of America, Citigroup, Johnson & Johnson, PNC et United Airlines Holdings sont de sortie ce mardi, avant Alcoa, BHP et Abbott Labs mercredi, puis Netflix, UnitedHealth, Charles Schwab ou encore Blackstone jeudi. Les traders seront attentifs aux premiers signes de l'impact potentiel des turbulences tarifaires sur les résultats des entreprises, ainsi qu'aux prévisions, le cas échéant, qu'elles peuvent fournir pour les trimestres à venir.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI recule de 0,2% à 61,4$. L'indice dollar grignote 0,15% à 99,5 points tandis que l'euro recule de 0,3% face au billet vert, à 1,132$ entre banques. Enfin, l'once d'or remonte de 0,4% à 3.222$.

Les valeurs

* Citigroup grimpe de 2,7%, recherché après une publication trimestrielle de qualité. La banque, qui a également bénéficié de la volatilité des marchés, a vu ses revenus issus du trading actions bondir de 23% à 1,51 Mds$ sur les trois premiers mois de l'année. Les revenus des titres à revenu fixe, un des principaux moteurs de l'activité de marché de Citi, ont bondi de 8% à 4,5 milliards de dollars, stimulés par les taux et les devises. Au niveau du bas de bilan, le bénéfice net de la banque a augmenté à 4,1 milliards de dollars, soit 1,96 dollar par action, contre 3,37 Mds$ et 1,58$ par action un an plus tôt. Les revenus globaux ont atteint 21,6 Mds$ (+3%) contre 21,3 Mds$ de consensus. Des comptes supérieurs aux anticipations des analystes. Sur l'ensemble de l'année, le management table sur des revenus ajustés compris entre 83,1 et 84,1 milliards de dollars, contre 83,5 à 84,5 Mds$ précédemment.

Sous la direction de Jane Fraser, Citi fait l'objet d'un effort pluriannuel visant à rationaliser ses opérations et à améliorer ses rendements, tout en essayant de résoudre des problèmes réglementaires de longue date. "En fin de compte, et une fois les déséquilibres commerciaux de longue date et autres changements structurels derrière nous, les États-Unis resteront la première économie mondiale et le dollar restera la monnaie de réserve", a déclaré Jane Fraser alors que les retombées potentielles des droits de douane américains ont assombri les perspectives économiques et suscité des craintes de récession.

* Johnson & Johnson recule de 1,3% malgré le maintien de ses prévisions annuelles malgré la décision du président Donald Trump d'imposer des droits de douane sur l'industrie pharmaceutique. Le géant américain a dévoilé des résultats meilleurs qu'attendu au premier trimestre grâce à de fortes ventes de ses traitements contre le cancer, notamment Darzalex, un médicament contre le myélome multiple. Sur une base ajustée, la société a réalisé un bénéfice par action de 2,77$ (+2,2%), supérieur au consensus (2,59$). Le chiffre d'affaires s'est établi à 21,89 milliards de dollars, en hausse de 2,4% et supérieur aux attentes des analystes, qui tablaient sur 21,6 Mds$.

L'enquête de l'administration sur les importations de médicaments, annoncée lundi, largement perçue comme une première étape vers l'imposition de taxes sur l'industrie, pourrait en réalité s'avérer bénéfique, a déclaré Joe Wolk, directeur financier de J&J, lors d'une interview accordée à 'Bloomberg' L'enquête devrait probablement montrer que la plupart des médicaments expédiés aux États-Unis sont des génériques bon marché, et non les thérapies innovantes vendues par J&J, a-t-il déclaré. "À certains égards, cela pourrait être une très bonne nouvelle... La dernière chose que l'on souhaite, c'est de priver un patient atteint d'un cancer du traitement oncologique qui l'aidera non seulement à faire face à la maladie, mais aussi à la vaincre".

* Bank of America progresse de 3,8%. A l'instar de ses concurrents, la banque américaine a tiré profit de la volatilité des marchés au premier trimestre. Elle a dégagé sur la période un bénéfice net de 7,4 milliards de dollars, soit 0,90 dollar par action, contre 6,7 Mds$ et 0,76$ par titre un an plus tôt. Le revenu net d'intérêts, soit la différence entre ce que la banque gagne sur les prêts accordés et les versements sur les dépôts, a progressé de 3% à 14,4 milliards de dollars contre 14,36 Mds$ attendus par les analystes. Les commissions de banque d'investissement ont diminué de 3% à 1,5 milliard de dollars alors que les revenus issus du trading action ont bondi de 17% à 2,18 Mds$, un record. Les provisions pour créances douteuses ont atteint 1,48 Md$ contre 1,53 Mds$ de consensus. "Malgré les évolutions économiques potentielles à l'avenir, nous sommes convaincus que les investissements rigoureux que nous avons réalisés pour une croissance de haute qualité, la diversité de nos activités et l'engagement constant de l'équipe en faveur d'une croissance responsable resteront une source de force", a déclaré Brian Moynihan, DG du groupe, dans un communiqué.

* Boeing rend 2,2%. La guerre commerciale sino-américaine bat son plein. Malgré quelques signes d'apaisement, la bataille entre les deux premières puissances mondiales est loin d'être terminée. Dernier épisode en date, la Chine a ordonné à ses compagnies aériennes de ne plus accepter de livraisons d'avions Boeing, croit savoir 'Bloomberg News', citant des personnes proches du dossier. Pékin a également demandé aux transporteurs chinois de cesser tout achat d'équipements et de pièces détachées aéronautiques auprès d'entreprises américaines, selon les sources. Cette ordonnance fait suite à l'annonce par la Chine de droits de douane de rétorsion de 125% sur les produits américains. À elles seules, ces taxes auraient plus que doublé le coût des avions et des pièces détachées fabriqués aux États-Unis, rendant difficile pour les compagnies aériennes chinoises d'accepter des Boeing. Pékin a répondu à Washington en fin de semaine passée après que le président américain eut décidé d'imposer des droits de douane allant jusqu'à 145% sur les produits chinois importés.

Le gouvernement chinois étudie des moyens d'aider les compagnies aériennes qui louent des Boeing et qui sont confrontées à des coûts plus élevés, selon les sources de l'agence. La Chine devrait représenter 20% de la demande mondiale d'avions au cours des deux prochaines décennies et, en 2018, près d'un quart de la production de Boeing y était destinée.

* Nissan réduit la cadence. Le constructeur japonais va diminuer le rythme de production au Japon de son modèle le plus vendu aux États-Unis, le SUV Rogue, sur la période de mai à juillet, selon une personne proche du dossier citée par 'Reuters'. Nissan est plus exposé que certains de ses concurrents aux droits de douane, les États-Unis étant le principal marché du constructeur automobile japonais, avec plus d'un quart de ses véhicules vendus dans le pays l'année dernière. Nissan prévoit de réduire la production du Rogue de 13.000 véhicules dans son usine de Kyushu, dans le sud-ouest du Japon, au cours de la période selon la source. Bien que les Etats-Unis puissent assouplir leur position sur les droits de douane destinés au secteur automobile, il est peu probable que le secteur soit totalement exonéré de tarifs douaniers additionnels. Dans un communiqué, Nissan a indiqué revoir ses opérations de production et de chaîne d'approvisionnement pour identifier des solutions optimales en matière d'efficacité et de durabilité. Le groupe a réaffirmé son engagement à s'adapter aux évolutions du marché, tout en donnant la priorité à ses salariés et à ses capacités industrielles.

* Nvidia (+0,7%) a annoncé lundi son intention de construire des serveurs d'intelligence artificielle (IA) pour un montant de 500 milliards de dollars aux États-Unis au cours des quatre prochaines années avec l'aide de partenaires tels que le taïwanais TSMC. Le géant des semi-conducteurs, dont la majorité des puces sont fabriquées à Taïwan, rejoint ainsi un groupe d'entreprises technologiques qui se sont engagées à ramener leur production aux États-Unis face aux menaces de droits de douane du président Donald Trump. "Il est peu probable que Nvidia aurait déplacé sa production aux États-Unis sans la pression de l'administration Trump," a déclaré Gil Luria, analyste chez D.A. Davidson. "Le chiffre des 500 milliards est probablement une hyperbole, de la même manière qu'Apple a promis d'investir 500 milliards", a-t-il ajouté. Le président américain Donald Trump, qui a exempté dimanche les importations d'ordinateurs et de smartphones de droits de douane d'un montant de 145%, s'est félicité de cette nouvelle. Il prévoit toutefois d'annoncer un droit de douane spécifique à l'importation de semi-conducteurs la semaine prochaine. La fabrication aux Etats-Unis aidera le groupe "à mieux répondre à la demande incroyable et croissante de puces d'IA et de superordinateurs, renforce notre chaîne d'approvisionnement et accroît notre résilience," a déclaré le directeur général de Nvidia, Jensen Huang.

* ADVANCED MICRO DEVICES (AMD) gagne 1% après avoir déclaré que ses principales puces de processeur seraient bientôt fabriquées sur le nouveau site de production de TSMC en Arizona, marquant ainsi la première fois que ses produits seront fabriqués aux États-Unis.

* JP Morgan Chase (+0,6%). Le directeur général de la banque, Jamie Dimon, a vendu pour environ 31,5 millions de dollars d'actions, selon un dépôt réglementaire.

* Caterpillar (-0,5%) a annoncé que Joseph Creed, directeur de l'exploitation, succédera à James Umpleby au poste de DG de l'entreprise, à compter du 1er mai. M.Creed, qui travaille chez Caterpillar depuis 28 ans, a occupé le poste de directeur financier par intérim en 2018 et a également occupé d'autres postes de direction. M.Umpleby, qui a dirigé le fabricant d'équipements industriels pendant huit ans, deviendra président exécutif le mois prochain.

* PNC Financial (+2,2%) a annoncé une hausse de ses bénéfices au premier trimestre, portée par une augmentation de ses revenus d'intérêts. Le profit net ajusté attribuable aux actionnaires du prêteur basé à Pittsburgh s'est élevé à 1,40 milliard de dollars, soit 3,51 dollars par action (3,38$ de consensus), contre 1,24 Md$ et un bpa de 3,10$ un an plus tôt. Le revenu net d'intérêts a atteint 3,48 milliards de dollars, contre 3,26 Mds$ un an auparavant. Les revenus des marchés de capitaux et du conseil ont progressé de 18% à 306 millions de dollars, tandis que les revenus issus de la gestion d'actifs et du courtage ont progressé de 7% à 391 millions de dollars. Les provisions pour créances douteuses ont atteint 219 ME contre 287 M$ de consensus. "Nous continuons d'anticiper un revenu net d'intérêts record et un solide levier d'exploitation positif en 2025", a déclaré Bill Demchak, PDG de la banque régionale américaine.

* Elliott Investment Management s'attaque à Hewlett Packard Enterprise (+5%) ! Le fonds d'investissement activiste a constitué une participation importante de plus de 1,5 milliard de dollars dans le spécialiste du stockage de données, des serveurs et autres services cloud, selon des sources proches du dossier citées par 'Bloomberg'. Elliott prévoit de collaborer avec l'entreprise pour l'aider à accroître sa valeur, ont déclaré les sources. Cet investissement fait d'Elliott l'un des cinq principaux actionnaires de l'entreprise, selon des données compilées par l'agence.

Alors que l'intelligence artificielle a alimenté une forte demande de matériel informatique, notamment de serveurs et de réseaux, HPE n'a pas su saisir l'occasion autant que ses concurrents, dont Dell Technologies. En mars, HPE a annoncé que ses bénéfices cette année seraient nettement inférieurs aux prévisions des analystes, en raison des droits de douane, de faibles marges sur les ventes de serveurs et de problèmes d'exécution. L'entreprise a également annoncé la suppression d'environ 3.000 emplois. HPE, qui s'est séparé du fabricant d'imprimantes et de PC HP Inc en 2015, est dirigé par son DG Antonio Neri depuis sept ans.

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