Wall Street : petit mieux avant Nvidia

Wall Street s'est affiché en progression mercredi, en attendant les comptes de Nvidia qui seront publiés après la clôture du marché américain. Le géant des puces d'IA et première capitalisation boursi...

Wall Street s'est affiché en progression mercredi, en attendant les comptes de Nvidia qui seront publiés après la clôture du marché américain. Le géant des puces d'IA et première capitalisation boursière mondiale en a profité pour reprendre près de 3% sur le Nasdaq, tandis que, dans le même temps, le groupe Alphabet a atteint nouveau sommet historique sur les 300$ en séance avec le lancement très apprécié de son modèle d'IA le plus ambitieux, Gemini 3 ! Le S&P 500 a regagné 0,38% à 6.642 pts, le Nasdaq est remonté 0,59% à 22.564 pts et le Dow Jones a repris 0,10% à 46.138 pts. La question des valorisations des géants de l'IA reste tout de même posée, et les accords aux apparences circulaires tels que celui annoncé par Anthropic, Microsoft et Nvidia, ne parviennent plus vraiment à convaincre les investisseurs... Les trois groupes ont annoncé de nouveaux partenariats stratégiques : Anthropic déploiera son modèle d'IA Claude, en pleine expansion, sur Microsoft Azure, grâce à la puissance de Nvidia. Ce déploiement élargira l'accès à Claude et offrira aux entreprises clientes d'Azure un choix de modèles plus vaste et de nouvelles fonctionnalités. Anthropic s'est engagé à acquérir pour 30 milliards de dollars de capacité de calcul Azure et à souscrire une capacité supplémentaire allant jusqu'à un gigawatt. Pour la première fois, Nvidia et Anthropic nouent un partenariat technologique approfondi afin de soutenir la croissance future d'Anthropic. Anthropic et Nvidia collaboreront sur la conception et l'ingénierie, avec pour objectif d'optimiser les modèles Anthropic pour des performances, une efficacité et un coût total de possession (TCO) optimaux, ainsi que d'optimiser les futures architectures Nvidia pour les charges de travail d'Anthropic. L'engagement d'Anthropic en matière de calcul portera initialement sur une capacité allant jusqu'à un gigawatt, avec les systèmes Nvidia Grace Blackwell et Vera Rubin.

Microsoft et Anthropic étendent également leur partenariat existant afin d'offrir un accès plus large à Claude aux entreprises. Les clients de Microsoft Foundry pourront accéder aux modèles Claude d'Anthropic, notamment Claude Sonnet 4.5, Claude Opus 4.1 et Claude Haiku 4.5. Grâce à ce partenariat, Claude sera "le seul modèle disponible sur les trois principaux services cloud au monde", selon le communiqué du jour. Les clients Azure bénéficieront d'un choix élargi de modèles et d'un accès aux fonctionnalités spécifiques à Claude. Microsoft s'est également engagé à maintenir l'accès à Claude pour l'ensemble de ses solutions Copilot, notamment GitHub Copilot, Microsoft 365 Copilot et Copilot Studio... Dans le cadre de ce partenariat, Nvidia et Microsoft s'engagent à investir respectivement jusqu'à 10 milliards et 5 milliards de dollars dans Anthropic.

Par ailleurs, les anticipations de baisse des taux ont basculé ces derniers jours... Selon l'outil CME FedWatch, la probabilité d'un statu quo monétaire le 10 décembre lors de la prochaine réunion FOMC (51,1%) dépasse désormais celle d'une baisse de taux d'un quart de point (48,9%), qui était pourtant le scénario largement privilégié depuis la précédente réunion.

La décision de la Réserve fédérale américaine de réduire de 25 points de base l'objectif de taux des "fed funds" le mois dernier a d'ailleurs divisé ses responsables lors de leur dernière réunion de politique monétaire, a montré le compte rendu de cette réunion publié mercredi soir. "Plusieurs participants étaient en faveur d'une baisse de la fourchette cible des taux des fonds fédéraux", indiquent les "minutes" de la réunion des 28 et 29 octobre du comité de politique monétaire de la Fe. Toutefois, certains de ces participants auraient également été satisfait de voir les taux rester inchangés, est-il noté dans les "minutes". D'autres membres se sont opposés à cette baisse et ont "exprimé leur inquiétude de voir les progrès vers l'objectif du taux d'inflation de 2% fixé par le Comité stagner, tout en soulignant que les attentes concernant l'inflation à plus long terme pourraient augmenter si l'inflation ne revenait pas rapidement à 2%". En outre, "la plupart des participants a fait remarquer que les nouvelles baisses des taux directeurs pourraient accroître le risque de voir l'inflation élevée se pérenniser ou pourraient être interprétées à tort comme un manque d'engagement des décideurs politiques envers l'objectif d'inflation de 2%".

Le patron de la Fed de Richmond, Thomas Barkin, avait indiqué la veille qu'il était d'accord avec J. Powell sur le fait que la décision monétaire de décembre n'était pas acquise... Donald Trump a laissé entendre de son côté qu'il avait déjà bien avancé dans son choix parmi les candidats pour le poste de prochain président de la Fed. "Je crois savoir déjà qui je choisirais", a lancé Trump aux journalistes dans le Bureau ovale, concernant le successeur de Jerome Powell dont le mandat s'achève en mai. Le président américain a réaffirmé sa préférence pour le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, qui a cependant décliné. Désignant Bessent, Trump a indiqué : "Je l'apprécie, mais il ne prendra pas le poste. Il refusera"..."Nous avons des noms surprenants et des noms plus classiques dont tout le monde parle", a glissé Trump. "Et nous pourrions opter pour la solution classique. Il est bon, de temps en temps, de suivre le politiquement correct", a ajouté le président américain. Les cinq candidats présélectionnés sont les gouverneurs de la Fed Christopher Waller et Michelle Bowman, l'ancien gouverneur de la Fed Kevin Warsh, le directeur du NEC Kevin Hassett et le responsable des titres à revenu fixe de BlackRock, Rick Rieder. Bessent dirige le processus d'entretiens. Il a indiqué que Trump rencontrerait prochainement les candidats. Le responsable du Trésor devrait avoir terminé ses entretiens du deuxième tour d'ici Thanksgiving. A propos de Jerome Powell, Trump s'est montré comme toujours cassant : "J'aimerais bien me débarrasser de celui qui occupe actuellement ce poste immédiatement, mais on m'en empêche".

Sur le front économique, la balance du commerce de biens et services du mois d'août s'est affichée déficitaire de 59,6 milliards de dollars, ce qui ressort proche du consensus... L'indice des anticipations d'inflation de la Fed d'Atlanta pour le mois de novembre 2025 s'est affiché à 2,2%, contre 2,3% précédemment. L'indice mesure les anticipations d'inflation à un an du point de vue des firmes.

Le nombre d'Américains bénéficiant d'allocations chômage a augmenté fortement entre mi-septembre et mi-octobre, selon des données gouvernementales publiées hier et relayées notamment par Reuters. Ces chiffres laissent présager un taux de chômage élevé en octobre selon l'agence, alors que la conjoncture économique incertaine freine les embauches.

Le ministère du Travail n'a publié que les données relatives aux demandes d'allocations chômage continues pour les semaines se terminant les 11 et 18 octobre. Le gouvernement aurait dû mener une enquête auprès des entreprises et des ménages pour le rapport sur l'emploi d'octobre au cours de la semaine se terminant le 18 octobre. Un porte-parole du ministère du Travail cité par Reuters a déclaré qu'un problème technique "avait entraîné la publication anticipée de données partielles", ajoutant que ce problème est en cours de résolution et que la série complète serait disponible d'ici la fin de journée de demain.

Aucune donnée hebdomadaire officielle sur les demandes d'allocations chômage n'avait été publiée depuis fin septembre en raison de la fermeture partielle des services gouvernementaux ('shutdown'), qui a duré 43 jours et qui vient de s'achever. Par ailleurs, le Bureau des statistiques du travail du ministère du Travail a annoncé la publication, mardi prochain, du rapport sur les prix à la production de septembre et des données sur les prix à l'importation et à l'exportation le 3 décembre, note Reuters. La Maison-Blanche a prévenu que le taux de chômage d'octobre ne serait probablement pas publié, la plus longue paralysie de l'histoire ayant empêché la collecte de données auprès des ménages.

Le nombre de personnes percevant des allocations chômage après une première semaine d'aide a augmenté de 10.000 pour atteindre 1,957 million (données corrigées des variations saisonnières) au cours de la semaine se terminant le 18 octobre, selon les données relayées par Reuters. Les demandes d'allocations chômage continues ont fortement progressé par rapport au niveau de 1,916 million enregistré la semaine se terminant le 13 septembre. Cette forte hausse entre les enquêtes de septembre et d'octobre "suggère un taux de chômage élevé en octobre et concorde avec la faiblesse des embauches", insiste Reuters.

Un rapport d'ADP indique par ailleurs que les employeurs du secteur privé ont supprimé en moyenne 2.500 emplois par semaine au cours des quatre semaines se terminant le 1er novembre.

Le Bureau des statistiques du travail (BLS) publiera jeudi le rapport sur l'emploi de septembre. Le taux de chômage était proche de son plus haut niveau en quatre ans, à 4,3 %, en août. Les premières demandes d'allocations chômage sont toutefois restées stables entre les enquêtes de septembre et d'octobre sur l'emploi non agricole, ce que certains économistes ont interprété selon Reuters comme un signe positif de la bonne santé du marché du travail.

Les inscriptions hebdomadaires au chômage, l'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie, les reventes de logements existants et l'indice des indicateurs avancés du Conference Board, sont aussi prévus ce jeudi, comme l'indice manufacturier de la Fed de Kansas City. Enfin, l'indice PMI composite flash américain et l'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan sont programmés vendredi.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI recule de 2% à 59,55$. L'once d'or fin avance de 0,4% sur les 4.075$. L'indice dollar gagne 0,4% face à un panier de devises de référence. Le bitcoin reste déprimé dans la zone des 90.000$...

Les valeurs

Brookfield Asset Management (+1,5%) vise une levée de fonds de 10 milliards de dollars pour son nouveau fonds d'infrastructure d'IA, a rapporté le Wall Street Journal. La société d'investissement canadienne a déjà levé 5 milliards de dollars auprès d'investisseurs tels que Nvidia, la Kuwait Investment Authority (KIA) et sur ses propres fonds, précise le WSJ. Brookfield prévoit d'utiliser ces capitaux, ainsi que des co-investissements et des emprunts, pour construire et acquérir jusqu'à 100 milliards de dollars d'infrastructures d'IA ! Brookfield, qui gère plus de 1.000 milliards de dollars d'actifs dans le monde, investira dans l'ensemble de l'écosystème de l'IA, des centres de données aux fournisseurs d'énergie en passant par la fabrication de puces.

Oracle (+2,2%) serait déjà "sous l'eau" avec son incroyable accord à 300 milliards de dollars avec OpenAI, explique le Financial Times... "Il est encore trop tôt pour parler de malédiction OpenAI, mais nous allons le faire tout de même", ajoute le FT, qui rappelle que depuis le 10 septembre et l'annonce de ce deal record de 300 milliards de dollars avec le créateur de ChatGPT, la capitalisation boursière d'Oracle a fondu de 315 milliards de dollars ! Le FT note que lors d'une journée analystes le mois dernier à Las Vegas, Oracle a indiqué qu'il visait des revenus de cloud computing de 166 milliards de dollars d'ici 2030. Pour y parvenir, le budget de capex d'Oracle sur l'exercice en cours est de 35 milliards, et le consensus atteint environ 80 milliards en 2029. Dans le cloud, la majeure partie des revenus devrait provenir d'OpenAI à partir de 2027, estime encore le FT, qui semble s'inquiéter grandement de cette dépendance vis-à-vis d'un client majeur. Le Financial Times évoque également le problème de la dette nette, qui représente déjà 2,5 fois l'Ebitda, plus que doublée depuis 2021, et pourrait encore doubler d'ici 2030, tandis que le cash flow pourrait rester négatif cinq années consécutives. Le FT constate qu'Oracle n'est pas le seul groupe concerné par de telles inquiétudes. Broadcom et Amazon sont également en baisse en bourse après l'annonce d'accords avec OpenAI, alors que le titre Nvidia a peu évolué depuis l'accord majeur annoncé en septembre avec la startup de Sam Altman.

Alphabet (+3%) se distingue à Wall Street, alors que la maison-mère de Google semble avoir frappé fort avec le lancement de Gemini 3, ouvrant selon le management "une nouvelle ère de l'intelligence". "Nous lançons Gemini 3, notre modèle le plus intelligent, qui combine toutes les fonctionnalités de Gemini pour vous permettre de concrétiser toutes vos idées. Gemini 3 offre une capacité de raisonnement de pointe, conçue pour appréhender la profondeur et les nuances, qu'il s'agisse de percevoir les indices subtils d'une idée créative ou de démêler les différentes facettes d'un problème complexe. Gemini 3 excelle également dans la compréhension du contexte et de l'intention derrière votre requête, vous permettant ainsi d'obtenir ce dont vous avez besoin plus rapidement. Il est fascinant de constater qu'en seulement deux ans, l'IA est passée de la simple lecture de texte et d'images à une véritable analyse de l'environnement. Dès aujourd'hui, Gemini est déployé à l'échelle de Google. Cela inclut Gemini 3 en mode IA dans la Recherche, avec un raisonnement plus complexe et de nouvelles expériences dynamiques", explique Alphabet. "C'est la première fois que Gemini est disponible dans la Recherche dès le premier jour. Gemini 3 est également disponible dès aujourd'hui dans l'application Gemini, pour les développeurs utilisant AI Studio et Vertex AI, ainsi que sur notre nouvelle plateforme de développement d'agents, Google Antigravity (plus d'informations ci-dessous). À l'instar des générations précédentes, Gemini 3 repousse une fois de plus les limites de l'intelligence artificielle. Dans ce nouveau chapitre, nous continuerons d'explorer les frontières de l'intelligence, des agents et de la personnalisation afin de rendre l'IA véritablement utile à tous", insiste le groupe.

Target (-2,7%), le détaillant discount américain, est la dernière enseigne à annoncer un partenariat avec la startup d'intelligence artificielle OpenAI, alors que les Américains délaissent pour certains les moteurs de recherche traditionnels au profit de ChatGPT pour les fêtes de fin d'année. Dans le cadre de ce partenariat, qui sera lancé la semaine prochaine à titre expérimental, les clients pourront mentionner Target dans ChatGPT et indiquer ce qu'ils recherchent plus précisément. Target vient par ailleurs de publier ce mercredi, pour son 3e trimestre fiscal, des revenus de 25,3 milliards de dollars en repli de 1,5% en glissement annuel. Les ventes digitales à comparable ont légèrement augmenté de 2,4%. Le bénéfice ajusté par action a représenté 1,78$. Le détaillant a réduit ses estimations de bénéfices. Le bpa ajusté pour l'exercice complet devrait se situer entre 7 et 8$, contre une guidance antérieure allant de 7 à 9$ par action. Pour le seul quatrième trimestre 2025, le groupe maintient son objectif d'un déclin à un chiffre bas des ventes.

Lowe's (+4%), le numéro deux mondial de la distribution de détail de produits de rénovation résidentielle, a plutôt rassuré Wall Street, dévoilant des bénéfices supérieurs aux attentes. Le bénéfice ajusté par action du 3e trimestre est ressorti à 3,06$ (+6%) contre 3$ de consensus, alors que la croissance de l'activité à comparable est ressortie positive pour le deuxième trimestre consécutif. Le bénéfice net trimestriel a atteint 1,6 milliard de dollars. Les ventes totales sur ce trimestre clos fin octobre ont été de 20,8 milliards de dollars, contre 20,2 milliards sur la période correspondante de l'an dernier. Les ventes à comparable ont progressé de 0,4%, tirées par une croissance de 11,4% des ventes en ligne. Pour l'exercice, le groupe envisage désormais des ventes totales de 86 milliards de dollars, au-dessus de la fourchette antérieure d'estimations, avec une stabilité de l'activité à comparable. Le bpa ajusté est anticipé à 12,25$, alors que le groupe prévoyait précédemment un niveau allant de 12,20 à 12,45$.

TJX (+0,1%), le groupe américain de distribution aux chaînes TJ Maxx ou Marshalls, a annoncé des résultats plutôt résilients pour son 3e trimestre fiscal, affichant sur la période un bénéfice net de 1,44 milliard de dollars et un bénéfice par action de 1,28$ (+12%), au-dessus des attentes, pour des revenus de 15,1 milliards de dollars également meilleurs que prévu. Les ventes consolidées à comparable ont progressé de 5%, "bien au-dessus des plans" du groupe. TJX relève ses estimations annuelles de croissance à comparable, marge avant imposition et bpa dilué pour l'exercice 2026. Le groupe anticipe désormais pour l'exercice un bénéfice par action allant de 4,63 à 4,66$, ce qui représenterait une croissance d'environ 9%. La croissance à comparable des ventes est attendue à 4% environ.

Adobe (-1,9%), le groupe software américain éditeur de Photoshop ou d'Acrobat, serait sur le point de conclure un accord de 1,9 milliard de dollars pour acquérir la plateforme logicielle Semrush (+74%), à en croire le Wall Street Journal, qui cite des sources proches du dossier. D'après le journal, Adobe devrait payer 12$ par action, ce qui représenterait une belle prime proche de 78% sur les cours de clôture de Semrush mardi sur le Nyse. Un deal pourrait être finalisé dès aujourd'hui...

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