Wall Street : nervosité confirmée, Moyen-Orient et emploi sous surveillance

Wall Street consolide marginalement avant bourse ce jeudi, toujours hésitant sur fond de crise et de risque d'embrasement supplémentaire au Moyen-Orient. Le S&P 500 abandonne 0,1% en pré-séance, le Do...

Wall Street consolide marginalement avant bourse ce jeudi, toujours hésitant sur fond de crise et de risque d'embrasement supplémentaire au Moyen-Orient. Le S&P 500 abandonne 0,1% en pré-séance, le Dow Jones 0,3% et le Nasdaq 0,2%.

Avant-hier, la cote US avait plié sur fond de crise au Moyen-Orient et de rebond des cours du brut, alors que suite aux tirs de plus de 180 missiles balistiques iraniens vers Israël, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait menacé les dirigeants iraniens de représailles suite à ce qu'il qualifiait de "grande erreur" qui pourrait avoir de "sévères conséquences"... Sur le Nymex ce jeudi, le baril de brut WTI reprend encore 2,2% à 71,6$ pour le contrat de novembre. L'once d'or cède 0,5% à 2.645$. L'indice dollar gagne 0,2% face à un panier de devises.

Rappelons que la semaine avait débuté par une intervention sans grande surprise du président de la Fed Jerome Powell. Après une première baisse de taux d'un demi-point le 18 septembre, la Fed devrait poursuivre le 7 novembre prochain avec un assouplissement d'un quart ou d'un demi-point. Selon l'outil CME FedWatch, il y a 63% de probabilité que la banque centrale américaine opte pour un geste de 25 points de base, et 37% de 'proba' qu'elle effectue un autre geste fort de 50 pb. L'outil CME FedWatch donne une probabilité dominante, de 48%, à la fourchette 4-4,25% sur les taux en fin d'année, contre 4,75 à 5% actuellement.

Thomas Barkin, le président de la Fed de Richmond, a évoqué hier le risque que les pressions des prix ne s'apaisent pas comme prévu et que le retour de l'inflation vers l'objectif des 2% soit plus long qu'attendu. Un tel scénario pourrait selon lui limiter la capacité de la Fed à assouplir sa politique. Dans une interview accordée à Reuters, Barkin a néanmoins indiqué qu'il avait soutenu la baisse de taux d'un demi-point de la Fed le mois dernier et accepté l'idée que ces taux puissent encore baisser d'un demi-point supplémentaire d'ici la fin de l'année afin de tenir compte des progrès sur l'inflation. Barkin reste néanmoins préoccupé par le risque d'une inflation "collante". Il se dit même plus préoccupé par l'inflation que par le marché du travail, au-delà des prochains mois et jusqu'au deuxième semestre 2025. Il ne prévoit toutefois pas d'importante résurgence de l'inflation, selon des commentaires tenus lors d'une conférence organisée par l'Université de la Caroline du Nord à Wilmington.

Lundi soir, le président de la Fed, Jerome Powell, intervenant à l'occasion à l'occasion de la réunion annuelle de la National Association for Business Economics (NABE) à Nashville, n'a pas surpris en livrant un discours très équilibré. Selon lui, le marché du travail américain reste résilient, mais il n'a pas besoin de ralentir plus, ce qui justifie le cycle actuel d'assouplissement, d'autant que les mesures d'inflation semblent plus apaisées. Powell a estimé que si l'économie évoluait comme attendu, la politique monétaire pourrait être progressivement ajustée vers une position plus neutre. Évidemment, Powell rappelle que la Fed ne suit pas de trajectoire prédéterminée et que les risques demeurent bilatéraux. La suite des événements dépendra donc des nouveaux développements, autrement dit des données futures. Powell a tout de même jugé que le ralentissement continu de l'inflation pourrait permettre à la banque centrale de réduire ses taux pour atteindre avec le temps un niveau ne freinant plus l'activité...

Les données de l'emploi aux USA publiées depuis le début de la semaine sont relativement solides, même si les inscriptions au chômage annoncées ce jour sont remontées. Les ouvertures de postes aux États-Unis pour le mois d'août 2024 se sont établies à 8,04 millions selon le Département au Travail, bien au-dessus du consensus des économistes qui se situait à 7,68 millions selon FactSet. Un mois plus tôt, ces ouvertures de postes étaient au nombre de 7,71 millions.

Selon le rapport d'ADP hier, les créations d'emplois dans le privé aux États-Unis pour le mois de septembre 2024 se sont établies au nombre de 143.000, contre un consensus de place de 125.000. Les créations d'emplois ont connu un rebond généralisé après un ralentissement de cinq mois, note ADP. Un seul secteur, l'information, a perdu des emplois. Le secteur manufacturier a créé des emplois pour la première fois depuis avril. "Des embauches plus fortes n'ont pas nécessité une plus forte croissance des salaires le mois dernier. En règle générale, les travailleurs qui changent d'emploi voient leur salaire augmenter plus rapidement. Mais cet avantage par rapport aux personnes conservant leur emploi est tombé à 1,9 pour cent, ce qui correspond au plus bas observé pour la dernière fois en janvier", a détaillé Nela Richardson, cheffe économiste d'ADP.

Selon la dernière étude de la firme Challenger, Gray & Christmas sur le sujet, les annonces de licenciements aux États-Unis pour le mois de septembre ont concerné 72.821 postes, contre 75.891 un mois auparavant.

Les inscriptions au chômage ont légèrement progressé la semaine passée aux Etats-Unis. Le Département américain au Travail a annoncé pour la semaine close au 28 septembre, des inscriptions au chômage au nombre de 225.000, en hausse de 6.000 par rapport au niveau révisé de la semaine antérieure. Le consensus était positionné à 221.000.

La journée sera encore marquée par l'indice PMI composite final américain de septembre (consensus 54,4 avec un indice des services de 55,4), les commandes industrielles américaines d'août (consensus +0,1%) et l'ISM des services de septembre (consensus 51,9). Raphael Bostic et Neel Kashkari de la Fed seront aussi de la partie.

Demain, le rapport gouvernemental mensuel sur la situation de l'emploi aux États-Unis pour le mois de septembre sera communiqué à 14h30 (consensus FactSet 140.000 créations de postes non-agricoles dont 125.000 dans le privé, 4,2% de taux de chômage).

Les valeurs

Nvidia gagne encore du terrain avant bourse à Wall Street. Le directeur général du groupe, Jensen Huang, a indiqué en effet dans une interview accordée à CNBC que la demande pour ses puces d'IA était "folle". Nvidia, qui vient d'annoncer une extension de son partenariat avec le géant du consulting Accenture pour aider les compagnies à utiliser l'intelligence artificielle, bénéficierait donc toujours d'une demande très forte pour ses puces d'IA. Concernant le partenariat Accenture, Huang a précisé que "ce partenariat nous permet de répondre à une grande partie de la demande mondiale en IA", évoquant "le début d'une nouvelle vague appelée IA d'entreprise". Quant à la "demande folle" dont le CEO se félicite, elle concernerait la nouvelle ligne de produits Blackwell. "Blackwell est en pleine production, Blackwell se déroule comme prévu et la demande pour Blackwell est insensée", a donc souligné Huang lors de l'émission Closing Bell Overtime de CNBC mercredi. "Tout le monde en veut le plus possible, et tout le monde veut être le premier", a insisté le dirigeant.

Notons par ailleurs qu'OpenAI, la startup d'intelligence artificielle dans laquelle Microsoft a investi des milliards, a pratiquement doublé sa valorisation à 157 milliards de dollars dans le cadre de sa dernière levée de fonds. La startup à l'origine de ChatGPT a levé 6,6 milliards de dollars auprès de différents investisseurs comprenant Microsoft, SoftBank, Thrive Capital... et Nvidia. Le Wall Street Journal évoque un processus complexe de levée de fonds impliquant des négociations avec de multiples géants de la "tech" et d'importants investisseurs de private equity. Bloomberg croit savoir que Thrive Capital aurait mis 1,3 milliard de dollars dans le nouveau tour de table, tandis que Microsoft aurait encore injecté 750 millions de dollars en plus des 13 milliards de dollars déjà engagés. Bloomberg cite à ce sujet une personne familière de la question, et liste parmi les nombreux investisseurs des noms tels que Khosla Ventures, Fidelity Management & Research et donc Nvidia.

L'accord conclu par OpenAI est l'un des investissements privés les plus importants jamais réalisés et fait d'OpenAI l'une des trois plus grandes startups financées par du capital-risque, aux côtés de SpaceX d'Elon Musk et du propriétaire de TikTok, ByteDance Ltd, note Bloomberg. "L'ampleur de l'investissement souligne la confiance de l'industrie technologique dans la puissance de l'IA et son appétit pour la recherche extrêmement coûteuse qui alimente son progrès", analyse l'agence. Parmi les autres investisseurs ayant significativement investi dans le nouveau round de financement, Tiger Global Management aurait investi 350 millions de dollars et Altimeter Capital au moins 250 millions de dollars, selon des personnes proches du dossier citées par Bloomberg. Parmi les bailleurs de fonds mondiaux figuraient aussi SoftBank et la nouvelle société d'investissement technologique MGX basée à Abu Dhabi. SoftBank aurait investi 500 millions de dollars. La société de capital-risque Coatue aurait également participé.

Levi Strauss plonge avant bourse à Wall Street ce jeudi, sanctionné sur des prévisions trop courtes. Le groupe a publié hier soir, pour son troisième trimestre fiscal clos fin août, des revenus stables en données consolidées et en augmentation de 2% à devises constantes, avec une progression de 5% pour la marque phare Levi's. Ainsi, les revenus trimestriels s'établissent à 1,52 milliard de dollars au total, pour un bénéfice net de 21 millions de dollars plus que doublé en comparaison du bas niveau de l'an dernier. Le bénéfice net ajusté a augmenté quant à lui de 18% à 132 millions de dollars soit 33 cents par action. Le consensus était de 31 cents de bpa ajusté et 1,55 milliard de dollars de revenus. La marge brute s'est appréciée de 440 points de base à 60%.

Le groupe de San Francisco alerte par ailleurs concernant ses revenus annuels, ajustant sa fourchette d'estimations vers le bas. Levi Strauss, qui tente de se relancer en s'associant notamment à Beyoncé, explore aussi la vente potentielle de Dockers. Il indique ainsi qu'il examine de manière formelle "des alternatives stratégiques pour Dockers", ce qui pourrait inclure une vente potentielle ou une autre transaction stratégique. Le groupe a retenu les services de Bank of America comme conseiller financier et n'a pas fixé de date limite ni de calendrier définitif pour l'achèvement du processus d'examen des alternatives stratégiques. "Rien ne garantit que ce processus aboutira à une transaction ou à un résultat particulier", ajoute Levi Strauss. Concernant les orientations pour l'exercice 2024, les revenus nets devraient croître d'environ 1% et les revenus nets à taux de change constants de 1,5 à 2%. En juin, le groupe tablait sur une croissance des revenus nets allant de 1 à 3%. Levi Strauss s'attend à ce que le bénéfice dilué ajusté par action se situe au milieu de la fourchette précédemment avancée de 1,17 à 1,27$.

Amazon, le géant américain du commerce en ligne, a annoncé son intention de recruter 250.000 salariés dans les transports et les entrepôts pendant la période cruciale des fêtes de fin d'année, soit le même nombre que l'année dernière. Le groupe indique qu'il s'agit du bon niveau de recrutement pour cette saison des fêtes, même s'il anticipe une augmentation de la demande et des volumes. Il s'agit, selon la vice-présidente Global Operations Employee Experience d'Amazon, "du bon nombre pour continuer à croître et à progresser en termes opérationnels.

Constellation Brands, le groupe de vins et spiritueux connu pour sa bière Corona, a annoncé pour le deuxième trimestre fiscal une perte nette de 1,2 milliard de dollars soit 6,59$ par titre. Le bénéfice ajusté par action a représenté néanmoins 4,32$, contre 4,1$ de consensus. Les revenus trimestriels ont atteint 3,14 milliards de dollars, tandis que les revenus ajustés ont été de 2,92 milliards de dollars, inférieurs au consensus. Le groupe a fait état d'une importante perte non cash portant sur la valeur de son activité vins et spiritueux. Hors éléments non récurrents, comprenant essentiellement une perte de valeur de 2,25 milliards de dollars pour cette activité, le bénéfice ajusté par action a donc battu le consensus pour ce trimestre clos fin août. Les ventes nettes ont augmenté de 2,9%. Les ventes de bière ont augmenté de 5,7% à 2,53 milliards, mais les ventes de vins et spiritueux ont chuté de 12,5%. Le groupe table sur un bénéfice par action allant de 13,60 à 13,80$.

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