Les échanges sont restés tendus ce jeudi à Wall Street. Après s'être tassée sur des sommets, la place américaine souffre aujourd'hui d'une publication en demi-teinte de Walmart, le leader de la distribution. Du côté de la macroéconomie, les chiffres hebdomadaires de l'emploi ont déçu, mais l'indice PMI composite a agréablement surpris. Par ailleurs, la perspective de l'intervention du patron de la Fed Jerome Powell, demain à Jackson Hole, incite les marchés à une certaine retenue.
Dans ce contexte, le S&P 500 recule de -0,40% à 6.370 pts. Le Dow Jones cède -0,34% à 44.785 pts. Le Nasdaq se tasse également de -0,34% à 21.100 pts dans une 3e séance consécutive de repli.
Plus tôt cette semaine, les marchés n'avaient pas vraiment réagi aux évolutions apparemment positives concernant l'Ukraine, suite aux échanges impliquant le président ukrainien Volodymyr Zelensky, Donald Trump et des dirigeants européens. Zelensky, qui espère un signal clair des USA sur les garanties de sécurité, a salué sa "meilleure discussion" avec Trump...
Wall Street avait bénéficié précédemment des espoirs de baisse de taux, mais les choses pourraient donc se compliquer demain avec l'intervention du patron de la Fed à Jackson Hole, pour la grand messe des banquiers centraux dans le Wyoming. Alors que les derniers chiffres des prix à la production aux Etats-Unis sont ressortis préoccupants, Jerome Powell pourrait ainsi tempérer les ardeurs des marchés qui ont un peu trop vite misé sur une série d'assouplissements... Trump continue de mettre la pression sur le patron de la Fed, lançant sur son réseau Truth Social : "Quelqu'un pourrait-il informer Jerome 'Too Late' Powell qu'il nuit gravement au secteur immobilier ? Les gens ne peuvent pas obtenir de prêt immobilier à cause de lui. Il n'y a pas d'inflation, et tout indique le besoin d'une baisse importante des taux. 'Too Late' est un désastre !"
Le président américain réclame également la démission de la gouverneure de la Fed Lisa Cook. Cette dernière a déclaré qu'elle n'avait aucune intention de céder à la pression pour quitter ses fonctions. Trump a exigé son départ après la publication d'accusations concernant des prêts immobiliers qu'elle détient dans le Michigan et en Georgie. "Je n'ai aucune intention de me laisser intimider pour quitter mes fonctions à cause de questions soulevées dans un tweet", a-t-elle assuré dans un communiqué. "J'ai l'intention de prendre au sérieux toute question concernant mon historique financier en tant que membre de la Fed, et je rassemble les informations nécessaires pour fournir des faits", a-t-elle précisé.
Ces allégations ont été relayées par William Pulte, directeur de l'Agence fédérale du logement (FHFA). Il affirme que Lisa Cook aurait déclaré comme résidence principale deux biens distincts, un appartement à Atlanta et une maison dans le Michigan. Il a également évoqué un bien détenu par la gouverneure dans le Massachusetts. Les prêts pour résidence principale étant généralement accordés à des conditions plus favorables que pour un investissement locatif, ces déclarations suscitent l'attention.
Les responsables de la Fed sont nombreux à s'exprimer avant l'intervention de Powell à Jackson Hole. Michelle Bowman et Christopher Waller, deux des successeurs potentiels de Powell, n'ont pas manqué d'intervenir. La vice-présidente de la Fed chargée de la supervision, Michelle Bowman, a suggéré que le personnel de la Réserve fédérale soit autorisé à détenir de petites quantités de cryptomonnaies, arguant que l'expérience éclairerait davantage leur travail de surveillance des activités sur ces marchés financiers. Elle juge par ailleurs, selon des commentaires rapportés par Reuters, que l'assouplissement des restrictions sur les investissements du personnel pourrait faciliter le recrutement et la fidélisation d'experts en contrôle bancaire, et que des détentions minimes de cryptomonnaies et d'autres actifs numériques aideraient le personnel à acquérir une compréhension pratique de ces produits. Le gouverneur Waller s'est aussi montré ouvert concernant l'innovation représentée par les cryptomonnaies, notamment les 'stablecoins' et le bitcoin, dans le cadre de l'innovation dans les systèmes américains de paiement.
Raphael Bostic, président de la Fed d'Atlanta, devrait s'attirer les foudres de Trump puisqu'il juge toujours qu'une seule baisse de taux suffirait cette année, même si les tendances du marché du travail mériteraient d'être surveillées.
Le président de la Fed de Kansas City, Jeffrey Schmid, a déclaré ce jeudi qu'il ne semblait pas urgent de baisser les taux d'intérêt, l'inflation restant supérieure à l'objectif des 2% et le marché du travail se portant toujours bien. "Je pense que nous sommes dans une très bonne situation et que nous devons absolument disposer de données très précises pour orienter cette politique", a déclaré Schmid lors d'une interview sur CNBC.
Selon l'outil CME FedWatch, il y a désormais 73% de probabilité que la Fed baisse ses taux d'un quart de point le 17 septembre, à l'issue de la prochaine réunion monétaire, ce qui ramènerait le taux des 'fed funds' entre 4 et 4,25%. Le même outil montre que la banque centrale américaine pourrait procéder à un nouvel assouplissement d'un quart de point d'ici décembre.
Dans le même temps, l'agence phare de notation S&P Global Ratings a confirmé sa note des USA. S&P a déclaré que les recettes provenant des taxes douanières imposées par Trump contribueraient à atténuer l'impact des baisses d'impôts du président sur la santé budgétaire des Etats-Unis, permettant ainsi au pays de maintenir sa note de crédit actuelle. Ainsi, S&P a confirmé sa note à long terme 'AA+' des Etats-Unis, estimant notamment que les recettes provenant des tarifs douaniers compenseraient l'impact du récent projet de loi sur les impôts et les dépenses sur la situation budgétaire du pays. S&P a maintenu par ailleurs sa perspective stable de la note à long terme. "Dans un contexte de hausse des taux de droits de douane effectifs, nous prévoyons que des recettes douanières significatives compenseront globalement les résultats budgétaires plus faibles qui pourraient autrement être associés à la récente législation budgétaire, qui prévoit à la fois des baisses et des hausses d'impôts et de dépenses", ont écrit des analystes de S&P, dont Lisa Schineller.
Du côté des négociations commerciales, Trump pour les Etats-Unis et Ursula von der Leyen pour l'UE ont finalisé leur accord commercial conclu le 27 juillet en Ecosse. Le texte confirme des tarifs douaniers plafonnés à 15% sur la plupart des produits européens exportés aux Etats-Unis, comme les automobiles, les médicaments, les semi-conducteurs (...). L'UE s'engage à supprimer les droits de douane sur les produits manufacturés américains et à offrir un accès préférentiel à une vaste gamme de produits de la mer et agricoles US. Washington ramènerait à 15% ses "tarifs" sur les exportations européennes de voitures et de pièces automobiles, actuellement de 27,5%, dès que Bruxelles aura adopté la législation pour mettre en application ses engagements. Selon Reuters, un haut responsable de l'administration Trump a déclaré sous le sceau de l'anonymat que cet allègement pourrait voir le jour dans un délai de quelques semaines. L'UE a réaffirmé son intention d'acheter pour 750 Mds$ de produits énergétiques américains sur 3 ans, ainsi que 40 Mds$ de puces informatiques pour l'IA. Elle souhaite par ailleurs que les entreprises européennes investissent 600 Mds$ supplémentaires dans les secteurs stratégiques américains d'ici 2028, relève Reuters, qui ajoute que les deux parties s'engagent aussi à s'attaquer aux barrières commerciales numériques injustifiées et à envisager de coopérer pour protéger leurs marchés respectifs de l'acier et de l'aluminium contre la surcapacité, tout en garantissant des chaînes d'approvisionnement sûres entre eux.
Sur le front macroéconomique ce jeudi aux Etats-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 16 août se sont établies à 235.000, en hausse de 11.000 par rapport à la semaine antérieure et bien plus élevées que le consensus Bloomberg qui était de 226.000... L'indice manufacturier régional de la Fed de Philadelphie s'est affiché à -0,3, une mauvaise surprise puisque le consensus était de +5 selon FactSet.
L'indice PMI composite préliminaire américain du mois d'août 2025 s'est établi à 55,4, bien au-dessus du consensus FactSet qui se situait à 54,5 et assez proche de la lecture révisée de juillet. L'indice manufacturier est ressorti à 53,3 en données préliminaires (50,6 de consensus), tandis que l'indicateur des services est ressorti à 55,4 (54 de consensus). Des indices signalant globalement une forte expansion de l'activité en août aux Etats-Unis.
Les reventes de logements existants aux Etats-Unis pour le mois passé, publiées ce jeudi par la National Association of Realtors, se sont établies au nombre de 4,01 millions, en progression de 2% en comparaison du mois antérieur. Le consensus FactSet était logé à 3,92 millions d'unités sur le mois de juillet. D'un mois à l'autre, les ventes ont augmenté dans le Nord-Est, le Sud et l'Ouest, et ont diminué dans le Midwest. D'une année sur l'autre, elles ont augmenté dans le Sud, le Nord-Est et le Midwest, et ont diminué dans l'Ouest. Selon Lawrence Yun, économiste en chef de la NAR, "la légère amélioration de l'accessibilité au logement stimule les ventes de logements. La croissance des salaires dépasse désormais largement celle des prix de l'immobilier, et les acheteurs ont davantage de choix".
L'indice des indicateurs avancés américains du Conference Board pour le mois de juillet 2025 s'est affiché en retrait léger de 0,1% d'un mois sur l'autre, en ligne avec le consensus des économistes de la place, après un recul de 0,3% un mois auparavant.
Les cours de l'or noir sont au vert. Le baril de brut WTI prend +0,91% à 63,41$. Le Brent de mer du Nord grimpe de +0,75% à 67,54$..
Du côté des devises, le billet vert se reprend de +0,39% face à l'euro et s'échange 0,8616 euro
L'once d'or pâlit de -0,27%, revenant à 3.338$.
Le Bitcoin décroche de -0,92% à 112.382$. La reine des cryptomonnaies cède près de -5% sur les 5 derniers jours.
Les valeurs
* Nordson (+3% à 219,93$). Le producteur américain d'équipements et machineries industrielles a annoncé pour son 3e trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 2,73$ (+13%) contre 2,63$ de consensus, ainsi que des revenus de 742 M$ (+12%) à comparer à un consensus de 721 M$. La conversion du bénéfice net en free cash flow atteint... 180%.
Le conseil d'administration du groupe a par ailleurs approuvé une nouvelle autorisation de rachat d'actions de 500 M$. Le carnet de commandes est en baisse d'environ 5% par rapport au trimestre précédent, après un 3e trimestre solide. Cela confirme selon le groupe la réalisation des prévisions initiales de chiffre d'affaires et de résultats pour l'ensemble de l'exercice, "sous réserve de la finalisation de la cession en cours de l'activité de fabrication sous contrat de produits médicaux au quatrième trimestre". Le chiffre d'affaires de l'exercice est désormais attendu légèrement inférieur à la médiane des prévisions initiales, et le bénéfice par action ajusté pour l'ensemble de l'exercice serait légèrement supérieur à cette médiane.
* Walmart (-4,49% à 97,96$). Le géant américain de la grande distribution corrige à Wall Street après la publication d'un bénéfice trimestriel jugé un peu court. Sur la période close, le groupe de l'Arkansas a affiché des revenus totalisant 177,4 Mds$, en croissance de +4,8% en données consolidées et de +5,6% à devises constantes. Le consensus était de 176 Mds$. Le bénéfice opérationnel a reculé de -8% environ en données publiées mais progressé de +0,4% sur une base ajustée. Les ventes de commerce en ligne ont grimpé de +25% dans le monde. Le bénéfice GAAP par action est ressorti à 88 cents et le bpa ajusté à 68 cents. La croissance de l'activité américaine à comparable a atteint 4,6%, au-dessus du consensus. Sam's Club a affiché une croissance US comparable de +5,9% hors essence, également meilleure que prévu. Néanmoins, le bénéfice trimestriel ajusté par action est inférieur aux attentes, avec un consensus logé à 74 cents.
Sur le trimestre entamé, le bénéfice ajusté par action est attendu entre 58 et 60 cents. Sur ce 3e trimestre, la société envisage une hausse du chiffre d'affaires net de 3,75 à 4,75% et une hausse du résultat d'exploitation de 3 à 6%, toutes deux à taux de change constants. Walmart relève ses prévisions de croissance du chiffre d'affaires net à 3,75-4,75% et sa guidance de bpa ajusté à 2,52-2,62$ pour l'exercice 2026 en cours. Les prévisions de résultat d'exploitation ajusté restent inchangées (3,5-5,5%). "La dynamique de notre chiffre d'affaires est due à notre capacité d'innovation et d'exécution", a déclaré Doug McMillon, DG du groupe. "Communiquer avec nos clients et nos membres grâce aux expériences numériques contribue à la croissance de notre activité, et la manière dont nous déployons l'IA améliorera encore ces expériences".
* Meta Platforms (-1,15% à 739,1$). Le groupe de Mark Zuckerberg aurait gelé les embauches dans sa division intelligence artificielle après avoir passé des mois à recruter plus de 50 chercheurs et ingénieurs en IA, indiquent des sources du Wall Street Journal. Ce gel des embauches, entré en vigueur la semaine dernière et coïncidant avec une restructuration plus large du groupe, interdirait également aux employés actuels de changer d'équipe au sein de la division. La durée de ce gel n'a pas été communiquée en interne, précise le WSJ. Il pourrait y avoir des exceptions au blocage des recrutements externes, mais elles nécessiteraient l'autorisation du directeur de l'IA de Meta, Alexandr Wang... Un porte-parole de Meta cité par le WSJ a confirmé le gel, le qualifiant de "planification organisationnelle de base : créer une structure solide pour nos nouveaux efforts de superintelligence après avoir intégré des personnes et mené des exercices annuels de budgétisation et de planification". Meta avait auparavant accéléré la cadence dans la guerre des talents, en offrant à ses chercheurs des rémunérations à neuf chiffres et en recourant à des acquisitions inversées pour priver les startups de leurs dirigeants clés, indique le Wall Street Journal.
* Boeing (-0,51% à 224,46$). Le géant américain de l'aéronautique se rapprocherait de la finalisation d'un accord avec la Chine portant sur la vente d'au moins 500 avions, selon des sources proches du dossier citées par Bloomberg. Les deux parties négocient encore les modalités de cette vente complexe d'avions, notamment les types et le volume des modèles d'appareils et les calendriers de livraison. Cette méga-vente à la Chine, en préparation depuis des années, serait conditionnée à la désescalade des tensions commerciales entre les deux pays, qui remontent au premier mandat de Trump, et pourrait encore échouer, précisent les sources. Les responsables chinois auraient déjà commencé à consulter les compagnies aériennes nationales sur le nombre d'avions Boeing dont elles auront besoin. La commande de Boeing devrait être la pièce maîtresse d'un accord commercial qui profiterait à la fois à Trump et au président chinois Xi Jinping.
* Apple (-0,49% à 224,9$). Au début septembre, la marque à la pomme va ouvrir une nouvelle boutique à Bangalore, le pôle technologique du sud de l'Inde. Selon Bloomberg, la firme de Cupertino accélère sa pénétration sur un marché porteur. La boutique de Bangalore, située dans le prestigieux centre commercial Phoenix Mall of Asia, ouvrira ses portes le 2 septembre. Le groupe californien exploite actuellement deux boutiques en Inde : sa boutique phare à Mumbai, la capitale financière du pays, et une boutique dans un centre commercial du sud de Delhi. Le DG du groupe Tim Cook a assisté à l'inauguration de chacune d'elles il y a 2 ans, rappelle Bloomberg. Les iPhones d'Apple représentent 5% des plus de 700 millions d'utilisateurs de smartphones en Inde, selon le cabinet d'études Counterpoint, ce qui laisse un potentiel notable à la marque.
* Nvidia (-0,24% à 174,98$). A nouveau, le titre hésite à Wall Street à l'approche de sa publication financière trimestrielle du 27 août. Le Financial Times précise ce jour, que la Chine s'est retournée contre le groupe de Jensen Huang suite à des remarques jugées insultantes du secrétaire au Commerce des Etats-Unis Howard Lutnick. C'est ainsi que Pékin aurait décidé de restreindre les ventes des puces de Nvidia spécifiques à l'IA... Rappelons par ailleurs que selon des sources de Reuters, Nvidia développerait une nouvelle puce d'IA pour la Chine basée sur sa dernière architecture Blackwell. La puce en question serait plus puissante que le modèle H20 actuellement autorisé à la commercialisation dans ce pays, ont indiqué deux sources de l'agence. La semaine dernière, Donald Trump avait ouvert la voie à la commercialisation de puces Nvidia plus avancées en Chine. Cependant, les sources ont souligné que l'approbation réglementaire américaine était loin d'être garantie, en raison des craintes profondes à Washington quant à un accès trop large de la Chine aux technologies d'intelligence artificielle américaines.