Wall Street : les indices rechutent malgré la bonne nouvelle sur l'inflation

La belle surprise du côté de l'inflation de mars permet à Wall Street de réduire légèrement ses pertes en pré-séance. Au-lendemain d'une incroyable envolée, les futures pointent néanmoins toujours ver...

La belle surprise du côté de l'inflation de mars permet à Wall Street de réduire légèrement ses pertes en pré-séance. Au-lendemain d'une incroyable envolée, les futures pointent néanmoins toujours vers une ouverture en assez net repli après le sursis de 90 jours accordé par Donald Trump à la plupart de ses partenaires commerciaux, hors Chine. Hier soir, le S&P 500 a terminé en hausse de 9,52%, du jamais vu depuis 2008, le Dow Jones a bondi de 7,87% et le Nasdaq s'est envolé de 12,16%, enregistrant sa deuxième plus belle performance de l'histoire. Les 'Mag 7' se sont offert un bol d'air frais, et en particulier Tesla qui a flambé de 22,7% !

Durant cette pause de trois mois annoncée par le président américain, des droits de douane de 10% - soit le taux "plancher" - sont maintenus sur toutes les importations aux Etats-Unis, a précisé la Maison blanche, hormis celles en provenance de Chine, dont les produits vont au contraire être visés avec effet immédiat par des taxes supplémentaires, portées à 125%.

"La guerre commerciale se transforme désormais en une confrontation directe entre les États-Unis et la Chine... nous pourrions à nouveau assister à une escalade et une désescalade en même temps, tirant les marchés dans des directions différentes", affirment les analystes de Rabobank.

Donald Trump, qui avait pourtant indiqué ne pas se soucier de la chute des marchés, a déclaré mercredi depuis le bureau ovale : "nous traversons une bonne journée sur le marché boursier, comme vous pouvez le constater, une journée record et j'espère que cela continuera". "Le marché obligataire est très délicat", a ajouté D.Trump. "Je l'observais. Mais si vous regardez maintenant, c'est magnifique. Mais j'ai vu hier soir que les gens commençaient à s'inquiéter".

Au lendemain du revirement de D.Trump, l'union européenne s'est entendue pour suspendre pour une durée de 90 jours les premières mesures de rétorsion douanière qu'elle prévoyait d'imposer aux Etats-Unis à partir du 15 avril, a annoncé Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Bien qu'une guerre commerciale plus large soit en suspens, des risques subsistent pour la santé de l'économie américaine, et la décision de Trump n'est "que la fin du commencement", selon JP Morgan.

Signe d'un retour de l'appétit pour le risque et d'une certaine accalmie, l'indice VIX de la volatilité est retombé à 37 points contre 60 avant le revirement de Donald Trump. L'indice grimpe néanmoins de 10% ce jeudi. Le rendement des obligations américaines à dix ans, qui avait fortement augmenté dans un contexte notamment de défiance sur la dette américaine, recule de son côté de 2,3 points de base ce matin, à 4,308%.

Dans l'agenda macro du jour, les chiffres de l'inflation américaine ont réservé une agréable surprise. Pour le mois de mars, l'indice des prix à la consommation affiche un repli surprise de 0,1% d'un mois sur l'autre et une hausse de 2,4% sur un an, contre respectivement +0,1% et +2,5% de consensus. Hors alimentation et énergie, le CPI augmente de 0,1% en séquentiel et de 2,8% sur un an (le niveau le plus faible depuis près de 4 ans), contre +0,3% et +3% de consensus.

Du côté de l'emploi, les inscriptions au chômage ont légèrement augmenté la semaine passée aux Etats-Unis. Le Département américain au Travail a en effet annoncé, pour la semaine close au 5 avril, que les inscriptions au chômage se sont élevées à 223.000, en hausse de 4.000 par rapport au niveau révisé de la semaine antérieure. Une évolution conforme aux attentes du marché. La moyenne à quatre semaines reste stable à 223.000. Enfin, le nombre de chômeurs indemnisés sur la semaine close le 29 mars ressort à 1,850 million, en baisse de 43.000 sur sept jours.

Les anticipations de nouvel assouplissement de la politique monétaire de la Fed ont logiquement été revues en forte baisse après la volte-face du président républicain... Pour la prochaine réunion des 6 et 7 mai, la probabilité d'une réduction de taux d'un quart de point est tombée à 15,9% contre 43% hier matin selon l'outil CME FedWatch. Le même outil montre une probabilité de 34% d'une fourchette de 3,25 à 3,50% sur les taux en fin d'année, soit une baisse de 100 points de base. La probabilité d'un assouplissement de 125 points de base est de 15,5%.

Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, CarMax ou Walgreens Boots Alliance annonceront leurs comptes trimestriels jeudi, mais la saison des résultats financiers trimestriels débutera véritablement vendredi avec les financières JP Morgan, Wells Fargo, BlackRock et Bank of New York Mellon.

Sur le marché des changes, l'indice dollar chute de 1,4% tandis que l'euro s'envole de 1,65% face au billet vert, à 1,113$. Sur le Nymex, le baril de brut WTI cède 2,5% à 60,8$ ! Enfin, l'once d'or remonte de 1,2% à 3.119$.

Les valeurs

* Apple cherche la parade. Le groupe à la pomme a affrété des vols cargo pour acheminer 600 tonnes d'iPhone, soit jusqu'à 1,5 million d'unités, vers les États-Unis depuis l'Inde, après avoir intensifié sa production dans ce pays afin de contourner les droits de douane imposés par le président Donald Trump, ont indiqué des sources à 'Reuters'. Environ six avions cargo d'une capacité de 100 tonnes chacun ont décollé depuis mars, dont un cette semaine, juste au moment où les nouveaux droits de douane entraient en vigueur, ont indiqué à l'agence une source et un responsable du gouvernement indien. Apple "voulait contourner les droits de douane", a précisé l'une des sources. L'entreprise a fait pression sur les autorités aéroportuaires indiennes pour réduire à six heures le temps nécessaire au dédouanement à l'aéroport de Chennai, dans l'État du Tamil Nadu, au lieu de 30 heures auparavant, a ajouté la source.

Les détails de cette opération donnent un aperçu de la stratégie de l'entreprise américaine pour contourner les droits de douane imposés par Trump et constituer des stocks d'iPhones destinés à son marché national. Apple vend plus de 220 millions d'iPhones par an dans le monde, et 'Counterpoint Research' estime qu'un cinquième des importations totales d'iPhone aux États-Unis proviennent désormais d'Inde, le reste de Chine. Les analystes ont averti que les prix des iPhones aux États-Unis pourraient flamber compte tenu de la forte dépendance d'Apple aux importations en provenance de Chine, principal centre de fabrication de ces appareils, soumis au taux de droits de douane le plus élevé de Trump, soit 125%. Ce chiffre est bien supérieur aux droits de douane de 26% sur les importations en provenance d'Inde, désormais suspendus après que Trump a décrété cette semaine une pause de 90 jours excluant la Chine.

* Taiwan Semiconductor Manufacturing assure ! Le plus grand fabricant de puces sous contrat au monde a réalisé un chiffre d'affaires de 839,25 milliards de dollars taïwanais (23,24 milliards d'euros) au premier trimestre, en hausse de 42% sur un an, contre un consensus de 835,66 Mds$T, porté par la vigueur de la demande pour les technologies d'intelligence artificielle générative avant l'entrée en vigueur des droits de douane américains. Il s'agit de la croissance la plus rapide de TSMC depuis 2022. La société publiera ses résultats trimestriels complets la semaine prochaine, ainsi que ses perspectives pour le trimestre en cours. 'Bloomberg' note que les investisseurs se concentreront sur une éventuelle révision à la baisse de l'objectif de ventes annuel et des plans d'investissement, reflétant la baisse des perspectives de la demande mondiale de puces électroniques dans un contexte d'incertitude suite aux nouveaux droits de douane américains imposés le 9 avril.

* Amazon. Moins de produits chinois aux Etats-Unis ? Conséquence de la guerre commerciale menée par Donald Trump, les entreprises chinoises qui vendent des produits sur Amazon se préparent à augmenter leurs prix aux Etats-Unis ou à quitter ce marché en raison de l'envolées de droits de douane, ont rapporté à 'Reuters' des vendeurs et le directeur de la plus importante fédération de commerce électronique en Chine. D.Trump a déclaré mercredi qu'il augmenterait les droits de douane sur les importations chinoises à 125%, contre 104% déjà en vigueur, aggravant ainsi la confrontation entre les deux plus grandes économies du monde. "Il ne s'agit pas seulement d'une question fiscale, mais d'une surcharge de la structure des coûts dans son ensemble", a déclaré à l'agence Wang Xin, directrice de l'Association du commerce électronique transfrontalier de Shenzhen, qui représente plus de 3.000 vendeurs Amazon. "Il sera très difficile pour quiconque de survivre sur le marché américain", a-t-elle ajouté, soulignant que les droits de douane pourraient également entraîner des retards et une hausse des coûts logistiques. "Pour nous tous, acteurs du commerce électronique transfrontalier, c'est un coup dur sans précédent".

Andy Jassy, DG d'Amazon, a par ailleurs déclaré dans sa lettre annuelle aux actionnaires que le chiffre d'affaires de l'IA avait connu une croissance à trois chiffres sur un an. L'IA représente un chiffre d'affaires annuel de plusieurs milliards de dollars, a-t-il souligné. Amazon.com doit fonctionner comme la " plus grande startup du monde " pour répondre à la demande en intelligence artificielle et réduire la bureaucratie dans ses rangs, a également indiqué le dirigeant. "Si vos expériences client ne prévoient pas de tirer parti de ces modèles intelligents, de leur capacité à interroger d'immenses corpus de données et à trouver rapidement l'aiguille dans la botte de foin, de leur capacité à s'améliorer constamment grâce à davantage de retours et de données, et de leurs futures capacités d'agent, vous ne serez pas compétitif", a écrit Jassy dans sa lettre. "La technologie évolue plus vite que presque tout ce que nous avons connu".

* United States Steel chute de 10% avant-bourse. Le président américain Donald Trump a déclaré mercredi qu'il ne souhaitait pas que la firme s'implante au Japon, laissant entendre qu'il ne soutenait pas son offre de 14 milliards de dollars sur le producteur d'acier américain. Ce commentaire semble ainsi contredire les récentes actions de l'administration Trump. Lundi, le président républicain a demandé à la commission de sécurité nationale de réexaminer l'offre entièrement en numéraire de Nippon Steel pour racheter U.S. Steel afin de déterminer si de nouvelles mesures étaient appropriées, laissant espérer que l'accord puisse obtenir un feu vert. "Nous sommes ravis que le président Trump ait ordonné un nouvel examen (...) Nous sommes convaincus qu'un examen objectif et factuel de notre projet démontrera qu'il renforcera l'économie et la sécurité nationale américaines", avait alors réagi le groupe nippon. "Nous ne voulons pas que l'accord soit conclu au Japon", a affirmé le président, ajoutant : "nous aimons le Japon". Des responsables de la Maison Blanche n'ont fourni aucun détail sur les propos de D.Trump ni sur leur éventuelle contradiction avec la décision de lundi. "Tout est toujours sur la table avec le président", a indiqué un responsable. Le président sortant Joe Biden avait bloqué la fusion en janvier pour des raisons de sécurité nationale.

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