Wall Street : les indices accélèrent après le dernier revirement de Donald Trump sur les taxes

Wall Street progresse en début de séance, soutenue par la dernière volte-face de Donald Trump. Le président américain a annoncé la suspension des droits de douane 'réciproques' sur une large gamme de ...

Wall Street progresse en début de séance, soutenue par la dernière volte-face de Donald Trump. Le président américain a annoncé la suspension des droits de douane 'réciproques' sur une large gamme de produits électroniques grand public en provenance de Chine mais a aussitôt prévenu qu'il présenterait au cours de la semaine à venir de nouveaux droits de douane visant les semiconducteurs importés aux Etats-Unis. Dans les premiers échanges, le Dow Jones gagne 1,33% à 40.747 points et le S&P 500 avance de 1,66% à 5.452 points. Le Nasdaq Composite prend de son côté 1,95%, à 17.051 points.

"Nous voulons fabriquer nos puces et semiconducteurs et d'autres choses dans notre pays", a dit le dirigeant à la presse à bord de l'avion présidentiel Air Force One qui le ramenait à Washington depuis sa résidence floridienne de Palm Beach. Le sursis accordé vendredi soir au secteur ne devrait ainsi être que temporaire. "Personne n'est tiré d'affaire", a déclaré D.Trump dans un message publié sur son réseau social dimanche. Les produits exemptés "se déplacent simplement vers un autre panier tarifaire " et l'administration " examinera les semi-conducteurs et l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement électronique", a-t-il ajouté.

"Le pire est peut-être passé, mais la voie est encore incertaine", estime Michael Wilson chez Morgan Stanley. "La pause de 90 jours sur les droits de douane réciproques et les nouvelles concessions accordées ce week-end réduisent la probabilité d'une récession à court terme, mais l'incertitude reste élevée, la Fed maintient son statu quo et les taux directeurs constituent un obstacle", indique le spécialiste à 'Bloomberg'. "Je pense que la probabilité que des accords soient conclus et conduisent à une baisse des droits de douane s'est légèrement accrue, et je suis relativement satisfait du flux de nouvelles", ajoute Samy Chaar, économiste en chef chez Lombard Odier. Signe de la moindre nervosité dans les salles de marché, le Vix, l'indice de la peur, chute de 17% à 31 points. La volatilité reste néanmoins élevée alors que D.Trump tente de réécrire les règles du commerce mondial qui, selon lui, ne sont pas en faveur des États-Unis. "Le marché essaie de faire la part des choses et part du principe que les négociations aboutiront à un résultat plus favorable que les conditions actuelles", indique à l'agence Matthew Haupt, gestionnaire de portefeuille chez Wilson Asset Management à Sydney.

Sur le marché obligataire, le rendement de la dette américaine à 10 ans se replie de 7,7 points de base à 4,413% après avoir bondi de 50 pb la semaine dernière, la plus forte hausse hebdomadaire des coûts d'emprunts américains depuis des décennies.

Dans l'agenda macro du jour, quelques membres de la Fed doivent s'exprimer mais aucun indicateur n'est au programme. Demain, les prix à l'import/export et l'indice manufacturier de l'État de New York (Empire State) seront à suivre.

Dans l'actualité des entreprises, après JP Morgan, Wells Fargo, BlackRock et Bank of New York Mellon vendredi, Goldman Sachs a assuré à la mi-journée. Demain, Bank of America, Citigroup, Rio Tinto et United Airlines Holdings seront de sortie, avant Alcoa, BHP et Abbott Labs mercredi, puis Netflix, UnitedHealth, Charles Schwab ou encore Blackstone jeudi.

Ce début de semaine est également marqué par la poursuite de la dégringolade du dollar. L'indice dollar abandonne encore 0,4% mais l'euro a effacé ses gains matinaux face au billet vert, à 1,135$ entre banques. "Il n'est plus exagéré de dire que le statut de réserve du dollar et son rôle dominant au sens large sont au moins quelque peu remis en question, même si l'inertie et les effets de réseau qui ont maintenu le dollar au sommet pendant des décennies ne sont pas près de disparaître", explique Jonas Goltermann, économiste en chef adjoint pour les marchés chez Capital Economics. "Les questions clés concernent les dommages indirects causés par l'incertitude extrême qui entoure les perspectives politiques et économiques, les bouleversements en cours sur le marché du Trésor et, en fin de compte, l'ébranlement de la confiance dans les institutions et les marchés d'actifs américains".

Sur le Nymex, le baril de brut WTI remonte de 0,5% à 61,8$ ! Enfin, l'once d'or cède 0,9% à 3.208$.

Les valeurs

* Intel (+5,6%). Comme pressenti, le fondeur vient d'annoncer un accord définitif pour la vente de 51% de sa filiale Altera à Silver Lake sur la base d'une valorisation de 8,75 milliards de dollars. Raghib Hussain a été nommé DG de la co-entreprise. Intel détiendra les 49% restants d'Altera. La transaction devrait être finalisée au second semestre 2025. Intel avait accepté de payer environ 17 milliards de dollars en 2015 pour reprendre Altera, dont les puces multi-usages sont principalement déployées dans les réseaux de télécommunications. Intel a perdu des parts de marché au profit de ses concurrents ces dernières années et a surtout raté la transition vers l'intelligence artificielle, un marché désormais dominé par Nvidia. Il y a environ deux semaines, le nouveau DG d'Intel, Lip-Bu Tan, a déclaré qu'il allait céder des actifs non essentiels à sa mission et créer de nouveaux produits, notamment des semi-conducteurs sur mesure, afin de mieux répondre aux besoins de ses clients.

* Goldman Sachs (+2,4%) a aussi tiré profit de la forte volatilité des marchés. La banque a dégagé sur les trois premiers mois de l'année un profit net de 4,74 milliards de dollars, soit 14,12 dollars par action, contre 4,13 Mds$ et 11,58$ par titre un an plus tôt. Le chiffre d'affaires s'est élevé à 15,1 milliards de dollars, en hausse de 6%. Des résultats supérieurs aux attentes du marché. Les revenus issus du trading d'actions de la banque d'affaires ont bondi de 27% au premier trimestre à 4,19 milliards de dollars, un record. Ceux issus de l'activité de négoce de titres à revenu fixe (obligations, devises et matières premières) ont augmenté de 2% à 4,4 Mds$. Les revenus de la banque d'investissement ont en revanche reculé de 8% à 1,91 milliard de dollars, freinés par la moindre volonté des clients de conclure des fusions et des accords de financement importants dans un environnement peu porteur.

"Bien que nous entamions le deuxième trimestre avec un environnement opérationnel sensiblement différent de celui du début de l'année, nous restons confiants dans notre capacité à continuer d'accompagner nos clients", a déclaré le DG du groupe financier, David Solomon. GS a constitué des provisions pour pertes de crédit à hauteur de 287 millions de dollars, contre 318 M$ l'année dernière et 410 M$ de consensus. Ces résultats sont les premiers depuis que l'avenir de David Solomo à la tête de la banque a été scellé par une prime de rétention de 80 millions de dollars - critiquée par les sociétés de conseil aux investisseurs - qui le maintient chez Goldman jusqu'en 2030 au moins.

* Apple bondit de près de 4%. Les investisseurs considèrent l'exemption temporaire de droits de douane sur les produits électroniques annoncée vendredi soir par l'administration Trump comme une victoire temporaire importante pour la firme à la pomme et d'autres géants technologiques dépendants de la Chine. Cette décision alimente également le sentiment croissant que Trump est prêt à écouter et à céder un peu de terrain sur la question des droits de douane. Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a déclaré que les produits technologiques exemptés seraient soumis à de nouveaux droits de douane dans les deux prochains mois. Selon des analystes chez Deutsche Bank, ces catégories de produits représentent environ 20% des importations américaines en provenance de Chine.

Brandon Nispel, analyste chez KeyBanc affirme que l'exemption de droits de douane est " probablement le meilleur scénario " pour Apple car elle " élimine un risque important. Cependant, l'action n'est pas encore totalement tirée d'affaire, car les prévisions de croissance restent élevées pour l'exercice 2026 et un repli des dépenses de consommation est probablement en cours". Pour les équipes de 'BI', l'exemption tarifaire accordée aux smartphones pour les droits de douane supplémentaires de 125% imposés par la Chine, qui ramènent la surtaxe à seulement 20%, sera probablement gérable pour Apple. Selon les calculs de BI, il pourrait y avoir un impact sur la marge brute de 100 à 170 pb pour chaque augmentation de 10% des droits de douane, qu'Apple peut compenser par des hausses de prix dans son segment des services et une réduction des dépenses d'exploitation.

* KKR (+2,8%) va racheter OSTTRA pour environ 3,1 milliards de dollars. Basée à Londres, OSTTRA, coentreprise entre la place de marché de produits dérivés CME et le fournisseur de données financières S&P Global, fournit des services post-négociation pour les marchés mondiaux de gré à gré sur les classes d'actifs de taux d'intérêt, de change, d'actions et de crédit. La transaction devrait être finalisée au second semestre 2025. Le produit de l'opération sera partagé entre les deux sociétés.

* Amgen (+2%). Le fabricant suisse de médicaments génériques Sandoz a déclaré qu'il avait intenté une action en justice antitrust aux États-Unis contre Amgen pour le renforcement présumé de la position sur le marché de son médicament à succès, Enbrel (étanercept).

* Alphabet (+2,7%) et Nvidia auraient rejoint des investisseurs en capital-risque de premier plan pour soutenir Safe Superintelligence (SSI), selon les sources de 'Reuters'. Cette startup cofondée par l'ancien scientifique en chef d'OpenAI, Ilya Sutskever, est rapidement devenue l'une des startups d'intelligence artificielle les plus importantes quelques mois après son lancement.

* Pfizer (+1%) a interrompu le développement du danuglipron, son comprimé expérimental contre l'obésité, après qu'un patient participant à un essai clinique a subi une lésion hépatique potentielle induite par le médicament, qui s'est résorbée après l'arrêt de la prise du traitement. Pfizer a testé différentes doses d'une version quotidienne du danuglipron, après avoir abandonné à la fin de l'année 2023 le développement d'une version à administration biquotidienne. La plupart des patients avaient alors interrompu l'essai à mi-parcours en raison d'un taux élevé d'effets secondaires, tels que des nausées et des vomissements. Danuglipron appartient à une classe de médicaments visant à cibler l'hormone intestinale GLP-1.

* Meta Platforms (+0,2%). La maison-mère de Facebook, est confrontée dès ce lundi à un procès aux enjeux considérables, le géant de la tech se voyant accusé d'avoir construit un monopole illégal sur les réseaux sociaux en acquérant Instagram et WhatsApp pour plusieurs milliards de dollars alors que les autorités antitrust américaines cherchent à annuler ces acquisitions.

* Warner Bros Discovery (+3,6%). La société a décidé de ne pas vendre le radiodiffuseur polonais TVN, mettant un terme aux spéculations entourant l'avenir de la société, qui est considérée comme stratégique par le gouvernement polonais.

Société(s) citée(s) :
Société(s) citée(s) :