Wall Street : le Nasdaq décroche avec Broadcom

Wall Street s'affiche sous pression ce vendredi, alors que Broadcom pèse lourdement sur les compartiments technologiques de la cote. Le groupe est sanctionné surtout du fait du manque de perspectives ...

Wall Street s'affiche sous pression ce vendredi, alors que Broadcom pèse lourdement sur les compartiments technologiques de la cote. Le groupe est sanctionné surtout du fait du manque de perspectives chiffrées dans l'IA. Le Nasdaq corrige désormais de 0,96% à 23.367 pts, tandis que le S&P 500 perd 0,56% à 6.862 pts. Le Dow Jones grappille néanmoins 0,17% à 48.787 pts, au plus haut de son histoire... Sur le Nymex, le baril de brut WTI cède 0,6% à 57,3$. L'once d'or fin prend 0,8% à 4.316 pts. L'indice dollar grappille 0,1% face à un panier de devises.

La cote américaine est donc revenue sur ses sommets ou presque cette semaine, soutenue par la baisse des taux de la Fed. Les grandes valeurs technologiques ont pourtant souffert, à l'image d'Oracle hier, mais les investisseurs ont apparemment opéré des arbitrages au profit de dossiers un peu moins "orientés IA". Le Dow Jones se rapproche ainsi des 49.000 points en cette fin d'année, tandis que le S&P 500 est de retour sur les 6.900 pts.

L'événement de la semaine concernait la Fed, qui a comme prévu abaissé mercredi soir ses taux d'un quart de point à l'issue d'un vote de son comité monétaire - de nouveau marqué par des divisions notables. Le taux des 'fed funds' est ainsi ramené entre 3,50 et 3,75%. Selon l'outil CME FedWatch, la probabilité d'un statu quo monétaire lors de la prochaine réunion, le 28 janvier 2026, se situe à 75,6%. Ainsi, les marchés misent sur une pause lors de la prochaine réunion et peut-être même de la suivante, programmée en mars.

La Fed a en effet laissé entendre qu'elle ralentirait probablement le rythme d'assouplissement dans les mois à venir dans l'attente de signaux plus clairs sur le marché de l'emploi, tandis que l'inflation "reste quelque peu élevée". La banque centrale US a ramené l'objectif de taux des "fed funds" dans une fourchette de 3,50% à 3,75%, soit une nouvelle baisse de 25 points de base. Parmi les voies dissidentes, Austan Goolsbee, le président de la Fed de Chicago et Jeffrey Schmid, celui de l'antenne de Kansas City, ont voté en faveur d'un statu quo. L'économiste Stephen Miran, choisi par Trump, a opté à nouveau pour une réduction d'un demi-point de pourcentage.

Durant la conférence de presse qui a suivi les annonces de la Fed, son président Jerome Powell a jugé que l'institution monétaire était "bien positionnée" pour répondre aux défis économiques à venir, refusant toutefois de donner des indications quant à une nouvelle baisse des taux dans un avenir proche. "Je tiens à souligner qu'après avoir abaissé notre taux directeur de 75 points de base depuis septembre et de 175 points de base depuis septembre dernier, le taux des fonds fédéraux se situe désormais dans une large fourchette de prévisions correspondant au taux neutre et que nous sommes bien placés pour patienter et observer la manière dont l'économie évolue"... "La politique monétaire n'est pas prédéterminée et nous prendrons nos décisions réunion après réunion", a ajouté Powell.

Les nouvelles projections du 'dot plot' de la Fed montrent une position médiane avec une seule baisse de taux d'un quart de point en 2026, comme dans les perspectives présentées en septembre. La Fed table sur un ralentissement de l'inflation à environ 2,4% à la fin de l'année prochaine, malgré une accélération attendue de la croissance économique au-dessus de 2,3%. Le taux de chômage est anticipé à 4,4%.

Powell a souligné que la prochaine décision de la Fed... ne serait probablement pas un relèvement des taux, au regard des nouvelles projections des responsables de la banque centrale. "Je ne pense pas qu'une hausse des taux soit le scénario de base de qui que ce soit", a-t-il dit. Le patron de la banque centrale américaine s'est montré en effet nettement moins préoccupé par l'inflation.

La Fed a par ailleurs annoncé qu'elle allait prochainement entamer des achats d'obligations d'État à court terme afin de gérer la liquidité du marché et de garantir ainsi à la banque centrale un contrôle ferme de son système de taux directeurs. Ces achats "à visée technique" débuteront ce vendredi. Dès le début, le volume d'achats s'élèvera à environ 40 milliards de dollars de bons du Trésor par mois. La Fed a indiqué que ses achats resteraient élevés pendant quelques mois afin de compenser les fortes hausses attendues des engagements hors réserves en avril. Par la suite, le rythme des achats devrait diminuer sensiblement. Powell a déclaré que ces achats visaient uniquement à maintenir un niveau de réserves suffisant sur le long terme, permettant ainsi un contrôle efficace du taux directeur. Des mesures qui seraient selon lui "sans incidence" sur la politique monétaire.

Le déficit du commerce international des biens et services aux États-Unis pour le mois de septembre 2025, publié hier, s'est affiché à 52,8 milliards de dollars, contre un consensus de place de 66,6 milliards de dollars mesuré par FactSet et un niveau de 59,3 milliards un mois auparavant, en données révisées... Les inscriptions au chômage ont fortement progressé la semaine passée aux États-Unis. Le Département américain au Travail a annoncé pour la semaine close au 6 décembre des inscriptions au chômage au nombre de 236.000, en vive hausse de 44.000 par rapport au niveau de la semaine antérieure et au plus bas depuis trois ans. Le consensus était positionné à 220.000.

Enfin, la semaine se termine par une brochette de responsables de la Fed ce vendredi, Austan Goolsbee, Beth Hammack et Anna Paulson prenant la parole. Paulson, dirigeante de la Fed de Philadelphie, a jugé que la politique monétaire actuelle était encore adaptée pour lutter contre l'inflation et que la principale inquiétude concernait l'état du marché du travail. Elle estime que la posture monétaire actuelle devrait aider à ramener l'inflation vers l'objectif des 2%, d'autant que l'impact des tarifs douaniers devrait progressivement s'estomper. La responsable juge que le niveau actuel des taux demeure quelque peu restrictif. Quant au marché de l'emploi, il plie pour l'heure sans rompre. Elle s'exprimait lors d'un événement de la Delaware State Chamber of Commerce à Wilmington.

La présidente de la Réserve fédérale de Cleveland, Beth Hammack, met pour sa part en garde contre les pressions inflationnistes. Cette orientation plus restrictive contraste avec son opinion antérieure selon laquelle les taux actuels étaient 'à peine restrictifs'. Elle plaide donc désormais pour une politique un peu plus dure, alors que le marché du travail se refroidit progressivement mais que l'inflation demeure supérieure à l'objectif.

Austan Goolsbee, président de la Fed de Chicago, dissident lors de la réunion monétaire mercredi puisqu'il plaidait pour un statu quo monétaire, a enfin indiqué qu'il préférait disposer de plus d'informations sur l'inflation avant de prendre la décision de réduire les taux. Le président de la Réserve fédérale de Kansas City, Jeff Schmid, qui lui aussi entendait laisser les taux inchangés, a déclaré que ses perspectives restaient inchangées et que, selon lui, l'inflation demeurait trop élevée. L'économie affiche une dynamique positive et le marché du travail, bien que ralenti, reste équilibré d'après le responsable. "Actuellement, je constate une économie dynamique et une inflation excessive, ce qui laisse penser que la politique monétaire n'est pas suffisamment restrictive", a déclaré Schmid.

Côté brokers, Goldman Sachs juge que les actions américaines devraient atteindre de nouveaux records l'an prochain, portées par la hausse des bénéfices, grâce à une adoption plus large de l'intelligence artificielle et à une croissance économique toujours robuste. C'est du moins ce qu'affirment les stratèges de GS emmenés par Ben Snider. Ils prévoient selon Bloomberg une progression du bénéfice par action des entreprises du S&P 500 de 12% l'an prochain et de 10% en 2027. Les gains de productivité générés par l'IA devraient contribuer à hauteur d'environ 0,4 et 1,5% respectivement. Snider, nouveau stratège actions US en chef de GS, maintient un objectif de 7.600 pts sur le S&P pour l'année prochaine.

Les valeurs

Broadcom (-10,4%), le géant américain des composants et sous-systèmes analogiques, à signaux mixtes et optoélectroniques, chute à Wall Street malgré ses comptes nettement supérieurs aux attentes. Pour son 4e trimestre fiscal, le groupe a réalisé des revenus de 18,01 milliards de dollars en croissance de 28%, un bénéfice net GAAP de 8,52 milliards de dollars et un bénéfice net ajusté de 9,71 milliards de dollars, ainsi qu'un Ebitda ajusté en progression de 68% à 12,22 milliards de dollars. Le bénéfice ajusté par action est ressorti à 1,95$. Le consensus était de 17,5 milliards de revenus et 1,87$ de bpa ajusté. Le free cash flow a représenté 7,47 milliards de dollars soit 41% des revenus.

Sur l'exercice 2025 juste clos, les revenus ont ainsi progressé de 24% à 63,9 milliards de dollars, pour un bénéfice net quadruplé à 23,1 milliards de dollars et un bénéfice dilué par action de 4,77$. Sur une base ajustée, le bénéfice net a progressé de 42% à 33,7 milliards de dollars ou 6,82$ par titre. Pour le premier trimestre fiscal 2026, les revenus sont attendus voisins de 19,1 milliards de dollars, ce qui représenterait une croissance de 28% et dépasserait les attentes. L'Ebitda ajusté du premier trimestre est anticipé à 67% des revenus, contre 68% sur le trimestre clos.

Le titre a initialement réagi en hausse après bourse hier soir avant de passer dans le rouge, Bloomberg évoquant à ce sujet des propos tenus par le DG Hock Tan lors d'une conférence téléphonique avec les analystes. Il a déclaré que l'entreprise disposait d'un carnet de commandes de produits d'IA d'une valeur de 73 milliards de dollars, dont les livraisons s'échelonneraient sur les six prochains trimestres. Des chiffres qui auraient d'après Bloomberg déçu certains investisseurs. Tan a toutefois tenu à préciser qu'il s'agissait d'un "minimum". "Nous prévoyons une forte augmentation des commandes à mesure que nous recevrons des livraisons au cours des six prochains trimestres", a-t-il déclaré, cité par l'agence. "Notre délai de livraison, selon le produit, peut donc varier de six mois à un an". "Cette conférence téléphonique faisait suite à une flambée du cours de l'action Broadcom, et les investisseurs cherchaient à obtenir davantage de précisions sur le calendrier et les modalités de retour sur investissement de l'IA.

Costco Wholesale (-1,1%), le groupe américain de club-entrepôt sur adhésion, a affiché au 1er trimestre fiscal des revenus de 67,3 milliards de dollars en croissance de 8,3%, pour un bénéfice ajusté par action de 4,34$ dépassant les attentes. La croissance à comparable a atteint 6,4%. Le consensus était de 4,26$ de bpa ajusté pour 67,3 milliards de revenus. Les ventes US à comparable ont augmenté de 5,9%, contre 6,5% au Canada et 8,8% pour les autres marchés. Le bénéfice net trimestriel a atteint 2 milliards de dollars contre 1,8 milliard sur la période correspondante, l'an dernier. Les commissions d'adhésion des membres, à fortes marges, ont progressé de 14% à 1,33 milliard de dollars. Le bénéfice d'exploitation a atteint 2,46 milliards de dollars contre 2,2 milliards sur la période comparable de l'an dernier.

Lululemon, le spécialiste canadien de la création et de la commercialisation de vêtements de sport techniques pour hommes et femmes, en particulier pour le yoga, grimpe de 9,6% à Wall Street. Pour son 3e trimestre fiscal, le groupe a réalisé des revenus en croissance de 7% à 2,57 milliards de dollars, au-dessus des attentes de marché, pour un bénéfice ajusté par action de 2,59$ à comparer à un consensus de 2,2$ environ. Par ailleurs, le directeur général du groupe Calvin McDonald va quitter ses fonctions fin janvier 2026, alors que le titre a perdu la moitié de sa valeur cette année. Le groupe a lancé le processus de recrutement de son successeur. En attendant, la directrice financière du groupe et son directeur commercial assureront l'intérim de la direction générale.

Netskope (-11,5%), le groupe californien de Santa Clara, a publié hier soir pour son 3e trimestre fiscal une perte de 453 millions de dollars et une perte ajustée par action de 10 cents, moins lourde que prévu. Le groupe de cybersécurité spécialisé dans les réseaux pour entreprises de taille moyenne a affiché des revenus de 184 millions de dollars sur la période, largement au-dessus du consensus et en croissance de 33% en glissement annuel. Sur le trimestre entamé, 4e trimestre fiscal, Netskope prévoit une perte ajustée par action allant de 5 à 7 cents, pour des revenus compris entre 188 et 190 millions de dollars. Sur l'exercice, les revenus sont attendus entre 701 et 703 millions de dollars, pour un bpa ajusté de 51 à 53 cents.

Intel (-0,9%), le géant américain des microprocesseurs, aurait testé cette année des outils de fabrication de puces fournis par un fabricant solidement implanté en Chine et par deux filiales étrangères visées par des sanctions américaines, selon deux sources de l'agence Reuters directement informées du dossier. Le groupe, qui avait repoussé les appels à la démission de son DG lancés par le président Trump en août dernier en raison de ses liens présumés avec la Chine, se serait donc selon Reuters procuré ces outils auprès d'ACM Research, un fabricant d'équipements de fabrication de puces basé à Fremont, en Californie. Deux des filiales d'ACM, implantées à Shanghai et en Corée du Sud, figuraient parmi les entreprises interdites l'an dernier d'acquérir des technologies américaines, relève Reuters. Ces entreprises étaient accusées d'avoir soutenu les efforts du gouvernement chinois pour exploiter des technologies commerciales à des fins militaires et fabriquer des puces ou des outils de fabrication de puces de pointe.

Ces deux outils de gravure chimique, utilisés pour retirer de la matière des plaquettes de silicium transformées en semi-conducteurs, auraient été testés en vue d'une utilisation potentielle dans le procédé de fabrication de puces le plus avancé d'Intel, connu sous le nom de 14A. Le lancement initial de ce procédé est prévu pour 2027, ajoute Reuters.

Nvidia (-0,5%) aurait informé ses clients chinois de son intention d'évaluer une augmentation de production de ses puces d'IA H200, les commandes ayant dépassé son niveau actuel de production. C'est du moins ce que croient savoir deux sources de Reuters proches de la question. Le président Trump a indiqué mardi qu'il allait autoriser la commercialisation de ces puces d'IA de Nvidia auprès d'une sélection de clients en Chine, le gouvernement américain collectant au passage 25% des revenus. La demande pour la puce H200 de la part des entreprises chinoises serait si forte que Nvidia envisagerait donc d'augmenter ses capacités de production, d'après une source de l'agence. De grandes entreprises chinoises, dont Alibaba et ByteDance, auraient contacté Nvidia cette semaine au sujet de l'achat de la H200 et souhaiteraient passer d'importantes commandes, avait déjà rapporté Reuters mercredi. Cependant, des incertitudes persistent, le gouvernement chinois n'ayant pas encore donné son feu vert. La production de puces H200 serait actuellement "très limitée", avait indiqué Reuters avant-hier, ajoutant que le groupe se concentrait sur les puces avancées Blackwell et Rubin.

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