Wall Street : la situation au Proche-Orient inquiète, la prudence domine

Wall Street, qui n'a finalement pas réussi à rebondir jeudi, pointe une nouvelle fois dans le rouge en pré-séance. Le S&P500 reste sur cinq jours de baisse et affiche un repli de 4% sur le mois. L'ann...

Wall Street, qui n'a finalement pas réussi à rebondir jeudi, pointe une nouvelle fois dans le rouge en pré-séance. Le S&P500 reste sur cinq jours de baisse et affiche un repli de 4% sur le mois. L'annonce d'une attaque d'Israël contre l'Iran au cours de la nuit fait craindre une escalade du conflit entre les deux pays et un risque d'embrasement au Proche-Orient. Signe de la nervosité ambiante, l'indice Vix, le fameux indice de la peur, a atteint 21,33 points, franchissant la barre psychologique des 20 points pour la première fois depuis le 30 octobre 2023.

Les médias iraniens ont fait état de plusieurs explosions mais un responsable iranien a dit à 'Reuters' qu'elles étaient dues à l'activation des systèmes de défense aérienne. Si le brut s'est dans un premier temps envolé, il a effacé quasi tous ses gains après que la presse iranienne a semblé minimiser l'impact des frappes israéliennes. Le même scénario s'est produit sur les bons du Trésor et le dollar, deux valeurs 'refuge'.

"Les marchés ont tendance à réagir de manière excessive au début", indique Nathan Sheets, économiste en chef chez Citigroup, dans une interview accordée à 'Bloomberg TV'. "Cette réaction excessive reflète cette prime d'incertitude lorsqu'elle éclate pour la première fois, mais ces événements finissent généralement par être moins perturbateurs que nous le craignions".

Outre ces inquiétudes géopolitiques, les opérateurs doivent désormais faire face à des taux qui resteront plus élevés pendant plus longtemps. Une série de chiffres économiques solides et plusieurs discours bellicistes de membres de la Fed ont en effet conduit les investisseurs à réduire leurs paris sur des baisses de taux cette année. Une révision des attentes encore renforcée cette semaine par les dernières déclarations de Jerome Powell. L'outil 'Fedwatch' du CME Group attribue désormais une probabilité de 81% à un nouveau statu quo de la Fed en juin.

"Étant donné que le marché n'a aucune idée de la durée ou de l'ampleur du conflit, il n'y a pas d'argument convaincant pour maintenir des positions à risque importantes avant le week-end. Les actifs à risque devraient rester en retrait", estime Prashant Newnaha, stratège sur les taux chez TD Securities à Singapour.

Si l'agenda macro du jour est vide outre-Atlantique, le programme micro est lui encore étoffé avec plusieurs noms bien connus qui passeront sur le grill : Procter&Gamble, American Express et Schlumberger. Hier, Netflix a dépassé toutes les attentes au premier trimestre mais ses prévisions ont déçu.

Sur le marché pétrolier, le brut gagne un peu de terrain mais la hausse est contenue avec un baril de brut léger américain WTI (contrat mai) qui avance de 0,8% à 83,3$ sur le Nymex. L'or est stable à 2.380 dollars l'once.

Sur le marché obligataire, les taux reculent avec un rendement du Treasury à dix ans qui se replie de 5,3 points de base à 4,580%. L'indice dollar cède 0,1% face à un panier de devises et l'euro grignote 0,1% face au billet vert à 1,0656$ entre banques. Le Bitcoin perd encore 1,5% à 61.680$.

Les valeurs

* Netflix perdait plus de 4% en post-séance hier soir à New York alors que le géant du streaming a enregistré son meilleur début d'année depuis 2020. Mais les opérateurs ont préféré retenir des prévisions de revenus plutôt décevantes pour le deuxième trimestre. La société a gagné 9,33 millions de nouveaux clients sur les trois premiers mois de l'année, près du double du niveau attendu par le marché, grâce à une solide gamme de programmes originaux et à une forte répression sur les partages de mots de passe. L'entreprise estime que plus de 100 millions de personnes utilisaient un compte pour lequel elles n'avaient pas payé. Netflix a attiré de nouveaux clients dans le monde entier, se montrant particulièrement dynamique aux États-Unis et au Canada. Le groupe a indiqué que ses offres avec publicités représentent par ailleurs désormais 40% des nouveaux abonnés dans les marchés où elles sont disponibles. Au total, le nombre d'abonnés à travers le monde atteignait 269,6 millions à fin mars. Sur le trimestre, Netflix a fait état d'un bénéfice net de 2,33 milliards de dollars ou 5,28 dollars par action, contre 2,88 dollars un an plus tôt, pour un chiffre d'affaires en hausse de 14,8% à près de 9,4 milliards de dollars. Le résultat opérationnel a bondi de 54% à 2,6 Mds$.

Netflix a également annoncé qu'il cesserait de déclarer les abonnements trimestriels payants et les revenus par abonné à partir du premier trimestre 2025. Ces mesures ont longtemps été le principal moyen utilisé par Wall Street pour évaluer les performances de l'entreprise, mais Netflix souhaite désormais se concentrer sur des mesures traditionnelles telles que les ventes et les bénéfices. La direction a précisé qu'elle continuera de signaler les principales étapes franchies en matière d'abonnement. "Le mouvement visant à ne plus divulguer les abonnements trimestriels à partir de l'année prochaine ne sera pas bien accueilli", a déclaré à 'Bloomberg' Paolo Pescatore, fondateur et analyste chez PP Foresight. "D'autant plus compte tenu de la croissance du nombre d'abonnés que le roi du streaming a connue au cours de la dernière année". Pour le trimestre en cours, le groupe vise un chiffre d'affaires de 9,49 Mds$, contre un consensus de 9,537 milliards d'euros, avec un bpa de 4,68$ contre 4,54$ de consensus.

* Blackstone. La société de capital-investissement serait sur le point de conclure un accord pour vendre sa participation majoritaire dans le distributeur sud-coréen de médicaments en gros Geo-Young au fonds de rachat nord-asiatique MBK Partners pour plus d'un milliard de dollars, selon trois sources citées par 'Reuters'.

* Apple a supprimé plusieurs médias sociaux, notamment WhatsApp et Threads de Meta Platforms, de sa boutique d'applications en Chine. Le fabricant d'iPhone a également enlevé les services de messagerie Telegram et Signal de sa boutique, sur la demande de Pékin, affirme 'Bloomberg'. Apple, qui s'est toujours conformé à l'un des régimes de censure d'Internet les plus rigides au monde, a déclaré que l'Administration chinoise du cyberespace avait ordonné la suppression des applications pour des raisons de sécurité nationale. "Nous sommes obligés de respecter les lois des pays dans lesquels nous opérons, même si nous ne sommes pas d'accord", a déclaré un porte-parole d'Apple à 'CNN'. " L'Administration chinoise du cyberespace a ordonné la suppression de ces applications de la vitrine chinoise en raison de ses préoccupations en matière de sécurité nationale... ".

En août, la Chine a demandé à tous les développeurs d'applications mobiles de s'inscrire auprès du gouvernement d'ici la fin mars, sous peine de cesser leurs activités. Pékin interdit depuis des années l'utilisation de plateformes de messagerie et de réseaux sociaux étrangers comme WhatsApp, en utilisant ce que l'industrie appelle le 'Grand Pare-feu'. Cela a aidé des applications telles que WeChat de Tencent Holdings à dominer l'internet local, même si les utilisateurs chinois peuvent toujours utiliser des réseaux privés virtuels pour accéder aux médias étrangers. Les VPN sont couramment utilisés en Chine pour accéder à des contenus bloqués à l'intérieur du pays. Les applications moins sensibles avec des activités chinoises plus importantes telles que Duolingo devraient se conformer au dernier régime de licence réglementaire et rester opérationnelles, déclare à l'agence Rich Bishop, co-fondateur et DG d'AppInChina. "Cela signifie que les consommateurs chinois seront limités aux applications chinoises, avec un petit nombre d'applications internationales", précise le dirigeant, dont le cabinet de conseil a reçu des dizaines de demandes d'entreprises sur la manière de rester en conformité et de publier des logiciels en Chine. "C'est un changement assez important - cela va donc, dans un sens, couper davantage les citoyens chinois du reste du monde".

* Sony Pictures Entertainment et Apollo Global Management pourraient déposer une offre commune sur Paramount Global. Selon les sources de 'Reuters', les deux sociétés n'ont pas encore contacté leur cible, qui est en pourparlers exclusifs avec Skydance Media, bien que certains investisseurs aient exhorté Paramount à explorer d'autres options. L'offre du duo, qui est encore en cours de structuration, serait en cash et conduirait à une privatisation du célèbre studio derrière 'Mission Impossible' et 'Le Parrain'.

Dans le cadre de l'accord proposé, Sony acquerrait une participation majoritaire dans la coentreprise et exploiterait la société de médias ainsi que sa bibliothèque de films. Le président de Sony Pictures Entertainment, Tony Vinciquerra, dirigerait probablement le studio et profiterait du marketing et de la distribution de Sony. Apollo prendrait le contrôle du réseau de télévision CBS et de ses chaînes locales, une mesure requise par les lois qui limitent la propriété étrangère des réseaux américains de télévision. La société de capital-investissement avait précédemment fait une offre de 26 milliards de dollars pour racheter Paramount Global, dont la valeur d'entreprise à la fin de 2023 était d'environ 22,5 milliards de dollars. Mais un comité spécial du conseil d'administration de Paramount a choisi de poursuivre ses négociations avancées avec Skydance, plutôt que de rechercher un accord "qui pourrait ne pas aboutir" avec Apollo.

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