Retour du rouge ? Après une séance euphorique vendredi, les contrats à terme sur actions américaines pointent en léger repli, les inquiétudes concernant les tarifs douaniers et leur impact sur l'inflation et les bénéfices des entreprises revenant au premier plan. Wall Street a touché de nouveaux sommets en fin de semaine dernière, portée par les propos jugés accommodants de Jerome Powell.
Lors du symposium de Jackson Hole, le président de la Fed a en effet laissé entendre qu'il était ouvert à l'idée d'un assouplissement monétaire. "Avec une politique restrictive, les perspectives de base et l'évolution de la répartition des risques pourraient justifier un ajustement de notre politique", a indiqué Jerome Powell, évoquant par ailleurs une augmentation des risques concernant l'emploi, alors que l'offre de main-d'oeuvre se serait affaiblie parallèlement à la demande. Les traders estiment désormais à 87% la probabilité d'une baisse des taux de la Fed le mois prochain, selon l'outil CME FedWatch.
"Cette nouvelle renforce notre opinion selon laquelle la Fed assouplira sa politique monétaire en réponse à l'affaiblissement de la demande de travail et que le risque pesant sur nos prévisions d'un ralentissement significatif de la croissance mondiale au cours du trimestre est orienté à la hausse", estime Bruce Kasman, responsable mondial de la recherche économique chez JP Morgan. "La voie à suivre n'est pas si simple", tempère Daniel Murray, directeur général d'EFG Asset Management. "Si un assouplissement de la politique monétaire est généralement bien accueilli par les marchés, le contexte est également important et une incertitude importante persiste concernant l'environnement macroéconomique et celui des entreprises".
"Les pressions sur les prix liées aux droits de douane s'étendent à l'ensemble du secteur des biens et semblent se propager au secteur des services", ajoutent les économistes de Wells Fargo dans une note reprise par 'Bloomberg'. "Nous prévoyons à terme un pic d'inflation PCE sous-jacente légèrement supérieur à 3% d'ici la fin de l'année. Face à une inflation qui dévie dans la mauvaise direction et à un marché du travail en perte de vitesse, la Réserve fédérale est confrontée à des arbitrages difficiles pour concilier son double mandat".
Le président de la Fed de New York, John Williams, doit s'exprimer plus tard dans la journée, et les investisseurs seront attentifs à ses propos pour savoir s'il partage la vision de Jerome Powell en matière de politique monétaire.
Les marchés seront confrontés à deux tests clés plus tard dans la semaine, avec la publication des chiffres de l'inflation PCE aux États-Unis, qui devraient montrer une inflation sous-jacente atteignant son plus haut niveau depuis fin 2023, à 2,9%, et les résultats de Nvidia mercredi soir. Les opérateurs anticipent une nouvelle envolée des profits de la star de l'IA et espèrent ainsi que cette publication apaisera les craintes concernant les dépenses en IA et confirmera que la récente hausse du marché boursier ne s'est pas transformée en une bulle technologique. Les résultats de Dell, Dick's Sporting Goods, Best Buy, Dollar General et Abercrombie & Fitch animeront également la semaine.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI avance timidement de 0,3% à 64$. L'once d'or fin régresse de 0,25% à 3.363$. L'indice dollar rebondit de 0,2% face à un panier de devises à 97,8 points. Le bitcoin demeure sous pression vers les 111.300$.
Les valeurs
* Keurig Dr Pepper va racheter JDE Peet's dans le cadre d'une transaction entièrement en numéraire valorisant sa cible 15,7 milliards d'euros. Selon les termes de l'opération, KDP versera aux actionnaires de JDE Peet's 31,85 euros par action, soit une prime de 33% par rapport au cours moyen pondéré en fonction des volumes sur 90 jours de JDE Peet. La firme néerlandaise versera un dividende de 0,36 euro par titre, comme précédemment déclaré, avant la clôture de l'opération, sans réduction du prix de l'offre. A l'issue de l'acquisition, KDP prévoit de se scinder en deux sociétés indépendantes cotées en bourse aux États-Unis, créant un challenger à forte croissance sur le marché attractif des boissons rafraîchissantes en Amérique du Nord ("Beverage Co") et la première entreprise mondiale spécialisée dans le café ("Global Coffee Co").
* Thoma Bravo serait sur le point d'acquérir Verint Systems, fabricant de logiciels pour centres d'appels, selon des sources proches du dossier citées par 'Bloomberg'. L'accord valoriserait Verint environ 2 milliards de dollars, dette comprise. Un accord pourrait être annoncé dès ce lundi. Aucune décision définitive n'a été prise et les discussions pourraient encore échouer, tandis que le calendrier ou les conditions pourraient encore changer, précisent les sources. Basée à Melville, dans l'État de New York, Verint se présente comme un leader de l'automatisation de l'expérience client et compte quelque 10 000 clients dans plus de 175 pays, selon son site web. L'entreprise est cotée au Nasdaq depuis 2002. Elle pèse environ 1,2 milliard de dollars. Plus tôt ce mois-ci, Thoma Bravo s'était déjà signalé en annonçant le rachat de Dayforce, fournisseur de logiciels de ressources humaines, pour 12,3 milliards de dollars, dette comprise, signant ainsi l'une de ses plus importantes opérations de retrait de la cote.