Wall Street s'affiche maintenant stable avant bourse ce mercredi, après deux rapports relativement rassurants concernant le marché américain du travail. L'incertitude persiste néanmoins suite à un rapport de CNN indiquant que le président élu Donald Trump envisagerait une déclaration d'urgence économique nationale, afin de construire son nouveau programme tarifaire en utilisant l'International Economic Emergency Powers Act, qui autorise un président à gérer les importations en cas d'urgence nationale. Les informations concernant d'éventuelles surtaxes imposées aux partenaires commerciaux des États-Unis ont tenu les investisseurs en haleine depuis l'élection présidentielle. Une telle guerre commerciale pourrait cependant attiser plus encore les pressions inflationnistes. S&P 500, Nasdaq et DJIA sont quasiment inchangés, à une demi-heure de l'ouverture.
Hier soir, les principaux indices US avaient corrigé suite à un indicateur d'inflation préoccupant de l'ISM des services. Le Nasdaq menait la correction avec une chute de 1,89%. Ainsi, les craintes d'inflation font leur retour, avec une composante prix de l'ISM qui alarme les investisseurs. Nvidia décrochait hier soir de 6,2% après avoir renoué en début de séance avec ses pics historiques...
Le bitcoin trébuche de 5,4% sur 24 heures à 95.300$ environ. Sur les marchés obligataires, le rendement du T-Bond à 10 ans demeure tendu à 4,72% avec les craintes d'inflation, contre 4,94% sur le '30 ans'. Selon l'outil FedWatch du CME Group, les taux de la Fed devraient rester inchangés entre 4,25 et 4,50% le 29 janvier, à l'issue de la prochaine réunion monétaire. Un statu quo est désormais également l'hypothèse la plus probable pour le 19 mars et la réunion suivante. Le même outil montre que les taux devraient baisser de 25 ou 50 points de base d'ici la fin de l'année - à moins évidemment que la reprise de l'inflation ne se confirme.
Hier, l'indice ISM des services américains pour le mois de décembre 2024 s'est affiché à 54,1, contre un consensus FactSet de 53 et un niveau de 52,1 un mois auparavant. La mauvaise surprise provient de l'indice des prix, à 64,4 contre 58,2 en novembre. C'est la première fois que cet indicateur des prix dépasse les 60 depuis janvier 2024. L'indice ressort même au plus haut depuis février 2023.
Le rapport JOLTS sur les ouvertures de postes aux États-Unis pour le mois de novembre a fait ressortir près de 8,1 millions d'ouvertures, contre 7,7 millions de consensus FactSet et 7,84 millions un mois plus tôt - ce qui est donc plutôt de bon augure avant le rapport gouvernemental sur la situation de l'emploi de vendredi.
Les créations de postes non-agricoles de décembre se sont affichées au nombre de 122.000 selon le dernier rapport d'ADP sur la question. Le consensus FactSet se situait à 135.000. Les embauches ont ralenti dans plusieurs secteurs. "L'emploi dans le secteur manufacturier a diminué pour le troisième mois consécutif. Le marché du travail a connu un rythme de croissance plus modeste au cours du dernier mois de 2024, avec un ralentissement des embauches et des gains salariaux. Les soins de santé se sont démarqués au second semestre, créant plus d'emplois que tout autre secteur", selon Nela Richardson, cheffe économiste d'ADP. Ce sont les grandes entreprises de plus de 500 personnes qui ont créé l'essentiel des emplois en décembre, avec 97.000 nouveaux postes, contre 11.000 pour les entreprises de 250 à 499.
Les inscriptions au chômage ont à nouveau reculé la semaine passée aux Etats-Unis. Le Département américain au Travail a fait état pour la semaine close 4 janvier, d'inscriptions au chômage au nombre de 201.000, en repli de 10.000 par rapport au niveau révisé de la semaine antérieure et au plus bas depuis février. Le consensus était positionné à 214.000.
Christopher Waller, gouverneur de la Fed, a indiqué que l'inflation devrait selon lui poursuivre son recul en 2025, ce qui permettrait à la banque centrale américaine de réduire encore ses taux, à un rythme qui reste néanmoins à déterminer. Il note que si l'inflation semble s'être arrêtée au-dessus de l'objectif de 2% ces derniers mois, ces tensions sur les prix devraient continuer de ralentir aux États-Unis, même si le rythme de l'amélioration est plus incertain. "Ces progrès minimes ont conduit à des appels à ralentir ou à arrêter la réduction du taux directeur", a déclaré Waller lors d'un événement de l'OCDE à Paris. "Cependant, je pense que l'inflation continuera de régresser vers notre objectif de 2% à moyen terme et que de nouvelles réductions de taux seront appropriées".
Les Minutes de la dernière réunion monétaire de la Fed seront connues à 20 heures, alors que les chiffres du crédit à la consommation de novembre seront annoncés à 21 heures (consensus +9,1 milliards de dollars). A suivre aussi, le traditionnel rapport hebdomadaire du Département à l'Énergie sur les stocks pétroliers domestiques, pour la semaine close le 3 janvier. Christopher Waller de la Fed aura enfin son mot à dire.
Les annonces de responsables de la banque centrale américaine se multiplieront jeudi, avec notamment Patrick Harker, Thomas Barkin, Jeffrey Schmid et Michelle Bowman. Les investisseurs suivront aussi à 16 heures les stocks finaux de grossistes de novembre (consensus -0,2%).
La principale statistique de la semaine est pour vendredi, avec le rapport mensuel gouvernemental sur la situation de l'emploi du mois de décembre (14h30, consensus FactSet 153.000 créations de postes dont 136.500 dans le privé, pour 4,2% de taux de chômage). L'indice préliminaire du sentiment des consommateurs américains de l'Université du Michigan pour janvier sera enfin révélé à 16 heures vendredi (consensus 73,3).
En ce qui concerne les publications financières trimestrielles d'entreprises cotées à Wall Street, Cal-Maine Foods annonçait hier soir après bourse, alors que Jefferies Financial et Albertsons dévoilent leurs chiffres ce mercredi. Vendredi, ce sera - déjà - l'ouverture du bal des résultats du quatrième trimestre, avec notamment Wells Fargo, Constellation Brands, Walgreens Boots Alliance, Tilray et Delta Air Lines.
Les valeurs
Apple ne parvient pas à convaincre l'Indonésie, qui a maintenu l'interdiction de la vente des iPhone 16, affirmant que le plan d'un milliard de dollars du groupe californien à la pomme, comprenant la construction d'une usine AirTag locale, serait insuffisant pour répondre aux besoins d'investissement locaux. Les règles locales obligent Apple à produire une partie de ses smartphones ou composants sur place, tandis que l'AirTag n'est qu'un accessoire, d'après le Ministre de l'Industrie Agus Gumiwang Kartasasmita, cité par Bloomberg. Le gouvernement ne dispose donc pas de base pour délivrer les certificats de contenu local dont Apple aurait besoin pour vendre son appareil phare en Indonésie. "Apple doit négocier avec nous afin que nous puissions délivrer un certificat", a asséné le ministre. Les dirigeants du groupe sont à Jakarta pour négocier avec le gouvernement, afin de lever cette interdiction imposée en octobre.
Amazon... Anthropic, startup d'IA rivale d'OpenAI, est en phase de discussions avancées en vue d'une levée de fonds de 2 milliards de dollars qui la valoriserait 60 milliards de dollars, indiquent Bloomberg et le Wall Street Journal. Lightspeed Venture Partners mènerait ce nouveau tour de table, d'après les sources de Bloomberg. La valorisation cible de 60 milliards comprendrait les 2 milliards potentiellement levés. En novembre, Amazon avait indiqué son intention d'investir 4 milliards de dollars supplémentaires dans Anthropic, renforçant ainsi sa participation par le biais d'obligations convertibles à commencer par une injection de 1,3 milliard de dollars. "Une partie du reste des 4 milliards" pourrait parvenir à Anthropic dans le cadre de la nouvelle levée de fonds envisagée, d'après une source de Bloomberg. Menlo Ventures devrait aussi participer au nouveau round de financement.
Amazon a indiqué par ailleurs hier qu'Amazon Web Services allait investir environ 11 milliards de dollars afin d'étendre son infrastructure en Géorgie, pour prendre en charge les technologies de cloud computing et d'IA. Les investissements dans les comtés de Butts et Douglas devraient créer selon AWS des centaines d'emplois, et renforcer la position de la Géorgie en tant que plaque tournante de l'innovation numérique. AWS envisage les créations d'au moins 550 nouveaux emplois hautement qualifiés.
ExxonMobil a indiqué que le recul des bénéfices de raffinage et une faiblesse d'autres activités réduiraient ses résultats pour le quatrième trimestre, en comparaison du trimestre précédent. Le colosse pétrolier spécifie que les cessions d'actifs dans l'amont auraient tout de même un impact positif de 400 millions de dollars environ, mais que les dépréciations globales coûteraient près de 600 millions de dollars. Les marges du raffinage du pétrole réduiraient ses bénéfices de 300 à 700 millions de dollars, alors que les effets de calendrier entraîneraient une réduction de 500 à 900 millions de dollars. Exxon a aussi indiqué, selon des informations transmises à la SEC, que la baisse des marges dans son activité chimique entraînerait une baisse des bénéfices d'environ 400 millions de dollars par rapport au troisième trimestre.
Cal-Maine, le géant américain de la production, de la commercialisation et de la distribution d'oeufs frais, a publié pour son deuxième trimestre fiscal un bénéfice net de 219 millions de dollars et un bénéfice par action de 4,47$, pour des revenus de 955 millions de dollars environ. Sherman Miller, président et DG du groupe, a déclaré : "Cal-Maine Foods a réalisé une très bonne performance financière et opérationnelle au deuxième trimestre de l'exercice 2025. La forte demande d'oeufs a entraîné une augmentation significative des douzaines vendues pour le trimestre, qui comprenait la poussée saisonnière précédant les vacances de Thanksgiving et les ventes de notre dernière acquisition finalisée en juin. Nos résultats reflètent également la hausse des prix du marché, qui ont continué d'augmenter au cours de cet exercice (...)".
Albertsons, le groupe américain de distribution, a réduit le haut de fourchette de ses estimations de chiffre d'affaires et raté le consensus de revenus du troisième trimestre, dans un contexte concurrentiel féroce. Le groupe envisage désormais des ventes à comparable 2024 en croissance de 1,8% à 2%, contre 1,8 à 2,2% auparavant. Les ventes sur le trimestre clos se sont établies quant à elles à 18,8 milliards de dollars, contre 18,6 milliards un an plus tôt. Sur l'exercice, le bénéfice ajusté par action est maintenant anticipé entre 2,25 et 2,31$, ce qui représente en revanche une révision en hausse, alors que le bénéfice ajusté du troisième trimestre fiscal juste clos a été de 401 millions de dollars soit 69 cents par action. Pour le trimestre se terminant fin novembre, les ventes comparables ont augmenté de 2% et les ventes digitales de 23%.