Wall Street consolide de nouveau ce mercredi, cédant aux prises de bénéfices sur les sommets et pour la deuxième séance consécutive, alors que les principaux indices venaient d'atteindre des records dans le sillage de l'élection de Donald Trump. Le S&P 500 se tasse de 0,01% à 5.983 pts, tandis que le Dow Jones grappille 0,24% à 44.015 pts. Le Nasdaq recule de 0,26% à 19.231 pts. Parmi les valeurs les plus travaillées actuellement, Tesla cède 0,4%, tandis que Nvidia fléchit de 1%, à une semaine de sa publication trimestrielle.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI perd 0,9% à 67,5$. L'once d'or fin évolue peu à 2.599$. L'indice dollar prend 0,4% face à un panier de devises de référence.
Le président élu Donald Trump a annoncé son intention de nommer l'homme le plus riche du monde, Elon Musk, à la tête d'un nouveau département de l'Efficacité gouvernementale. Cette structure inédite, qui fonctionnera en dehors du cadre traditionnel de l'administration, sera co-dirigée par l'ancien candidat républicain Vivek Ramaswamy. Cette nomination stratégique permettra à Musk de conserver ses fonctions à la tête de Tesla, X ou SpaceX, le poste ne nécessitant pas l'approbation du Sénat. L'entrepreneur, qui a soutenu financièrement la campagne de Donald Trump, voit ainsi son influence politique s'accroître considérablement. Elon Musk et Vivek Ramaswamy "ouvriront la voie à mon administration pour qu'elle démantèle la bureaucratie gouvernementale, qu'elle réduise considérablement l'excès de réglementations, qu'elle coupe les dépenses déraisonnables et qu'elle restructure les agences fédérales", a expliqué Trump.
Musk s'est engagé à une transparence totale, promettant de publier en ligne toutes les actions du département et d'établir un classement des "dépenses les plus absurdes de l'argent des contribuables". Lors d'un meeting à Madison Square Garden en octobre, il avait affirmé pouvoir réduire le budget fédéral d'au moins 2.000 milliards de dollars... Le département devra achever ses travaux d'ici le 4 juillet 2026, date symbolique du 250e anniversaire de la Déclaration d'Indépendance. Notons aussi le clin d'oeil à Musk avec ce "Department of Government Efficiency", l'acronyme DOGE étant une référence à la cryptomonnaie préférée du multimilliardaire.
L'équipe de Trump prend par ailleurs forme, le président élu ayant sélectionné le parlementaire républicain Mike Waltz pour occuper le poste de conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche. Trump a aussi choisi la gouverneure du Dakota du Sud, Kristi Noem, pour le poste de secrétaire à la Sécurité intérieure.
Le bitcoin accroche de nouveaux sommets ce mercredi sur les 92.000$, en hausse de 7% sur 24 heures. La spéculation reste donc vive sur les principales "cryptos", dopées par l'élection de Trump.
Les marchés financiers misent toujours sur une croissance alimentée par les réductions d'impôts et la dérégulation, écartant les risques d'une résurgence de l'inflation ou d'un creusement supplémentaire des déficits. De plus, la relation étroite entre Trump et Elon Musk laisse espérer une posture plutôt favorable aux "big techs" de la future nouvelle administration américaine...
Sur le front économique aux États-Unis ce mercredi, l'indice américain des prix à la consommation du mois d'octobre 2024 n'a pas surpris, en hausse de 0,2% d'un mois sur l'autre et de 2,6% sur un an (+2,4% un mois plus tôt et sur un an), comme attendu. Hors alimentaire et énergie, l'indice des prix est également ressorti conforme au consensus, en croissance de 0,3% par rapport à septembre et de 3,3% sur un an. Le salaire horaire moyen a augmenté comme attendu de 0,4% d'un mois sur l'autre et de 4% sur un an.
Lorie Logan, la patronne de la Fed de Dallas, a jugé ce mercredi que les modèles montraient que les taux des fed funds pourraient être déjà très proches de la neutralité. Il reste des baisses de taux à venir selon la responsable, mais la banque centrale américaine se rapprocherait donc du fameux taux neutre, ni stimulant, ni restrictif. Logan a ajouté ce jour que les responsables de la Fed devaient procéder avec prudence en matière de politique monétaire et qu'il ne s'agirait pas de baisser les taux trop fortement, au-delà de ce taux neutre. Elle note que les progrès concernant l'inflation ont été larges... Alberto Musalem et Jeffrey Schmid de la Fed, prendront aussi la parole ce jour. La balance budgétaire américaine d'octobre sera par ailleurs connue ce soir (20h, consensus 72,7 milliards de dollars de déficit).
Demain, les investisseurs suivront les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 9 novembre (14h30, consensus 220.000), ainsi que l'indice des prix à la production d'octobre (14h30, consensus +0,2% d'un mois sur l'autre et +2,3% sur un an, ou +0,2% et +3% hors alimentaire et énergie). Le rapport hebdomadaire du Département américain à l'énergie concernant les stocks pétroliers domestiques pour la semaine close le 8 novembre, sera dévoilé à 17 heures jeudi. John Williams et surtout Jerome Powell de la Fed, interviendront dans la soirée.
Enfin, vendredi, les marchés suivront les ventes américaines de détail du mois d'octobre (14h30, consensus +0,4% en comparaison du mois antérieur, +0,3% également hors automobile et +0,4% hors automobile et essence). L'indice manufacturier Empire State de la Fed de New York pour novembre sera dévoilé à la même heure (consensus FactSet +0,7). Les prix à l'import et à l'export d'octobre seront aussi connus à 14h30 (consensus -0,1% pour les prix à l'import). Les chiffres de la production industrielle d'octobre seront annoncés à 15h15 (consensus -0,3%, taux d'utilisation des capacités estimé de 77,1%). Les stocks des entreprises pour septembre seront révélés à 16 heures (consensus +0,2%).
Selon l'outil CME FedWatch, la probabilité est désormais de 82,5% que la Fed baisse encore ses taux d'un quart de point le 18 décembre, pour sa dernière réunion monétaire de l'année, ce qui ramènerait la fourchette de taux des fed funds entre 4,25 et 4,50%. La probabilité d'assouplissement vient de remonter suite aux derniers chiffres de l'inflation.
Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, Spotify et Occidental Petroleum annonçaient hier soir leurs comptes trimestriels. Cisco publie pour sa part après la clôture ce soir. Walt Disney, Applied Materials et JD.com, dévoilent leurs derniers chiffres demain. Alibaba est enfin attendu vendredi.
Les valeurs
Spotify, le géant suédois du streaming coté à Wall Street, s'envole de 8%, au plus haut de son histoire boursière. Pour son troisième trimestre, le groupe de Daniel Ek a réalisé un bénéfice net de 330 millions de dollars et un bénéfice par action de 1,59$ ou 1,45 euro, assez nettement inférieur aux attentes. Les revenus ont totalisé quant à eux 4,38 milliards de dollars (près de 4 MdsE soit +19%), proches des anticipations d'analystes. Le nombre d'abonnés premium a augmenté de 12% à 252 millions, alors que le nombre d'utilisateurs actifs mensuels s'est apprécié de 11% à 640 millions, niveau supérieur aux attentes. La marge brute a grimpé de 40% à 1,24 milliard d'euros, soit un taux de marge de 31,1% contre 26,4% un an avant.
Le groupe envisage désormais, pour le quatrième trimestre, période cruciale des fêtes de fin d'année, un bénéfice opérationnel de 481 millions d'euros ou environ 510 millions de dollars, à comparer à un consensus de 446 millions d'euros. Le nombre d'utilisateurs actifs mensuels est attendu à 665 millions, également plus élevé que le consensus. Le groupe prévoit de séduire encore 8 millions d'abonnés premium sur le trimestre, ce qui porterait le total d'abonnés premium à 260 millions. Les revenus ne sont toutefois attendus qu'à 4,1 milliards d'euros sur la période, contre 4,26 MdsE de consensus. Le groupe évoque la pression dans l'industrie publicitaire. Le dollar fort devrait aussi peser sur les revenus trimestriels. La marge brute T4 est attendue à 31,8%. Daniel Ek, directeur général du groupe, confie à Reuters que Spotify est en bonne voie pour la rentabilité annuelle, ce qui constitue un cap très important.
Occidental Petroleum (-3%), groupe pétrolier américain cher à Warren Buffett et Berkshire Hathaway, a largement dépassé les attentes de profits au troisième trimestre, affichant un bénéfice ajusté par action de 1$. Un an plus tôt, ce bpa ajusté se situait à 1,18$. Les revenus trimestriels se sont établis quant à eux à 7,15 milliards de dollars, alors qu'ils étaient de 7,4 milliards de dollars pour la période correspondante de l'an dernier. Le bénéfice net trimestriel a été de 1,13 milliard de dollars. Le management indique que la forte performance opérationnelle a permis de générer un cash flow opérationnel de 3,8 milliards de dollars. La production a représenté quant à elle 1,412 million de barils d'équivalent pétrole par jour durant ce troisième trimestre, contre 1,22 million sur la même période, l'an dernier.
Cava Group flambe de 11,3% à Wall Street, alors que le groupe américain de restauration rapide vient de doper ses estimations annuelles de ventes sur fond de forte demande pour ses plats méditerranéens. C'est la troisième fois cette année que le groupe relève ses prévisions. Sur le trimestre clos, le groupe a réalisé une croissance à comparable de 18,1%, avec un effet prix et mix de 5,2%. La croissance globale des ventes a été de 39%, à 242 millions de dollars contre 174 millions environ un an avant. Le bénéfice net du groupe a été de 18 millions de dollars, plus que doublé en comparaison de l'an dernier. L'Ebitda ajusté trimestriel a atteint 33,5 millions contre 19,8 millions un an avant. Sur l'exercice, le groupe anticipe désormais une croissance à comparable allant de 12 à 13%, pour un Ebitda ajusté allant de 121 à 126 millions de dollars.
Spirit Airlines (-57%) se rapproche de la case faillite. La compagnie à bas coûts devrait se placer sous la protection de la loi américaine sur les faillites après l'échec des négociations avec Frontier Airlines. Dans un document réglementaire déposé mardi soir, Spirit a indiqué être en pourparlers avancés avec une majorité écrasante de ses créanciers en vue de mettre en place une restructuration. Le plan en cours de négociation ne devrait pas porter préjudice aux créanciers généraux non garantis, aux employés, aux clients, aux vendeurs, aux fournisseurs ou aux loueurs d'avions, ni aux détenteurs de sa dette garantie adossée à des avions, selon le communiqué de la société.
Super Micro Computer (-4,5%) corrige encore à Wall Street, alors que le concepteur de serveurs d'IA a indiqué qu'il serait incapable de livrer dans les délais son rapport financier trimestriel pour la période de juillet à septembre. Le groupe avait déjà reporté son rapport annuel. Les auditeurs d'Ernst & Young ont par ailleurs démissionné, ce qui place Super Micro en fâcheuse posture, sur fond également d'accusations d'un vendeur à découvert concernant sa comptabilité. Le groupe dit aussi avoir besoin d'un temps additionnel pour sélectionner et recruter un nouveau cabinet d'audit.
Nvidia (-1%) reste sous haute surveillance à Wall Street, alors que le géant des puces graphiques et d'IA, qui vient d'intégrer le Dow Jones et s'affiche à la toute première place du palmarès des capitalisations boursières mondiales, doit annoncer d'ici une semaine seulement ses derniers résultats. Il s'agira donc d'un test majeur pour les marchés, validant ou pas le caractère durable de la demande liée à l'IA. En attendant, le groupe japonais SoftBank sera le premier à construire un superordinateur doté de puces utilisant le nouveau design Blackwell de Nvidia, indique Bloomberg. L'unité de télécommunications de SoftBank prévoit de construire le supercalculateur d'IA le plus puissant du Japon pour prendre en charge une large gamme de services locaux, ont indiqué les deux partenaires. L'ordinateur sera basé sur le produit DGX B200 de Nvidia, combinant des processeurs informatiques avec des puces dites accélératrices d'IA. "Un effort de suivi inclura Grace Blackwell, une version plus avancée", précise Bloomberg.
Microsoft (-0,8%). OpenAI, Google (Alphabet -1,3%) et Anthropic lutteraient pour bâtir des IA plus avancées, croit savoir Bloomberg. Même la startup de référence du secteur, OpenAI, qui vient de finaliser en septembre une vague initiale de formation d'un nouveau modèle d'IA massif qui devait surpasser nettement les versions précédentes de la technologie derrière ChatGPT, n'aurait pas obtenu les résultats escomptés. Le modèle, nommé Orion en interne, n'aurait pas, selon Bloomberg, atteint la performance désirée. Orion aurait par exemple échoué face à des questions de codage pour lesquelles il n'avait pas été entraîné, d'après les sources familières de la question de Bloomberg. Globalement, Orion ne serait donc pas un si grand progrès que prévu en comparaison des modèles existants d'OpenAI, pas autant que ne l'était GPT-4 par rapport à GPT-3.5.
Et OpenAI ne serait pas le seul à "ramer" pour enregistrer des progrès significatifs. Bloomberg croit savoir que trois des principales compagnies d'IA afficheraient désormais "des retours réduits" malgré leurs coûteux efforts pour construire de nouveaux modèles. Chez Google, une itération à venir de Gemini n'atteindrait ainsi pas les objectifs internes, Bloomberg citant à ce sujet trois personnes ayant connaissance de la question.