Wall Street incertain, après les records du S&P et du Nasdaq

Wall Street s'affiche en ordre dispersé ce mardi suite aux pics historiques de la veille, le S&P 500 cédant 0,31% à 6.185 pts et le Nasdaq 0,88% à 20.190 pts, contre une hausse de 0,53% sur le Dow Jon...

Wall Street s'affiche en ordre dispersé ce mardi suite aux pics historiques de la veille, le S&P 500 cédant 0,31% à 6.185 pts et le Nasdaq 0,88% à 20.190 pts, contre une hausse de 0,53% sur le Dow Jones à 44.327 pts. Hier, d'apparents progrès commerciaux avec le Canada et l'Union européenne avaient soutenu les indices. Ce mardi, la tendance est un peu plus fébrile à l'approche de l'échéance du 9 juillet pour la reprise des tarifs douaniers réciproques de Trump. Le Financial Times croit par ailleurs savoir ce jour que l'équipe du président américain ne viserait plus d'accords commerciaux majeurs avec de nombreux pays, mais tenterait plutôt de sceller de plus petits deals et des accords rapides avant la date limite. De "mini-accords" qui permettraient d'éviter ces taxes importantes, mais les pays concernés seraient toujours confrontés aux droits de douane existants pendant la durée des négociations.

En bref, la situation n'est donc pas encore idyllique sur le front commercial. Dans le même temps, Trump maintient la pression sur Jerome Powell pour obtenir son départ ou plus simplement des assouplissements monétaires...

Sur le Nymex, le baril de brut WTI prend 0,4% à 65,3$. L'once d'or fin remonte de 1,3% à 3.346$. L'indice dollar perd 0,2% face à un panier de devises. Le bitcoin évolue autour des 106.000$.

Vendredi, la cote américaine avait connu une certaine volatilité du fait des inquiétudes sur les négociations commerciales entre États-Unis et Canada. Cependant, Ottawa a annulé sa taxe sur les services numériques qui avait provoqué la colère de Trump, quelques heures seulement avant son entrée en vigueur. Le Premier ministre canadien Mark Carney et Trump pourront ainsi reprendre les négociations commerciales en vue de parvenir à un accord d'ici le 21 juillet, selon le ministère canadien des Finances. La Maison Blanche a également confirmé que les discussions commerciales entre les deux pays avaient repris.

Scott Bessent, le secrétaire américain au Trésor, avait commenté quant à lui en fin de semaine dernière l'accord conclu par les États-Unis et la Chine, évoquant une désescalade. Il précisait que les tarifs infligés par Washington à Pékin étaient désormais de 30%, contre 10% pour ceux appliqués par la Chine aux importations provenant des USA. Selon lui, l'accord avec la Chine permettra aux aimants de circuler vers ceux qui les recevaient auparavant. Dans une interview accordée à Fox Business, Bessent a affirmé sa confiance suite à la conclusion de ce deal entre les deux superpuissances. "Nous ne voulons pas nous découpler de la Chine", a déclaré le secrétaire au Trésor américain. "Nous verrons si la Chine veut être un partenaire responsable", a ajouté le dirigeant.

Trump a aussi déclaré qu'un accord commercial très important pourrait être signé prochainement, qui ouvrirait le marché indien aux entreprises américaines. "Nous avons d'excellents accords. Nous en avons peut-être un à venir avec l'Inde, un accord très important, qui nous permettra d'ouvrir l'Inde", a lancé Trump lors d'un événement en fin de semaine dernière à la Maison Blanche. Cela laisse donc entrevoir un optimisme quant à un éventuel accord commercial intérimaire, même si des divergences importantes persistent... L'Inde a prolongé sa visite à Washington afin de finaliser un accord.

Trump a affirmé ce week-end dans une interview accordée à Fox News qu'il ne prévoyait pas de prolonger la date limite du 9 juillet pour l'augmentation des droits de douane, fixée aux pays souhaitant négocier des accords avec les États-Unis. "Je ne pense pas que j'en aurai besoin", a affirmé Trump, ajoutant toutefois : "Je pourrais, ce n'est pas grave". Lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche vendredi, Trump avait laissé entendre que la date limite du 9 juillet pour l'augmentation des droits de douane réciproques n'était pas fixée. "Nous pouvons faire ce que nous voulons", avait affirmé le président américain.

L'Union européenne aurait quant à elle indiqué qu'elle était prête à accepter un tarif universel de 10% sur nombre de ses exportations, mais qu'elle cherchait à obtenir des exemptions pour les produits pharmaceutiques, l'alcool, les semi-conducteurs et les avions commerciaux dans le cadre d'un accord commercial, a rapporté Bloomberg. L'UE ferait également pression sur les États-Unis pour qu'ils mettent en place des quotas et exemptions afin de réduire les droits de douane de 25% imposés par Washington sur les automobiles et les pièces détachées automobiles, ainsi que ses droits de douane de 50% sur l'acier et l'aluminium, selon des personnes proches du dossier citées par Bloomberg.

Parmi les points un peu plus négatifs sur le front commercial, Trump a laissé entendre sur Fox News qu'il allait conserver des droits de douane de 25% sur les automobiles provenant du Japon. "Nous ne donnons donc aucune voiture au Japon. Ils refusent nos voitures, n'est-ce pas ? Et pourtant, nous introduisons des millions et des millions de leurs voitures aux États-Unis. Ce n'est pas juste", a déclaré Trump. "Maintenant, nous avons du pétrole. Ils pourraient en prendre beaucoup. Ils pourraient prendre beaucoup d'autres choses", a-t-il ajouté, à propos des moyens par lesquels le Japon pourrait réduire le déficit commercial américain. L'interview a été publiée après des discussions entre Ryosei Akazawa, négociateur commercial en chef de Tokyo, et le secrétaire US au Commerce Howard Lutnick. Hier, Trump a annoncé sur Truth Social qu'il enverrait au Japon une lettre avec un nouveau taux de droits de douane, citant la réticence du pays à accepter les exportations de riz américain.

Pendant ce temps, les observateurs suivent aussi de près les négociations au Sénat sur le projet de loi de réduction d'impôts de 4.500 milliards de dollars proposé par Trump. Le Congressional Budget Office estime que ce projet creuserait le déficit de 3.300 milliards de dollars sur dix ans. Le leader de la majorité au Sénat, John Thune, doit faire vite pour respecter la date limite du 4 juillet fixée par le président Donald Trump pour faire adopter son projet de loi massif sur les impôts et les dépenses, mais il doit d'abord examiner une liste d'environ huit sénateurs républicains qui ont exprimé leur opposition à certaines parties de ce projet, note Bloomberg. Trump serait resté en contact avec les législateurs lundi, comme il l'avait fait pendant le week-end, selon un responsable de l'administration, cité par Bloomberg et déclarant que la Maison Blanche restait optimiste quant à la ratification du projet de loi par le président d'ici vendredi. Trump a de nouveau vanté les mérites du projet de loi sur Truth Social, avertissant qu'un refus d'adoption entraînerait des hausses d'impôts historiques. Le secrétaire au Trésor Scott Bessent s'est également montré optimiste quant à l'adoption rapide du projet de loi par le Sénat, indique Bloomberg.

"Le dernier projet de loi du Sénat détruira des millions d'emplois en Amérique et causera un immense préjudice stratégique à notre pays !", a alerté le DG de Tesla et SpaceX, Elon Musk, dans un message publié sur son réseau social X, accusant le texte de favoriser des secteurs "du passé" au détriment de ceux "du futur". La version la plus récente du projet, soutenue par le président américain, prévoirait notamment des aides importantes aux industries traditionnelles comme les énergies fossiles ou l'automobile thermique. Pour Musk, il s'agit d'un retour en arrière, alors même que les Etats-Unis doivent rester compétitifs dans des domaines comme les véhicules électriques, l'IA ou encore l'aérospatial.

Le président de la Fed Jerome Powell, qui s'exprimait ce mardi lors du forum de la BCE à Sintra, au Portugal, a confirmé l'intention de la banque centrale américaine d'attendre d'en savoir plus sur l'impact des droits de douane de Trump sur l'inflation avant d'éventuellement baisser les taux d'intérêt. Ainsi, Powell refuse pour l'heure de se plier aux exigences de Trump, qui réclame des baisses de taux immédiates et importantes. "Nous prenons simplement notre temps", a résumé le patron de la Fed, alors même que Trump multiplie les attaques pour obtenir un net assouplissement monétaire. "Tant que l'économie américaine est solide, nous pensons qu'il est prudent d'attendre d'en savoir plus et de voir quels pourraient être les effets", a jugé Powell. Il a réitéré que la Fed n'avait pas encore constaté d'effet notable des droits de douane et que la Fed s'attendait à des hausses de prix.

Powell n'a pas exclu une baisse des taux d'intérêt ce mois-ci, mais a convenu que la banque centrale aurait déjà baissé ses taux sans les droits de douane. "Je n'écarterais ni n'aborderais directement une réunion", a lancé le leader de la Fed lors de la table ronde au Portugal, interrogé sur la possibilité d'une baisse en juillet. "Cela dépendra de l'évolution des données", a estimé le dirigeant, soulignant qu'une solide majorité du FOMC (comité de fixation des taux d'intérêt de la Fed) s'attendait à ce qu'il soit opportun de commencer à baisser à nouveau les taux plus tard cette année. "Nous avons suspendu notre activité (de baisse des taux) lorsque nous avons constaté l'ampleur des droits de douane et que, pour l'essentiel, toutes les prévisions d'inflation pour les États-Unis ont sensiblement augmenté en conséquence de ces droits", a aussi glissé Powell.

Trump maintient la pression et a affirmé encore qu'il ne serait pas contre une démission du leader de la banque centrale, qu'il prévoit de remplacer le plus rapidement possible. "J'adorerais qu'il démissionne, il a fait un travail minable", a indiqué Trump il y a quelques jours, qualifiant Powell de "stupide". Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a suggéré que Powell renonce à ses fonctions de président tout en continuant de siéger au board de la Fed. Il a aussi indiqué que l'administration Trump travaillait à sélectionner le successeur du leader de la Fed et laissé entendre qu'une annonce pourrait intervenir dans les prochaines semaines.

Sur le front économique ce jour, l'indice PMI manufacturier final américain du mois de juin s'est affiché à 52,9, contre un consensus Bloomberg de 52 et une lecture flash de 52 également. L'ISM manufacturier ne donne pas la même lecture, à 49 contre 49,1 de consensus FactSet pour le mois de juin...

Parmi les autres statistiques du jour, les dépenses américaines de construction du mois de mai ont décliné de 0,3% par rapport au mois antérieur, contre +0,2% de consensus FactSet.

Enfin, le rapport JOLTS du mois de mai a fait ressortir 7,769 millions d'ouvertures de postes, bien plus que le consensus qui était de 7,3 millions, après une lecture révisée de 7,395 millions pour le mois antérieur. Il s'agit donc d'un signal plutôt rassurant concernant le marché américain du travail.

Demain, les opérateurs suivront l'étude Challenger, Gray & Christmas sur les annonces de licenciements aux USA, le rapport d'ADP sur l'emploi privé américain du mois de juin (consensus 102.500), ainsi que le rapport hebdomadaire du Département à l'Energie sur les stocks pétroliers domestiques.

Jeudi, pour finir, l'actualité sera chargée juste avant "l'Independence Day", avec surtout le rapport mensuel gouvernemental sur la situation de l'emploi (consensus 4,3% de chômage et 115.000 créations de postes non-agricoles), mais aussi la balance du commerce international des biens et services, les inscriptions hebdomadaires au chômage, l'indice PMI composite final (et donc celui des services), les commandes industrielles et l'ISM des services. Wall Street fermera à 19 heures, heure française jeudi, et sera fermé vendredi pour le Jour de l'Indépendance.

Les valeurs

Tesla chute de 5%. Le groupe d'Elon Musk vient de connaître encore des performances décevantes, enregistrant de forts déclins des ventes en Suède mais aussi au Danemark pour le sixième mois consécutif, indique Reuters. En Suède, les immatriculations du groupe d'Elon Musk ont corrigé de plus de 64% en juin, en glissement annuel, alors qu'au Danemark, les ventes ont plongé de près de 62%. Le titre Tesla est orienté en forte baisse ce jour, alors que Musk est par ailleurs en conflit avec Trump au sujet de son très coûteux projet de dépenses et réductions d'impôts.

Le président américain s'en est pris à Musk, accusant le DG de Tesla de bénéficier excessivement des subventions gouvernementales pour les véhicules électriques. "Elon pourrait recevoir plus de subventions que n'importe quel être humain de l'histoire, et de loin, et sans subventions, il devrait probablement fermer boutique et rentrer chez lui en Afrique du Sud", a lancé Trump sur Truth Social. "Plus de lancements de fusées, de satellites ou de production de voitures électriques, et notre pays économiserait une fortune. Peut-être devrions-nous demander à DOGE d'y jeter un oeil attentif ? De l'argent à économiser !!!", a ajouté Trump, alors que Musk critique donc activement la dernière version du projet de loi fiscal du président américain, avertissant aussi que les réductions des crédits d'impôt pour les VE et autres énergies propres seraient "incroyablement destructrices" pour le pays.

Tesla a bénéficié d'un crédit d'impôt à la consommation de 7.500$ pour les VE que le projet de loi de Trump supprimerait, note Bloomberg. Le groupe publiera ses ventes du deuxième trimestre plus tard cette semaine...

Strategy (-5%), la firme de Michael Saylor qui possède désormais près de 600.000 bitcoins, devrait enregistrer selon Bloomberg un gain latent d'environ 14 milliards de dollars au deuxième trimestre, plaçant ainsi l'éditeur de logiciels devenu "Bitcoin Treasury Company" au même rang que des géants tels qu'Amazon.com ou JP Morgan. Cependant, contrairement à la dizaine de multinationales américaines dont les bénéfices d'exploitation devraient dépasser les 10 milliards de dollars au dernier trimestre grâce à des milliards de dollars de chiffre d'affaires, l'ex-MicroStrategy peut attribuer ces résultats exceptionnels au rebond du bitcoin et à un changement comptable relativement récent concernant la valorisation de ses importants avoirs en cryptomonnaie, explique encore Bloomberg. Selon les analystes interrogés par Bloomberg News, Strategy ne devrait néanmoins générer qu'environ 112,8 millions de dollars de chiffre d'affaires au deuxième trimestre pour son activité de logiciels.

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