La place américaine, fermée hier pour le Memorial Day, a rouvert sur une note hésitante mardi, malgré la poursuite du rallye de Nvidia (+7,1%). Le S&P 500 est orienté en progression symbolique de 0,03% à 5.306 pts, alors que le Nasdaq gagne 0,59% à 17.019 pts. Le Dow Jones consolide en revanche de -0,55% à 38.852 pts.
Rappelons que les marchés boursiers américains avaient terminé la semaine dernière sur leurs sommets ou presque avec Nvidia, le S&P 500 franchissant les 5.300 pts, et le Nasdaq les 16.900 pts. Le Dow Jones affichait un peu plus de réserve sur les 39.000 pts, après avoir brièvement dépassé les 40.000 pts le 17 mai dernier...
Sur le Nymex, le baril de brut WTI avance de 2,8% pour retrouver les 80$. L'once d'or prend 0,9% à 2.358$. L'indice dollar cède 0,1% face à un panier de devises de référence. Le bitcoin pointe à 68.347$.
Dans l'actualité économique à Wall Street, les opérateurs ont suivi les indices S&P Case-Shiller et FHFA des prix des maisons. L'indice S&P Case-Shiller '20-City' ajusté pour le mois de mars a ainsi progressé de 0,3% en comparaison du mois antérieur. L'indice non-ajusté a grimpé de 1,6% sur un mois et 7,4% sur un an. L'indice FHFA de mars s'est apprécié de 0,1% d'un mois sur l'autre et de 6,7% sur un an...
L'indice de confiance des consommateurs américains du Conference Board pour le mois de mai 2024 s'est établi à 102, contre un consensus de place de 95,7 mesuré par FactSet et un niveau de 97,5 pour la lecture révisée du mois antérieur.
L'indice manufacturier régional de la Fed de Dallas pour le mois de mai 2024 est ressorti à -19,4, contre un consensus FactSet de -12 et une lecture de -14,5 un mois avant. Rappelons qu'un indice négatif indique une contraction de l'activité manufacturière.
Loretta Mester, Neel Kashkari et Lisa Cook de la Fed, intervenaient durant la journée... Mester, dans ses remarques préparées, estime que les communiqués monétaires de la Fed "gagneraient à être plus longs", certains passages pouvant être développés "pour décrire l'évaluation des développements économiques et leur influence sur les perspectives"..."Même si la simplicité est souvent considérée comme une vertu, elle peut aussi être un inconvénient, dans la mesure où l'élaboration des politiques doit être faite dans un monde incertain, dans lequel l'économie est constamment secouée par des chocs qui peuvent conduire les conditions économiques à évoluer différemment que prévu", a insisté Mester, dirigeante de la Fed de Cleveland, dans un discours préparé pour une conférence de la Banque du Japon à Tokyo. "Avec des déclarations courtes, chaque mot prend une signification accrue", redoute la responsable.
"Les déclarations courtes souffrent de ce que j'appelle le problème 'Hotel California' : nous sommes réticents à changer certains mots en raison du signal possible que cela pourrait envoyer", a ajouté Mester en faisant référence à la chanson des Eagles des années 1970. "Les mots 'check-in', mais il est difficile de les faire 'check-out', même lorsque cela est souhaitable", précise Mester, faisant allusion aux paroles de la chanson : "You can check out any time you like, but you can never leave" (tu peux régler la note quand tu veux, mais tu ne pourras jamais partir).
Mester plaide aussi pour une sorte de "matrice anonymisée des projections économiques et politiques" parallèlement au résumé des projections économiques SEP publié chaque trimestre. Le SEP comprend notamment le fameux 'dot plot' présentant les prévisions des membres de la Fed concernant les taux sous forme de graphique à points. En publiant une telle matrice, les acteurs du marché pourraient observer le lien entre les perspectives de chaque participant et sa vision de la politique monétaire appropriée. "Actuellement, les variables du SEP ne sont pas liées entre les participants, et les trajectoires médianes fournies ne représentent pas nécessairement une prévision cohérente", relève la responsable, qui juge préférable que les décideurs politiques "prennent le contrôle du récit en utilisant davantage de mots pour décrire l'évaluation actuelle des développements économiques, la manière dont ils ont influencé les perspectives et les risques qui pèsent sur ces perspectives".
Neel Kashkari, le président de la Fed de Minneapolis, a indiqué une fois de plus que la banque centrale américaine devait prendre son temps pour évaluer la situation et la réalité du ralentissement de l'inflation avant de baisser ses taux. Le responsable constate la remarquable résilience de l'économie américaine et la solidité du marché du travail, en particulier dans les services. Dans une interview accordée à CNBC, il ajoute que rien ne doit être exclu, mais que la Fed serait bien inspirée de patienter. "Je ne pense pas que nous devrions exclure quoi que ce soit à ce stade. nous sommes tous déterminés à ramener l'inflation à notre objectif des 2%", a résumé Kashkari. "La plupart des gens pensaient que nous serions en récession vers la fin de l'année dernière, mais cela ne s'est pas produit. Au lieu de cela, nous avons enregistré une très forte croissance. Les consommateurs américains sont restés remarquablement résilients, tout comme le marché immobilier. Je ne vois donc pas la nécessité de se précipiter et de réduire les taux", ajoute le dirigeant, qui veut "bien faire les choses".
"Au début de cette année, l'inflation a évolué latéralement, ce qui a soulevé des questions dans mon esprit. Le processus désinflationniste se poursuit-il ou allons-nous atteindre un niveau d'inflation supérieur à 3% ? Je pense qu'il est encore trop tôt pour le savoir et nous devons attendre et voir pour avoir plus de confiance", insiste Kashkari.
Mercredi, la Fed dominera la journée, avec des interventions de John Williams et Raphael Bostic, ainsi que la publication dans la soirée du Livre Beige économique, résumé des conditions régionales. L'indice manufacturier de la Fed de Richmond sera publié le même jour...
La journée de jeudi sera marquée par la publication du PIB américain du premier trimestre et celle de la balance du commerce international des biens. Les inscriptions au chômage, les stocks de grossistes, l'indice des promesses de ventes de logements et le rapport hebdomadaire sur les stocks pétroliers domestiques américains, seront également dévoilés jeudi. Lorie Logan et John Williams de la Fed prendront la parole le même jour.
La semaine se terminera par les publications des revenus et dépenses des ménages (avec le fameux indice des prix 'core PCE' essentiel pour la Fed) ainsi que de l'indice PMI de Chicago. Raphael Bostic interviendra vendredi.
Les valeurs
Nvidia (+7,1%). Les investisseurs avaient salué la semaine dernière les excellents résultats du groupe et l'annonce d'un split par dix de l'action.. Ils semblent apprécier aussi les annonces concernant xAI, la startup d'intelligence artificielle d'Elon Musk, qui vient de lever 6 milliards de dollars dans un financement additionnel de série B valorisant le dossier 20 milliards de dollars. Les fonds ont été levés auprès de Sequoia, Andreessen Horowitz, Fidelity Management & Research, Vy Capital, Valor Equity Partners, du prince saoudien Al-Walid ben Talal et de Kingdom Holding. La valorisation antérieure de xAI était de 18 milliards de dollars. Le financement doit permettre à xAI de mieux rivaliser avec Microsoft et OpenAI, via notamment le chatbot d'IA Grok sorti en novembre. Il est probable que la startup doive pour cela investir massivement en puces Nvidia... Le dossier capitalise désormais plus de 2.700 milliards de dollars à Wall Street !
Apple (stable), le titre reste non loin de ses pics historiques, profitant de l'annonce providentielle d'un vif rebond des ventes en Chine en avril - mois néanmoins assez creux généralement en termes d'activité. Le groupe californien à la pomme, qui a consenti pour cela des ristournes importantes chez ses partenaires détaillants, a affiché le mois dernier des livraisons chinoises en progression de 52% selon l'agence Bloomberg, qui analyse les données de la China Academy of Information and Communications Technology sur le marché des smartphones en Chine. Bloomberg a calculé que 3,5 millions d'unités sur la période provenaient de marques étrangères, dont la grande majorité seraient des iPhones. Le groupe de Cupertino avait retrouvé la croissance en Chine en mars après deux mois de fort recul, rappelle encore Bloomberg.
GameStop (+25%), après un épisode spéculatif de 'meme stock' mi-mai qui avait vu le titre s'envoler vers les 50$ avant de reperdre plus de la moitié de sa valeur, remonte ce jour. La chaîne de distribution de jeux vidéo, vedette des petits porteurs américains, a levé plus de 900 millions de dollars en cédant des actions, profitant du rallye irrationnel du mois de mai. Le rebond, de courte durée, avait été alimenté par des messages de 'Roaring Kitty', ou plutôt Keith Gill de son vrai nom, une figure essentielle de la folie spéculative de l'année 2021.
Hélas pour les petits actionnaires ligués en masse sur les réseaux sociaux, le groupe semblait mieux préparé et a profité du rallye récent pour lancer un avertissement sur les résultats, tout en levant 933,4 millions de dollars via une offre de 45 millions de titres. Le groupe entend utiliser les produits de cession pour des motifs d'ordre général, qui pourraient comprendre des acquisitions ou investissements. Rappelons que GameStop a prévenu plus tôt ce mois que son chiffre d'affaires du premier trimestre allait s'établir entre 872 et 892 millions de dollars, contre 1,24 milliard un an avant.
T-Mobile US (+0,8%), l'opérateur télécom américain, a annoncé ce jour l'acquisition programmée de la majeure partie des activités mobiles de l'opérateur régional United States Cellular (+12,1%) dans le cadre d'une transaction de 4,4 milliards de dollars environ. Le deal comprend les clients, magasins et d'autres actifs d'US Cellular. T-Mobile financera l'opération par trésorerie et endettement. Le groupe anticipe des synergies de dépenses opérationnelles et de capitaux d'environ 1 milliard de dollars. La finalisation est attendue en milieu d'année prochaine, sous réserve des approbations usuelles.
Tesla (-1,3%) reste surveillé à Wall Street, alors que le cabinet de conseil en vote Glass Lewis a annoncé durant le week-end sa recommandation aux actionnaires d'un rejet du package monumental de rémunération de 56 milliards de dollars d'Elon Musk. Le cabinet juge donc le package excessif et dilutif et pointe les nombreux projets extrêmement chronophages qui demandent par ailleurs l'attention du multimilliardaire. Glass Lewis recommande aussi aux actionnaires de rejeter les plans d'incorporation de Tesla au Texas, jugeant que cela ajouterait des risques additionnels alors que les bénéfices d'une telle décision seraient incertains. Musk avait affirmé plus tôt cette année qu'il n'était pas à l'aise pour faire de Tesla un leader de l'IA et de la robotique sans disposer d'un contrôle des votes d'environ 25%...