Wall Street s'affiche en progression plus nette désormais ce mercredi, en attendant le verdict de la Fed et au lendemain d'une keynote GTC froidement accueillie du patron de Nvidia. Le S&P 500 gagne 0,56% à 5.646 pts, alors que le Dow Jones prend 0,57% à 41.817 pts. Le Nasdaq grimpe de 0,76% à 17.637 pts. La prudence reste cependant de rigueur à quelques heures des annonces monétaires de la Fed. Les craintes persistent par ailleurs évidemment concernant la guerre commerciale... Sur le Nymex, le baril de brut WTI se stabilise à 67$ (+0,3%). L'once d'or fin consolide sur ses sommets à 3.031$. L'indice dollar gagne 0,4% face à un panier de devises de référence. Le bitcoin remonte vers les 84.000$.
L'offensive commerciale de Donald Trump se poursuit et le président américain promet des tarifs douaniers réciproques ainsi que des tarifs spécifiques additionnels dès le 2 avril. "Ils nous font payer et nous leur faisons payer, et en plus de cela, sur les voitures, sur l'acier et sur l'aluminium, nous allons avoir des tarifs supplémentaires", a lancé Trump dimanche. "Le 2 avril est un jour de libération pour notre pays", a ajouté le leader américain. "Nous récupérons une partie de la richesse que des présidents, très, très stupides, ont cédée, ignorant totalement ce qu'ils faisaient".
Le locataire de la Maison blanche a déjà imposé des droits de douane de 20% aux importations chinoises, ainsi qu'une taxe de 25% sur l'acier et l'aluminium. Il a aussi annoncé des droits de douane de 25 % sur les produits canadiens et mexicains, mais a ensuite proposé une prolongation d'un mois pour les produits conformes à l'accord commercial nord-américain négocié lors de son premier mandat. Trump a également déclaré que l'énergie et la potasse canadiennes ne seraient frappées "que" d'une taxe de 10%. Enfin, le front est aussi ouvert du côté de l'Europe. Évidemment, ces mesures ont été suivies de représailles de la majeure partie des régions concernées.
Le 2 avril, l'administration Trump proposera aux pays partenaires commerciaux un taux de droits de douane américain basé sur leurs propres taux, les barrières commerciales non tarifaires et d'autres facteurs, avec la possibilité de négocier pour éviter un mur tarifaire, d'après le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent. "Le 2 avril, chaque pays recevra un chiffre qui, selon nous, représente ses droits de douane", a résumé Bessent sur Fox Business. "Pour certains pays, ce montant pourrait être très bas, pour d'autres, très élevé".
Le communiqué monétaire de la Fed sera publié à 19 heures, alors que la conférence de presse de Jerome Powell se tiendra à 19h30. La récente chute des actions a coïncidé avec les craintes croissantes des marchés concernant le ralentissement économique, poussant les investisseurs à anticiper environ trois baisses de taux d'intérêt de la Fed en 2025. Cependant, l'inflation reste largement supérieure à l'objectif des 2% et les possibles impacts des droits de douane de Trump sont susceptibles d'accentuer la hausse des prix.
La Fed devrait donc laisser ses taux d'intérêt inchangés ce soir, mais il faudra suivre attentivement le dernier résumé des projections économiques (SEP) de la Fed. Il comprendra son graphique à points, qui présente les attentes des décideurs politiques quant à l'évolution des taux d'intérêt. Il s'agira aussi évidemment de suivre les commentaires d'un Jerome Powell attendu prudent. Lors de la dernière publication du "dot plot" de la Fed en décembre, la prévision médiane était que le taux des fonds fédéraux se situerait entre 3,75 et 4% à la fin de 2025, ce qui refléterait deux baisses de 25 points de base cette année. Selon l'outil CME FedWatch les taux pourraient terminer l'année entre 3,50 et 3,75% (probabilité de 26,5%) ou entre 3,75 et 4% ('proba' de 33,8%).
L'indice des anticipations d'inflation de la Fed d'Atlanta pour le mois de mars 2025 s'est affiché à +2,5% selon le rapport du jour, contre +2,3% précédemment.
Les cours pétroliers restent proches de l'équilibre après l'annonce d'une hausse plus forte que prévu des réserves de brut aux États-Unis la semaine passée. D'après le Département américain à l'Energie, les stocks domestiques de brut, hors réserve stratégique, ont progressé de 1,75 million de barils lors de la semaine close le 14 mars à 437 mb. Les stocks d'essence ont reculé de 0,5 million de barils, alors que ceux de produits distillés ont diminué de 2,8 millions de barils.
Demain, les investisseurs suivront à 13h30 les inscriptions au chômage pour la semaine close le 15 mars (consensus FactSet 224.000), ainsi que l'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie du mois de mars (consensus 8) et que la balance des comptes courants du quatrième trimestre. Les reventes de logements existants de février sont attendues à 16 heures (consensus 3,92 millions d'unités), comme l'indice des indicateurs avancés de février (consensus -0,2%).
La semaine se terminera par la journée des 'Quatre Sorcières', qui marque l'expiration simultanée des options sur indices, options sur actions, et contrats à terme sur indices ou actions. Le président de la Fed de New York, John Williams, prendra par ailleurs la parole vendredi.
En ce qui concerne l'Ukraine, Vladimir Poutine et Donald Trump sont convenus d'un cessez-le-feu de 30 jours, limité cependant aux infrastructures énergétiques. Selon le Kremlin, Poutine a transmis des ordres à l'armée pour qu'elle cesse ses frappes contre les sites énergétiques ukrainiens. Washington et Moscou vont entamer des négociations au Moyen-Orient sur un cessez-le-feu en mer Noire ainsi que sur une trêve globale et un accord de paix permanent, selon la Maison blanche... Trump a fait état sur Truth Social d'un échange jugé productif avec le président russe, ajoutant que les deux dirigeants allaient discuter rapidement d'un cessez-le-feu complet pour mettre enfin un terme à la guerre.
L'actualité des entreprises est quant à elle un peu plus réduite cette semaine, avec tout de même General Mills ce mercredi, puis Accenture, PDD, Nike, FedEx, Lennar, Darden Restaurants, FactSet, Jabil et Micron demain. Carnival et Nio sont attendus vendredi.
Les valeurs
Autodesk (+3,8%) gagne un peu de terrain à Wall Street. L'investisseur activiste Starboard Value lance en effet une bataille au sein du conseil d'administration du groupe software et cherche à nommer des administrateurs. L'idée serait donc d'obtenir des changements au sein de l'éditeur de logiciels de conception. Starboard, qui détenait des actions Autodesk d'une valeur de plus de 300 millions de dollars au 31 décembre, a donc l'intention de proposer une liste de candidats administrateurs pour l'assemblée générale 2025, a précisé l'investisseur dans une lettre aux actionnaires. L'AG est prévue pour le 18 juin.
General Mills (-2,1%) trébuche à Wall Street, alors que le groupe alimentaire américain aux marques Géant Vert, Häagen-Dazs, Nature Valley, Yoplait, Cheerios ou Old El Paso, a annoncé pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice net de 626 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 1$ tout juste, contre 95 cents de consensus de marché. Les revenus ont été de 4,84 milliards de dollars contre 4,96 milliards de consensus. Le groupe prévoit par ailleurs une baisse significative de ses ventes annuelles et de ses bénéfices, avec la concurrence accrue et dans un environnement économique incertain. Les ventes annuelles devraient régresser de 1,5 à 2% en organique selon la nouvelle guidance, tandis que le bénéfice ajusté par action est anticipé en recul de 7 à 8%, contre 1 à 3% de déclin auparavant envisagé.
Pfizer (+0,5%) a vendu l'intégralité de sa participation dans Haleon pour environ 2,55 milliards de livres sterling ou 3,3 milliards de dollars à des investisseurs institutionnels et à l'entreprise de santé grand public, au prix de 385 pence par action représentant une légère décote de 1,6%. Dans le cadre du deal, Haleon, fabricant de Sensodyne, a accepté de racheter 44 millions d'actions à Pfizer. 618 millions d'actions sont par ailleurs vendues à des investisseurs institutionnels. La vente totale représente 7,3% du capital d'Haleon, groupe né de la fusion des activités de santé grand public de GSK et de Pfizer en 2019. La société a été scindée du fabricant britannique de médicaments en 2022. GSK, qui détenait initialement près de 13% des parts, a vendu l'intégralité de sa participation en mai 2024. Suite à la cession de Pfizer, BlackRock Investment Management (UK) Ltd devient le principal actionnaire d'Haleon.
Morgan Stanley (+0,4%) envisagerait de supprimer environ 2.000 emplois d'ici la fin du mois, selon une source de Reuters proche du dossier. Cela représenterait 2 à 3% des effectifs de la banque d'affaires hors conseillers financiers, et viserait à améliorer l'efficacité opérationnelle. Morgan Stanley comptait plus de 80.000 employés dans le monde fin 2024. Ces licenciements ne sont pas liés aux conditions actuelles du marché, d'après la source de l'agence. Cette décision de la banque fait suite à une série de suppressions d'emplois opérées par les groupes de Wall Street ces dernières semaines, face à l'environnement économique incertain.
Williams-Sonoma (-12%), le groupe américain de distribution de meubles, fournitures de cuisine et accessoires pour l'habitat, décroche à Wall Street. Le groupe a dévoilé pour son quatrième trimestre fiscal un bénéfice de 411 millions de dollars, ainsi qu'un bpa de 3,28$ au-dessus des anticipations de brokers. Le groupe de San Francisco a réalisé pour la période des revenus de 2,46 milliards de dollars, également meilleurs que prévu. Le bénéfice net annuel atteint 1,13 milliard de dollars pour 7,7 milliards de revenus. Les prévisions sont en revanche timorées pour 2025, le groupe tablant sur une évolution des revenus de +/-1,5% et une évolution à comparable de 0 à +3%, tandis que la marge opérationnelle est anticipée entre 17,4 et 17,8%.
Nvidia (+1,1%) était attendu au tournant hier à l'occasion de la keynote de son directeur général et fondateur Jensen Huang pour la GTC 2025. Huang a livré comme à son habitude une remarquable performance, mais les marchés en voulaient plus dans un contexte de doute sur les valorisations des grandes entreprises technologiques de l'IA. Le titre a terminé la journée en recul de 3,4%. Durant l'événement qui se tenait à San Jose en Californie, le CEO de Nvidia a annoncé la nouvelle génération de puces Blackwell Ultra, nouvelle référence dans le domaine de l'IA, et dévoilé par ailleurs les puces Vera Rubin et Rubin Ultra, ainsi qu'une superpuce GB300 combinant deux Blackwell Ultras et un CPU Grace pour les systèmes d'IA. Le groupe a aussi annoncé de multiples collaborations, avec General Motors dans l'automobile autonome, mais aussi avec de grands noms de la 'tech' comme Oracle ou Alphabet.
Blackwell Ultra offrirait des performances 1,5 fois supérieures à celles de Blackwell et représenterait une multiplication par 50 des revenus des centres de données par rapport à Hopper, grâce à ses capacités d'IA améliorées. Huang affirme que Blackwell Ultra est conçu pour "l'ère du raisonnement par IA", qui imite la façon dont les humains pensent et parviennent à des conclusions. On pense ici aux modèles R1 de DeepSeek, o1 d'OpenAI et Gemini 2.0 Flash Thinking de Google. "L'IA a fait un bond en avant : le raisonnement et l'IA agentique exigent des performances de calcul bien supérieures", a déclaré Huang. "Nous avons conçu Blackwell Ultra pour répondre à cette attente : c'est une plateforme unique et polyvalente capable d'effectuer facilement et efficacement des inférences de pré-entraînement, de post-entraînement et de raisonnement"...
Nvidia et xAI d'Elon Musk vont rejoindre par ailleurs le consortium AI Infrastructure Partnership comprenant Microsoft, le fonds MGX et BlackRock, pour développer l'infrastructure d'IA aux USA. Le groupement avait été formé l'an dernier par SoftBank, OpenAI et Oracle en vue d'investir initialement plus de 30 milliards de dollars dans des projets liés à l'intelligence artificielle, notamment via le financement de centres de données et infrastructures énergétiques. Trump avait aussi rappelons-le dévoilé il y a deux mois le projet Stargate soutenu lui aussi par SoftBank, Oracle et OpenAI, et susceptible de mobiliser jusqu'à 500 milliards de dollars.
Young Liu, le président de Foxconn, géant taïwanais de la sous-traitance de production électronique aussi connu sous le nom de Hon Hai Precision Industry Co., a indiqué selon l'agence de presse centrale de Taïwan que les revenus serveurs du groupe devraient dépasser d'ici deux ans les revenus réalisés sur l'iPhone d'Apple - dont il est le principal fabricant. Interrogé en marge de la GTC de Nvidia à San Jose, Liu a estimé que "cela se produirait certainement d'ici deux ans" et peut-être même dès cette année. Foxconn fabrique les derniers serveurs d'IA de Nvidia, notamment les produits GB200 et 300, rappelle pour sa part Reuters. "Nous fabriquons la plupart des systèmes Nvidia, pas 100% mais la plupart", a confirmé le management lors d'un podcast avec The Acquired.
Tesla (+2,9%) récupère un peu suite à un plongeon de près de 40% en un mois. Cantor Fitzgerald, ignorant l'agitation sur le dossier, les multiples actes de dégradation des véhicules de la marque et le boycott d'une certaine catégorie d'acheteurs suite aux prises de positions politique d'Elon Musk, choisit au contraire de profiter de la faiblesse actuelle de la valeur. Le spécialiste de Cantor vient de relever sa recommandation à l'achat, citant les enseignements d'une visite mardi à l'usine du constructeur automobile à Austin. "La récente vague de ventes représente un point d'entrée intéressant pour les investisseurs", indique l'analyste, optimiste quant aux catalyseurs à venir, notamment le projet de Tesla de lancer un service payant de réservation de taxis autonomes dans la capitale texane.