Wall Street grimpe, les tarifs douaniers remis en question

Wall Street progresse vivement avant bourse ce jeudi, le S&P 500 s'accordant 0,9%, le Dow Jones 0,3% et le Nasdaq 1,4%, avec Nvidia et surtout un rebondissement inattendu sur les droits de douane de T...

Wall Street progresse vivement avant bourse ce jeudi, le S&P 500 s'accordant 0,9%, le Dow Jones 0,3% et le Nasdaq 1,4%, avec Nvidia et surtout un rebondissement inattendu sur les droits de douane de Trump, qui ne semble pas déplaire aux marchés. Hier soir, un panel de juges de la Cour du commerce international des États-Unis a donc attaqué le programme commercial de Trump, bloquant les droits de douane mondiaux imposés en invoquant des pouvoirs d'urgence, au motif qu'ils seraient illégaux. L'administration Trump peut et va faire appel de cette décision devant un tribunal fédéral.

Une décision surprenante rendue hier par la Cour du commerce international des États-Unis pourrait donc suspendre au moins temporairement de nombreux droits de douane imposés par le président Trump. La Cour basée à Manhattan a statué dans un avis rendu par un panel de trois juges, qu'une loi clé de 1977, la Loi sur les pouvoirs économiques d'urgence internationaux, ne conférait pas à Trump un pouvoir illimité pour imposer les droits de douane mondiaux et de rétorsion que le président a imposés par décret ces derniers mois. Nombre des actions du président outrepasseraient en effet toute autorité conférée au président par l'IEEPA pour réglementer les importations au moyen de droits de douane, selon la décision, qui a bloqué l'imposition de certains droits de douane de Trump et invalidé les décrets présidentiels.

Cette décision s'applique à une série de mesures de l'administration Trump prises pour imposer des droits de douane à des nations entières depuis son entrée en fonction. Elle ne devrait pas avoir d'impact sur d'autres mesures axées sur des produits spécifiques, de l'automobile à l'acier, qui reposent sur une autre autorité juridique. La Maison Blanche a immédiatement réagi à la nouvelle, son porte-parole Kush Desai déclarant qu'il n'appartient pas à des juges non élus de décider de la manière de gérer une urgence nationale... Hier soir, l'administration Trump a déposé une notification auprès du tribunal indiquant son intention de faire appel.

Quoi qu'il en soit, cet événement perturbe le calendrier des droits de douane de Trump, alors que les négociations sont en cours avec l'Europe ou la Chine et que d'autres accords commerciaux ont été promis par le Secrétaire au Trésor Scott Bessent dans les prochaines semaines.

Les pays de l'OPEP+ ont déclaré hier avoir convenu de réaffirmer le niveau global de production de pétrole brut des pays membres et non membres, comme convenu lors de la réunion de l'alliance de décembre. La coalition OPEP+ a mis en oeuvre un accord de production à l'échelle du groupe, ainsi que deux autres réductions volontaires de production menées séparément par huit pays membres. Ces huit pays de l'OPEP+ évalueront ce week-end de nouvelles mesures de production pour juillet... Sur le Nymex, le baril de brut WTI évolue peu autour des 62$ ce jour.

Ce jeudi, le PIB américain du premier trimestre 2025 a été révisé à -0,2% en comparaison du précédent trimestre selon le rapport du jour, contre un consensus de -0,3% et une lecture de -0,3% également pour sa toute première estimation. Les dépenses personnelles de consommation n'ont en revanche augmenté que de 1,2% en lecture révisée contre 1,8% précédemment évalué. L'indice des prix rattaché au PIB a progressé au rythme de 3,7% d'un trimestre sur l'autre, en ligne avec les attentes. La croissance du PIB en glissement annuel est révisée à 2,1%, contre 2% auparavant estimé. Il s'agit de la deuxième des trois estimations du PIB américain pour le premier trimestre.

L'économie américaine s'est donc bien contractée de janvier à mars, sa première baisse en trois ans avec la guerre commerciale. La croissance a été freinée par une forte hausse des importations, les entreprises américaines s'étant empressées d'importer avant les taxes à l'importation massives. La baisse du PIB fait suite à une progression de 2,4% au quatrième trimestre 2024. Les importations ont progressé de 42,6% sur le T1, leur plus forte croissance depuis le troisième trimestre 2020, réduisant la croissance du PIB de plus de 5 points de pourcentage.

Les inscriptions hebdomadaires US au chômage pour la semaine close le 24 mai, qui viennent aussi d'être publiées, se sont établies en hausse à 240.000, contre un consensus de 226.000 et une lecture révisée à 226.000 également pour la semaine antérieure.

Les promesses de ventes de logements d'avril (16 heures, consensus -1%) et le rapport hebdomadaire sur les stocks pétroliers domestiques américains pour la semaine close le 23 mai sont encore attendus.

Des interventions de Thomas Barkin, Austan Goolsbee, Adriana Kugler, Mary Daly et Lorie Logan de la Fed sont aussi prévues ce jour. Barkin, le patron de la Fed de Richmond, a déjà indiqué que l'incertitude élevée conduisait les entreprises à geler les embauches et à reporter leurs décisions d'investissement futures...

Selon les Minutes de la réunion monétaire des 6 et 7 mai publiées hier soir, les responsables de la Fed ont évoqué de potentiels défis dans les prochains mois, avec une possible hausse de l'inflation accompagnée d'une progression du chômage, scénario qui contraindrait la banque centrale à choisir entre lutte contre l'inflation ou soutien à l'économie. Ainsi, les membres de la Fed s'inquiètent que l'inflation puisse rester plus persistante que prévu, avec les nouveaux droits de douane de Trump. Des compromis difficiles pourraient donc être prochainement au programme, alors que l'incertitude sur les perspectives économiques s'est accrue. Jerome Powell a lui insinué que la Fed pourrait ne pas agir avant de connaître l'issue des débats commerciaux.

Enfin, demain, les opérateurs suivront la balance du commerce international de biens, ainsi que les revenus et dépenses des ménages américains avec le fameux indicateur d'inflation "core PCE" très suivi par la Fed. L'indice PMI de Chicago et l'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan seront aussi au programme vendredi. Daly, Goolsbee et Bostic de la Fed reprendront le micro pour terminer la semaine.

Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, Costco, Dell Technologies, Marvell Technology, Zscaler, Li Auto, NetApp, Ulta Beauty, Hormel Foods, The Cooper Companies, Burlington Stores, Gap et Best Buy, annoncent leurs comptes ce jour.

L'indice dollar se tasse de 0,2% face à un panier de devises ce jour. Le bitcoin consolide sous les 109.000$. Sur les marchés obligataires, le rendement du T-Bond à 10 ans s'affiche à 4,48% et celui du 30 ans à 4,98%.

Les valeurs

Nvidia gagne plus de 5% avant bourse à Wall Street hier soir. Pourtant, le géant des puces d'IA a souffert des restrictions à l'exportation en Chine, avec une perte de revenus estimée à 2,5 milliards de dollars sur le premier trimestre dans la région et l'anticipation d'une perte additionnelle de chiffre d'affaires de 8 milliards de dollars pour le deuxième trimestre. Nvidia qui a passé 4,5 milliards de dollars de charges de dépréciations de ses stocks au premier trimestre en raison des nouvelles règles d'exportation. Le premier trimestre fiscal du groupe s'est terminé le 27 avril après que l'administration Trump a décrété l'interdiction de vente des puces H2O de Nvidia à la Chine. Le chiffre d'affaires de Nvidia en Chine a ainsi déçu à 5,5 milliards de dollars au premier trimestre, inférieur au consensus. Jensen Huang, le DG de Nvidia, a déploré hier soir une fermeture du marché chinois à l'industrie américaine, avec l'interdiction des puces H2O qui a mis fin à l'activité de centre de données Hopper en Chine.

Nvidia a tout de même annoncé hier soir une très forte croissance de 69% de ses ventes trimestrielles en glissement annuel à 44,1 milliards de dollars, contre 42,9 milliards de consensus. En séquentiel, d'un trimestre sur l'autre, la croissance atteint 12%. Le bénéfice ajusté par action a été de 81 cents contre 61 cents un an plus tôt. Hors charge de 4,5 milliards de dollars et impact fiscal connexe, le bénéfice dilué ajusté par action du premier trimestre aurait été de 96 cents. Les revenus de centres de données ont été de 39,1 milliards de dollars, en augmentation de 73% par rapport à l'année antérieure et de 10% en séquentiel, alors que les revenus gaming ont grimpé à 3,8 milliards. De plus, malgré les restrictions en Chine, le groupe table sur des revenus du deuxième trimestre de 45 milliards de dollars, plus ou moins 2%, ce qui reste assez solide et représente environ 50% de croissance en comparaison de l'an dernier - même si le consensus était lui plus proche des 46 milliards de dollars. Les marges brutes GAAP et non-GAAP devraient s'établir respectivement à 71,8 et 72%, plus ou moins 50 points de base. L'entreprise poursuit ses efforts pour atteindre des marges brutes autour de 75% d'ici la fin de l'année.

Salesforce, leader mondial des solutions CRM basées sur l'IA, qui entend racheter Informatica, acteur majeur de la gestion de données cloud d'entreprise "optimisée par l'IA", pour une valeur nette d'environ 8 milliards de dollars, a aussi publié hier soir des comptes du premier trimestre fiscal marqués par des revenus de 9,83 milliards de dollars (+8%) et un bénéfice ajusté par action de 2,58$ (+6%), soit deux mesures supérieures aux anticipations de brokers. Salesforce envisage sur le trimestre entamé des revenus allant de 10,11 à 10,16 milliards de dollars, au-dessus des attentes. Le groupe a par ailleurs relevé légèrement ses prévisions annuelles. Les revenus sont anticipés entre 41 et 41,3 milliards sur l'exercice, contre une fourchette antérieure allant de 40,5 à 40,9 milliards de dollars.

Synopsys, le groupe software américain actif dans la conception et la vérification des circuits intégrés, gagne du terrain à Wall Street, après avoir dépassé les attentes au deuxième trimestre avec un bénéfice ajusté par action de 3,67$ contre 3$ un an avant, et des revenus de 1,6 milliard de dollars contre 1,45 milliard pour la période comparable de l'an dernier.

Veeva, groupe software américain qui fournit des solutions dans le cloud à l'industrie pharmaceutique, flambe avant bourse à Wall Street. Le groupe a lui aussi dépassé les anticipations d'analystes avec pour son premier trimestre un bénéfice ajusté par action de 1,97$ contre 1,50$ un an avant, ainsi que des revenus de 759 millions de dollars à comparer aux 650 millions de dollars de la période correspondante de l'an dernier.

Agilent, le géant américain des instruments de mesure et solutions scientifiques, dédiés notamment aux laboratoires et cliniques, a publié pour son deuxième trimestre un bénéfice net de 215 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 1,31$, à comparer à un consensus de 1,26$. Les revenus ont été de 1,67 milliard de dollars contre 1,63 milliard de consensus. Le groupe envisage un bpa annuel allant de 5,54 à 5,61$ pour des revenus de 6,73 à 6,81 milliards de dollars.

HP Inc. plonge pour sa part avant bourse à Wall Street après un avertissement. Le bénéfice par action du trimestre clos a été de 71 cents, inférieur aux attentes avec l'impact des tarifs douaniers et des dépenses pour déplacer la production hors de Chine. Le bpa ajusté est attendu entre 68 et 80 cents sur le trimestre entamé, contre 91 cents de consensus. HP abaisse sa guidance annuelle de bénéfice ajusté par action entre 3 et 3,3$, contre une fourchette antérieure comprise entre 3,45 et 3,75$.

Nutanix, le groupe américain de services de cloud d'entreprise, a dépassé les anticipations au troisième trimestre, dégageant un bénéfice ajusté par action de 42 cents contre 38 cents de consensus, pour des revenus de 639 millions de dollars, 2% plus élevés que prévu, à comparer aux 524 millions de dollars de l'an dernier.

Li Auto, le constructeur chinois de véhicules électriques, coté à Wall Street, a annoncé pour son premier trimestre clos fin mars des livraisons en croissance de 15,5% à 92.864 unités, Le chiffre d'affaires total s'est élevé à 25,9 milliards de yuans (3,6 milliards de dollars) au premier trimestre 2025, soit une hausse de 1,1% en glissement annuel mais un recul de 41% par rapport au trimestre antérieur. Le résultat net s'est élevé à 646,6 millions de yuans ou 89 M$, une hausse de 9,4% par rapport au premier trimestre 2024 - mais une baisse de 82% par rapport au T4 2024.

Best Buy, géant américain de la distribution de produits électroniques, a annoncé pour son premier trimestre un bénéfice net de 202 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 1,15$, à comparer à un consensus de 1,09$. Le détaillant a réalisé des revenus trimestriels de 8,77 milliards de dollars, en ligne avec les attentes de marché, contre 8,85 milliards de dollars pour la période comparable de l'an dernier. A périmètre comparable, l'activité décline de 0,7% sur le trimestre et d'autant sur le marché domestique américain. La marge opérationnelle ajustée évolue peu, stable à 3,8%. Best Buy table désormais sur un bénéfice annuel ajusté allant de 6,15 à 6,30$ par titre, pour des revenus compris entre 41,1 et 41,9 milliards de dollars. Le consensus était de 6,17$ de bpa ajusté pour 41,4 milliards de revenus.

Hormel Foods, le groupe alimentaire américain aux marques Spam et Dinty Moore, a annoncé pour son deuxième trimestre fiscal un bénéfice net de 180 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 35 cents, en ligne avec le consensus de marché, pour des revenus de 2,9 milliards de dollars également conformes aux attentes. La croissance organique a été légère à 1% sur le trimestre, confirmant la tendance récente. Le bénéfice opérationnel ajusté a représenté 265 millions de dollars soit une marge de 9,1%. Le cash flow des opérations a atteint 56 millions de dollars. Le groupe prévoit maintenant un bénéfice annuel par action allant de 1,58 à 1,68$.

Burlington Stores, le détaillant discount américain, a annoncé pour son premier trimestre 2025 des ventes totales en augmentation de 6%, mais une performance stable à magasins comparables. Le bénéfice net a été de 101 millions de dollars et le bénéfice dilué par action de 1,58$. Hors éléments, la marge ajustée d'Ebit a progressé de 30 points de base, bien au-dessus des attentes, alors que le bénéfice ajusté par action a grimpé de 18% à 1,67$. Le groupe maintient sa guidance annuelle de bpa ajusté allant de 8,70 à 9,30$.

Alphabet / Meta. L'Allemagne envisage d'instaurer une taxe de 10% sur les grandes plateformes américaine du numérique comme Google (Alphabet) et Facebook (Meta), a déclaré le ministre local de la Culture au magazine Stern. Cette proposition intervient alors que le chancelier Friedrich Merz devrait se rendre prochainement à Washington pour rencontrer Trump. Le président américain a déjà indiqué qu'il ne permettrait pas aux gouvernements étrangers de s'approprier l'assiette fiscale US à leur profit. Une telle mesure prise par l'Allemagne ne devrait donc pas adoucir les relations commerciales entre les USA et l'Europe.

Tesla. Le groupe teste des Model Y autonomes à Austin, au Texas, et prévoit de livrer le premier exemplaire en juin, a déclaré son DG Elon Musk, entretenant les spéculations autour du lancement imminent d'un robotaxi. Musk avait annoncé plus tôt cette année que ce lancement débuterait avec 10 ou 20 Model Y. "Un mois plus tôt que prévu", a lancé le multimilliardaire dans un message à X, ajoutant que les tests n'avaient entraîné aucun incident. Tesla prévoyait auparavant de débuter les tests de robotaxis seulement d'ici fin juin. Bloomberg News a rapporté que Tesla prévoyait de lancer son service de robotaxi à Austin le 12 juin. De plus, l'homme d'affaires a confirmé son départ de l'administration du président américain Donald Trump.

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