Wall Street grimpe, dopé par Micron et la Fed

Wall Street persiste en hausse ce jeudi, le S&P 500 s'adjugeant encore 0,65% à 5.258 pts, le Dow Jones 0,85% à 39.848 pts et le Nasdaq 0,60% à 16.469 pts... Hier soir, le Nasdaq Composite s'était déjà...

Wall Street persiste en hausse ce jeudi, le S&P 500 s'adjugeant encore 0,65% à 5.258 pts, le Dow Jones 0,85% à 39.848 pts et le Nasdaq 0,60% à 16.469 pts... Hier soir, le Nasdaq Composite s'était déjà accordé 1,25% et le Dow 1,03%, suite aux annonces de la Fed. La banque centrale américaine a semblé en effet maintenir sa posture concernant les baisses ultérieures de taux cette année, malgré des données récentes un peu moins positives qu'attendu concernant l'inflation. Jerome Powell a quant à lui jugé que malgré les récentes statistiques, le narratif relatif à une décrue progressive de l'inflation n'avait pas changé...

Sur le Nymex, le baril de brut WTI perd 1% à 80,5$. L'once d'or fin gagne 0,9% à 2.182$. L'indice dollar reste stable face à un panier de devises...

La Fed a maintenu hier ses taux d'intérêt inchangés entre 5,25 et 5,50% sur les 'fed funds', cinquième statu quo monétaire consécutif. Les annonces d'hier plaident toujours pour trois baisses de taux d'un quart de point plus tard cette année. Pour l'heure, les taux restent au plus haut depuis 2001. La Fed ne s'attend pas à ce qu'il soit approprié de réduire la fourchette cible tant qu'elle n'aura pas acquis une plus grande confiance dans un retour durable de l'inflation vers les 2%. Powell a précisé lors de sa conférence de presse que les derniers chiffres de l'inflation n'avaient donc pas remis en cause le scénario d'une poursuite de la détente des prix aux Etats-Unis. Néanmoins, la banque centrale ne juge pas pour autant la bataille gagnée.

Neuf responsables du FOMC qui ont présenté leurs prévisions mercredi estiment que la banque centrale devrait réduire ses taux à trois reprises cette année. Cinq responsables jugent que deux réductions suffiront. Un participant prévoit une baisse des taux de 100 points de base sur l'année. Deux membres du FOMC envisagent en revanche une seule baisse de taux, tandis que les deux derniers tablent... sur un statu quo toute l'année.

La Fed juge l'inflation toujours élevée. Ses nouvelles prévisions montrent que l'indice des prix à la consommation hors alimentaire et énergie est attendu désormais en hausse de 2,6% cette année contre 2,4% précédemment. L'inflation ajustée devrait retomber à 2,2% en 2025 et 2% en 2026... La croissance américaine cette année est attendue à 2,1%, contre 1,4% prévu en décembre. Cette expansion économique est attendue à 2% en 2025 et 2026. Le taux de chômage devrait se situer en fin d'année à 4% d'après la Fed, contre 4,1% précédemment envisagé en décembre et 3,9% en février. Le taux de chômage est prévu à 4,1% en 2025 et 4% en 2026.

Sur le front économique aux Etats-Unis ce jeudi, les inscriptions hebdomadaires américaines au chômage pour la semaine close le 16 mars se sont établies au nombre de 210.000, contre un consensus FactSet de 214.500 et une lecture révisée de 212.000 pour la semaine antérieure.

L'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie du mois de mars est ressorti à +3,2, contre un consensus de -3 mesuré par FactSet.

Le déficit des comptes courants du quatrième trimestre a été de 194,8 milliards de dollars contre 205 milliards de consensus.

L'indice PMI composite préliminaire américain du mois de mars 2024 s'est affiché à 52,2, à comparer à un consensus de 52. L'indice manufacturier a été de 52,5 contre 51,8 de consensus, tandis que l'indicateur des services s'est établi à 51,7 contre 52 de consensus de marché.

Les reventes de logements existants aux Etats-Unis pour le mois de février 2024, mesurées par la National Association of Realtors, se sont établies à 4,38 millions d'unités contre 3,93 millions de consensus. Cela représente une progression de 9,5% en comparaison du mois de janvier et une hausse de 3,3% sur un an.

L'indice des indicateurs avancés du Conference Board pour le mois de février 2024 a surpris en légère hausse de 0,1% en comparaison du mois antérieur, contre un consensus de place de -0,2% et une baisse de 0,4% un mois auparavant.

Accenture, Nike, FedEx, Lululemon, Darden Restaurants et FactSet, publient par ailleurs leurs comptes trimestriels ce jeudi. Micron, KB Home et Chewy annonçaient hier soir.

Enfin, vendredi, les investisseurs suivront des interventions de Jerome Powell, Philip Jefferson et Raphael Bostic de la Fed.

Les valeurs

Micron (+15%), spécialiste des semi-conducteurs dont les produits comprennent les mémoires dynamiques, mémoires flash et systèmes semi-conducteurs, s'enflamme à Wall Street, au plus haut historique, et soutient le secteur. Pour son deuxième trimestre fiscal, le groupe a dégagé un bénéfice ajusté par action de 42 cents , alors que les analystes... tablaient sur une perte. Les revenus ont été de 5,82 milliards de dollars (+58%) contre 5,35 milliards de consensus. Les prévisions sont encore plus solides, puisque Micron envisage des revenus allant de 6,4 à 6,8 milliards de dollars sur le troisième trimestre fiscal juste entamé, contre environ 6 milliards de consensus. Le bénéfice ajusté du troisième trimestre est anticipé entre 38 et 52 cents par titre, contre 24 cents de consensus.

Sans surprise, la surperformance du groupe provient de la forte demande en hardware lié à l'intelligence artificielle. "Nous pensons que Micron est l'un des plus grands bénéficiaires dans l'industrie des semi-conducteurs de l'opportunité de plusieurs années offerte par l'IA", a insisté le directeur général du groupe, Sanjay Mehrotra. Le dirigeant note que Micron a retrouvé la rentabilité un trimestre plus tôt que prévu, et se montre donc très positif concernant les perspectives. Selon lui, 2024 marquera un rebond pour l'industrie et 2025 verra des niveaux de ventes record.

Micron mise sur ses mémoires ultrarapides fonctionnant avec les puces Nvidia pour aider les opérateurs de centres de données à développer des logiciels d'IA. Les systèmes liés à l'IA utilisent la mémoire à large bande passante 'HBM'. Micron a tiré ses premiers revenus d'une forme de cette mémoire sur le dernier trimestre, note Bloomberg. Le groupe indique aussi que ses semi-conducteurs font partie des accélérateurs d'IA basés sur les puces graphiques Nvidia... Le groupe anticipe plusieurs centaines de millions de dollars de revenus sur les produits HBM en 2024. Plus tôt cette semaine, lors de la conférence GTC de Nvidia (+1%), son emblématique CEO Jensen Huang avait évoqué Micron en tant que leader dans cette nouvelle technologie HBM jugée "vitale" pour les systèmes d'IA.

Chewy (-3%) hésite à Wall Street. Le distributeur américain de produits pour animaux domestiques a annoncé, pour son quatrième trimestre fiscal, un bénéfice ajusté par action de 18 cents contre -4 cents de consensus. Le bénéfice net a été de 31,9 millions, soit une marge nette de 1,1% en expansion de 80 points de base. La marge d'Ebitda ajusté s'est en revanche contractée à 3,1%. Les revenus ont totalisé quant à eux 2,83 milliards de dollars (+4,2%), contre un consensus de 2,77 milliards. Sur l'exercice clos, les revenus ont totalisé 11,15 milliards (+10,2%), alors que le bpa ajusté a grimpé à 69 cents. Les revenus pour le premier trimestre fiscal sont anticipés entre 2,84 et 2,86 milliards de dollars, légèrement inférieurs au consensus.

KB Home (-1%), le promoteur immobilier américain, a annoncé pour son premier trimestre fiscal 2024 des revenus en croissance de 6% à 1,47 milliard de dollars, un bénéfice net en augmentation de 10% à 139 millions de dollars et un bénéfice dilué par action en augmentation de 21% à 1,76$. Les commandes nettes ont progressé fortement de 55%. Leur valeur a grimpé de 58% à 1,58 milliard de dollars. Le groupe table sur des revenus immobiliers allant de 6,50 à 6,90 milliards de dollars sur l'exercice 2024. Le management évoque un solide début d'exercice et une amélioration des conditions de marché depuis la fin de l'exercice 2023. La tendance positive se confirmerait par ailleurs en début de deuxième trimestre fiscal et le groupe se dit bien placé pour profiter de cet environnement. Sur le trimestre clos, les livraisons unitaires ont augmenté de 9% à 3.037, tandis que le prix moyen de vente s'est tassé à 480.100$.

Accenture (-7%), géant du consulting coté à Wall Street, trébuche en bourse. Le colosse des services IT a abaissé en effet ses estimations de revenus pour l'exercice 2024, face à une économie incertaine et aux réductions de dépenses de clients en services de conseil. Ainsi, Accenture ne table plus désormais que sur une croissance de 1 à 3% sur l'exercice, contre 2 à 5% auparavant. Sur le troisième trimestre fiscal, les revenus sont attendus dans une fourchette allant de 16,25 à 16,85 milliards de dollars, contre 17 milliards de consensus. Pour le deuxième trimestre fiscal, le bénéfice ajusté par action, de 2,77$, a tout de même dépassé les attentes, tandis que les revenus sont ressortis en ligne à 15,8 milliards de dollars.

Paramount (-5%). La firme de private equity Apollo Global Management aurait offert 11 milliards de dollars pour le studio cinématographique Paramount Pictures de Paramount Global, selon une source de Reuters ayant une connaissance directe de l'offre. Le studio de cinéma est considéré comme le joyau du conglomérat médiatique Paramount, indique Reuters, rappelant qu'il dispose d'une bibliothèque de films comprenant des classiques tels que 'Le Parrain' et 'Breakfast at Tiffany's', ainsi que des franchises à succès comme 'Mission : Impossible', 'Star Trek' ou 'Transformers'. Ce studio a ainsi suscité l'intérêt de nombreux prétendants. Shari Redstone, actionnaire majoritaire du conglomérat via National Amusements, hésite pour sa part à se séparer du studio acquis par son père, feu Sumner Redstone, il y a trente ans.

Le Financial Times rapporte que Redstone ne serait pas convaincu par l'offre d'Apollo et négociait plutôt un accord avec le milliardaire David Ellison. Ainsi, le DG de Skydance Media, Ellison, serait en pourparlers pour acquérir National Amusements, la société holding de la famille Redstone, afin de prendre le contrôle de Paramount Global.

Darden Restaurants (-6%) corrige à Wall Street, sur des perspectives décevantes. Le groupe a publié par ailleurs, pour son troisième trimestre fiscal, des ventes en augmentation de 6,8% à 3 milliards de dollars, pour un bpa dilué des opérations poursuivies de 2,60$. Il a autorisé un nouveau programme de rachat d'actions d'un milliard de dollars. Pour l'exercice 2024, les revenus sont désormais attendus à 11,4 milliards environ, avec une croissance à comparable allant de 1,5 à 2%. Le bénéfice ajusté dilué par action des opérations poursuivies est anticipé entre 8,80 et 8,90$.

Apple (-3%) trébuche à Wall Street ce jeudi, alors que le Département américain de Justice a officialisé un procès antitrust contre le géant de Cupertino, l'accusant d'avoir mis en place un monopole illégal dans les smartphones, affectant la concurrence et l'innovation. Le Département met en avant les pratiques d'Apple concernant l'iPhone. Le DoJ juge la conduite du groupe illégale. Il estime que le groupe californien a utilisé son pouvoir sur le marché pour obtenir plus d'argent des consommateurs, développeurs, créateurs de contenus, éditeurs, artistes, petites entreprises et marchands.

Reddit. L'introduction en bourse de Reddit a été comme attendu pricée en haut de fourchette. 22 millions de titres ont été cédés à 34$ pièce par le groupe et ses actionnaires existants. La fourchette indicative se situait entre 31 et 34$. Les produits de l'opération sont de 748 millions de dollars et la valorisation initiale du groupe ressort à 6,4 milliards de dollars. En dehors des titres vendus par les actionnaires existants, Reddit a levé des produits bruts de 519 millions de dollars environ dans le cadre de cette introduction. L'opération est menée par Morgan Stanley, Goldman Sachs, JP Morgan et Bank of America. Les cotations doivent débuter aujourd'hui sur le New York Stock Exchange sous le symbole RDDT.

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