Wall Street grimpe avec le 'deal' commercial entre Washington et Londres

Wall Street progresse ce jeudi avec la présentation de l'accord commercial entre Washington et Londres, et au lendemain d'un statu quo monétaire sans surprise de la Fed - face au risque accru concerna...

Wall Street progresse ce jeudi avec la présentation de l'accord commercial entre Washington et Londres, et au lendemain d'un statu quo monétaire sans surprise de la Fed - face au risque accru concernant l'inflation et le chômage. Le S&P 500 prend 0,45% à 5.656 pts, le Dow Jones 0,47% à 41.308 pts et le Nasdaq 0,64% à 17.852 pts. Sur le Nymex, le baril de brut WTI gagne 2,6% à 59,6$. L'once d'or fin cède 0,2% à 3.359$. L'indice dollar avance de 0,4% face à un panier de devises. Le bitcoin franchit les 99.000$...

Donald Trump a commenté sur Truth Social l'accord commercial avec le Royaume-Uni : "L'accord avec le Royaume-Uni est un accord complet et exhaustif qui consolidera les relations entre les États-Unis et le Royaume-Uni pour de nombreuses années. Forts de notre longue histoire et de notre fidélité commune, c'est un grand honneur d'avoir le Royaume-Uni comme PREMIÈRE annonce. De nombreux autres accords, en cours de négociation, suivront !" Le Royaume-Uni va réduire les barrières à l'importation alimentaire en échange de tarifs douaniers réduits sur les exportations de voitures, indique Reuters.

Le président américain a évoqué un "accord commercial majeur". Bloomberg indique que les discussions avec le Royaume-Uni ont porté sur quelques domaines tels que les technologies et l'IA, le gouvernement travailliste souhaitant réduire l'ampleur des droits de douane américains, notamment le taux de 25% sur les voitures et l'acier britanniques. "Bien que l'ampleur d'un tel accord soit probablement limitée, il donnerait un coup de pouce au Premier ministre Keir Starmer, dont l'administration a annoncé mercredi un accord commercial plus complet avec l'Inde", note Bloomberg.

Rappelons également que le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, et le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, vont se rendre en fin de semaine en Suisse pour des négociations avec le vice-Premier ministre chinois He Lifeng. Il s'agit en premier lieu de parvenir à la fameuse "désescalade", face à l'impasse tarifaire actuelle. Il s'agit là des premières négociations commerciales confirmées entre les deux superpuissances, depuis que le président Trump a annoncé des droits de douane allant jusqu'à 145% sur les produits chinois importés aux USA et que Pékin a répliqué avec des tarifs douaniers de 125%.

Bessent juge que les taux de droits de douane actuels ne sont pas tenables et équivalent à un embargo commercial, selon des commentaires sur Fox News. "Nous devons désamorcer les tensions avant d'aller de l'avant", a indiqué le secrétaire au Trésor, qui ne veut "pas de découplage" mais "un commerce équitable". Bessent est chargé spécifiquement du dossier chinois, tandis que le secrétaire au Commerce Howard Lutnick doit lui négocier avec tous les autres partenaires commerciaux des États-Unis désireux de conclure des "deals" pour éviter les droits de douane. C'est tout de même Bessent qui a laissé entendre hier encore que les USA pourraient annoncer certains accords commerciaux avec d'autres partenaires que la Chine dès cette semaine.

Les pourparlers du week-end avec la Chine s'annoncent déjà délicats. Le ministère chinois du Commerce a fait savoir que les États-Unis devront faire preuve de sincérité durant les négociations, corriger les pratiques erronées et répondre aux préoccupations des deux parties par une consultation équitable. "Si vous dites une chose et en faites une autre, ou même si vous tentez de continuer à exercer des pressions et du chantage sous couvert de négociations, la Chine n'acceptera jamais", a asséné le ministère. La Chine a par ailleurs abaissé hier ses taux directeurs et diminué le montant des liquidités que les prêteurs doivent conserver en réserve, afin de mieux faire face à ces tensions commerciales.

Toujours sur le front commercial, l'Union européenne a clarifié la situation ce jeudi. Le Vieux continent prévoit d'imposer des droits de douane supplémentaires sur 95 milliards d'euros (108 milliards de dollars) d'exportations américaines si les négociations avec l'équipe de Trump n'aboutissent pas à un résultat satisfaisant. Les mesures de rétorsion proposées cibleraient particulièrement les produits industriels, notamment les avions de Boeing, les voitures et le bourbon, initialement retiré d'une liste précédente. La nouvelle proposition fera l'objet de consultations avec les États membres et d'autres parties prenantes jusqu'au 10 juin et pourrait changer avant d'être finalisée.

La Commission européenne, l'organe exécutif de l'Union chargé des questions commerciales, lance cette semaine des négociations avec l'administration américaine et cherche toujours à trouver une solution à l'amiable aux attaques de Trump. Les responsables de la CE devraient présenter à Washington un menu d'options, notamment des idées visant à réduire les barrières commerciales et non tarifaires et à stimuler les investissements américains, qui pourraient être transformées en propositions formelles. Outre les droits de douane proposés, la Commission consultera également les parties prenantes sur d'éventuelles restrictions des exportations européennes de ferraille d'acier et de produits chimiques vers les États-Unis, pour un montant de 4,4 milliards d'euros.

Au lendemain du statu quo de la Fed, Trump attaque par ailleurs de nouveau Jerome Powell, le patron de la banque centrale américaine. "Too Late Jerome Powell est un idiot qui n'a aucune idée. À part ça, je l'aime beaucoup ! Le pétrole et l'énergie sont en baisse, presque tous les coûts (épicerie et oeufs) ont baissé, pratiquement aucune inflation, l'argent des droits de douane afflue aux États-Unis - tout le contraire de 'Too Late' !", résume le président américain, qui remet donc la pression sur sa cible favorite.

La Fed a maintenu hier soir ses taux entre 4,25 et 4,50%, prévenant des risques concernant l'inflation et le chômage, dans un contexte de guerre commerciale. "L'incertitude concernant les perspectives économiques a encore augmenté", selon la Fed, dont les membres ont voté unanimement pour le statu quo. "Le Comité est attentif aux risques qui pèsent sur les deux volets de son double mandat et estime que les risques d'une hausse du chômage et de l'inflation ont augmenté", a précisé la banque centrale.

Néanmoins, l'économie continue à se développer à un rythme solide, la Fed attribuant la contraction du PIB au premier trimestre à des importations record précédant l'entrée en vigueur des nouveaux droits de douane. Pour l'heure, le marché du travail est resté solide, mais l'inflation s'est affichée "quelque peu élevée". Jerome Powell, le patron de la Fed, qui n'est pas en très bons termes on l'aura compris avec Trump, a noté que l'économie restait dans une position solide, mais il ajoute que la banque centrale devra se montrer agile et explique que la politique commerciale constitue une source d'incertitude.

La productivité non-agricole américaine pour le premier trimestre a décliné au rythme de 0,8% en données préliminaires, bien plus que prévu puisque le consensus FactSet tablait sur -0,1%. Les coûts unitaires du travail ont grimpé quant à eux de 5,7% contre 4,8% de consensus.

Les inscriptions au chômage ont diminué davantage que prévu la semaine passée aux Etats-Unis. Le Département américain au Travail a annoncé pour la semaine close au 3 mai des inscriptions au chômage au nombre de 228.000, en repli de 13.000 par rapport au niveau révisé de la semaine antérieure. Le consensus était positionné à 231.000.

Demain, après la 'quiet period', les responsables de la Fed reprendront la parole avec notamment le patron de la Fed de New York John Williams, celui de la Fed de Chicago Austan Goolsbee, ou encore la dirigeante de l'antenne de Cleveland Beth Hammack.

Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, Arm Holdings, AppLovin, Carvana ou Occidental Petroleum, publiaient hier soir leurs résultats. Shopify, Anheuser-Busch, ConocoPhillips, McKesson, Monster Beverage, Coinbase, Sempra, Kenvue, Restaurant Brands, Warner Bros. Discovery, Microchip Technology, Expedia, Pinterest, News Corp. ou The Trade Desk, annoncent ce jour. EchoStar publie demain.

Notons par ailleurs que le compartiment des "puces" profite depuis hier des rapports médias faisant état des plans de l'administration Trump visant à abroger les restrictions à l'exportation de puces d'IA mises en place sous l'ancien président Biden. Le Département au Commerce a confirmé ce changement réglementaire dans une déclaration à Reuters et Axios, affirmant que la règle de Biden sur l'IA était trop complexe et bureaucratique. "Nous la remplacerons par une règle beaucoup plus simple qui stimulera l'innovation américaine et assurera sa domination en matière d'IA", selon un porte-parole du Département.

Les valeurs

Arm Holdings (-5%). Le groupe britannique soutenu par SoftBank, qui concède sous licence ses conceptions de puces à de grandes entreprises de semi-conducteurs, a livré en effet des prévisions financières jugées trop prudentes. Sur le premier trimestre fiscal clos en juin, le groupe envisage un bpa ajusté de 30 à 38 cents, pour des revenus allant de 1 à 1,1 milliard de dollars. Sur l'exercice fiscal 2026, le bpa ajusté est attendu entre 1,56 et 1,64$, alors que les revenus sont attendus entre 3,94 et 4,04 milliards. Le consensus était de 42 cents de bpa ajusté sur le trimestre de juin pour 1,1 milliard de revenus... Pour le trimestre écoulé, quatrième trimestre fiscal 2025, le bénéfice ajusté par action a dépassé les attentes à 55 cents, alors que les ventes ont atteint un record de 1,24 milliard de dollars (+34%), également meilleures que prévu.

Carvana (+11%), le détaillant en ligne américain en voitures d'occasion, a dépassé les attentes de marché pour son premier trimestre fiscal. Le groupe a dégagé un bénéfice ajusté par action de 1,51$, deux fois plus élevé que prévu, à comparer à une perte un an avant. Les revenus ont totalisé quant à eux 4,23 milliards de dollars sur le trimestre, 5% de mieux que le consensus, alors qu'ils se situaient à 3,06 milliards de dollars un an plus tôt. Le groupe basé dans l'Arizona a réalisé un bénéfice net de 216 millions sur la période de dollars.

AppLovin (+13%), le groupe californien de technologie mobile, qui vient de vendre son portefeuille de jeux mobiles à Tripledot Studios pour 800 millions de dollars et qui fait partie des entreprises ayant soumis une offre pour les actifs de TikTok hors de Chine, grimpe à Wall Street. Pour son premier trimestre fiscal, AppLovin a annoncé un bénéfice net de 576 millions de dollars et 1,67$ par titre, bien au-dessus des prévisions de brokers, pour des revenus totalisant quant à eux 1,48 milliard de dollars, également meilleurs qu'attendu. Ainsi, les revenus totaux progressent de 40% en comparaison de l'an dernier, avec une augmentation de 71% des revenus publicitaires à 1,16 milliard de dollars. L'Ebitda ajusté a grimpé de 83% à plus d'un milliard de dollars, tandis que le bénéfice net a plus que doublé, en augmentation de 144% ! En ce qui concerne les prévisions, le groupe vise des revenus publicitaires allant de 1,195 à 1,215 milliard de dollars au deuxième trimestre, pour un Ebitda ajusté publicitaire allant de 970 à 990 millions, soit une marge de 81% environ.

Fortinet (-10%), l'un des leaders mondiaux des solutions globales, intégrées et automatisées de cybersécurité, chute à Wall Street, sur des perspectives financières jugées trop courtes. Pour son premier trimestre fiscal, le groupe californien a réalisé un bénéfice de 433 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 58 cents, au-dessus des attentes de marché, pour des revenus en ligne avec les anticipations à 1,54 milliard de dollars (+14%). Sur le trimestre entamé, clos en juin, le bénéfice ajusté par action est attendu entre 58 et 60 cents, alors que les revenus sont anticipés entre 1,59 et 1,65 milliard de dollars. Pour l'exercice, le groupe vise un bénéfice ajusté par action allant de 2,43 à 2,49$ et des revenus compris entre 6,65 et 6,85 milliards. Le consensus était de 2,47$ de bpa ajusté.

Axon Enterprise (+12%), le spécialiste américain des appareils individuels de sécurité non létaux, connu surtout pour son Taser, a publié hier soir à Wall Street un bénéfice du premier trimestre de 88 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 1,41$, à rapprocher d'un consensus de 1,27$. Le groupe base dans l'Arizona a réalisé des revenus trimestriels de 604 millions de dollars sur la période, en croissance de 31% en glissement annuel, contre 589 millions de consensus. Axon vise désormais des revenus annuels allant de 2,60 milliards à 2,70 milliards de dollars, contre une précédente guidance comprise entre 2,55 et 2,65 milliards.

Anheuser-Busch InBev (+2%), le géant brassicole belge qui détient notamment les marques Stella Artois ou Corona, a annoncé au titre de son premier trimestre fiscal un bénéfice net de 2,15 milliards de dollars, ainsi qu'un bénéfice ajusté par action de 81 cents à comparer à un consensus de 77 cents. Les revenus ont totalisé 13,6 milliards de dollars, légèrement inférieurs aux anticipations des brokers. Le bénéfice opérationnel trimestriel a augmenté de 8%, deux fois plus que prévu. Ainsi, alors que les volumes s'affichent sous pression, le groupe améliore ses marges.

Shopify (-2%), le groupe canadien coté sur la place américaine, qui aide les petites et moyennes entreprises à créer des boutiques en ligne et à vendre, a annoncé pour son premier trimestre 2025 un chiffre d'affaires de 2,36 milliards de dollars, soit une augmentation de 27%, à comparer à un consensus de 2,33 milliards. Le bénéfice opérationnel ressort à 203 millions de dollars, légèrement inférieur aux anticipations, mais plus que doublé en comparaison de l'an dernier. Le volume brut de marchandises (GMV) a atteint 74,8 milliards de dollars contre 60,9 milliards un an plus tôt, en ligne avec le consensus. Le groupe prévoit pour son deuxième trimestre une croissance voisine de 25%, ce qui dépasserait les attentes, et une marge de FCF autour des 15% - comparable à celle du premier trimestre.

Occidental Petroleum (+5%) a annoncé pour son premier trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 87 cents à comparer à un consensus de 73 cents et à un niveau de 65 cents un an plus tôt. Le groupe pétrolier cher à Warren Buffett a affiché des revenus de 6,84 milliards de dollars pour la période close, contre environ 6 milliards un an avant. Des revenus toutefois inférieurs au consensus de marché. Le groupe a réduit sa dette de plus de 2 milliards de dollars à ce stade de l'année. La production a augmenté de près de 19% pour atteindre 1,39 million de barils équivalent pétrole par jour par rapport à l'année précédente, aidée par une production plus élevée dans les Rocheuses et dans le "golfe d'Amérique".

ConocoPhillips (+2%), le groupe pétrolier de Houston, a publié pour son premier trimestre fiscal un bénéfice net de 2,85 milliards de dollars et un bénéfice ajusté par action de 2,09$, légèrement supérieur au consensus, pour des revenus totalisant 17,1 milliards de dollars, également meilleurs que prévu. Le bénéfice ajusté trimestriel a représenté 2,7 milliards de dollars, contre 2,4 milliards un an avant. Le flux de trésorerie généré par les activités d'exploitation a été de 6,1 milliards de dollars, tandis que le flux de trésorerie des opérations a atteint 5,5 milliards de dollars. Le groupe évoque aussi la réduction des prévisions de dépenses d'investissement et de coûts d'exploitation ajustés pour l'ensemble de l'exercice, tout en maintenant ses prévisions de production.

Restaurant Brands (-1%), le groupe de restauration rapide qui détient notamment Burger King, Tim Hortons et Popeyes, a publié pour son premier trimestre des revenus en croissance de 21% à 2,11 milliards de dollars et un bénéfice ajusté par action quant à lui inférieur au consensus à 75 cents. Les analystes anticipaient des revenus de 2,15 milliards de dollars et un bénéfice par action de 78 cents. Les ventes consolidées 'à l'échelle du système' ont augmenté de 3% à 10,5 milliards de dollars, tirées par les marchés internationaux. Néanmoins, la croissance à comparable est quasiment nulle.

Warner Bros. Discovery (+3%) a annoncé pour son premier trimestre fiscal une perte de 453 millions de dollars, 18 cents par action. Le groupe new-yorkais de médias et divertissement a dévoilé des revenus d'un peu moins de 9 milliards de dollars sur la période, contre 9,7 milliards de consensus et 9,96 milliards sur la période correspondante de l'an dernier. L'Ebitda ajusté s'est maintenu toutefois à 2,1 milliards de dollars, alors que le cash flow des activités opérationnelles a été de 553 millions de dollars. Le free cash flow a reculé de 23% à 302 millions de dollars.

Kenvue (+6%), le groupe de santé grand public anciennement intégré à Johnson & Johnson, a annoncé pour son premier trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 24 cents, légèrement supérieur au consensus de place, pour des revenus de 3,74 milliards de dollars également au-dessus des attentes. Le groupe a profité notamment de la bonne tenue des marques Tylenol ou Benadryl, produits contre la toux et le rhume. Kenvue prévoit un bénéfice annuel stable, anticipant une hausse des coûts due aux droits de douane. Les ventes 2025 sont attendues en hausse de 1 à 3%, contre -1% à +1% auparavant, mais la marge opérationnelle ajustée devrait plutôt décliner avec l'impact des tarifs. Le bénéfice ajusté par action est donc désormais attendu stable.

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