Wall Street flambe, avec les espoirs commerciaux et la probable baisse des taux

Wall Street se reprend ce lundi, le S&P 500 s'accordant 1,22% à 6.314 pts, le Dow Jones 1,10% à 44.070 pts et le Nasdaq 1,62% à 20.985 pts, alors que les principaux indices américains avaient corrigé ...

Wall Street se reprend ce lundi, le S&P 500 s'accordant 1,22% à 6.314 pts, le Dow Jones 1,10% à 44.070 pts et le Nasdaq 1,62% à 20.985 pts, alors que les principaux indices américains avaient corrigé vendredi sur un mauvais rapport de l'emploi américain - aussitôt contesté par Donald Trump. Trump qui a d'ailleurs déclaré qu'il annoncerait un nouveau gouverneur de la Fed... et un nouveau statisticien des données sur l'emploi dans les prochains jours... Pendant ce temps, les marchés évaluent toujours les conséquences de la mise en place des nouveaux droits de douane par Trump, et notent de bonnes dispositions de l'UE et peut-être même de la Chine. Des droits de douane actualisés qui doivent entrer pleinement en vigueur cette semaine et s'échelonnent entre 10 et 41% sur un large éventail de partenaires commerciaux... Sur le Nymex, le baril de brut WTI perd 1,6% à 66,3$. L'once d'or fin avance de 0,5% à 3.378$. L'indice dollar régresse de 0,5% face à un panier de devises. Le bitcoin se reprend un peu vers les 115.000$.

Les créations de postes aux États-Unis pour le mois de juillet 2025 sont ressorties vendredi à seulement 73.000, beaucoup moins que le consensus FactSet qui tablait sur 115.000. Le taux de chômage s'est établi à 4,2%, en ligne avec le consensus, contre 4,1% un mois avant. Le salaire horaire moyen a augmenté de 0,3% d'un mois sur l'autre et de 3,9% sur un an. Les créations de postes dans le privé en juillet ont été au nombre de 83.000 contre 120.000 de consensus FactSet, alors que l'industrie manufacturière a détruit 11.000 postes. Le taux de participation à la force de travail a peu évolué à 62,2%, contre 62,4% de consensus. Notons par ailleurs que les créations d'emplois totales de juin ont été révisées en forte baisse à 14.000 seulement, contre 147.000 auparavant estimé, avec seulement 3.000 créations de postes dans le privé contre 74.000 précédemment évalué. L'évolution de l'emploi salarié non agricole total pour le mois de mai a été révisée également très fortement à la baisse, passant de +144.000 à +19.000. Avec ces révisions, l'emploi cumulé en mai et juin est inférieur de 258.000 aux chiffres précédemment publiés, note le Département américain au Travail.

On aurait pu croire que ces mauvais chiffres feraient les affaires de Trump, puisque ce dernier réclamait depuis des mois une baisse de taux, et que la probabilité d'un assouplissement d'un quart de point en septembre vient justement de remonter en flèche (près de 86% désormais selon l'outil CME FedWatch). Mais le président américain n'a pas du tout apprécié, jugeant ce rapport truqué. "La directrice du Bureau des statistiques du travail a fait la même chose juste avant l'élection présidentielle, en annonçant une hausse record des chiffres de l'emploi. J'ai quand même remporté l'élection, et elle a réajusté les chiffres à la baisse, qualifiant cela d'erreur, avec près d'un million d'emplois. Une arnaque ! Elle a récidivé, avec une autre 'correction' massive, et s'est fait LICENCIER ! Elle a commis les plus grosses erreurs de calcul depuis plus de 50 ans", a donc expliqué Trump sur Truth Social. "Le rapport sur l'emploi de la semaine dernière était truqué, tout comme les chiffres précédant l'élection présidentielle. C'est pourquoi, dans les deux cas, des révisions massives, record, ont été apportées en faveur des Démocrates de gauche radicale. Ces ajustements importants visaient à masquer et à niveler les faux chiffres politiques, inventés pour faire passer un grand succès républicain pour moins brillant ! Je vais choisir un remplaçant exceptionnel".

"À mon avis, les chiffres de l'emploi d'aujourd'hui ont été manipulés pour nuire à l'image des Républicains, et de moi-même. Tout comme lorsqu'ils avaient connu trois jours fastes autour de l'élection présidentielle de 2024, et que ces chiffres leur avaient été retirés le 15 novembre 2024, juste après l'élection, lorsqu'ils ont été massivement révisés à la baisse, entraînant une correction de plus de 818.000 emplois. Une véritable arnaque. Jerome 'Too Late' Powell ne fait pas mieux ! Mais la bonne nouvelle, c'est que notre pays se porte à merveille !", avait aussi commenté Trump à chaud vendredi suite à la diffusion du rapport sur l'emploi. "Je viens d'apprendre que les chiffres de l'emploi de notre pays sont établis par une personne nommée par Biden, le Dr Erika McEntarfer, commissaire aux statistiques du travail, qui a falsifié les chiffres de l'emploi avant l'élection pour tenter d'augmenter les chances de victoire de Kamala Harris. Il s'agit du même Bureau des statistiques du travail qui a surestimé la croissance de l'emploi en mars 2024 d'environ 818.000, puis de 112.000 juste avant l'élection présidentielle de 2024, en août et septembre. Ce sont des records ; personne ne peut se tromper à ce point ? Nous avons besoin de chiffres précis sur l'emploi. J'ai demandé à mon équipe de licencier IMMÉDIATEMENT cette personne nommée par Biden. Elle sera remplacée par une personne beaucoup plus compétente et qualifiée. Des chiffres aussi importants doivent être justes et exacts ; ils ne peuvent être manipulés à des fins politiques. McEntarfer a déclaré que seulement 73 000 emplois avaient été créés (un choc !), mais surtout, qu'ils avaient commis une grave erreur : une perte de 258 000 emplois au cours des deux mois précédents. Des phénomènes similaires se sont produits au début de l'année, toujours en négatif. L'économie est en plein essor sous 'TRUMP', malgré une Fed qui joue également avec les petits jeux, cette fois avec les taux d'intérêt, qu'elle a abaissés à deux reprises, et de manière substantielle, juste avant l'élection présidentielle, je suppose dans l'espoir de faire élire 'Kamala'. Comment cela a-t-il fonctionné ? Jerome Powell, 'Too Late', devrait également être mis au rancart", avait aussi asséné Trump.

Le président américain a été critiqué pour ses attaques contre la Fed et pour avoir limogé Erika McEntarfer, des mesures qui pourraient être perçues comme fragilisant des institutions supposées indépendantes. En ce qui concerne la Fed, Trump, qui ne cesse de tacler Jerome Powell, a déclaré avoir quelques personnes en tête pour le poste laissé vacant après l'annonce vendredi par Adriana Kugler de son départ du conseil des gouverneurs - alors que son mandat n'expirait qu'en janvier. Son départ offre à Trump l'occasion de nommer un gouverneur plus proche de sa préférence pour des taux d'intérêt plus bas, alors que deux autres gouverneurs, Christopher Waller et Michelle Bowman, viennent déjà de basculer en faveur d'un assouplissement monétaire. Le directeur du Conseil économique national, Kevin Hassett, l'ancien gouverneur de la Fed, Kevin Warsh, l'actuel gouverneur de la Fed, Christopher Waller, et le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, auraient quant à eux tous été pressentis pour diriger la banque centrale, indique Bloomberg, qui juge que le candidat de Trump au poste de gouverneur pourrait accéder à la présidence à l'expiration du mandat de Jerome Powell en mai. Rappelons que Trump avait la semaine dernière qualifié encore le président de la Fed de "trop en colère, trop stupide et trop politique" pour son refus persistant de la baisse des taux.

Dans l'actualité commerciale, Trump ferait pression sur l'Inde et la Chine pour qu'elles cessent d'acheter du pétrole russe et iranien, mais Pékin a qualifié la requête d'obstacle majeur aux négociations commerciales et entend garantir son approvisionnement énergétique de manière à servir ses intérêts nationaux. Par ailleurs, le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, a déclaré hier que les terres rares étaient au coeur des discussions de Stockholm de la semaine dernière, qui ont conduit à une prolongation de la trêve tarifaire sino-américaine. Il a déclaré à CBS que les États-Unis avaient obtenu des engagements d'approvisionnement de la part de la Chine, mais a souligné que les deux parties n'en étaient qu'à la moitié du chemin. Greer a également déclaré que la dernière série de droits de douane était quasiment fixée et qu'il était peu probable qu'elle change.

Le Kremlin a estimé que chacun devrait faire preuve de prudence en matière de rhétorique nucléaire, alors que Trump a indiqué en fin de semaine dernière avoir ordonné un repositionnement de deux sous-marins nucléaires américains dans des régions appropriées, en réponse aux déclarations jugées hautement provocatrices de l'ancien président russe Dmitri Medvedev. Le président américain menace aussi la Russie et les pays lui achetant du pétrole de nouvelles sanctions, à moins que Vladimir Poutine n'accepte de mettre un terme dès cette semaine à la guerre en Ukraine. Poutine a évoqué la semaine dernière des progrès lors des négociations...

L'Union européenne suspendra quant à elle ses deux trains de contre-mesures aux tarifs douaniers de Trump pendant six mois suite à un accord avec le président américain, a indiqué un porte-parole de la Commission cité par Reuters. L'accord UE-États-Unis laisse de nombreuses questions en suspens, notamment les taux de droits de douane sur les spiritueux, ajoute l'agence. Le décret présidentiel de Trump publié la semaine dernière, fixant les droits de douane sur la plupart des produits européens à 15%, ne prévoyait pas d'exceptions, notamment pour les voitures et les pièces détachées automobiles. Les responsables de l'UE ont déclaré s'attendre à ce que d'autres décrets suivent prochainement. Ainsi, l'UE continue de collaborer avec les États-Unis pour finaliser une déclaration commune. "La Commission prendra les mesures nécessaires pour suspendre durant six mois les contre-mesures de l'UE contre les États-Unis, qui devaient entrer en vigueur le 7 août", a donc précisé le porte-parole.

Sur le front économique ce lundi aux USA, les opérateurs suivaient ce lundi les commandes industrielles américaines du mois de juin 2025, qui se sont établies en forte baisse de 4,8% en comparaison du mois antérieur, contre -5% de consensus de place et +8,3% en mai, en lecture révisée.

Demain, ils observeront la balance commerciale de juin (14h30, consensus FactSet à 68,2 milliards de déficit), ainsi que l'indice PMI composite final de juillet et donc aussi celui des services (15h45), ou encore l'ISM des services de juillet (16h, consensus 52,2).

Dans l'actualité des entreprises cotées à Wall Street, Palantir, Vertex Pharmaceuticals et Williams Companies, publient après bourse ce lundi leurs derniers résultats financiers trimestriels. AMD (après bourse), Caterpillar, Amgen (après bourse), Arista Networks (post-séance), Eaton, Pfizer, Duke, Transdigm, Apollo Global Management, Marriott, Zoetis, Marathon Petroleum ou encore Cummins, annoncent demain. McDonald's, Walt Disney, Uber Technologies, Shopify, Applovin, DoorDash, Thomson Reuters, McKesson, Airbnb, Emerson Electric, Metlife, AIG ou Occidental Petroleum, seront de la partie mercredi. Eli Lilly, Gilead Sciences, ConocoPhillips, Constellation Energy, Motorola Solutions ou Parker-Hannifin, annonceront jeudi.

Les valeurs

Tesla (+1,1%) reprend un peu de hauteur ce lundi, alors que le groupe a approuvé l'attribution de 96 millions d'actions restreintes à son incontournable DG Elon Musk. Cette "prime intérimaire 2025" a été approuvée hier par le groupe sur recommandation d'un comité spécial composé des administratrices Robyn Denholm et Kathleen Wilson-Thompson. Le conseil d'administration a approuvé l'attribution, Musk et son frère Kimbal Musk s'étant récusés du vote. Les actions seraient mises après la résiliation ou l'expiration des délais d'attente prévus par la loi Hart-Scott-Rodino. Le groupeprévoit de comptabiliser l'attribution comme des actions restreintes assorties d'une condition de performance. L'entreprise ne comptabiliserait la charge de rémunération sur la période de service requise que si l'acquisition des droits devient probable. La juste valeur comptable à la date d'attribution serait déterminée lors de la livraison des actions. Une juste valeur comptable qui atteindrait près de... 29 milliards de dollars sur le cours de clôture de vendredi.

Berkshire Hathaway (-3%), le groupe de Warren Buffett, a affiché des résultats mitigés au deuxième trimestre avec notamment les dépréciations concernant Kraft Heinz. Berkshire a cédé pour 1,21 milliard de dollars d'actions VeriSign sur la période close et a réduit la valeur comptable de Kraft Heinz de 13,5 milliards de dollars à 8,4 milliards de dollars, ce qui a réduit le bénéfice net de 3,8 milliards après impôts. Kraft Heinz sous-performe ses concurrents et envisagerait des options stratégiques dont une scission. Le bénéfice d'exploitation de Berkshire a reculé à 11,2 milliards de dollars sur le trimestre clos et le bénéfice net s'est effondré à 12,4 milliards de dollars, contre 30,4 milliards de dollars un an plus tôt, reflétant la dépréciation et la baisse des gains sur investissements. L'entreprise détient encore 344 milliards de dollars de liquidités et de bons du Trésor, mais a signalé que l'incertitude croissante liée au commerce mondial et aux tarifs douaniers pourrait constituer un frein. Greg Abel deviendra DG en janvier 2026 tandis que Warren Buffett présidera le conseil.

Idexx Laboratories (+25,7% !), le groupe actif dans le diagnostic et la santé des animaux, a affiché pour son deuxième trimestre fiscal un bénéfice net de 294 millions de dollars et un bénéfice par action de 3,63$ (+49% en données publiées et +17% à comparable), supérieur au consensus de marché. Les revenus ont totalisé 1,11 milliard de dollars (+11% en données publiées et +9% en organique), également meilleurs que prévu. Sur l'exercice, le groupe envisage désormais un bénéfice par action allant de 12,40 à 12,76$, pour des revenus logés entre 4,205 et 4,28 milliards de dollars - soit une guidance révisée en hausse. Le milieu de fourchette de la guidance de bpa est rehaussé de 40 cents, alors que les estimations de revenus sont dopées de 2%.

ON Semiconductor (-11,2%) perd du terrain à Wall Street, alors que le concepteur de composants semi-conducteurs a dévoilé pour son deuxième trimestre un bénéfice ajusté par action de 53 cents, légèrement inférieur au consensus, pour des revenus de 1,47 milliard de dollars quant à eux légèrement au-dessus des anticipations de marché. Une performance mitigée dans l'ensemble, alors que le groupe prévoit désormais pour le troisième trimestre des revenus allant de 1,47 à 1,57 milliard, et un bpa ajusté allant de 54 à 64 cents.

BioNTech (+3,7%) a annoncé ce lundi que son chiffre d'affaires du deuxième trimestre avait plus que doublé pour atteindre 260,8 millions d'euros contre 128,7 millions un an plus tôt, grâce à la hausse des revenus issus de sa collaboration avec Pfizer pour le vaccin covid. La perte nette trimestrielle de l'entreprise s'est établie néanmoins à 386,6 millions d'euros, en amélioration par rapport à la perte de 807,8 millions enregistrée à la même période, l'année précédente, qui était alors grevée par des provisions pour un accord avec les National Institutes of Health des États-Unis concernant le paiement de redevances sur les vaccins. La baisse des dépenses d'exploitation a également contribué à réduire la perte. BioNTech a réitéré ses prévisions de chiffre d'affaires pour 2025, de 1,7 à 2,2 milliards d'euros, contre 2,75 milliards l'an dernier. Le groupe a conclu en juin l'acquisition de CureVac pour 1,25 milliard de dollars, ce qui a permis de stimuler ses travaux sur de nouveaux traitements contre le cancer à base d'ARNm. Bristol Myers Squibb a pour sa part accepté de payer jusqu'à 11,1 milliards de dollars pour obtenir les droits de développement conjoint de l'immunothérapie contre le cancer de nouvelle génération de BioNTech.

Boeing (-1,3%). Environ 3.200 salariés qui assemblent les avions de chasse de Boeing sur son site de Saint-Louis et dans l'Illinois sont en grève ce lundi. Le syndicat de la branche défense et espace du constructeur aéronautique américain a en effet refusé ces dernières heures la deuxième offre d'un nouveau contrat d'entreprise. Boeing Defense a déclaré qu'il était prêt à faire face à l'arrêt de travail et qu'il mettrait en oeuvre un plan d'urgence faisant appel à des travailleurs non salariés. Selon l'entreprise, le contrat de quatre ans rejeté aurait augmenté le salaire moyen d'environ 40%, incluant une augmentation générale de 20% et une prime de 5.000 dollars. Il prévoyait également des augmentations périodiques plus importantes, davantage de vacances et de congés maladie.

Loews (+2,8%) a publié pour son deuxième trimestre fiscal un bénéfice net de 391 millions de dollars et un bénéfice par action de 1,87$, pour des revenus de 4,56 milliards de dollars. La compagnie d'assurance de biens et de dommages commerciaux avait affiché un an avant un bénéfice de 369 millions de dollars. L'unité CNA Financial a réalisé un bénéfice net trimestriel de 274 millions de dollars, contre 291 millions un an avant. Boardwalk Pipelines a contribué à hauteur de 88 millions de dollars aux profits et Loews Hotels & Co à hauteur de 28 millions de dollars.

Tyson Foods (+3,5%), le groupe alimentaire américain, a réalisé pour son deuxième trimestre fiscal un bénéfice net de 61 millions de dollars et un bénéfice par action de 17 cents, tandis que son bpa ajusté a atteint 91 cents, largement supérieur aux attentes des brokers. Le producteur américain de viandes aux marques Tyson, Jimmy Dean, Hillshire Farm, Ball Park, Wright ou Aidells, a affiché des revenus trimestriels de 13,9 milliards de dollars, contre 13,4 milliards de dollars sur la période correspondante de l'an dernier. Le bénéfice opérationnel ajusté a été de 505 millions de dollars contre 491 millions un an avant.

American Eagle Outfitters flambe de 14,5% à Wall Street, alors que la campagne publicitaire mettant en vedette l'actrice américaine Sydney Sweeney continue de faire le "buzz" et de créer la polémique. Pour Donald Trump, le débat est tout tranché : "Sidney Sweeney, une Républicaine déclarée, a la pub la plus canon. C'est pour American Eagle, et les jeans s'arrachent comme des petits pains. Allez, Sidney !".

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