Un rétropédalage de l'administration américaine sur les droits de douane pour l'acier et l'aluminium canadiens et des chiffres plutôt rassurants de l'inflation pour le mois de février dopent les indices américains - qui avaient il est vrai beaucoup souffert ces derniers jours. Le S&P 500 se redresse de 1,1% désormais, le Dow Jones de 0,7% et le Nasdaq de 1,5% en pré-séance. La cote américaine avait lourdement corrigé depuis quelques jours du fait bien évidemment des annonces multiples de Donald Trump au sujet des droits de douane.
Les chiffres de l'inflation ont réconforté ce mercredi. Pour le mois de février, l'indice américain des prix à la consommation n'a progressé que de 0,2% d'un mois sur l'autre et 2,8% sur un an, contre respectivement +0,3% et +2,9% de consensus FactSet. Hors alimentation et énergie, le CPI a augmenté de 0,2% par rapport à janvier et de 3,1% sur un an, contre +0,3% et +3,2% de consensus. Le salaire horaire a lui progressé comme attendu de 0,3% par rapport au mois antérieur et de 4% sur un an... Ces chiffres marquent un ralentissement de l'inflation par rapport à janvier, mois pour lequel le CPI avait progressé de 0,5% (+3% sur un an).
Les tarifs douaniers de 25% sur l'acier et l'aluminium prennent effet ce jour, mais le président américain a reconsidéré sa menace d'une taxe de 50% sur les importations des métaux provenant du Canada, les deux pays prévoyant de nouvelles discussions et l'Ontario ayant suspendu sa surtaxe sur l'électricité aux États-Unis. La situation demeure toutefois extrêmement tendue entre Washington et Ottawa...
L'Union européenne va pour sa part imposer des droits de douane de représailles sur 26 milliards d'euros de biens US à partir du mois prochain, mais l'UE dit rester ouverte aux négociations, des "tarifs" plus élevés n'étant dans l'intérêt de personne. La Commission européenne mettrait fin à la suspension des droits de douane sur les produits américains le 1er avril, et ces tarifs seraient pleinement en place d'ici le 13 avril. "Les contre-mesures que nous prenons aujourd'hui sont fortes mais proportionnées", a indiqué Ursula von der Leyen, dirigeante de la Commission, selon laquelle "l'UE doit agir pour protéger ses consommateurs et ses entreprises".
La balance budgétaire américaine de février sera connue à 19 heures ce soir (consensus -287 milliards). Le rapport du Département américain à l'Énergie sur les stocks pétroliers domestiques pour la semaine close le 7 mars sera annoncé dans l'après-midi.
Demain, les opérateurs suivront les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 8 mars (consensus 225.000), ainsi que l'indice des prix à la production de février (consensus +0,3% d'un mois sur l'autre et +3,3% sur un an, ou +0,3% et +3,5% hors éléments volatils).
L'indice préliminaire du sentiment des consommateurs américains de l'Université du Michigan pour le mois de mars sera publié vendredi (consensus FactSet 65,3).
Rappelons aussi que la réunion de la Fed des 18 et 19 mars approche, ce qui nous épargne cette semaine, 'quiet period' oblige, les interventions des responsables régionaux de la banque centrale américaine. Selon l'outil CME FedWatch, la Fed devrait très probablement opter pour un statu quo monétaire le 19 mars, mais elle pourrait ensuite réduire ses taux de 50 à 100 points de base cette année. La probabilité dominante (32,7%) est celle d'une fourchette de 3,50 à 3,75% sur les taux en fin d'année, ce qui représenterait une baisse de 75 pb par rapport aux niveaux actuels.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI prend 1,4% à 67,2$. L'once d'or fin avance de 0,1% à 2.919$. L'indice dollar progresse de 0,3% face à un panier de devises. Le rendement du T-Bond à 10 ans se redresse un peu à 4,31%.
Dans l'actualité des entreprises à Wall Street,American Eagle, UiPath, SentinelOne, Williams-Sonoma, Crown Castle et Adobe, annoncent leurs comptes ce jour. DocuSign, Ulta Beauty, Dollar General et Wheaton Precious Metals, publient demain.
Les valeurs
Tesla tente un sursaut depuis hier à Wall Street, avec le soutien de Donald Trump, mais la situation demeure délicate pour le constructeur texan de VE, qui fait face à une vague de protestations du fait des prises de positions politiques d'Elon Musk. C'est par ailleurs le coup d'envoi de l'appel pour tenter de restaurer le package record de rémunération de 56 milliards de dollars de Musk. Ce dernier met en avant de multiples erreurs légales lors du blocage du plan qui remonte à 2018. Les actionnaires ont voté par deux fois en faveur du "paquet". Musk évoque donc un résultat contre-intuitif lors du jugement antérieur, "défiant les principes établis de la loi du Delaware". En janvier 2024, Kathaleen McCormick, chancelière de la cour du Delaware, avait annulé le package, le jugeant injuste pour les actionnaires, les administrateurs l'ayant approuvé étant liés à Musk et Tesla ayant omis de fournir des informations clés avant le premier vote.
Dans un autre registre, Elon Musk a promis hier de doubler la production de Tesla d'ici deux ans aux États-Unis en signe de confiance dans l'Amérique. Durant une conférence de presse à la Maison blanche pour la promotion de sa marque de VE, Musk a indiqué : "En soutien des grandes politiques du président Trump et de son administration, et en tant qu'acte de foi en l'Amérique, Tesla va doubler la production de véhicules aux États-Unis au cours des deux prochaines années"...
Intel bondit avant bourse à Wall Street à la suite d'un rapport selon lequel le colosse taïwanais des puces sous contrat TSMC aurait approché Nvidia, AMD et Broadcom en vue de la constitution d'une coentreprise pour la prise de contrôle et la gestion de la division de fonderie du fabricant de puces. Selon Reuters, TSMC ne détiendrait pas plus de 50 % de la JV. Qualcomm aurait aussi été contacté par TSMC, selon deux sources de Reuters. L'agence évoque des discussions préliminaires et indique par ailleurs que Donald Trump aurait demandé à TSMC de l'aide pour redresser Intel. Dans le cadre de la proposition, Taiwan Semi dirigerait les opérations de la division fonderie d'Intel, qui conçoit des puces adaptées aux besoins des clients.
Alibaba, le géant chinois du e-commerce, a dévoilé une nouvelle IA dont le groupe assure qu'elle serait capable de lire les émotions. Les chercheurs du Tongyi Lab d'Alibaba ont ainsi levé le voile sur leur nouveau R1-Omni open source, déduisant l'état émotionnel d'une personne dans une vidéo tout en proposant également des descriptions de ses vêtements et de son environnement. L'IA, proposée aux utilisateurs en téléchargement gratuit sur Hugging Face, ajouterait donc "un autre niveau de compréhension" à la vision par ordinateur. L'IA constitue une amélioration du modèle HumanOmni du même chercheur principal, Jiaxing Zhao.
Spotify grimpe avant bourse à Wall Street, alors que le groupe suédois de streaming musical a indiqué qu'il avait reversé 10 milliards de dollars de royalties en 2024, un record annuel pour l'industrie musicale. Près de 1.500 artistes ont ainsi gagné plus d'un million de dollars de redevances auprès de Spotify sur l'année considérée. Reuters rappelle que Spotify a fait l'objet d'un procès aux États-Unis. Le groupe était accusé d'avoir sous-payé l'écriture de dizaines de millions de chansons l'année dernière. Un juge fédéral de New York a rejeté toutefois cette action.