Wall Street gagne du terrain avant bourse ce mercredi, à quelques heures du verdict de la Fed. Le S&P 500 prend 0,2%, le Dow Jones 0,3% et le Nasdaq 0,1%. Nvidia reprend un peu de hauteur, suite à sa correction des dernières séances. Tesla consolide pour sa part son puissant rallye post-électoral.
Ainsi, alors que le S&P et le Nasdaq restent très proches de leurs pics historiques, l'indice Dow Jones, lui, a aligné neuf séances de baisse consécutives, du jamais vu depuis 1978 ! Le Dow a perdu 3,4% sur la période, environ 1.500 points, alors que l'indice historique était sur un record de plus de 45.000 points (45.014 pts le 4 décembre).
Cette baisse du DJIA a beaucoup à voir avec celle d'un nouvel entrant de poids, Nvidia, qui a remplacé Intel dans l'indice le 8 novembre. Le titre a corrigé en effet sur la période et vient d'aligner quatre séances de recul, plombé par des craintes relatives à la soutenabilité des fortes dépenses d'IA des géants technologiques tels que Meta, Alphabet ou Microsoft, ou encore par les récents rapports indiquant des problèmes potentiels de surchauffe liés aux puces d'IA de l'architecture Blackwell.
La série rouge pourrait se terminer ce jour pour le DJIA, mais tout dépendra de la Fed, qui livrera ce soir ses derniers commentaires de politique monétaire et devrait sans surprise baisser ses taux de 25 points de base de plus. Les opérateurs surveillent surtout les valeurs Nvidia (en hausse en pré-séance ce jour) et Tesla (attendu en recul après une série haussière impressionnante depuis l'élection présidentielle).
La prudence domine après les records, alors que la tâche de la Fed risque de s'avérer plus compliquée que prévu dans un contexte d'inflation collante. Tout le suspense réside dans le ton adopté ce soir par la Fed et son patron Jerome Powell. La résilience de l'économie et les signes de résurgence d'inflation pourraient inciter la banque à raffermir un peu sa posture, ou du moins à envisager un assouplissement plus lent.
En attendant, le bitcoin consolide à peine sur ses sommets, toujours mû par l'espoir de la constitution d'une réserve stratégique américaine, suite aux récents commentaires complaisants du président élu Donald Trump sur la question. Le BTC revient à 105.000$ environ ce jour après un sommet d'un peu plus de 108.000$.
La réunion de la Fed constitue le rendez-vous essentiel de la semaine. Selon l'outil CME FedWatch, la probabilité d'une baisse de taux supplémentaire d'un quart de point ce soir se situe à 98,8%. Cela ramènerait le taux des 'fed funds' entre 4,25 et 4,50%. Le même outil donne une forte probabilité de statu quo lors de la réunion suivante, des 28 et 29 janvier ('proba' de 82% environ pour la fourchette 4,25-4,50%). La baisse des taux pourrait ensuite reprendre à partir de la réunion de mars...
Une étude Bloomberg News arrive aux mêmes conclusions. Après une première baisse d'un demi-point en septembre et une autre d'un quart en novembre, Jerome Powell et ses collègues devraient ainsi annoncer une nouvelle réduction des taux d'un quart de point. Cela représenterait un point de pourcentage de réduction depuis septembre. Les baisses de taux devraient ralentir l'année prochaine plus que ce que les responsables prévoyaient il y a trois mois, indique Bloomberg, alors que la majorité des économistes n'anticipent que trois réductions en 2025, dans un contexte de moindre progrès dans le ralentissement de l'inflation vers l'objectif des 2%. Les économistes s'attendent à ce que la Fed maintienne ses taux inchangés lors de la réunion de janvier et les abaisse à nouveau en mars. Les deux réductions restantes pour 2025 interviendraient en juin et septembre, selon les estimations médianes de l'enquête Bloomberg menée auprès de 50 économistes du 6 au 11 décembre.
Sur le front économique ce mercredi, les mises en chantier de logements aux États-Unis pour le mois de novembre 2024 se sont établis au rythme de 1,289 million, contre 1,35 million de consensus et 1,312 million pour la lecture révisée du mois antérieur. Les permis de construire sont ressortis en revanche au-dessus des attentes à 1,505 million, contre 1,43 million de consensus et 1,419 million pour le mois précédent.
La balance des comptes courants du troisième trimestre est ressortie déficitaire de 310,9 milliards de dollars, contre un consensus de -283 milliards de dollars et une lecture révisée à -275 milliards de dollars pour la période antérieure.
L'indice des anticipations d'inflation de la Fed d'Atlanta (16h), ainsi que le rapport hebdomadaire du Département à l'Energie sur les stocks pétroliers domestiques pour la semaine close le 13 décembre (16h30), sont aussi attendus ce mercredi. Le communiqué monétaire de la Fed sera publié à 20 heures, tandis que la conférence de presse de Jerome Powell se tiendra à 20h30.
La journée de jeudi sera également active, avec les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 14 décembre (14h30, consensus FactSet 229.000), les chiffres finaux du PIB pour le troisième trimestre (consensus au rythme de 2,8%, +3,5% pour les dépenses personnelles de consommation, +1,9% pour l'indice des prix d'un trimestre sur l'autre). L'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie pour le mois de décembre sera révélé à la même heure (consensus 5). Les reventes de logements existants de novembre seront annoncées à 16 heures (consensus au rythme de 4,1 millions), à la même heure que l'indice des indicateurs avancés du Conférence Board pour novembre (consensus -0,1%). L'indice manufacturier de la Fed de Kansas City pour décembre sera publié à 17 heures.
Enfin, vendredi, les investisseurs prendront connaissance des revenus et dépenses des ménages pour novembre (14h30, consensus +0,4% pour les revenus personnels par rapport à octobre, +0,5% pour les dépenses personnelles de consommation, +0,2% pour l'indice des prix 'core PCE' par rapport au mois précédent ou +2,9% en glissement annuel). Pour finir, l'indice final du sentiment des consommateurs américains de l'Université du Michigan pour le mois de décembre sera annoncé à 16 heures (consensus 74,3).
Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, Heico, groupe américain d'aérospatiale et d'électronique, décrochait hier soir suite à sa publication financière. Micron, Lennar, General Mills, Jabil et Birkenstock, sont attendus ce mercredi. Accenture, Nike, Cintas, FedEx, Paychex, Darden Restaurants, FactSet Research, CarMax, ConAgra, Polestar et BlackBerry, publieront jeudi. Carnival dévoilera enfin ses comptes vendredi.
Les valeurs
General Mills, le groupe alimentaire américain aux marques Géant Vert, Häagen-Dazs, Nature Valley, Yoplait, Cheerios ou Old El Paso, perd du terrain avant bourse à Wall Street. Pour son deuxième trimestre fiscal 2025, le groupe a affiché un bénéfice net de 796 millions de dollars, 1,42$ par action, ou un bénéfice ajusté de 1,40$ par titre (+12%) à comparer à un consensus de 1,22$. Les revenus ont totalisé quant à eux 5,24 milliards de dollars, également supérieurs aux attentes et en croissance de 2%. La croissance organique s'est affichée modeste à 1%. Le bénéfice opérationnel a augmenté de 33% à 1,1 milliard de dollars, alors que le bénéfice opérationnel ajusté s'est apprécié de 7% à devises constantes.
Le groupe met à jour ses estimations 2025 afin de refléter les investissements accrus pour financer l'amélioration des volumes et les tendances de parts de marché. Les ventes nettes organiques devraient toujours osciller entre stagnation et hausse de 1%, General Mills ciblant désormais l'extrémité inférieure de la fourchette en raison de l'augmentation des investissements promotionnels. Le bénéfice d'exploitation ajusté devrait désormais s'afficher en repli de 2 à 4% à devises constantes, reflétant des niveaux d'investissement plus élevés. Le bénéfice ajusté dilué par action devrait ressortir en recul de 1% à 3% à devises constantes, soit ici encore, une révision en baisse.
Jabil, le sous-traitant américain de production électronique, a annoncé pour son premier trimestre fiscal 2025 des revenus de 7 milliards de dollars, ainsi qu'un bénéfice opérationnel ajusté de 347 millions de dollars et qu'un bpa ajusté de 2$. Le consensus était de 1,88$ de bpa ajusté et 6,61 milliards de revenus. Le titre s'enflamme avant bourse à Wall Street sur ces bonnes nouvelles. Pour son deuxième trimestre fiscal juste entamé, le groupe envisage des revenus allant de 6,1 à 6,7 milliards de dollars, pour un bénéfice opérationnel ajusté allant de 286 à 346 millions de dollars et un bpa ajusté allant de 1,60 à 2$. Sur l'exercice, les revenus sont anticipés à 27,3 milliards de dollars, pour une marge opérationnelle ajustée de 5,4% et un bénéfice ajusté par action de 8,75$. Le free cash flow ajusté est attendu à 1,2 milliard de dollars.
Heico, le groupe américain d'aérospatiale et d'électronique, qui conçoit notamment des équipements ou composants pour avions et engins spatiaux, fléchit à Wall Street. Pour son quatrième trimestre fiscal, le groupe a réalisé pourtant un bénéfice net record de 140 millions de dollars en croissance de 35%, pour un bpa dilué de 99 cents. Sur l'exercice clos, le bénéfice net s'est amélioré de 27% à 514 millions de dollars. Les ventes ont progressé de 8% à 1,01 milliard de dollars au quatrième trimestre fiscal, au plus haut historique, portant les ventes annuelles à 3,86 milliards de dollars (+30%). "Alors que nous envisageons l'exercice 2025, nous prévoyons une croissance des ventes nettes du groupe Flight Support et du groupe Technologies électroniques, tirée principalement par une croissance organique soutenue par une forte demande pour la majorité de nos produits", ajoute Laurans A. Mendelson, PDG.
Salesforce a bouclé un millier d'accords pour sa plateforme Agentforce de création de représentants virtuels alimentée par l'intelligence artificielle. C'est du moins ce qu'a indiqué hier le patron du groupe, Marc Benioff, à l'occasion d'un événement d'entreprise à San Francisco. Le groupe a présenté hier des améliorations dans la manière dont les entreprises pourraient par exemple créer des robots pour le recrutement, le service client et d'autres tâches sur sa plateforme et dans son application de messagerie Slack, relate Reuters. Benioff a expliqué de quelle manière Salesforce avait appliqué en interne ses propres recettes, lui permettant de résoudre les requêtes simples de clients avec deux fois moins de personnel.
Meta Platforms. Instagram pourrait représenter plus de la moitié des revenus publicitaires de Metaaux Etats-Unis l'année prochaine, selon la firme de recherche Emarketer, reprise par Reuters. La firme note l'amélioration de la monétisation de la plateforme de média social, dont le format Reels rivalise avec TikTok et YouTube Shorts. Si une interdiction de TikTok prend effet aux USA, Reels et YouTube Shorts pourraient devenir des alternatives séduisantes pour les annonceurs, ce qui doperait encore la croissance d'Instagram selon Emarketer, qui note que les utilisateurs d'"Insta" passent désormais près des deux tiers de leur temps à regarder des vidéos. Emarketer évalue qu'en cas d'interdiction de TikTok, Instagram pourrait capturer plus du cinquième des dollars publicitaires réalloués aux États-Unis.