Wall Street progresse un peu plus avant bourse ce lundi, au sommet historique, le S&P 500 s'accordant 0,17% à 6.183 pts, le Dow Jones 0,26% à 43.934 pts et le Nasdaq 0,18% à 20.310 pts, alors que la situation semble se détendre sur le front commercial et que Trump maintient la pression sur Jerome Powell pour obtenir... son départ ou plus simplement des assouplissements monétaires... Sur le Nymex, le baril de brut WTI cède 0,8% à 65$. L'once d'or fin prend 0,4% à 3.288$. L'indice dollar régresse de 0,3% face à un panier de devises de référence. Le bitcoin reste solide sur les 107.000$.
Vendredi, la cote américaine avait connu une certaine volatilité du fait des inquiétudes sur les négociations commerciales entre États-Unis et Canada. Cependant, Ottawa vient d'annuler sa taxe sur les services numériques qui avait provoqué la colère de Trump, quelques heures seulement avant son entrée en vigueur. Le Premier ministre canadien Mark Carney et Trump pourront ainsi reprendre les négociations commerciales en vue de parvenir à un accord d'ici le 21 juillet, selon le ministère canadien des Finances. Trump avait déclaré vendredi, du fait en particulier de la taxe numérique, qu'il mettait fin aux négociations commerciales avec le Canada et avait menacé d'instaurer un nouveau taux de droits de douane sur les marchandises canadiennes d'ici la semaine prochaine...
Scott Bessent, le secrétaire américain au Trésor, avait commenté quant à lui en fin de semaine dernière l'accord conclu par les États-Unis et la Chine, évoquant une désescalade. Il précisait que les tarifs infligés par Washington à Pékin étaient désormais de 30%, contre 10% pour ceux appliqués par la Chine aux importations provenant des USA. Selon lui, l'accord avec la Chine permettra aux aimants de circuler vers ceux qui les recevaient auparavant. Dans une interview accordée à Fox Business, Bessent a affirmé sa confiance suite à la conclusion de ce deal entre les deux superpuissances. "Nous ne voulons pas nous découpler de la Chine", a déclaré le secrétaire au Trésor américain. "Nous verrons si la Chine veut être un partenaire responsable", a ajouté le dirigeant.
Trump a aussi déclaré qu'un accord commercial très important pourrait être signé prochainement, qui ouvrirait le marché indien aux entreprises américaines. "Nous avons d'excellents accords. Nous en avons peut-être un à venir avec l'Inde, un accord très important, qui nous permettra d'ouvrir l'Inde", a lancé Trump lors d'un événement en fin de semaine dernière à la Maison Blanche. Cela laisse donc entrevoir un optimisme quant à un éventuel accord commercial intérimaire, même si des divergences importantes persistent... L'Inde a prolongé sa visite à Washington afin de finaliser un accord.
Trump a affirmé ce week-end dans une interview accordée à Fox News qu'il ne prévoyait pas de prolonger la date limite du 9 juillet pour l'augmentation des droits de douane, fixée aux pays souhaitant négocier des accords avec les États-Unis. "Je ne pense pas que j'en aurai besoin", a affirmé Trump, ajoutant toutefois : "Je pourrais, ce n'est pas grave". Lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche vendredi, Trump avait laissé entendre que la date limite du 9 juillet pour l'augmentation des droits de douane réciproques n'était pas fixée. "Nous pouvons faire ce que nous voulons", avait affirmé le président américain.
Parmi les points un peu plus négatifs sur le front commercial, Trump a laissé entendre sur Fox News qu'il allait conserver des droits de douane de 25% sur les automobiles provenant du Japon. "Nous ne donnons donc aucune voiture au Japon. Ils refusent nos voitures, n'est-ce pas ? Et pourtant, nous introduisons des millions et des millions de leurs voitures aux États-Unis. Ce n'est pas juste", a déclaré Trump. "Maintenant, nous avons du pétrole. Ils pourraient en prendre beaucoup. Ils pourraient prendre beaucoup d'autres choses", a-t-il ajouté, à propos des moyens par lesquels le Japon pourrait réduire le déficit commercial américain. L'interview a été publiée après des discussions entre Ryosei Akazawa, négociateur commercial en chef de Tokyo, et le secrétaire US au Commerce Howard Lutnick. Après la diffusion de l'interview de Trump, Akazawa s'est exprimé sur X pour réitérer la poursuite des discussions bilatérales. "Les négociations nippo-américaines sont à un stade critique, et nous poursuivrons des discussions sincères et sérieuses", a donc assuré le dirigeant.
Pendant ce temps, les observateurs suivent aussi de près les négociations au Sénat sur le projet de loi de réduction d'impôts de 4.500 milliards de dollars proposé par Trump. Le Congressional Budget Office estime que ce projet creuserait le déficit de 3.300 milliards de dollars sur dix ans. Le leader de la majorité au Sénat, John Thune, doit faire vite pour respecter la date limite du 4 juillet fixée par le président Donald Trump pour faire adopter son projet de loi massif sur les impôts et les dépenses, mais il doit d'abord examiner une liste d'environ huit sénateurs républicains qui ont exprimé leur opposition à certaines parties de ce projet, note Bloomberg. Respecter l'échéance du 4 juillet sera ambitieux selon l'agence, mais possible si les dirigeants républicains parviennent à surmonter des affrontements épineux. L'adoption définitive du projet de loi par le Sénat pourrait intervenir lundi soir ou mardi matin si Thune parvient à conclure des accords avec suffisamment de sénateurs pour l'adopter. La Chambre des Représentants devra ensuite se prononcer sur le projet de loi sénatorial. Cela signifie probablement que le président de la Chambre, Mike Johnson, devra convaincre les républicains de la Chambre. Un vote à la Chambre pourrait avoir lieu dès mercredi dans le meilleur des cas (pour Trump).
"Le dernier projet de loi du Sénat détruira des millions d'emplois en Amérique et causera un immense préjudice stratégique à notre pays !", a alerté le DG de Tesla et SpaceX, Elon Musk, dans un message publié sur son réseau social X, accusant le texte de favoriser des secteurs "du passé" au détriment de ceux "du futur". La version la plus récente du projet, soutenue par le président américain, prévoirait notamment des aides importantes aux industries traditionnelles comme les énergies fossiles ou l'automobile thermique. Pour Musk, il s'agit d'un retour en arrière, alors même que les Etats-Unis doivent rester compétitifs dans des domaines comme les véhicules électriques, l'IA ou encore l'aérospatial.
Sur le front économique à Wall Street, l'indice manufacturier régional PMI de Chicago pour le mois de juin 2025 s'est établi à seulement 40,4, contre 44,3 de consensus FactSet et 40,5 un mois auparavant. L'indice reste donc très largement sous la barre des 50, ce qui signale une forte contraction de l'activité manufacturière dans la région considérée.
L'indice manufacturier régional de la Fed de Dallas pour le mois de juin est ressorti négatif à -12,7, contre un consensus FactSet de -12 et une lecture de -15,3 sur le mois antérieur, ce qui signale une poursuite de la correction de l'activité manufacturière dans la région.
Raphael Bostic et Austan Goolsbee de la Fed prennent la parole ce jour. Bostic, qui dirige la Fed d'Atlanta, a estimé aujourd'hui que la majeure partie de l'impact des droits de douane n'était pas encore transmise à l'économie. Il anticipe des hausses additionnelles de prix du fait de ces tarifs douaniers de Trump, alors que les entreprises devraient augmenter leurs prix pour répercuter ces taxes douanières. Il faudra par ailleurs du temps avant que la politique commerciale ne soit claire...
Demain, la journée sera assez animée avec l'indice PMI manufacturier américain final du mois de juin (15h45, consensus 49,3), l'ISM manufacturier (16 heures, consensus 49,1), les dépenses de construction du mois de mai (16 heures, consensus +0,2%) et le rapport JOLTS du Département au Travail sur les ouvertures de postes du mois de mai (16h, consensus 7,3 millions). Jerome Powell, patron de la Fed, intervient par ailleurs demain lors du forum de la BCE à Sintra, au Portugal, alors que le président Trump maintient la pression et a affirmé encore qu'il ne serait pas contre une démission du leader de la banque centrale, qu'il prévoit de remplacer le plus rapidement possible. "J'adorerais qu'il démissionne, il a fait un travail minable", a indiqué Trump, qui a qualifié Jerome Powell de "stupide". Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a suggéré que Powell renonce à ses fonctions de président tout en continuant de siéger au board de la Fed. Il a aussi indiqué que l'administration Trump travaillait à sélectionner le successeur du leader de la Fed et laissé entendre qu'une annonce pourrait intervenir dans les prochaines semaines.
Mercredi, les opérateurs suivront l'étude Challenger, Gray & Christmas sur les annonces de licenciements aux USA, le rapport d'ADP sur l'emploi privé américain du mois de juin (consensus 102.500), ainsi que le rapport hebdomadaire du Département à l'Energie sur les stocks pétroliers domestiques.
Jeudi, pour finir, l'actualité sera chargée juste avant "l'Independence Day", avec surtout le rapport mensuel gouvernemental sur la situation de l'emploi (consensus 4,3% de chômage et 115.000 créations de postes non-agricoles), mais aussi la balance du commerce international des biens et services, les inscriptions hebdomadaires au chômage, l'indice PMI composite final (et donc celui des services), les commandes industrielles et l'ISM des services. Wall Street fermera à 19 heures, heure française jeudi, et sera fermé vendredi pour le Jour de l'Indépendance.
Dans l'actualité des entreprises, Constellation Brands publie mardi, mais l'agenda est sinon assez clairsemé.
Les valeurs
Oracle (+5%). La directrice générale du groupe, Safra Catz, a précisé que le géant software avait connu un solide début d'exercice 2026 avec en particulier l'activité cloud. Selon un document déposé auprès de la SEC, la CEO d'Oracle indique que le chiffre d'affaires des bases de données MultiCloud d'Oracle continue de croître à un rythme de plus de 100%. Elle explique aussi qu'Oracle a signé plusieurs contrats importants de services cloud, dont un qui devrait générer... plus de 30 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel à compter de l'exercice 2028 ! Stifel vient par ailleurs de relever sa recommandation sur la valeur de 'conserver' à 'acheter'...
Boeing (-2%) reste surveillé ce lundi, alors que son projet d'acquisition de Spirit AeroSystems Holdings pour 4,7 milliards de dollars va faire l'objet d'une enquête antitrust au Royaume-Uni. La CMA, autorité de la concurrence et des marchés, décidera si l'opération présente un risque local de restriction substantielle de la concurrence. Boeing avait annoncé l'opération l'année dernière pour un montant total de 8,3 milliards de dollars dette nette incluse. La CMA décidera de clore l'enquête ou d'en lancer une plus approfondie d'ici le 28 août. En cas de finalisation, la transaction réunirait les deux entreprises deux décennies après la scission de Spirit en 2005. Cette fusion permettrait de réintégrer un fournisseur clé du 737, du 787 Dreamliner et d'autres avions commerciaux du groupe.
Home Depot (-1%) a annoncé que sa filiale SRS Distribution avait accepté d'acquérir le distributeur de produits de construction spécialisés GMS pour environ 4,3 milliards de dollars. SRS propose 110$ par action GMS. Dette comprise, la transaction est valorisée à 5,5 milliards de dollars. "The Home Depot a acquis SRS pour dynamiser sa croissance, et SRS continue de démontrer une exécution exceptionnelle et de solides performances", a déclaré Ted Decker, PDG de Home Depot. "Au cours de notre première année de collaboration, nous avons réalisé d'importantes synergies, notamment la vente croisée de nouveaux produits et services aux clients de Home Depot et de SRS, le développement du programme de crédit commercial aux entreprises de Home Depot via la plateforme SRS, et de nombreuses autres initiatives visant à optimiser la proposition de valeur client et l'efficacité opérationnelle. Ce succès nous conforte dans l'idée que l'ajout de GMS à la plateforme SRS nous permettra de créer encore plus de valeur pour nos clients".
Microsoft (stable) / Oracle / Amazon... Trump affirme qu'un repreneur a été trouvé pour les activités américaines de TikTok, évoquant un groupe de "personnes très riches" dont l'identité serait révélée d'ici deux semaines. Plusieurs noms ont circulé ces derniers mois parmi les candidats au rachat, dont notamment Microsoft, Oracle, Amazon ou bien encore la startup d'IA Perplexity.
Amazon (stable). Les prix des biens fabriqués en Chine et vendus sur Amazon auraient augmenté plus rapidement que l'inflation globale, selon une analyse de 1.400 produits différents réalisée exclusivement pour Reuters par la société d'analyse DataWeave, signe selon l'agence que "les tarifs douaniers commencent à toucher les consommateurs américains".
AbbVie (+2%), le groupe pharmaceutique américain, a annoncé son intention d'acquérir le développeur de thérapies cellulaires Capstan Therapeutics pour un montant pouvant atteindre 2,1 milliards de dollars. Capstan développe des thérapies CAR-T. Son principal médicament est actuellement en développement pour le traitement des maladies auto-immunes. AbbVie se concentre pour sa part sur le développement de son portefeuille de produits alors que son blockbuster de l'arthrite Humira est tombé dans le domaine public.