Wall Street retombe avant bourse ce mardi, alors que le ministère chinois du Commerce a expliqué à propos de la guerre commerciale que si les États-Unis voulaient se battre, la Chine le ferait jusqu'au bout. "S'ils veulent dialoguer, la porte est toujours ouverte", a aussi indiqué Pékin. Suffisant pour relancer les craintes d'escalade de l'affrontement commercial, puisque le S&P 500 perd 1% en pré-séance, contre une baisse de 0,9% sur le Dow Jones et un recul de 1,3% sur le Nasdaq. Des indices qui ne profitent pas d'une assez belle série de publications bancaires, alors que débute la saison des résultats trimestriels outre-Atlantique. Pendant ce temps, le 'shutdown' entre dans sa troisième semaine et les responsables politiques américains, dont le Secrétaire au Trésor Bessent, préviennent désormais de l'impact économique potentiel...
Hier, la place américaine avait rebondi (+1,3% sur le DJIA et +2,2% environ pour le Nasdaq) avec le "TACO trade". L'acronyme TACO signifie 'Trump Always Chickens Out', ce qui se traduirait par "Trump se déballonne toujours". Une expression qui avait pris de l'ampleur en mai 2025 lorsque Trump était rapidement revenu sur ses menaces de droits de douane du 'jour de la Libération'. Vendredi, les indices américains avaient décroché (-1,9% sur le DJIA et -3,56% pour le Nasdaq) suite à la menace de nouveaux droits de douane de 100% sur la Chine au 1er novembre, mais le président américain a tenté ensuite de radoucir le ton.
"Ne vous inquiétez pas pour la Chine, tout ira bien ! Le très respecté président Xi vient de traverser une mauvaise passe. Il ne veut pas de dépression pour son pays, et moi non plus. Les États-Unis veulent aider la Chine, pas lui nuire !", avait indiqué Trump avant-hier, soucieux de rassurer suite à son message de vendredi sur Truth Social dans lequel il affirmait que la Chine avait pris une position extrêmement agressive sur le commerce en adressant au monde entier une lettre "extrêmement hostile" indiquant que le pays allait dès le 1er novembre imposer de larges contrôles à l'export sur pratiquement tous les produits. Trump avait alors évoqué une attitude jamais observée en termes de commerce international et une "disgrâce morale". Sur la base de ces supposées positions sans précédent de Pékin, Trump avait déclaré qu'à partir du 1er novembre - "ou bien plus tôt" sous réserve des actions ou changements futurs décidés par la Chine -, les États-Unis allaient imposer des droits de douane supplémentaires de 100% sur la Chine. Il indiquait également que Washington allait imposer des contrôles à l'export sur tous les logiciels critiques.
Mais Trump semble donc depuis revenir quelque peu sur ses positions. Il a aussi déclaré que la date limite du 1er novembre pour l'imposition des droits de douane sur la Chine était "une éternité". Il a souligné qu'il n'avait pas annulé l'entretien prévu avec son homologue chinois Xi Jinping.
La Chine a déclaré pour sa part dimanche ne pas craindre une guerre commerciale avec les États-Unis, après que Trump a promis d'imposer de nouveaux droits de douane punitifs sur les importations chinoises. Un porte-parole du ministère chinois du Commerce, cité par CNBC, a accusé les États-Unis de faire "deux poids, deux mesures", suite à la promesse faite vendredi par Trump d'imposer des droits de douane supplémentaires de 100% sur ces importations après l'imposition par la Chine de nouveaux contrôles à l'exportation de minéraux de terres rares. Les menaces délibérées de droits de douane élevés ne sont pas la bonne façon de s'entendre avec la Chine, a déclaré le porte-parole. "La position de la Chine sur la guerre commerciale est cohérente : nous ne la souhaitons pas, mais nous n'en avons pas peur", a-t-il ajouté. Le porte-parole a déclaré que les États-Unis avaient longtemps outrepassé le concept de sécurité nationale, abusé du contrôle des exportations, pris des mesures discriminatoires à l'encontre de la Chine et imposé des mesures juridictionnelles unilatérales à long terme sur divers produits, notamment les semi-conducteurs et les puces.
Trump et Xi Jinping doivent se rencontrer lors d'un sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique en Corée du Sud à la fin du mois. Le président américain avait remis cette rencontre en question vendredi compte tenu de la posture commerciale de la Chine, mais il a donc ensuite précisé qu'il n'avait pas annulé le meeting.
Les Etats-Unis et la Chine vont par ailleurs imposer réciproquement des taxes portuaires supplémentaires aux entreprises de fret maritime qui livrent un éventail de produits, note Reuters. Pékin dit avoir commencé à prélever de nouveaux frais de port aux navires détenus, opérés ou construits aux Etats-Unis ou battant pavillon américain. L'annonce intervient selon Reuters après que l'administration Trump a fait part plus tôt cette année de son intention de relever les taxes imposées aux navires liés à la Chine. Les nouvelles taxes américaines devaient également entrer en vigueur ce mardi.
Le Secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, remet de l'huile sur le feu à propos du commerce et de la Chine. Dans une interview accordée au Financial Times, il critique ainsi l'attitude de Pékin : "Cela témoigne de la faiblesse de leur économie, et ils veulent entraîner tout le monde dans leur chute". Bessent ajoute que les contrôles chinois à l'exportation de terres rares, trois semaines avant la rencontre prévue entre le président Trump et le président chinois Xi Jinping, ne font que refléter la faiblesse de l'économie chinoise. Le Secrétaire US au Trésor insiste : "Ils sont en pleine récession/dépression, et ils tentent de s'en sortir grâce à l'exportation. Le problème, c'est qu'ils aggravent leur position dans le monde". Il déclare aussi : "Il existe peut-être un modèle économique léniniste où nuire à ses clients est une bonne idée, mais ils sont le plus grand fournisseur mondial". "S'ils veulent ralentir l'économie mondiale, ce sont eux qui seront les plus touchés", insiste le dirigeant.
Par ailleurs, le vice-ministre des Finances Liao Min, membre de l'équipe de négociation commerciale de Pékin, présent à Washington cette semaine, aurait rencontré son homologue du Trésor américain, selon une source de Bloomberg. Liao participe à la réunion annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale et devrait s'entretenir avec le responsable américain plus tard dans la semaine. "Les deux parties ont été en communication constante dans le cadre du mécanisme de consultation économique et commerciale sino-américain et nous avons tenu une réunion de travail hier", a déclaré un porte-parole anonyme du ministère chinois du Commerce cité par Bloomberg. Le ministère a qualifié les vastes restrictions mondiales de "mesures légitimes" et a accusé les États-Unis d'avoir introduit de nouvelles restrictions visant la Chine depuis les négociations entre les deux superpuissances à Madrid en septembre. "Je tiens à souligner que les États-Unis ne peuvent pas appeler au dialogue tout en menaçant et en intimidant la Chine avec de nouvelles mesures restrictives", a déclaré le responsable du ministère.
Bessent a lui affirmé que des réunions "au niveau des services" avec des responsables chinois se tiendraient à Washington cette semaine, à l'occasion du sommet annuel du FMI et de la Banque mondiale, probablement, selon Bloomberg, en référence aux discussions qui auront lieu avec l'équipe de Liao.
Sur le front économique cette semaine, de nombreux responsables de la Fed s'expriment encore. Anna Paulson, présidente de la Fed de Philadelphie, a affirmé hier que la politique monétaire était légèrement restrictive et que les responsables devraient examiner l'impact des droits de douane sur la hausse des prix à la consommation. Elle intervenait lors de la réunion annuelle de la NABE...
Jerome Powell intervient à son tour ce soir à l'occasion de la réunion annuelle de la NABE (National Association for Business Economics) à Philadelphie. Il s'exprimera à propos des perspectives économiques et de la politique monétaire. Michelle Bowman, vice-présidente de la Fed pour la supervision, prendra aussi la parole à l'occasion d'un événement de l'IFF (Institute of International Finance) à Washington. Le gouverneur Christopher Waller doit intervenir à cette même occasion. Susan Collins est par ailleurs attendue dans la soirée.
Raphael Bostic, Stephen Miran, Waller et Jeffrey Schmid seront de la partie demain. Thomas Barkin, Christopher Waller, Michael Barr, Michelle Bowman et Neel Kashkari interviendront encore jeudi. Enfin, Alberto Musalem prendra la parole vendredi pour le plus grand bonheur des fans de la Fed.
L'indice manufacturier Empire State de la Fed de New York et le Livre Beige de la Fed sont attendus demain. Jeudi, le programme est supposé chargé avec les inscriptions au chômage, l'indice des prix à la production, les ventes de détail, l'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie, les stocks des entreprises, ainsi que l'indice du marché immobilier, mais bon nombre de ces statistiques pourraient être reportées du fait du 'shutdown' persistant. Enfin, vendredi, sont en principe attendus les mises en chantier de logements et permis de construire, les prix à l'import et à l'export, ou bien la production industrielle.
Dans l'actualité des entreprises, la saison des trimestriels débute avec surtout les valeurs financières. JP Morgan, Johnson & Johnson, Wells Fargo, Goldman Sachs, BlackRock, Citigroup, Domino's Pizza ou Albertsons, annoncent ce mardi.
ASML, Bank of America, Morgan Stanley, Abbott, Progressive Corporation, Prologis, PNC Financial, Kinder Morgan, United Airlines, Synchrony Financial, Citizens Financial Group, JB Hunt et First Horizon, publient mercredi. TSMC, Charles Schwab, Intuitive Surgical, Interactive Brokers, Marsh & McLennan, Bank of New York Mellon, US Bancorp, CSX, The Travelers Companies, M&T Bank et KeyCorp, annoncent jeudi. American Express, Truist Financial, Comerica, Ally Financial, Regions Financial, Huntington Bancshares, State Street, Fifth Third Bancorp et SLB (ex-Schlumberger), publient vendredi.
Sur le Nymex, le baril de brut cède 2,3% à 58,1$. L'once d'or fin se stabilise au plus haut à 4.109$. L'indice dollar grappille 0,2% face à un panier de devises. Le bitcoin se tasse vers les 110.000$.
Les valeurs
JP Morgan Chase, la première banque américaine, publie ce mardi des comptes supérieurs aux attentes de marché pour son troisième trimestre 2025. Le groupe a dégagé ainsi des revenus de 47,1 milliards de dollars sur la période, en croissance de 9%, contre un consensus de 45,3 milliards. Le bénéfice par action atteint 5,07$, en progression de 16% en glissement annuel, contre environ 4,7$ de consensus. Le revenu net d'intérêt augmente de 2% à 24,1 milliards de dollars. Il est attendu désormais à 92,2 milliards sur l'exercice. Le bénéfice net trimestriel atteint 14,4 milliards de dollars, en hausse de 12%. Les provisions pour pertes de crédit totalisent 3,4 milliards de dollars contre 3,1 milliards sur la période correspondante de l'an dernier.
Jamie Dimon, patron de l'établissement, commente à cette occasion l'environnement économique, estimant qu'alors qu'il y a eu des signes de ralentissement, particulièrement sur le marché de l'emploi, l'économie US est généralement restée résiliente. Il reste toutefois selon lui un haut degré d'incertitude du fait des conditions géopolitiques complexes, des tarifs douaniers et du commerce, ainsi que du prix élevé des actifs. Il évoque aussi le risque d'inflation persistante...
Wells Fargo, le géant bancaire américain, a publié pour son troisième trimestre des résultats meilleurs que prévu, rapportant un bénéfice par action de 1,66$ et des revenus de 21,44 milliards de dollars, en croissance respectivement de 17% et 5% en glissement annuel. Le groupe dope son objectif de ROTCE (rendement des capitaux propres corporels) entre 17 et 18% à moyen terme, en hausse par rapport à son objectif précédent de 15%, que l'établissement a atteint. Le ROTCE mesure l'efficacité avec laquelle une banque peut générer des bénéfices disponibles pour les actionnaires. Seul point noir, la banque de San Francisco a raté de peu le consensus de revenu net d'intérêt à 11,95 milliards sur le trimestre, contre 12 milliards de consensus. La banque envisage toujours un revenu net d'intérêt stable en 2025.
Citigroup, l'établissement financier new-yorkais, a annoncé pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 2,24$ largement supérieur au consensus de marché, pour des revenus de 22,1 milliards de dollars également au-dessus des attentes. Les revenus de banque d'investissement ont battu le consensus à 1,17 milliard de dollars. Le bénéfice par action a grimpé de près de 50% en glissement annuel et les revenus ont progressé de 9%. Le bénéfice net s'est établi à 3,8 milliards de dollars. Le revenu net d'intérêt a atteint 14,9 milliards de dollars contre un consensus de 14,6 milliards.
BlackRock, le géant américain de la gestion de fonds, a publié ses comptes, et c'est comme bien souvent le montant des actifs sous gestion qui impressionne puisqu'il ressort à près de 13.500 milliards de dollars, un record, en croissance de 17% en comparaison de l'an dernier avec la hausse ses marchés financiers et les entrées nettes (204,6 milliards de dollars) générées notamment par les ETFs iShares et les marchés privés. Le bénéfice ajusté par action, de 11,55$ au troisième trimestre, ainsi que les revenus, de plus de 6,5 milliards de dollars, ont dépassé les attentes. Le bénéfice net ressort à 1,32 milliard de dollars. Les revenus augmentent de 25% en comparaison de l'an dernier et le bpa ajusté progresse de 1%.
Johnson & Johnson, le géant médical et pharmaceutique américain, a publié pour son troisième trimestre un bénéfice net de 5,1 milliards de dollars, ainsi qu'un bénéfice ajusté par action de 2,80$, meilleur que prévu. Les revenus ont atteint près de 24 milliards de dollars sur la période, en hausse de 6,8% en données publiées et 5,4% sur une base opérationnelle. Le consensus était de 2,76$ de bpa ajusté pour 23,8 milliards de revenus. J&J anticipe désormais sur l'exercice un bénéfice allant de 10,80 à 10,90$ par action, pour des revenus compris entre 93,5 et 93,9 milliards de dollars. Ainsi, la guidance de revenus est relevée, représentant une croissance de 5,7% en milieu de fourchette, tandis que les prévisions de bpa ajusté sont confirmées malgré les coûts accrus des taxes.
General Motors a indiqué qu'il allait enregistrer de lourdes charges de 1,6 milliard de dollars au troisième trimestre avec la réorientation des projets VE et l'expiration des crédits fiscaux aux États-Unis. Le constructeur prévoit en effet d'augmenter la production de véhicules à essence dans plusieurs usines d'assemblage américaines. Le groupe de Detroit a déclaré le 14 octobre, dans un document 8-K déposé auprès de la Securities and Exchange Commission des États-Unis, que les équipements non utilisés destinés à la production de véhicules électriques s'élevaient à 1,2 milliard de dollars. GM a attribué les 400 millions de dollars restants à ses dettes envers ses fournisseurs au titre des frais de résiliation de contrats.
Google (Alphabet) investira 15 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années pour développer ses capacités de centres de données en vue d'un pôle d'intelligence artificielle dans l'Andhra Pradesh, en Inde, indique l'agence Reuters. "Il s'agit du plus grand pôle d'IA dans lequel nous allons investir au monde, en dehors des États-Unis", a déclaré Thomas Kurian, le DG de Google Cloud, lors d'un événement à New Delhi. Le campus de centres de données d'une capacité de 1 gigawatt de la filiale d'Alphabet sera basé dans la ville portuaire de Visakhapatnam, note Reuters. Les responsables de cet État du sud de l'Inde avaient précédemment estimé l'investissement à 10 milliards de dollars.
Nvidia et ses partenaires lancent la commercialisation de DGX Spark, le plus petit supercalculateur d'IA au monde. Basé sur l'architecture Nvidia Grace Blackwell, DGX Spark intègre les GPU, CPU, réseaux, bibliothèques CUDA et logiciels d'IA Nvidia, "accélérant ainsi le développement d'IA physique et agentique". Pour célébrer l'expédition du DGX Spark dans le monde entier à partir de ce mercredi, le fondateur et DG de Nvidia, Jensen Huang, vient de remettre en main propre un DGX Spark à Elon Musk, dirigeant de Tesla et SpaceX, à la SpaceX Starbase, au Texas. Musk faisait déjà partie de l'équipe ayant reçu le premier DGX-1 de Huang en 2016. Le DGX Spark intègre 128 Go de mémoire unifiée et offre des performances d'IA d'un pétaflop, suffisantes pour exécuter des modèles avec 200 milliards de paramètres en local.
AMD et Oracle ont annoncé une "extension majeure" de leur collaboration "multigénérationnelle" de longue date afin d'aider leurs clients à développer considérablement leurs capacités et initiatives d'IA. Oracle Cloud Infrastructure (OCI) sera partenaire de lancement du premier supercluster d'IA accessible au public, propulsé par les GPU AMD Instinct série MI450. Le déploiement initial de 50.000 GPU débutera au troisième trimestre 2026 et se poursuivra en 2027 et au-delà. Cette annonce s'appuie sur le travail conjoint d'Oracle et d'AMD visant à proposer aux clients finaux des plateformes GPU AMD Instinct sur OCI, en commençant par le lancement des formes AMD Instinct MI300X en 2024 et en poursuivant la disponibilité générale d'OCI Compute avec les GPU AMD Instinct MI355X.
Salesforce renforce pour sa part ses partenariats avec OpenAI et Anthropic en intégrant leurs modèles d'IA de pointe à sa plateforme Agentforce 360. L'objectif est de proposer des outils d'IA de qualité professionnelle à un plus large éventail d'entreprises et de secteurs réglementés. Salesforce intègrera le dernier modèle GPT-5 d'OpenAI et la famille de modèles Claude d'Anthropic directement dans son écosystème.