Wall Street consolide prudemment avant Powell

Wall Street s'affiche très incertain ce mardi, dans l'attente de l'intervention de Jerome Powell ce soir dans le cadre d'une interview qui sera accordée à l'Economic Club de Washington. Le S&P 500 aba...

Wall Street s'affiche très incertain ce mardi, dans l'attente de l'intervention de Jerome Powell ce soir dans le cadre d'une interview qui sera accordée à l'Economic Club de Washington. Le S&P 500 abandonne 0,21% à 4.102 pts, alors que le Dow Jones rend 0,39% à 33.758 pts. Le Nasdaq grappille 0,02% à 11.889 pts. Sur le Nymex, le baril de brut WTI gagne 1,7% à 75,4$. L'once d'or prend 0,4% à 1.888$. L'indice dollar avance de 0,2% face à un panier de devises.

Jerome Powell, le patron de la Fed, avait rassuré les marchés la semaine dernière en reconnaissant le début de désinflation. Son ton plus accommodant avait alimenté mercredi les espoirs de pivot monétaire, espoirs aussi vite douchés, vendredi, par les publications de solides indicateurs de l'emploi et des services aux Etats-Unis. Ainsi, l'ISM des services avait surpris en vive progression, alors que les créations d'emplois non-agricoles de janvier étaient ressorties supérieures à 500.000 et que le taux de chômage s'était affiché au plus bas d'un demi-siècle, donnant l'image d'une économie américaine particulièrement résiliente... pour l'instant, face au durcissement monétaire accéléré de la Fed. Il s'agit donc de savoir si Powell profitera de son intervention du jour pour tempérer les ardeurs des marchés et rappeler la détermination de la Fed à lutter contre l'inflation toujours présente, et s'il commentera les derniers chiffres très solides de l'emploi, ou bien s'il s'en tiendra à sa posture récente un peu plus souple.

Raphael Bostic, le président de la Fed d'Atlanta, a peut-être fourni des indices avant l'intervention de Powell. Hier, Bostic a confié à Bloomberg que la Fed pourrait devoir pousser les taux plus haut encore, considérant un taux terminal plus élevé ou l'éventualité d'un retour à une hausse de 50 points de base, compte tenu notamment du récent rapport sur l'emploi particulièrement solide. Le rapport sur l'emploi signifierait donc potentiellement, selon lui, que la Fed pourrait devoir travailler un peu plus, le responsable faisant ici allusion à un taux terminal plus élevé.

Neel Kashkari de la Fed de Minneapolis, qui n'est pas non plus l'ami des marchés financiers, a confirmé sa posture et sa vision d'un taux terminal de 5,4%, jugeant sur CNN que la Fed avait encore du travail. "J'ai moi aussi été surpris par les gros chiffres de l'emploi. Cela m'indique que jusqu'à présent, nous ne voyons pas beaucoup l'empreinte de notre resserrement à ce jour sur le marché du travail... Je n'ai encore rien vu pour abaisser mes anticipations sur les taux", a lancé Kashkari, qui plaide donc pour une poursuite du durcissement monétaire, jugeant le marché du travail trop "chaud" pour faire baisser l'inflation.

Dans l'actualité économique américaine ce mardi, le déficit américain du commerce international des biens et services pour le mois de décembre 2022 est ressorti à 67,4 milliards de dollars, contre 68,5 milliards de consensus FactSet et 61 milliards pour la lecture révisée du mois antérieur.

Le président américain Joe Biden prévoit de proposer de quadrupler la taxe de 1% sur les rachats d'actions qui est entrée en vigueur en janvier, ce qui, selon la Maison Blanche, encouragerait les entreprises américaines à investir dans leur croissance au lieu de favoriser systématiquement les actionnaires. Biden discutera du changement proposé lors de son discours sur l'état de l'Union, a indiqué la Maison Blanche dans un aperçu du discours, dans lequel le président vantera également les progrès économiques depuis les premiers jours de la pandémie de Covid-19. Le plan visant à augmenter la taxe sur les rachats d'actions pourrait néanmoins avoir du mal à progresser à travers un Congrès divisé, où les républicains contrôlent la Chambre.

Powell intervient à 18h40. Michael Barr, vice-président de la supervision au sein de la Fed, livrera aussi quelques commentaires dans la soirée.

Les publications financières trimestrielles des entreprises se poursuivent quant à elles à Wall Street. Fiserv, KKR, Centene, Carrier Global, Transdigm, DuPont, Gartner ou The Carlyle Group, annoncent avant bourse. Vertex Pharmaceuticals, Chipotle Mexican Grill, Fortinet, Prudential Financial, Illumina, Enphase, Yum China, Paycom Software ou Omnicom seront de la fête après bourse.

Les valeurs

Google (Alphabet : +1%) a annoncé une nouvelle technologie conversationnelle d'intelligence artificielle, qu'il va ouvrir aux tests du public. Il s'agit de "Bard", technologie de chat qui doit permettre au groupe californien de rivaliser avec ChatGPT. Google ouvrira Bard aux "testeurs de confiance" avant de le rendre plus largement accessible au public dans les semaines à venir, a annoncé la société dans un article de blog. Bard est alimenté par le modèle de langage de l'entreprise, LaMDA, dédié aux applications de dialogue. La semaine dernière, CNBC avait déjà rapporté que Google testait certaines fonctionnalités avec des employés dans le cadre d'un plan "code rouge" pour répondre à ChatGPT, le chatbot le plus en vue du moment, soutenu essentiellement par Microsoft. Les fonctionnalités comprenaient un chatbot appelé 'Apprentice Bard', ainsi que de nouvelles conceptions de recherche pouvant être utilisées dans un format de questions-réponses.

Baidu (+10%), le moteur de recherche chinois coté à Wall Street, s'apprête à lancer lui aussi un produit de type ChatGPT en mars. Ainsi, Baidu a confirmé qu'il terminerait le test alpha de son produit "ERNIE Bot", et lancerait le produit d'ici mars. Le succès éclair du robot conversationnel ChatGPT d'OpenAI, soutenu par Microsoft, donne visiblement des idées à la concurrence. Baidu a précisé qu'Ernie Bot, crée en 2019, s'était progressivement développé afin d'être en mesure d'effectuer des tâches telles que la compréhension et la génération de langage ainsi que la création de texte et d'images.

Pinterest (-6%). Le réseau social a livré des revenus et profits sans grand relief sur le quatrième trimestre, mais aussi des prévisions prudentes. Le groupe a enregistré un bénéfice du quatrième trimestre de 17,5 millions de dollars, ou 3 cents par action, pour des ventes de 877 millions de dollars en hausse de 4%. Après ajustement pour la rémunération en actions et d'autres facteurs, le géant du scrapbooking en ligne a affiché un bénéfice de 29 cents par action. Pinterest a également annoncé que son conseil d'administration avait autorisé le rachat d'un maximum de 500 millions de dollars de ses actions ordinaires de classe A au cours des 12 prochains mois. "Alors que l'industrie dans son ensemble est confrontée à des vents contraires, nous nous adaptons rapidement à un environnement macro en évolution et nous nous engageons à créer une expérience en ligne plus positive pour nos utilisateurs et nos annonceurs", a déclaré le CEO Bill Ready. Les analystes s'attendaient en moyenne à ce que Pinterest publie un bénéfice ajusté de 27 cents par action sur des ventes de 888 millions de dollars, selon FactSet.

Pinterest indique que ses revenus du premier trimestre devraient augmenter de 1-4% d'une année sur l'autre. En outre, le groupe fait état du départ de son directeur financier Todd Morgenfeld, qui quittera ses fonctions le 1er juillet. Les utilisateurs actifs mensuels ont grimpé de 4% sur la période close pour atteindre 450 millions, niveau toutefois légèrement inférieur au consensus.

Bed Bath & Beyond (-42%) retombe, après avoir flambé hier soir de 92% malgré le risque de chapitre 11 (protection de la loi américaine sur les faillites). Après bourse hier, le groupe a annoncé son intention de mener à bien une augmentation de capital afin de faire face à ses échéances. BB&B prévoit de lever environ 1 milliard de dollars grâce à une offre d'actions privilégiées et de bons de souscription dans le but d'éviter la faillite. Selon Bloomberg, le groupe a recueilli des ordres d'investisseurs institutionnels qui couvriraient l'intégralité de l'offre. L'agence cite des sources ayant requis l'anonymat, les détails étant privés. Une partie importante des ordres proviendrait d'un investisseur principal, a déclaré l'une des personnes. La société lèverait 225 millions de dollars immédiatement grâce à la vente d'actions privilégiées convertibles et de bons de souscription d'actions ordinaires. L'argent frais permettrait à l'entreprise de remédier à un défaut de paiement sur un prêt basé sur des actifs et de rembourser les échéances en souffrance qu'elle a manquées ce mois-ci. La société pourrait lever ensuite 800 millions de dollars supplémentaires au fil du temps grâce à l'exécution des bons de souscription qu'elle émet.

Activision Blizzard (+6%), le géant américain des jeux vidéo que Microsoft tente de racheter pour 69 milliards de dollars, a publié hier soir à Wall Street des comptes plus que solides, dépassant les attentes avec la franchise 'Call of Duty'. Activision a donc annoncé hier soir un niveau de 'net bookings' en forte augmentation de 43% à 3,57 milliards de dollars pour son quatrième trimestre, alors que le consensus n'était que de 3,1 milliards de dollars. Il s'agit selon Bloomberg de la plus forte croissance en neuf trimestres de ce point de vue. Le bénéfice trimestriel ajusté par action a été de 1,87$, contre 1,52$ de consensus. 'Call of Duty : Modern Warfare II', sorti en octobre, a 'cassé la baraque' avec 1 milliard de dollars de recettes en dix jours, meilleure vente de jeux vidéo en 2022. Activision Blizzard revendique par ailleurs 389 millions d'utilisateurs actifs mensuels sur le trimestre clos. Activision dit rester conscient des risques économiques, mais espère au moins une croissance de 16 à 19% des revenus annuels, une augmentation de 6-9% du net bookings et une croissance similaire du bénéfice opérationnel.

Take-Two Interactive (+6%), l'éditeur américain de jeux vidéo, prévoit de réduire ses coûts et dévoile des prévisions prudentes. l'éditeur de 'Grand Theft Auto' et 'Red Dead Redemption' dit opérer dans "un environnement qui est, à bien des égards, plus difficile que prévu". Strauss Zelnick, PDG du groupe, dit assumer la "responsabilité personnelle" de la réduction des perspectives et ajoute que les réservations nettes pour le troisième trimestre de 1,38 milliard de dollars étaient inférieures aux propres prévisions de la société de 1,41 à 1,46 milliard de dollars. La société prévoit des réservations nettes pour le quatrième trimestre de 1,31 à 1,36 milliard de dollars et de 5,2 à 5,25 milliards de dollars pour l'année. Le consensus annuel était de 5,45 milliards de dollars. Take-Two prévoit des revenus totaux pour le quatrième trimestre fiscal de 1,34 à 1,39 milliard de dollars, et des revenus de 5,24 à 5,29 milliards de dollars pour l'année. Les analystes interrogés par FactSet avaient estimé le CA à 1,5 milliard pour le quatrième trimestre.

Le groupe va mener un plan de réduction des coûts visant à économiser plus de 50 millions de dollars par an, en plus des 100 millions de synergies annuelles de dépenses prévues dans le cadre de la combinaison avec Zynga. Sur le troisième trimestre fiscal, Take-Two a perdu 153 millions de dollars soit 91 cents par titre, contre un bénéfice de 145 millions un an avant. Les revenus totaux ont été de 1,41 milliard de dollars contre 903 millions un an plus tôt. Le bpa ajusté a été de 86 cents. Le groupe prévoit pour le trimestre entamé un bpa ajusté allant de 60 à 70 cents, contre plus de 1$ de consensus.

DuPont (+6%) vient de battre le consensus de profit sur le trimestre clos, mais aussi de livrer par ailleurs des prévisions prudentes. Le géant de la chimie a enregistré un bénéfice net de 105 millions de dollars, ou 20 cents par action, pour le trimestre clos, contre 167 millions de dollars l'année précédente. Le bénéfice ajusté par action s'est élevé à 89 cents, alors que le consensus FactSet était de 78 cents. Les ventes ont chuté de 4% à 3,1 milliards de dollars, mais restent en ligne avec le consensus FactSet. "Face aux faibles conditions de certains marchés finaux, à savoir l'électronique et la construction, nous avons réalisé des revenus et des résultats d'EBITDA opérationnels conformes à nos attentes", a indiqué le directeur général Ed Breen. DuPont anticipe désormais un bénéfice par action ajusté de 80 cents pour le premier trimestre et des ventes de 2,9 milliards de dollars. Le consensus était de 88 cents de bpa ajusté pour 3,1 milliards de dollars de facturations.

Fiserv (+6%), acteur américain du domaine des paiements, annonce pour son quatrième trimestre des revenus GAAP de 4,63 milliards de dollars en croissance de 9%, pour un bpa GAAP de 1,23$. Sur une base ajustée, les revenus se sont améliorés de 8% à 4,36 milliards de dollars, alors que le bénéfice ajusté par action a grimpé de 22% à 1,91$. Le consensus était de 1,9$ de bpa ajusté pour 4,34 milliards de revenus. Le free cash flow annuel 2022 atteint 3,52 milliards de dollars, stable en comparaison de l'exercice antérieur. Fiserv dit désormais anticiper pour 2023 une croissance organique de revenus de 7 à 9%, pour un bénéfice ajusté par action de 7,25 à 7,4$, en hausse de 12 à 14%. "Au début d'une année 2023 incertaine, nous restons confiants dans notre rôle de fournisseur stratégique et de partenaire de l'écosystème bancaire et des paiements. Nous sommes impatients de continuer à fournir des produits et services leaders sur le marché avec qualité, fiabilité et valeur", a déclaré le PDG Frank Bisignano.

KKR (+1%) vient de dévoiler ses comptes pour le quatrième trimestre fiscal. Le groupe new-yorkais de private equity a annoncé ainsi pour le trimestre clos un bénéfice net en déclin de 84% à 83,2 millions de dollars soit 9 cents par titre, contre 508 millions de dollars et 82 cents par action sur la période correspondante, en 2021. Les revenus ont chuté quant à eux de 38% en glissement annuel pour ressortir à 2,53 milliards de dollars, contre 4,05 milliards de dollars un an auparavant.

The Carlyle Group (-3%) a dépassé le consensus de bénéfice distribuable sur le quatrième trimestre, mais a raté la barre en matière de revenus. La société de capital-investissement, qui vient de nommer l'ancien cadre de Goldman Sachs, Harvey Schwartz, en tant que nouveau CEO, affiche donc une performance très mitigée sur la période close. Le cofondateur du groupe et DG par intérim, William Conway, a déclaré que Carlyle avait été confronté à un environnement de marché difficile mais avait réussi à fournir une "solide performance financière" en 2022. La firme a fait état d'un bénéfice net du quatrième trimestre logé à 127 millions de dollars, ou 35 cents par action, contre 648 millions de dollars un an avant. Les revenus du quatrième trimestre ont chuté à 719 millions de dollars contre un peu moins de 2 milliards de dollars, et en deçà de l'estimation moyenne des analystes de Wall Street qui était plus proche du milliard de dollars selon FactSet. Le bénéfice distribuable est tombé à 1,01$ par action contre 2,01$ un an auparavant, mais il dépasse le consensus qui se situait à 97 cents.

Centene (-1%), le groupe américain d'assurance santé, a dépassé les anticipations de marché pour le trimestre clos. Le groupe a déclaré que son ratio trimestriel de prestations de santé, mesurant les frais médicaux par rapport aux primes perçues, s'élevait à 88,7%, un peu mieux que les estimations d'analystes. En glissement annuel, le ratio a augmenté en raison d'une utilisation plus élevée de Medicaid et des coûts liés à la grippe. Le programme Medicaid aide à couvrir les frais médicaux de personnes aux ressources limitées aux USA. Hors éléments, la société a dévoilé un bénéfice ajusté de 86 cents par action, légèrement supérieur au consensus de Wall Street. Les revenus de l'activité d'assurance maladie Medicare de Centene ont augmenté d'environ 24% pour atteindre 5,45 milliards de dollars.

Hertz (+7%) a annoncé un bénéfice trimestriel, à comparer à une perte un an avant. La demande est restée forte avec les voyages et la production limitée des constructeurs. Le groupe aux marques Hertz ou Thrifty a affiché un bénéfice trimestriel ajusté par action de 50 cents, alors que le consensus était de 46 cents. Le bénéfice net s'est établi à 116 millions de dollars, contre une perte de 710 millions de dollars un an auparavant. Stephen Scherr, DG du groupe, compte sur les investissements dans l'électrification et la technologie pour générer "un levier d'exploitation croissant et des rendements améliorés".

CVS Health (+1%) est sous surveillance sur la cote américaine, alors que selon le Wall Street Journal, la chaîne pharmaceutique américaine devrait annoncer prochainement un accord pour l'acquisition d'Oak Street Health (+31% !) pour 10,5 milliards de dollars. Les deux groupes discuteraient d'un prix de 39 dollars par action, selon le journal, qui ajoute que l'opération, si elle aboutissait, pourrait être annoncée dès cette semaine.

Boeing (stable) entend supprimer environ 2.000 emplois de cols blancs cette année dans les finances et les ressources humaines par attrition et licenciements. Le mois dernier, l'avionneur d'Arlington, Virginie, avait pourtant annoncé son intention d'embaucher 10.000 personnes en 2023, contre 15.000 en 2022.

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