Wall Street fléchit avant bourse ce vendredi, sur fond d'incertitude persistante concernant les droits de douane. Le S&P 500 abandonne 0,2%, le Dow Jones 0,1% et le Nasdaq 0,2%. Les actions américaines s'étaient initialement envolées hier sur l'annonce de la décision du Tribunal de commerce International bloquant la plupart des taxes douanières imposées depuis janvier, sans toutefois aborder certains droits de douane spécifiques à certains secteurs. Cependant, une cour d'appel fédérale de Washington a quant à elle temporairement rétabli hier la plupart des droits de douane et ordonné aux plaignants de répondre avant le 5 juin et à l'administration Trump avant le 9 juin.
Le feuilleton judiciaire se poursuit donc, cette cour d'appel ayant suspendu la décision prise mercredi par le Tribunal de Commerce international de Manhattan. Le tribunal avait invalidé avec effet immédiat les décrets commerciaux pris par Trump depuis janvier et fondés sur l'International Emergency Economic Powers Act (IEEPA), loi visant à faire face aux menaces extraordinaires lors d'une situation d'urgence nationale. La Maison Blanche a déclaré qu'elle était prête à saisir la Cour suprême si nécessaire et qu'en attendant, elle explorerait d'autres moyens de mettre en oeuvre les tarifs douaniers de Trump sans recourir aux pouvoirs d'urgence.
Les marchés avaient précédemment bien rebondi, après leur grosse faiblesse du début du mois d'avril. La hausse a surtout été alimentée par l'espoir de nouveaux accords commerciaux entre les États-Unis et leurs principaux partenaires, ainsi que les chiffres relativement rassurants pour l'heure de l'inflation. Les choses pourraient cependant se compliquer encore, le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, ayant déclaré que les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine étaient "un peu au point mort" et que la conclusion d'un accord nécessiterait probablement l'implication directe de Trump et de son homologue chinois Xi Jinping.
En ce qui concerne la politique monétaire, Trump a convoqué le président de la Fed, Jerome Powell, à la Maison Blanche jeudi soir pour leur première réunion en face à face depuis son entrée en fonction. Le président américain a déclaré au timonier de la Fed qu'il faisait une erreur en ne baissant pas les taux d'intérêt...
Les pays de l'OPEP+ ont déclaré avoir convenu de réaffirmer le niveau global de production de pétrole brut des pays membres et non membres, comme convenu lors de la réunion de l'alliance de décembre. La coalition OPEP+ a mis en oeuvre un accord de production à l'échelle du groupe, ainsi que deux autres réductions volontaires de production menées séparément par huit pays membres. Ces huit pays de l'OPEP+ évalueront ce week-end de nouvelles mesures de production pour juillet...
Hier, le PIB américain du premier trimestre 2025 a été révisé à -0,2% en comparaison du précédent trimestre selon le rapport du jour, contre un consensus de -0,3% et une lecture de -0,3% également pour sa toute première estimation. Les dépenses personnelles de consommation n'ont en revanche augmenté que de 1,2% en lecture révisée contre 1,8% précédemment évalué. L'indice des prix rattaché au PIB a progressé au rythme de 3,7% d'un trimestre sur l'autre, en ligne avec les attentes. La croissance du PIB en glissement annuel est révisée à 2,1%, contre 2% auparavant estimé. Il s'agit de la deuxième des trois estimations du PIB américain pour le premier trimestre.
L'économie américaine s'est donc bien contractée de janvier à mars, sa première baisse en trois ans avec la guerre commerciale. La croissance a été freinée par une forte hausse des importations, les entreprises américaines s'étant empressées d'importer avant les taxes à l'importation massives. La baisse du PIB fait suite à une progression de 2,4% au quatrième trimestre 2024. Les importations ont progressé de 42,6% sur le T1, leur plus forte croissance depuis le troisième trimestre 2020, réduisant la croissance du PIB de plus de 5 points de pourcentage.
Des interventions de Thomas Barkin, Austan Goolsbee, Adriana Kugler, Mary Daly et Lorie Logan de la Fed étaient aussi au programme hier. Barkin, le patron de la Fed de Richmond, a confirmé que l'incertitude élevée concernant les tarifs douaniers, l'immigration et la régulation pesait sur les décisions de la banque. Goolsbee, président de la Fed de Chicago, s'est inquiété lui aussi de l'incertitude autour des tarifs douaniers après la décision de justice de mercredi. La gouverneure Kugler a souligné une potentielle baisse de l'attrait pour les actifs américains en cas de fuite vers la sécurité, ce qui pourrait affecter la stabilité financière. Daly, qui dirige la Fed de Chicago, a évoqué la nécessité d'une politique modérément restrictive pour continuer à faire reculer l'inflation. Elle juge que deux baisses de taux seraient judicieuses cette année si le marché du travail demeure solide et que l'inflation baisse, mais ajoute que l'éventail des risques reste large. Enfin, Logan, patronne de la Fed de Dallas, a signalé qu'il faudrait peut-être un certain temps avant que la banque ne réduise ses taux...
Selon les Minutes de la réunion monétaire des 6 et 7 mai publiées mercredi soir, les responsables de la Fed ont évoqué de potentiels défis dans les prochains mois, avec une possible hausse de l'inflation accompagnée d'une progression du chômage, scénario qui contraindrait la banque centrale à choisir entre lutte contre l'inflation ou soutien à l'économie. Ainsi, les membres de la Fed s'inquiètent que l'inflation puisse rester plus persistante que prévu, avec les nouveaux droits de douane de Trump. Des compromis difficiles pourraient donc être prochainement au programme, alors que l'incertitude sur les perspectives économiques s'est accrue. Jerome Powell a lui insinué que la Fed pourrait ne pas agir avant de connaître l'issue des débats commerciaux.
Enfin, ce vendredi, les opérateurs suivront la balance du commerce international de biens d'avril (14h30, consensus -143 milliards de dollars), ainsi que les revenus et dépenses des ménages américains d'avril avec le fameux indicateur d'inflation "core PCE" très suivi par la Fed (14h30, consensus FactSet +0,4% pour les revenus personnels d'un mois sur l'autre et +0,4% pour les dépenses personnelles de consommation, +0,1% pour l'indice des prix 'core PCE' d'un mois sur l'autre ou +2,5% sur un an). L'indice PMI de Chicago du mois de mai (15h45, consensus 45,5) et l'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan final de mai (16 heures, consensus 51,8), seront aussi au programme. Daly, Goolsbee et Bostic de la Fed reprendront le micro pour terminer la semaine.
Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, Costco, Dell Technologies, Marvell Technology, Zscaler, NetApp, Ulta Beauty, The Cooper Companies et Gap, publiaient hier soir leurs derniers comptes, après la clôture de Wall Street.
L'indice dollar se redresse de 0,3% face à un panier de devises ce jour. Le bitcoin consolide sous les 106.000$. Sur les marchés obligataires, le rendement du T-Bond à 10 ans s'affiche à 4,42% et celui du 30 ans à 4,93%.
Les valeurs
Costco Wholesale, le géant de la distribution sur le modèle de club-entrepôt accessible par adhésion aux particuliers et aux professionnels, a annoncé des bénéfices trimestriels supérieurs aux attentes malgré les tarifs douaniers, dégageant un bénéfice par action de 4,28$ à comparer à un consensus de 4,24$, pour des revenus de 63,2 milliards de dollars quant à eux légèrement moins élevés que prévu. Les revenus à comparable hors essence et impact des changes, ont progressé de 8% contre 7% de consensus.
Dell Technologies évolue peu avant bourse à Wall Street, alors que le groupe a raté pourtant le consensus de bénéfice au premier trimestre fiscal, affichant des revenus de 23,4 milliards de dollars contre 23,2 milliards de consensus, mais un bénéfice ajusté par action décevant de 1,55$. Les revenus du deuxième trimestre sont attendus entre 28,5 et 29,5 milliards de dollars, quant à eux, bien au-dessus des attentes, alors que le backlog de serveurs d'IA atteint un très haut niveau à 14,4 milliards avec 12,1 milliards de commandes sur le seul trimestre clos. Le groupe dope par ailleurs à 9,40$ son estimation de bpa ajusté sur l'exercice.
Marvell Technology perd du terrain à Wall Street, le groupe ayant dépassé de peu les attentes au premier trimestre, avec des revenus de 1,9 milliard de dollars contre 1,88 milliard de consensus de place, pour un bénéfice ajusté par action de 62 cents à comparer à un consensus de 61. Les prévisions financières de ventes et profits pour le trimestre entamé sont globalement en ligne avec les anticipations des analystes.
Zscaler a publié pour le troisième trimestre fiscal des chiffres nettement supérieurs aux anticipations. Le bénéfice ajusté par action est ressorti à 84 cents contre un consensus de 75 cents, tandis que les revenus ont été de 678 millions de dollars, 2% plus élevés que prévu, contre 553 millions de dollars pour la période comparable de l'an dernier.
NetApp a annoncé des comptes du quatrième trimestre au-dessus des attentes mais une guidance décevante. Sur le trimestre clos d'abord, le bénéfice ajusté par action a été de 1,93$ contre 1,90$ de consensus, tandis que les revenus ont totalisé 1,73 milliard de dollars contre 1,67 milliard un an avant. Pour l'exercice entamé, le bpa est attendu entre 7,60 et 7,90$ et les revenus sont anticipés entre 6,63 et 6,88 milliards de dollars.
Ulta Beauty grimpe à Wall Street, le groupe ayant rehaussé ses prévisions financières annuelles, avec une consommation résiliente. Les ventes à comparable ont progressé de près de 3% sur le trimestre clos alors que les analystes envisageaient une performance stable. Le bénéfice ajusté par action a été de 6,70$ contre 5,8$ de consensus, tandis que les revenus ont totalisé 2,85 milliards de dollars contre 2,73 milliards un an avant.
The Cooper Companies a annoncé des résultats du deuxième trimestre au-dessus des attentes, mais le titre chute avant bourse à Wall Street sur des prévisions prudentes. Le groupe anticipe sur l'exercice un bénéfice par action allant de 4,05 à 4,11$, pour des revenus allant de 4,11 à 4,15 milliards. Le concepteur de produits chirurgicaux et de lentilles de contact a affiché sur le trimestre clos un bénéfice ajusté par action de 96 cents et des revenus de 1 milliard de dollars.
Gap dévisse à Wall Street, après avoir prévenu d'un impact fort des tarifs douaniers. Le groupe a néanmoins dépassé les attentes au premier trimestre avec des revenus de 3,46 milliards de dollars et un bénéfice par action de 51 cents. Le détaillant anticipe un impact des tarifs douaniers allant jusqu'à 150 millions de dollars en termes de bénéfice d'exploitation en 2025 et 250-300 millions de dollars en termes de coûts. Hors droits de douane, la guidance annuelle est cependant maintenue.