Wall Street : Cisco se distingue, mais le Nasdaq souffle...

Wall Street était hésitante jeudi soir : le S&P 500 a progressé de 0,41% à 5.916 pts, tandis que le Dow Jones s'est adjugé 0,65% à 42.322 pts. Le Nasdaq a lui reculé de 0,18% à 19.112 pts, avec des pr...

Wall Street était hésitante jeudi soir : le S&P 500 a progressé de 0,41% à 5.916 pts, tandis que le Dow Jones s'est adjugé 0,65% à 42.322 pts. Le Nasdaq a lui reculé de 0,18% à 19.112 pts, avec des prises de profits qui l'ont emporté après le rallye des dernières semaines, alimenté par la trêve commerciale sino-américaine. La "tournée" de Donald Trump au Moyen-Orient, avec de gros 'deals' notamment pour Nvidia et Boeing, a aussi contribué à la bonne tenue de la place américaine ces derniers jours, mais la prudence revient désormais après une nouvelle série de statistiques, et alors que les dossiers UnitedHealth (enquête pour fraude) et CoreWeave (plans de dépenses massifs) préoccupent les investisseurs. Walmart, qui vient aussi de publier ses comptes, a aussi prévenu qu'il devra relever ses prix... Seul Cisco a rassuré grâce à une solide publication...

Les ventes de détail d'avril se sont établies sans grand relief, en hausse de 0,1% d'un mois sur l'autre, en ligne ou presque avec le consensus des économistes, après une croissance de 1,7% en mars. Hors automobile, ces ventes ont progressé de 0,1% seulement, contre 0,3% de consensus et 0,8% un mois plus tôt. Hors automobile et essence, leur croissance ressort à 0,2%, contre 0,3% de consensus de place.

Les inscriptions au chômage sont restées stables la semaine passée aux États-Unis. Le Département américain au Travail vient en effet d'annoncer, pour la semaine close au 10 mai, des inscriptions au chômage au nombre de 229.000, en ligne avec les attentes et inchangées par rapport au niveau révisé de la semaine antérieure.

L'indice des prix à la production a plutôt agréablement surpris pour le mois d'avril, en recul de 0,5% d'un mois sur l'autre et en hausse de 2,4% sur un an, alors que le consensus était de +0,2% et +2,4%. Hors alimentation et énergie, l'indice des prix à la production s'est affiché en repli de 0,4% en comparaison du mois précédent mais en hausse de 3,1% sur un an, contre respectivement +0,3% et +3% de consensus.

L'indice manufacturier Empire State de la Fed de New York pour le mois de mai est ressorti négatif à -9,2, contre environ -5 de consensus de marché. L'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie s'est établi à -4 en mai contre -10 de consensus.

La production industrielle américaine d'avril 2025 est ressortie stable par rapport au mois antérieur, selon la Fed ce jour, alors que le consensus se situait à +0,2%. La production manufacturière a reculé quant à elle de 0,4% contre un consensus stable. Le taux d'utilisation des capacités de production s'est affiché lui aussi inférieur aux attentes, à 77,7%.

L'indice du marché immobilier américain de la National Association of Home Builders pour le mois de mai s'est affiché très faible, à 34, contre un consensus de place de 40 et un niveau de 40 également pour le mois d'avril.

Les stocks des entreprises américaines du mois de mars 2025 viennent aussi d'être publiés, et ressortent en légère hausse de 0,1% d'un mois sur l'autre contre +0,2% de consensus.

Le président de la Fed Jerome Powell a pris par ailleurs la parole lors de la conférence Thomas Laubach Research de Washington... Il a déclaré que les États-Unis pourraient entrer dans une période de chocs d'offre plus fréquents et d'inflation volatile, justifiant une communication plus transparente de la part de la banque centrale. "Une question cruciale est de savoir comment favoriser une meilleure compréhension de l'incertitude à laquelle l'économie est généralement confrontée"... Powell indique que cela constituerait "un défi difficile pour l'économie et pour les banques centrales". Il a ajouté que la hausse des taux d'intérêt ajustés de l'inflation pourrait refléter la possibilité d'une inflation plus volatile à l'avenir que pendant la période d'entre-crise des années 2010. "En période de chocs plus importants, plus fréquents ou plus disparates, une communication efficace exige que nous fassions part de l'incertitude qui entoure notre compréhension de l'économie et de ses perspectives. Nous examinerons les moyens d'améliorer cette dimension à mesure que nous progresserons", a précisé le timonier de la Fed.

Le dirigeant de la Fed a aussi souligné le besoin critique de maintenir les anticipations d'inflation à 2%... Il indique qu'alors que les taux de la banque centrale américaine se situent actuellement entre 4,25 et 4,50%, durant les dernières décennies, la banque a abaissé ses taux de 500 points de base environ lorsque l'économie se situait en récession.

La Fed entreprend actuellement comme tous les 5 ans une révision de son cadre de politique monétaire, ce qui explique la teneur des réflexions de Powell. En 2020, lors de la dernière révision, la Fed s'inquiétait de la nécessité d'écarter... le risque de déflation. À l'époque, la Fed avait déclaré qu'après des périodes où l'inflation était restée durablement inférieure à 2%, elle viserait probablement... une inflation légèrement supérieure à 2% pendant un certain temps. Powell a noté que les membres de la Fed estimaient approprié de reconsidérer le libellé concernant la possibilité de dépasser l'objectif d'inflation à long terme par moments...

Sur le Nymex, le baril de brut WTI a reperdu 2,5% à 62$. L'once d'or fin reprend 1,8% à 3.215$. L'indice dollar a cédé 0,1% face à un panier de devises. Le bitcoin s'est stabilisé autour des 104.000$...

Les valeurs

UnitedHealth (-10,9% !), le groupe américain d'assurance spécialisé dans la santé, qui avait déjà décroché à Wall Street le mois dernier suite à un avertissement sur les résultats, puis mardi sur l'annonce de la suspension des perspectives et du départ inattendu de son directeur général, poursuit sa chute vertigineuse sur fond de potentielle fraude. Le CEO Andrew Witty a donc démissionné "pour raisons personnelles", alors que l'assureur suspend désormais ses prévisions financières 2025 avec la croissance des coûts médicaux. Stephen Hemsley, DG du groupe de 2006 à 2017, succède à Witty avec effet immédiat. Le secteur américain de l'assurance maladie est confronté à une hausse des coûts depuis mi-2023, en raison d'une forte demande de services de santé dans le cadre des régimes Medicare pour les personnes âgées ou handicapées. Le groupe évoque des dépenses médicales attendues plus élevées que prévu, mais il prévoit de renouer avec la croissance l'année prochaine.

UnitedHealth, qui fait partie du Dow Jones, a perdu près de 50% de sa valeur cette année... Les choses ne vont pas s'arrêter là, puisque le titre plonge encore ce jour, le Wall Street Journal évoquant une enquête criminelle visant le groupe pour une possible fraude Medicare. Le WSJ, citant des personnes proches de la question, ajoute que l'enquête qui serait menée par l'unité de fraude aux soins de santé de la division criminelle du ministère de la Justice serait active depuis au moins l'été dernier. En février, le journal avait déjà fait état d'une enquête civile pour fraude concernant les pratiques d'UnitedHealth en matière d'assurance-maladie. L'entreprise avait alors déclaré ne pas avoir connaissance d'une nouvelle enquête. Le même mois, le sénateur américain Chuck Grassley avait lancé une enquête sur les pratiques de facturation d'UnitedHealth en matière d'assurance-maladie, demandant des documents détaillés sur son programme de conformité et d'autres documents connexes, rappelle Reuters.

Cisco Systems (+4,8%) a publié pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 96 cents, contre 92 cents de consensus, tandis que ses revenus sur la période ont atteint 14,15 milliards de dollars (+11%), également meilleurs que prévu et au-dessus du haut de fourchette des estimations du groupe. L'équipementier de réseaux a par ailleurs relevé ses estimations annuelles, tablant désormais sur des revenus allant de 56,5 à 56,7 milliards de dollars sur l'exercice. Pour son troisième trimestre, le groupe californien de San Jose a dégagé un bénéfice net de près de 2,5 milliards de dollars. Pour le trimestre entamé, clos en juillet, le bénéfice ajusté par action est attendu entre 96 et 98 cents, alors que les revenus sont anticipés entre 14,5 et 14,7 milliards. Le groupe prévoit un bénéfice annuel par action compris entre 3,77 et 3,79$ sur une base ajustée. Il évoque aussi une croissance des commandes produits de 20% en glissement annuel sur le trimestre clos, ou 9% hors Splunk, avec des progressions dans toutes les zones géographiques et sur toutes les catégories de clientèle. Les commandes d'infrastructure IA prises auprès de clients "webscale" ont dépassé 600 millions de dollars. Cisco a ainsi enregistré "de solides résultats trimestriels, avec une demande manifeste pour nos technologies", a déclaré Chuck Robbins, président-directeur général de Cisco. "La dynamique que nous observons dans le domaine de l'IA est alimentée par la puissance de notre portefeuille de réseaux sécurisés, nos partenariats mondiaux de confiance et la valeur que nous apportons à nos clients".

CoreWeave (-2,5%), la startup américaine d'IA soutenue par Nvidia (-0,3%), s'affiche sous pression à Wall Street malgré des revenus trimestriels et des perspectives au-dessus des attentes. Les investisseurs semblent surtout avoir du mal à digérer les plans des dépenses d'investissement de 20 à 23 milliards de dollars du groupe pour 2025, bien plus élevés que les 18 milliards de dollars visés par les analystes. Le groupe va donc encore dépenser sans compter pour acquérir de précieuses puces d'IA. Le management justifie ces dépenses par l'augmentation de la demande des clients... CoreWeave, l'un des plus gros détenteurs de GPU Nvidia, loue sa capacité de centres de données aux géants technologiques américains tels que Microsoft et Meta. Sur son trimestre clos fin mars, il a réalisé des revenus de 982 millions de dollars, bien plus élevés que prévu. Les revenus pour le deuxième trimestre sont anticipés entre 1,06 et 1,1 milliard de dollars, alors que ceux de l'exercice sont attendus entre 4,9 et 5,1 milliards de dollars. Des estimations supérieures aux attentes, alors que CoreWeave évoque un accord avec OpenAI ainsi qu'un deal de 4 milliards de dollars avec une "grande entreprise d'IA". En ce qui concerne la rentabilité, le compte n'y est pas encore. La perte opérationnelle du trimestre clos en mars atteint 27,5 millions de dollars, tandis que la perte nette se creuse à 315 millions de dollars contre 129 millions de dollars un an avant, sur la même période. La perte nette diluée par action s'établit à 1,49$ sur le trimestre clos.

Apple (-0,4%). Le président américain Donald Trump a déclaré avoir demandé à Tim Cook, le DG du groupe à la pomme, de cesser de construire des usines en Inde pour fabriquer des appareils destinés aux États-Unis. Il s'agit évidemment d'inciter le géant californien de Cupertino à développer sa production nationale alors qu'il se détourne de la Chine. "J'ai eu un petit problème avec Tim Cook hier", a déclaré Trump à propos d'une conversation avec le CEO d'Apple au Qatar, où il est en visite. "Il construit partout en Inde. Je ne veux pas que vous construisiez en Inde", a lancé Trump, selon des propos rapportés par Bloomberg. Trump a indiqué suite à cet échange qu'Apple allait augmenter sa production aux États-Unis... Le groupe californien entretenait pourtant le projet d'importer d'Inde la plupart des iPhones vendus aux États-Unis d'ici la fin de l'année prochaine. Apple poursuit une transition vers une production hors de Chine afin d'atténuer les risques liés aux droits de douane et aux tensions géopolitiques, rappelle Bloomberg, qui souligne que le groupe fabrique pour l'heure la majeure partie des iPhones en Chine et ne produit aucun smartphone aux États-Unis, bien qu'il ait promis d'embaucher davantage de travailleurs aux USA et d'investir 500 milliards de dollars sur le marché domestique au cours des quatre prochaines années.

Walmart (-0,5%), le géant américain de la grande distribution a annoncé pour son premier trimestre fiscal 2026 des revenus totalisant 165,6 milliards, en croissance de 2,5% en glissement annuel et légèrement inférieurs au consensus de marché. Le bénéfice ajusté par action s'est établi à 61 cents, contre 58 cents de consensus. Le groupe de Bentonville a dégagé un bénéfice net de 4,45 milliards de dollars contre 5,1 milliards un an avant. La croissance à comparable a été de 4,5%, contre 4,6% un trimestre avant. Les ventes de e-commerce ont augmenté de 22% contre 16% sur le trimestre antérieur. Pour son deuxième trimestre, le groupe envisage une croissance de 3,5 à 4,5%. Il prévoit néanmoins qu'il va devoir relever ses prix afin de répercuter les coûts plus élevés liés aux tarifs douaniers de l'administration américaine. Le groupe s'abstient de livrer des prévisions de bénéfices pour le deuxième trimestre. "Nous ferons de notre mieux pour maintenir nos prix au plus bas, mais compte tenu de l'ampleur des droits de douane, même aux niveaux réduits annoncés cette semaine, nous ne sommes pas en mesure d'absorber toute la pression, compte tenu de la faiblesse des marges de détail", a déclaré le DG Doug McMillon. Le détaillant a toutefois maintenu ses prévisions de chiffre d'affaires et de bénéfice annuels pour l'exercice 2026, tablant toujours sur un bénéfice par action ajusté de l'ordre de 2,50 à 2,60$ et sur une croissance annuelle des ventes comprise entre 3 et 4%.

Alibaba (-7,5%). Le géant chinois du commerce en ligne a publié pour le trimestre clos fin mars 2025 des revenus de 236,4 milliards de yuans (environ 32,6 milliards de dollars) en croissance de 7%, pour un bénéfice net attribuable aux actionnaires ordinaires de 12,4 milliards de yuans (1,71 Md$). Le bénéfice net s'est envolé, multiplié par 13 à 11,97 milliards de yuans. Sur une base ajustée, le bénéfice net a augmenté de 22% à 29,85 milliards de yuans ou environ 4,1 milliards de dollars. Le bénéfice ajusté par action a représenté 22 cents par titre (12,52 yuans), en hausse de 23%. Les revenus et profits ressortent inférieurs au consensus, qui se situait à 12,8 yuans de bpa ajusté et 240 milliards de yuans de chiffre d'affaires.

Deere (+3,7%), le géant des équipements agricoles, a annoncé pour son deuxième trimestre fiscal un bénéfice net de 1,8 milliard de dollars et 6,64$ par action, bien au-dessus du consensus de place, pour des revenus de 12,76 milliards de dollars et des revenus ajustés d'environ 11,17 milliards, également supérieurs aux attentes. Face aux tarifs douaniers de Trump, le groupe se montre prudent et abaisse le bas de fourchette de ses prévisions de profits, envisageant pour l'exercice un bénéfice net allant de 4,75 à 5,5 milliards de dollars. Le groupe évoque un environnement dynamique, dans le sens évolutif, ainsi que des incertitudes accrues.

Foot Locker bondit de plus de 85%, alors que le fragile groupe américain de distribution spécialisé dans le sport fait l'objet d'une offre d'acquisition de Dick's Sporting Goods (-14,5%). Une offre de 2,4 milliards de dollars qui représenterait donc un nouveau deal majeur dans le secteur, suite à la proposition de 9,4 milliards de dollars de 3G Capital pour racheter Skechers. Dick's Sporting Goods offre 24$ par titre Foot Locker, une prime de 86% sur la clôture de la veille à Wall Street. L'acquisition est la plus importante de "Dick's" dans le secteur des articles de sport et permettra à l'entreprise de renforcer sa présence dans les centres commerciaux et de s'implanter pour la première fois à l'international...

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