Wall Street campe sur ses sommets, prolongement de la trêve avec la Chine

Wall Street se maintient sur ses sommets ou presque avant bourse ce mardi, le S&P 500 grappillant quelques points, le Dow Jones prenant 0,1% et le Nasdaq pointant également marginalement dans le vert....

Wall Street se maintient sur ses sommets ou presque avant bourse ce mardi, le S&P 500 grappillant quelques points, le Dow Jones prenant 0,1% et le Nasdaq pointant également marginalement dans le vert. Les investisseurs demeurent prudents mais optimistes, alors que la trêve commerciale entre Washington et Pékin vient d'être prolongée comme attendu de 90 jours, et que sera publié dans quelques heures l'indice américain des prix à la consommation. Par ailleurs, les marchés prendront connaissance cette semaine des résultats trimestriels de Cisco et d'Applied Materials.

La trêve commerciale entre la Chine et les États-Unis a donc été prolongée juste avant son expiration. Donald Trump a indiqué sur Truth Social qu'il avait signé un décret suspendant jusqu'au 10 novembre à 12h01 l'entrée en vigueur des droits de douane annoncés plus tôt sur les produits importés de Chine. Pékin a confirmé ce report et a repoussé par ailleurs l'ajout de firmes américaines à sa liste noire d'entités commerciales. Trump a expliqué que les USA continueraient de discuter avec la Chine "pour répondre au manque de réciprocité commerciale dans les liens économiques et aux préoccupations de sécurité nationale et économique", ajoutant que Pékin continuait de prendre "des mesures significatives pour remédier aux régimes commerciaux non-réciproques et répondre aux préoccupations des États-Unis". Le président américain avait annoncé en avril que les produits provenant de Chine allaient être taxés à hauteur de... 145%. Pékin avait répliqué avec des droits de 125% sur les produits américains, ce qui avait alors fait craindre le pire. Mais l'heure semble désormais à l'apaisement. Les surtaxes douanières maintenues pour l'instant sont de 30% sur les produits chinois importés aux USA et de 10% sur les produits américains arrivant en Chine. Pékin a décrit la nouvelle trêve commerciale comme une mesure destinée à progresser dans la mise en oeuvre du consensus obtenu par Trump et Xi Jinping lors de leur entretien du début du mois de juin.

Trump a nommé par ailleurs E.J. Antoni, économiste en chef de la Fondation conservatrice Heritage, à la tête du Bureau of Labor Statistics, Bureau des statistiques du travail du Département américain au Travail, après avoir limogé la précédente responsable suite au dernier rapport déplaisant sur l'emploi américain. Ce poste est soumis à la confirmation du Sénat. "Notre économie est en plein essor, et E.J. veillera à ce que les chiffres publiés soient HONNÊTES et EXACTS", a écrit Trump sur Truth Social, convaincu qu'Antoni fera un excellent travail. Antoni succéderait à Erika McEntarfer, que Trump a brusquement licenciée début août après qu'un rapport du BLS a révélé une faible croissance de l'emploi en juillet et d'importantes révisions en baisse pour les deux mois antérieurs. Il l'a accusée de manipuler les chiffres de l'emploi à des fins politiques, tout en soulignant qu'elle avait été nommée par Biden.

Le limogeage de McEntarfer questionne évidemment au sujet de l'indépendance présumée du BLS et de la fiabilité des statistiques américaines. Bloomberg rappelle que le BLS révise régulièrement ses données afin de les rendre plus précises à long terme, mais ajoute que les dernières révisions, qui ont entraîné la suppression de 258.000 emplois en cumul sur mai et juin, "ont été particulièrement marquantes", constituant le plus fort ajustement depuis la pandémie. Steve Bannon, haut fonctionnaire conseiller de Trump lors de son premier mandat et voix influente dans les cercles conservateurs, avait poussé Antoni pour le poste en le qualifiant d'"homme parfait au moment parfait pour diriger le BLS", indique encore Bloomberg.

La semaine dernière, les indices ont été essentiellement soutenus par les espoirs de baisse de taux outre-Atlantique, alors que Trump a annoncé son intention de nommer le président du Comité des conseillers économiques de la Maison blanche, Stephen Miran, en tant que gouverneur de la banque centrale américaine, pour occuper le siège laissé vacant par Adriana Kugler durant les derniers mois de son mandat. La Maison blanche cherche néanmoins toujours un remplaçant permanent à ce poste, suite à la démission inattendue de Kugler annoncée plus tôt ce mois. Il s'agit donc comme attendu d'une solution provisoire. Le mandat de Kugler expirait fin janvier 2026. La nomination de Miran doit encore être validée par le Sénat.

Trump étudie par ailleurs ses options pour remplacer Jerome Powell, le patron de la Fed, dont le mandat s'achève le 15 mai. Le gouverneur de la Fed Christopher Waller apparaît comme le candidat idéal pour occuper le poste de président de la banque centrale parmi les conseillers du président, expliquait Bloomberg la semaine dernière. Kevin Warsh, ancien responsable de la Fed, et Kevin Hassett, actuel directeur du Conseil économique national de Trump, resteraient également en lice... Pendant ce temps, la gouverneure Michelle Bowman, également vice-présidente de la supervision, s'est exprimée en faveur d'une approche proactive en matière de taux, évoquant trois baisses potentielles cette année. Bowman et Waller s'étaient tous deux exprimés lors de la dernière réunion monétaire en faveur d'une réduction des taux... Selon l'outil CME FedWatch, la probabilité actuelle d'une baisse des taux le 17 septembre à l'issue de la prochaine réunion monétaire se situe à 84,4%.

Sur le front géopolitique, quelques espoirs sont également permis, alors que Trump a annoncé qu'il rencontrerait Vladimir Poutine le 15 août en Alaska afin de tenter de mettre un terme au conflit entre Russie et Ukraine. Le président américain a précisé que les parties concernées et notamment le président ukrainien Volodimir Zelensky, seraient proches d'un accord de cessez-le-feu. Devant les journalistes à la Maison Blanche vendredi, Trump avait toutefois glissé qu'un éventuel accord comprendrait des échanges de territoires "pour le bien des deux parties". Zelensky a affirmé pour sa part avant-hier que l'Ukraine ne pouvait enfreindre sa constitution concernant des sujets territoriaux. Le Kremlin a lui confirmé la tenue d'un sommet avec Trump pour "discuter des options permettant de parvenir à une résolution pacifique à long terme de la crise ukrainienne". Reuters indique que Poutine revendique quatre régions ukrainiennes, Louhansk, Donetsk, Zaporijjia et Kherson, ainsi que la péninsule de Crimée annexée en 2014. Bloomberg a précisé de son côté que des responsables américains et russes négociaient un accord entérinant l'occupation par Moscou des territoires pris à l'Ukraine lors de l'invasion, information démentie par la Maison Blanche.

Dans l'actualité économique, les opérateurs suivront ce mardi le rapport de juillet sur les prix à la consommation (consensus +0,2% d'un mois sur l'autre et +2,8% sur un an, +0,3% et +3% hors alimentaire et énergie). Thomas Barkin, Jeffrey Schmid, Austan Goolsbee et Raphael Bostic de la Fed, interviennent aujourd'hui et demain. La balance budgétaire américaine de juillet sera connue ce soir. Jeudi, les investisseurs surveilleront notamment les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 9 août, ainsi que l'indice des prix à la production de juillet (consensus +0,2% d'un mois sur l'autre et +2,6% sur un an). La journée de vendredi sera particulièrement chargée, avec les ventes de détail, l'indice manufacturier Empire State de la Fed de New York, les prix à l'import et à l'export, ainsi que la production industrielle américaine et l'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan.

Dans l'actualité des entreprises, H&R Block, eToro, Pony AI, Smithfield Foods, CAVA, Circle Internet, Tencent Music, Cardinal Health et CoreWeave (après bourse), annoncent leurs derniers résultats financiers trimestriels aujourd'hui. Cisco (après la clôture) sera de la partie demain, avec Venture Global et Elbit Systems. Applied Materials (après bourse), Deere, NetEase, JD.com ou Tapestry, dévoileront leurs comptes jeudi.

Concernant les brokers, Citigroup vient de doper son objectif de fin d'année sur l'indice large S&P 500 à 6.600 pts, contre 6.300 auparavant, avec la solidité des résultats des entreprises. En revanche, l'enquête mensuelle de Bank of America reprise par Bloomberg montre qu'un nombre record de gestionnaires de fonds jugent Wall Street trop onéreux après la forte hausse enregistrée depuis les creux d'avril. Environ 91% des participants à l'enquête trouvent ainsi les actions américaines surévaluées, soit la proportion la plus élevée jamais enregistrée depuis 2001...