La place américaine s'affiche en territoire positif avant bourse ce vendredi au terme d'une semaine assez difficile, marquée par des prises de bénéfices sur les grands dossiers de l'IA et des comptes mitigés de Walmart. Le S&P 500 remonte de 0,2%, le Dow Jones de 0,3% et le Nasdaq de 0,2% en pré-séance, avant l'intervention du patron de la Fed Jerome Powell à Jackson Hole.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI avance de 0,3% à 63,7$. L'once d'or fin régresse de 0,4% à 3.325$. L'indice dollar se stabilise face à un panier de devises. Le bitcoin demeure sous pression vers les 112.000$.
Plus tôt cette semaine, les marchés n'avaient pas vraiment réagi aux évolutions apparemment positives concernant l'Ukraine, suite aux échanges impliquant le président ukrainien Volodymyr Zelensky, Donald Trump et des dirigeants européens. Wall Street avait bénéficié précédemment des espoirs de baisse de taux, mais les choses pourraient donc se compliquer aujourd'hui avec l'intervention du patron de la Fed à Jackson Hole, pour la grand messe des banquiers centraux dans le Wyoming. Alors que les derniers chiffres des prix à la production aux États-Unis sont ressortis préoccupants, Powell pourrait ainsi tempérer les ardeurs des marchés qui ont un peu trop vite misé sur une série d'assouplissements... Les avis sont quant à eux contradictoires, parmi les derniers membres de la Fed à s'exprimer, certains plaidant désormais pour plusieurs assouplissements d'ici la fin de l'année (Christopher Waller ou Michelle Bowman), alors que d'autres (Raphael Bostic, Austan Goolsbee, Jeffrey Schmid ou Beth Hammack) prônent toujours la patience compte tenu de l'inflation collante et de la résilience de l'économie...
Le président américain réclame par ailleurs la démission de la gouverneure de la Fed Lisa Cook. Cette dernière a déclaré qu'elle n'avait aucune intention de céder à la pression pour quitter ses fonctions. Trump a exigé son départ après la publication d'accusations concernant des prêts immobiliers qu'elle détient dans le Michigan et en Georgie. "Je n'ai aucune intention de me laisser intimider pour quitter mes fonctions à cause de questions soulevées dans un tweet", a-t-elle assuré dans un communiqué. "J'ai l'intention de prendre toute question concernant mon historique financier au sérieux en tant que membre de la Fed et je rassemble les informations nécessaires pour fournir des faits", a-t-elle précisé.
Ces allégations ont été relayées par William Pulte, directeur de l'Agence fédérale du logement (FHFA), qui affirme que Lisa Cook aurait déclaré comme résidence principale deux biens distincts, un appartement à Atlanta et une maison dans le Michigan. Il a également évoqué un bien détenu par la gouverneure dans le Massachusetts. Les prêts pour résidence principale étant généralement accordés à des conditions plus favorables que pour un investissement locatif, ces déclarations suscitent l'attention.
Dans l'actualité commerciale, USA et UE ont finalisé leur accord commercial conclu le 27 juillet en Écosse entre Trump et Ursula von der Leyen. Le texte confirme des tarifs douaniers plafonnés à 15% sur la plupart des produits européens exportés aux États-Unis, comme les automobiles, les médicaments, les semi-conducteurs (...). L'UE s'engage à supprimer les droits de douane sur les produits manufacturés américains et à offrir un accès préférentiel à une vaste gamme de produits de la mer et agricoles US. Washington ramènerait à 15% ses "tarifs" sur les exportations européennes de voitures et de pièces automobiles, actuellement de 27,5%, dès que Bruxelles aura adopté la législation pour mettre en application ses engagements. Selon Reuters, un haut responsable de l'administration Trump a déclaré sous le sceau de l'anonymat que cet allègement pourrait voir le jour dans un délai de quelques semaines. L'UE a réaffirmé son intention d'acheter pour 750 milliards de dollars de produits énergétiques américains sur trois ans, ainsi que 40 milliards de dollars de puces informatiques pour l'IA. Elle souhaite par ailleurs que les entreprises européennes investissent 600 milliards de dollars supplémentaires dans les secteurs stratégiques américains d'ici 2028, relève Reuters, qui ajoute que les deux parties s'engagent aussi à s'attaquer aux barrières commerciales numériques injustifiées et à envisager de coopérer pour protéger leurs marchés respectifs de l'acier et de l'aluminium contre la surcapacité, tout en garantissant des chaînes d'approvisionnement sûres entre eux.
Sur le front économique hier aux États-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 16 août se sont établies à 235.000, en hausse de 11.000 par rapport à la semaine antérieure et bien plus élevées que le consensus Bloomberg qui était de 226.000... L'indice PMI composite préliminaire américain du mois d'août 2025 s'est établi à 55,4, bien au-dessus du consensus FactSet qui se situait à 54,5 et assez proche de la lecture révisée de juillet. L'indice manufacturier est ressorti à 53,3 en données préliminaires contre 50,6 de consensus, tandis que l'indicateur des services est ressorti à 55,4 contre 54 de consensus. Des indices signalant globalement une forte expansion de l'activité en août aux États-Unis... Les reventes de logements existants aux États-Unis pour le mois passé, publiées ce jeudi par la National Association of Realtors, se sont établies au nombre de 4,01 millions, en progression de 2% en comparaison du mois antérieur... L'indice des indicateurs avancés américains du Conference Board pour le mois de juillet 2025 s'est affiché en retrait léger de 0,1% d'un mois sur l'autre, en ligne avec le consensus des économistes de la place, après un recul de 0,3% un mois auparavant.
Le symposium de Jackson Hole organisé par la Fed de Kansas City se tient depuis hier et jusqu'à demain, avec une intervention de Jerome Powell cet après-midi sur les perspectives économiques et le cadre politique de la Fed. Selon l'outil CME FedWatch, il y a désormais 71,5% de probabilité que la Fed baisse ses taux d'un quart de point le 17 septembre, à l'issue de la prochaine réunion monétaire, ce qui ramènerait le taux des 'fed funds' entre 4 et 4,25%. Le même outil montre que la banque centrale américaine pourrait procéder à un nouvel assouplissement d'un quart de point d'ici décembre. La probabilité d'une baisse de taux de trois quarts de point d'ici la fin de l'année n'est d'ailleurs pas négligeable, à 25,5%, alors que certains banquiers centraux commencent à se monter plus agressifs - et ce tandis que l'administration Trump cherche un successeur à Jerome Powell.
Du côté des économistes, notons qu'UBS Global Wealth Management vient de relever son objectif de fin d'année sur le S&P 500 de 6.200 à 6.600 points, évoquant selon Reuters la solidité des résultats des entreprises, l'apaisement des tensions commerciales ou encore l'anticipation de la baisse des taux.
Les valeurs
Nvidia, le géant des puces graphiques et d'IA, aurait demandé à certains fournisseurs de composants de suspendre la production de sa puce d'IA H20 conçue spécifiquement pour le marché chinois, selon 'The Information', qui cite deux personnes ayant connaissance de la situation. Cela ferait suite la directive de Pékin contre les achats de telles puces. Nvidia aurait ainsi ordonné cette semaine à Amkor Technology, groupe basé en Arizona, d'arrêter la production des puces H20, et aurait aussi informé le sud-coréen Samsung Electronics. Amkor gère le packaging avancé de la puce, tandis que Samsung Electronics fournit les puces mémoire à haut débit pour ce modèle, détaille pour sa part Reuters, qui cite un porte-parole de Nvidia déclarant : "Nous gérons constamment notre chaîne d'approvisionnement pour répondre aux conditions du marché". La décision intervient alors que les autorités chinoises ont convoqué la semaine dernière des entreprises nationales, dont Tencent ou ByteDance, au sujet de leurs achats de puces H20, exprimant des inquiétudes à ce sujet.
Nvidia préparerait toutefois une nouvelle puce IA pour la Chine basée sur sa dernière architecture Blackwell, selon des sources de Reuters. La puce en question serait plus puissante que le modèle H20.
TSMC, le géant taïwanais des puces sous contrat coté à Wall Street, évolue peu avant bourse ce vendredi. Selon le Wall Street Journal, les dirigeants de Taiwan Semiconductor Manufacturing auraient eu des discussions préliminaires concernant la restitution de leurs subventions gouvernementales américaines si l'administration Trump demandait à devenir actionnaire. Le WSJ cite des sources proches du dossier. TSMC a reçu jusqu'à 6,6 milliards de dollars de subventions pour un site en Arizona qui a commencé à produire des puces avancées fin 2024. L'entreprise a accepté de construire des usines en Arizona sous la pression de l'administration Biden, mais des personnes informées de la position de TSMC ont indiqué que l'entreprise n'avait jamais beaucoup dépendu du soutien financier américain, ajoute le WSJ, citant par ailleurs un responsable gouvernemental déclarant que l'administration Trump ne cherchait pas à prendre des participations dans des entreprises comme TSMC qui augmentent leurs investissements.
Google (Alphabet) a conclu un accord de cloud computing de six ans avec Meta Platforms d'une valeur de plus de 10 milliards de dollars, rapportent 'The Information' ainsi qu'une source de Reuters. Il s'agirait du deuxième accord majeur du géant de la recherche après celui conclu avec OpenAI, note Reuters. Dans le cadre de l'accord, Meta utiliserait les serveurs, le stockage, le réseau et d'autres services de Google Cloud. Reuters rappelle que Mark Zuckerberg, DG de Meta, avait indiqué en juillet que l'entreprise dépenserait des centaines de milliards de dollars pour construire plusieurs immenses centres de données d'IA.
BJ's Wholesale, la chaîne américaine de clubs-entrepôts réservés aux membres, a annoncé pour son deuxième trimestre fiscal des ventes à comparable en repli de 0,3% avec le déclin des prix au détail de l'essence, tandis que les ventes comparables hors essence ont progressé de 2,3% avec la croissance du trafic. Les revenus des cotisations des membres ont augmenté de 9% sur un an pour atteindre 123,3 millions de dollars. Le nombre d'adhérents a atteint un record de 8 millions. La croissance des ventes comparables grâce au numérique a été de 34%, reflétant une croissance de 56% des revenus cumulés sur deux ans. Le bénéfice par action dilué et le bénéfice par action dilué ajusté ressortent à 1,14$, au-dessus des attentes, pour des revenus de 5,38 milliards de dollars en revanche légèrement inférieurs au consensus. Le groupe relève sa guidance 2025 de bénéfice ajusté par action entre 4,20 et 4,35$. Les ventes comparables hors essence sont attendues en croissance de 2 à 3,5%.
Zoom Communications, l'ex-star boursière de la période des confinements, semble se refaire une santé. Le titre est attendu en vive hausse au lendemain d'une publication trimestrielle meilleure que prévu. Le bénéfice ajusté par action du deuxième trimestre est ressorti à 1,53$, largement au-dessus du consensus qui était de 1,37$, et à comparer à un niveau de 1,39$ un an avant. Les revenus ont totalisé quant à eux 1,22 milliard de dollars, également au-dessus des attentes, contre 1,16 milliard pour la période comparable de l'an dernier. Zoom envisage désormais pour l'exercice 2026 des revenus allant de 4,83 à 4,84 milliards de dollars, une guidance relevée. Le bénéfice ajusté par action est maintenant anticipé entre 5,81 et 5,84$, contre une fourchette antérieure allant de 5,56 à 5,59$.
Ross Stores, la chaîne américaine de distribution discount, a dépassé les attentes de profits sur son deuxième trimestre fiscal, réalisant un bénéfice ajusté par action de 1,56$, pour des revenus de 5,53 milliards de dollars quant à eux un peu courts. Le groupe a rétabli par ailleurs ses prévisions annuelles de bénéfices allant de 6,08 à 6,21$ par action, au-dessus du consensus en milieu de fourchette, malgré l'impact des tarifs douaniers estimé entre 22 et 25 cents. Le groupe avait retiré ses prévisions en mai sur fond d'incertitude sur l'atterrissage des tarifs douaniers. Il précisait à l'époque que plus de la moitié de ses produits provenaient de Chine. Pour le troisième trimestre, le bénéfice par action est toutefois attendu entre 1,31 et 1,37$, inférieur au consensus, mais la tendance serait bien meilleure pour la saison des fêtes avec un bpa attendu entre 1,74 et 1,81$.
Workday, le groupe américain spécialiste des applications cloud dans le domaine des ressources humaines, perd du terrain à Wall Street malgré des comptes en nette progression. La déception provenait essentiellement d'une guidance prudente de revenus d'abonnements. Pour son deuxième trimestre fiscal, le groupe a réalisé un bénéfice ajusté par action de 2,21$ à comparer à un consensus de 2,09$, alors que ses revenus ont atteint 2,35 milliards de dollars, légèrement meilleurs que prévu avec des revenus d'abonnements en augmentation de 14% à 2,17 milliards. Workday relève marginalement ses estimations de revenus annuels d'abonnements à 8,82 milliards de dollars, mais la guidance pour le trimestre en cours ressort quant à elle juste en ligne à 2,24 milliards de dollars.
Intuit, la firme américaine qui développe des solutions de gestion et de comptabilité à destination des petites entreprises, experts-comptables ou particuliers, corrige avant bourse à Wall Street. Le groupe californien a annoncé pour son quatrième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 2,75$, contre 2,65$ de consensus, et des revenus de 3,83 milliards de dollars (+20%) également supérieurs aux attentes. Le groupe aux produits TurboTax et QuickBooks a ainsi affiché sur l'exercice un bénéfice net de près de 3,9 milliards de dollars pour des revenus de 18,8 milliards. Sur le trimestre entamé, clos en octobre, il anticipe un bpa allant de 3,05 à 3,12$, ainsi que des revenus allant de 3,74 à 3,78 milliards de dollars. Pour l'exercice, enfin, le bpa ajusté est attendu entre 22,98 et 23,18$, alors que les revenus sont anticipés entre 21 et 21,19 milliards. Une guidance jugée prudente...