Wall Street : c'est le grand jour !

Wall Street pointe en très légère hausse avant bourse ce mercredi, en attendant la décision de la Fed. Le S&P 500 grappille 0,1%, proche des sommets. Le Dow Jones gagne 0,1% lui aussi, au firmament. L...

Wall Street pointe en très légère hausse avant bourse ce mercredi, en attendant la décision de la Fed. Le S&P 500 grappille 0,1%, proche des sommets. Le Dow Jones gagne 0,1% lui aussi, au firmament. Le Nasdaq avance de 0,2%. Les opérateurs anticipent une baisse de taux de 50 points de base ce soir, même si l'hypothèse d'un premier geste plus modéré, de 25 points de base, n'est pas exclue... Sur le Nymex, le baril de brut WTI se tasse sous les 70$. L'once d'or fin gagne 0,2% à 2.575$. L'indice dollar se stabilise face à un panier de devises de référence.

Reste à savoir quelle sera la réaction des marchés ce soir. Rappelons que le cycle antérieur de durcissement monétaire a duré du 17 mars 2022 au 26 juillet 2023, avec un relèvement des taux de 0-0,25% jusqu'à 5,25-5,5%, la fourchette actuelle. Au premier trimestre 2022, la Fed affichait donc encore des taux proches de zéro, et depuis juillet 2023, le niveau des taux n'a plus bougé, alors que les opérateurs ont spéculé considérablement sur l'assouplissement monétaire ultérieur, maintes fois reporté du fait du niveau élevé de l'inflation et d'une économie résiliente.

Les marchés anticipent donc cette fois une baisse de taux vigoureuse de la Fed, de 50 points de base selon l'outil CME FedWatch (probabilité de 64% désormais), même si une baisse d'un quart de point ('proba' de 36%) reste envisageable. La fourchette actuelle se situe entre 5,25% et 5,50% sur le taux des 'fed funds', au plus haut de 23 ans. Il va s'agir de la première baisse de taux de la Fed depuis mars 2020 et la période Covid-19. La banque centrale américaine avait réduit ses taux de 50 points de base le 3 mars 2020, entre 1 et 1,25%, puis de 100 points de base de plus le 16 mars, entre 0 et 0,25%.

Les opérateurs seront aussi attentifs ce soir aux commentaires de Jerome Powell, président de la Fed, ainsi qu'au 'Summary of Economic Projections (SEP)' et au fameux 'dot plot', qui présente sous forme de diagramme à points les prévisions des banquiers centraux américains concernant la direction des taux. Selon l'outil FedWatch, la probabilité dominante pour le 18 décembre et la dernière réunion monétaire de l'année est celle d'une fourchette allant de 4 à 4,25% sur les taux (probabilité de 41,2%), ce qui correspondrait donc à une baisse des taux de 125 points de base d'ici la fin de l'année. La fourchette 4,25-4,5% affiche une probabilité de 34,7% au 18 décembre.

Parmi les derniers avis sur la question, Jamie Dimon, patron de JP Morgan, ne pense pas que le mouvement de la Fed sur les taux ce soir, de 25 ou 50 points de base, sera bouleversant. "Ils ont besoin de le faire", a déclaré hier Dimon, lors d'une conférence, à propos de la baisse des taux. "Mais c'est une chose mineure lorsque la Fed relève ou abaisse ses taux, puisqu'en dessous il y a l'économie réelle". Hier, lors de la conférence annuelle sur la qualité des marchés financiers du Georgetown Psaros Center for Financial Markets and Policy, Dimon a indiqué, cité par Bloomberg, que les questions géopolitiques, et notamment les guerres en Ukraine ou au Moyen-Orient, ainsi que les relations entre les États-Unis et la Chine, constituaient sa principale préoccupation. "Les gens se demandent trop : 'allons-nous avoir un atterrissage en douceur, un atterrissage brutal ?'", déplore le dirigeant, selon lequel "la plupart d'entre nous ont vécu tout ça, ça n'a pas tellement d'importance".

Selon le rapport publié hier, les ventes de détail aux États-Unis pour le mois d'août 2024 sont ressorties en augmentation de 0,1% en comparaison du mois antérieur, contre un consensus FactSet de -0,2% et après une hausse révisée à +1,1% pour le mois antérieur. Hors automobile cette fois, les ventes de détail ont progressé de 0,1% d'un mois sur l'autre en août, contre +0,2% de consensus et +0,4% un mois avant. Enfin, hors automobile et essence, les ventes ont augmenté de 0,2% par rapport au mois de juillet, contre +0,3% de consensus et +0,4% en juillet.

La production industrielle américaine du mois d'août 2024 a progressé de 0,8% en comparaison du mois antérieur, contre +0,2% de consensus FactSet et -0,9% un mois avant. La production manufacturière a également dépassé les attentes, en augmentation de 0,9% d'un mois sur l'autre, alors qu'elle était attendue stable et qu'elle avait décliné de 0,7% en juillet. Enfin, le taux d'utilisation des capacités est ressorti à 78%, en ligne avec les anticipations des spécialistes de la place.

Les mises en chantier de logements aux États-Unis pour le mois d'août 2024 se sont établies sur un rythme de 1,356 million d'unités selon le rapport du jour, contre 1,32 million de consensus et 1,237 million un mois avant. Les permis de construire se sont affichés quant à eux à 1,475 million, contre 1,41 million de consensus et 1,406 million un mois plus tôt.

L'indice des anticipations d'inflation de la Fed d'Atlanta pour septembre (16 heures), le rapport hebdomadaire sur les stocks pétroliers domestiques pour la semaine close le 13 septembre (16h30), et bien entendu le communiqué FOMC de la Fed et la conférence de presse de Powell (respectivement 20 heures et 20h30), sont encore attendus ce jour.

Jeudi, les marchés suivront les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 14 septembre, l'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie pour septembre, la balance des comptes courants du deuxième trimestre, les reventes de logements existants du mois d'août, ainsi que l'indice des indicateurs avancés du Conference Board pour août. La journée de vendredi pourrait être quant à elle volatile, puisqu'il s'agit de la journée des Quatre Sorcières, avec l'expiration simultanée des options sur indices, options sur actions, et contrats à terme sur indices ou actions.

En ce qui concerne les entreprises cotées à Wall Street, General Mills a publié ses comptes ce mercredi, tandis que FactSet et Darden Restaurants annoncent jeudi en pré-séance. Lennar et FedEx dévoilent leurs résultats après bourse jeudi.

Les valeurs

BlackRock et Microsoft vont faire équipe avec l'intention de lever 30 milliards de dollars pour investir dans l'intelligence artificielle, indique Bloomberg. Les deux partenaires, ainsi que le véhicule d'investissement MGX des Émirats arabes unis, rechercheront donc 30 milliards de dollars en fonds de capital-investissement, puis jusqu'à 100 milliards de dollars. "L'opportunité d'investissement est réelle et le besoin d'investissement est encore plus grand", a indiqué Brad Smith, vice-président de Microsoft, dans une interview. "L'IA est la prochaine technologie à usage général qui alimentera la croissance dans tous les secteurs de l'économie, aux États-Unis et à l'étranger", assure le dirigeant, selon des propos relayés par Bloomberg. Les partenaires ont déjà discuté de ces projets avec les régulateurs américains... Rappelons que Microsoft a investi déjà des milliards de dollars dans OpenAI (ChatGPT) et remanie l'ensemble de sa gamme de produits autour des fonctionnalités d'IA. L'éditeur de logiciels augmente considérablement ses propres dépenses en centres de données et en infrastructures informatiques.

"Le besoin de construire des centres de données à l'échelle mondiale nécessite des milliards de dollars de financements", insiste Larry Fink, DG de BlackRock. "Il s'agit simplement d'un excellent exemple de la façon dont les marchés des capitaux construisent des infrastructures et créent des opportunités et de nouvelles technologies", ajoute Fink, cité par Bloomberg. Les investissements dans les infrastructures - y compris les projets énergétiques - seraient principalement réalisés aux États-Unis, une partie des fonds devant être déployée dans des pays partenaires des USA, selon les initiateurs du projet. Le plan prévoit le recrutement d'investisseurs supplémentaires, et les fonds de pension et assureurs seraient d'après Fink "impatients de réaliser de tels investissements dans les infrastructures à long terme". Le dirigeant se montre donc confiant quant à la levée de fonds attendue.

Google (Alphabet) a remporté ce mercredi son appel concernant une potentielle amende antitrust de 1,49 milliard d'euros (1,66 milliard de dollars) imposée il y a cinq ans par l'UE pour une supposée entrave à la concurrence dans le domaine de la publicité en ligne. La Commission européenne, dans sa décision de 2019, avait affirmé que Google avait abusé de sa position dominante pour empêcher les sites Internet de recourir à des intermédiaires autres que sa plateforme AdSense dans les annonces de recherche. Les pratiques incriminées alors concernaient la période allant de 2006 à 2016. Le Tribunal, basé à Luxembourg, a pour l'essentiel souscrit aux appréciations de l'autorité de la concurrence de l'Union européenne, indique Reuters. Néanmoins, il a annulé l'amende. "Le tribunal a confirmé la plupart des appréciations de la commission, mais a annulé la décision infligeant une amende de près de 1,5 milliard d'euros à Google, au motif notamment qu'elle n'avait pas pris en compte toutes les circonstances pertinentes dans son appréciation de la durée des clauses contractuelles qu'elle avait jugées abusives", ont indiqué les juges, cités par Reuters.

Intuitive Machines gagne près de 60% avant bourse à Wall Street, alors que le groupe vient de remporter auprès de la NASA un contrat d'une valeur pouvant atteindre 4,82 milliards de dollars pour la fourniture de services de communication et navigation destinés aux missions spatiales. Le contrat affiche une période de base de cinq ans et une période optionnelle additionnelle de cinq ans également. Intuitive déploiera des satellites relais lunaires et fournira des services de communication et navigation pour soutenir la campagne Artemis de la NASA. Ce contrat verrait Intuitive lancer ses constellations de satellites lunaires qui permettront des services de données et de transmission améliorés ainsi que des opérations autonomes, détaille Reuters. La NASA avait payé déjà 118 millions de dollars à Intuitive pour construire et faire voler Odysseus, qui est devenu en février le premier vaisseau spatial américain à atterrir sur la Lune depuis un demi-siècle. Ce vaisseau a cependant perdu de la puissance et est devenu inactif après un atterrissage déséquilibré.

General Mills, le groupe alimentaire américain, a publié pour son premier trimestre fiscal des ventes totalisant 4,85 milliards de dollars, en déclin de 1% avec une baisse organique de 1% également. Le bénéfice opérationnel a reculé de 11% à 832 millions de dollars. Le bénéfice ajusté dilué a régressé de 2% à devises constantes, à 1,07$. Le consensus était de 1,06$ de bpa ajusté trimestriel pour 4,8 milliards de dollars de revenus. Sur l'exercice 2025 cette fois, les ventes sont toujours attendues stables ou en hausse jusqu'à 1% en organique, alors que le bénéfice ajusté dilué par action est attendu entre -1% et +1% à devises constantes, par rapport aux 4,52$ de 2024.

Tupperware Brands s'est inscrit comme attendu sous protection de la loi américaine sur les faillites. Après des années d'efforts pour redresser la barre, le groupe, connu pour ses boîtes en plastique et ustensiles de cuisine, se place donc sous protection du chapitre 11, ayant enfreint les termes de sa dette. Le groupe répertorie des actifs compris entre 500 millions et 1 milliard de dollars et des passifs entre 1 et 10 milliards de dollars. Il demandera l'approbation du tribunal pour faciliter le processus de cession et poursuivre ses activités pendant la procédure. Tupperware a dominé pendant des décennies le monde du stockage alimentaire, mais avait averti depuis 2020 de doutes sur sa capacité à rester en activité. En juin 2024, le groupe prévoyait de fermer sa seule usine américaine et de licencier près de 150 employés.

Société(s) citée(s) :
Société(s) citée(s) :